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    « Euh… Je ne sais pas comment le dire autrement. Je ne suis pas sûre de comprendre, mais j’ai le pressentiment que si on essaie d’interférer avec la mort de quelqu’un, il pourrait arriver quelque chose de grave. »

    À ces mots, Sarubia pensa à la baronne d’Inferna, la grand-mère de Rufus, qu’elle avait entrevue en train d’utiliser sa magie unique.

    Un incendie déchaîné. Une foule en délire. Et une épée brillante, couleur azur.

    Au cœur de ce chaos, la baronne d’Inferna s’était effondrée.

    Ses derniers instants avaient été terriblement douloureux, déchirants, et par-dessus tout, misérables.

    Et si elle essayait d’empêcher cette mort ? Que se passerait-il ?

    Sarubia imagina la scène : elle intervenait, courant jusqu’à l’endroit où la baronne devait tomber, la poussant hors de danger…

    « Aaah ! »

    À cet instant, un cri silencieux lui échappa.

    Elle eut l’impression qu’une flèche empoisonnée lui transperçait le cœur. Ses bras et ses jambes se mirent à trembler. Une sensation inconfortable lui remonta le long de la colonne vertébrale.

    « Sarubia ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

    Rufus, alarmé, scruta son visage.

    « Ce… Ce n’est rien. J’ai juste eu un frisson, tout à coup. »

    Sarubia se blottit dans ses bras, puis leva les yeux vers lui.

    « Oh, au fait ! Je vais te parler de ta propre mort ! Tu n’es pas curieux ? »

    Voyant l’inquiétude sur le visage de Rufus, elle s’empressa de changer de sujet.

    Ma propre mort ?

    Rufus resta silencieux un instant.

    « Ça ne m’intéresse pas vraiment de le savoir. »

    « Pourquoi ? Ce n’est pas une mauvaise mort, tu sais. »

    Sarubia éclata de rire et lui donna une petite tape sur l’épaule.

    « Tu vas vivre très longtemps. Mais étrangement, tu n’auras pas l’air si vieux. Et tu mourras en portant des vêtements vraiment bizarres. Voilà ! »

    « Des vêtements bizarres… ? »

    « Oui ! Dans la vision que j’ai eue, tu portais une tenue des plus étranges. »

    Sarubia hocha la tête avec sérieux.

    « De la tête aux pieds, tout était noir, avec des sortes d’ornements qui dépassaient… Bref, c’était un accoutrement des plus excentriques. »

    « Mais qu’est-ce que je fais dans le futur, bon sang ? »

    « Ne t’en fais pas trop. C’est peut-être juste une mode qui deviendra tendance plus tard. »

    Sarubia se remémora les derniers instants de Rufus qu’elle avait vus trois ans auparavant.

    Elle avait utilisé sa magie unique pour entrevoir la mort de nombreuses personnes au fil des années. Pourtant, parmi toutes ces visions, celle de Rufus était la plus étrange.

    Elle avait repensé à ses derniers instants à maintes reprises, sans jamais parvenir à les comprendre. Où et pourquoi Rufus mourait-il de cette manière ?

    « Sarubia. »

    Rufus se tourna vers elle.

    « Désolé de poser autant de questions, mais j’en ai juste une dernière. »

    Il prit une grande inspiration.

    « Quand je mourrai… Qu’est-ce que tu ferais, et où tu serais ? »

    Sarubia lui répondit par un sourire malicieux.

    « Rufus, tu sais pourquoi je t’ai demandé un baiser, il y a trois ans ? »

    « Tu avais dit que c’était parce que mon visage te plaisait. »

    « C’est en partie vrai… Mais tu n’as jamais vraiment nié que tu étais beau. »

    Elle poussa un léger soupir.

    « Oui, toi, inutilement beau. Mais il y avait une raison plus importante. »

    Puis elle poursuivit, doucement :

    « Quand tu mourras, tu tiendras ma main. »

    Elle accompagna ces mots d’un sourire tendre.

    Il lui fallut un instant pour en saisir pleinement le sens. Dans la vision qu’elle avait eue de la mort de Rufus, ce dernier tenait la main de Sarubia, les yeux fixés sur elle jusqu’à son dernier souffle.

    « C’est là que j’ai compris. Que tu étais l’homme avec qui je passerais le reste de ma vie. »

    « Ah… »

    Oui. C’était donc cela.

    Rufus comprenait maintenant pourquoi Sarubia lui avait soudainement demandé un baiser ce jour-là. Elle savait déjà.

    « Tu es celui qui m’est destiné. »

    L’homme appelé Rufus et la femme appelée Sarubia étaient faits pour vivre ensemble jusqu’à la mort. Et elle l’avait su depuis longtemps.

    « Si je tiens ta main quand je meurs… Ça veut dire que je partirai avant toi. »

    « Peut-être bien. »

    « J’en suis heureux. »

    Rufus murmura doucement :

    « Je suis heureux de mourir avant toi. »

    « Pourquoi ? »

    Parce que vivre sans toi serait un enfer.

    Il ravala ces mots et serra Sarubia dans ses bras.

    La lampe dans la pièce s’éteignit. Peu à peu, l’obscurité engloutit la chambre.

    Si je meurs,
    je deviendrai une goutte de pluie,
    pour effacer tes larmes.

    La berceuse de Sarubia résonna doucement dans l’obscurité.


    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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