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    « Pourquoi travailles-tu toujours au palais de la princesse ? »

    Incapable de se retenir, il la pressa de répondre. Il n’avait pas l’intention de la critiquer, mais en voyant son corps fragile si abîmé, les émotions déferlaient de manière incontrôlable.

    « Parce que je n’ai nulle part où aller. »

    « Tu es encore jeune. Il doit y avoir plein d’endroits où tu pourrais travailler. »

    « Pour travailler ailleurs, il faudrait que je passe un examen physique. Dans ce cas, je ne pourrais pas cacher que je suis une sainte. »

    « Mais tu n’as pas passé d’examen physique quand tu es entrée au palais de la princesse, si ? »

    « Eh bien… J’étais trop jeune pour qu’on m’en demande un à l’époque. »

    « Pourtant, tu as réussi à cacher ça tout ce temps. »

    « Je n’ai pas d’amis. »

    Sarubia haussa les épaules.

    « J’ai une chambre pour moi toute seule dans les dortoirs. Je mange seule, je me lave seule. »

    « Pourquoi caches-tu le fait que tu es une sainte ? »

    Rufus ne comprenait toujours pas. Pourquoi Sarubia cachait-elle son identité de sainte ?

    Les saints ne sont-ils pas des êtres nobles et vénérés ? Si Sarubia révélait qu’elle était une sainte, les gens l’accueilleraient avec enthousiasme.

    Pourtant, elle avait choisi de cacher sa vraie nature et de vivre dans le secret.

    Sarubia tourna la tête.

    « Je ne veux pas en parler. »

    « … »

    Pourquoi donc ?

    À quel point une femme peut-elle être à la fois têtue et stupide ?

    Rufus s’agenouilla devant Sarubia, assise en face de lui, et commença à utiliser sa magie pour soigner ses blessures, sans dire un mot.

    « Aïe… »

    « Endure la douleur un peu plus longtemps. »

    Il murmura doucement tout en appliquant sa magie sur les plaies profondes.

    Rufus approcha ses lèvres des blessures pour y canaliser son pouvoir, avec tout le soin dont il était capable.

    Sarubia avait pris soin de dissimuler ses blessures sous ses vêtements, si bien que Rufus n’avait pas perçu leur gravité. Maintenant qu’il les découvrait, il réalisait qu’elle était couverte de plaies. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était en soigner quelques-unes avec sa magie.

    Cette réalité lui semblait exaspérante.

    « Sarubia. »

    « Ouchh… O-oui ? »

    « Ne retourne pas au palais de la princesse Sordide. Viens avec moi sur le territoire d’Inferna. »

    Le territoire d’Inferna… Sa patrie.

    « Je te préparerai une belle chambre. Je te ferai des plats délicieux tous les jours. Tu n’auras pas besoin de travailler. Je peux tout faire pour toi. », marmonna Rufus sans trop réfléchir.

    Il ignorait pourquoi ces mots lui venaient si spontanément. Mais il savait une chose : il ne voulait pas être séparé d’elle. Il ne voulait pas la perdre.

    C’était aussi simple que ça.

    « Et… Tu as dit que tu voulais voir les fleurs fuchsia, non ? Ces fleurs, comme des fées, sont incroyablement belles. Je veux vraiment te les montrer. »

    Sarubia, qui avait versé quelques larmes à cause de la douleur, laissa échapper un léger rire.

    « Tu essaies de m’amadouer ? »

    « Tu peux le penser si tu veux. »

    « Vraiment ? Alors, tu… Tu m’aimes ? »

    « Oui. »

    Rufus, toujours agenouillé, leva la tête vers elle.

    « Peut-être que tes paroles sont vraies. »

    Ce qu’il ressentait était trop profond et sincère pour être simplement qualifié de désir, et trop intense pour n’être qu’un caprice. Si ce n’était pas de l’amour, comment devait-il l’appeler ?

    Alors, il le dit.

    « J’espère que tes sentiments sont les mêmes que les miens. »

    Rufus la regarda avec intensité.

    Sarubia se redressa lentement et se pencha vers lui, son corps frôlant à peine celui de Rufus agenouillé.

    À cet instant, il n’était plus nécessaire de se demander qui devait faire le premier pas.

    « Rufus. »

    Au-delà de leurs respirations rapides et chaudes, Sarubia murmura son nom.

    « Je n’aime pas cet endroit. S’il te plaît, emmène-moi dans ta patrie. »

    « Bien sûr. »

    « Je veux voir les fleurs fuchsia là-bas. Je veux voir la fleur qui t’a donné ton nom. »

    « Tu les verras. »

    Rufus enlaça son petit corps fragile avec une infinie tendresse.

    Il posa l’épée qu’il avait négligemment abandonnée sur la table d’appoint. À la place, il déposa délicatement Sarubia sur les draps d’un blanc immaculé.

    Des émotions inavouées circulaient dans leurs souffles et entre leurs lèvres jointes. La chaleur qui s’insinuait dans leurs corps était si réconfortante qu’il leur était impossible de se détacher l’un de l’autre.

    « Cela n’a vraiment aucun sens… »

    Sarubia sanglota doucement, un frisson parcourant son dos.

    « Qu’est-ce qui n’a pas de sens ? » demanda-t-il doucement.

    « Nous ne nous sommes rencontrés qu’une fois, il y a trois ans… Pourquoi est-ce que ça doit être moi ? »

    « C’est vrai. »

    Il le savait. C’était inexplicable. Pourquoi, parmi toutes les personnes au monde, devait-elle être celle qu’il ne pouvait oublier ?

    Au début, il avait pensé que leur rencontre n’était qu’un hasard passager, une expérience éphémère, semblable à des flocons de neige fondant doucement sous le soleil. Quelque chose de fragile, voué à disparaître avec le temps.

    Mais il s’était trompé.

    Cette neige fondante avait laissé une humidité persistante dans son cœur, semant inconsciemment des graines invisibles.

    Et à partir de ce moment-là, plus rien ne pouvait arrêter ce qui allait suivre.

    Les graines avaient germé, prenant racine dans le champ fertile de son cœur. Elles avaient poussé avec force et vigueur, rendant leur lien impossible à briser.


    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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