Chapitre 29
by Ruyi ♡« À ce rythme, tu vas finir par t’épuiser toi-même. »
Sarubia prit le verre d’eau des mains de la servante et le tendit à Rufus.
« Est-ce que mon état a vraiment de l’importance en ce moment ? »
« Rufus… »
Sarubia semblait troublée.
Au final, elle n’avait pas révélé à Rufus les détails entourant la mort imminente de la baronne d’Inferna, elle les avait tout simplement omits.
Rufus trouvait cela frustrant. Pourtant, il comprenait plus ou moins ses raisons.
La baronne ne connaîtrait pas une mort paisible.
Sarubia n’avait jamais hésité à lui parler franchement de sa propre fin, tant qu’elle n’était ni atroce ni douloureuse. Mais lorsqu’il s’agissait de celle de la baronne d’Inferna, elle gardait le silence.
« Merci pour l’eau. »
Rufus tendit le verre vide à la servante.
« Si vous avez besoin de quoi que ce soit d’autre, n’hésitez pas à me le dire. »
« Non, allez vous reposer. »
« Alors je vous laisse. »
Sur l’ordre de Rufus, la servante s’inclina respectueusement et s’éloigna. Tandis qu’il regardait sa silhouette s’éloigner, une pensée lui traversa soudain l’esprit.
« Au fait… Où est passée la servante avec des taches de rousseur ? »
« Quelle servante, monsieur ? »
La jeune femme se retourna.
« Celle qui a des taches de rousseur. »
Rufus pensait à celle à qui il avait offert des biscuits quelques jours auparavant.
La même à qui la princesse Sordid avait ordonné de débarrasser les biscuits et de les emporter chez elle pour les donner à sa famille, parce qu’elle refusait de manger ce que la princesse lui avait offert.
Mais depuis ce jour, cette servante avait étrangement disparu.
Et soudain, une réponse inattendue tomba.
« Cette fille… Est décédée. »
Qu’est-ce qu’elle vient de dire ?
Rufus, qui portait le verre à ses lèvres, se figea.
Elle est morte ? Pourquoi ?
« Elle ne s’est plus présentée au travail, alors je suis allée jusqu’à sa maison… Et on l’a trouvée morte. »
« Qu’est-ce qui s’est passé ? »
« Je suis désolée, je n’en sais pas plus, Monsieur. Mais il paraît que toute sa famille est morte. On pense que c’est peut-être à cause de champignons vénéneux, qu’ils auraient mangés par accident… »
La servante termina son récit dans un souffle, s’inclina à nouveau, puis repartit. En partant, elle tremblait légèrement — le choc d’avoir perdu une collègue semblait encore bien présent.
Rufus resta planté là, le regard vide, les pensées agitées par les paroles qu’il venait d’entendre.
Morte
Pas une seule personne, mais toute la famille.
Alors, une pensée fulgura dans l’esprit de Rufus.
Les biscuits de la princesse Sordide.
Quand la princesse lui avait tendu ces biscuits, il avait hésité à les prendre et les avait finalement donnés à la servante. Et à ce moment-là, quand elle avait semblé incertaine, il se souvenait parfaitement lui avoir dit quelque chose du genre :
« Si tu crains d’attirer l’attention de la princesse, emporte-les discrètement chez toi et partage-les avec ta famille. »
Mais maintenant… La servante était morte. Toute sa famille aussi.
Est-ce que c’est possible… ?
« Rufus ? Qu’est-ce qu’il y a ? »
Sarubia attrapa le bras de Rufus. Il avait le teint livide.
« Ce n’est… Rien. »
Rufus serra la main de Sarubia.
Non, ce n’est pas possible.
Rufus était un héros du royaume, et la princesse ne serait pas assez stupide pour nuire à un homme soutenu par le peuple.
Elle ne ferait pas une chose pareille, même pour la sécurité du royaume.
Peu importe combien j’ai perdu sa faveur, elle n’irait pas jusqu’à essayer de me tuer.
Rufus repoussa de son esprit les pensées terrifiantes qui venaient de l’envahir.
Soupçonner les autres aussi impulsivement… Quelle bassesse.
Les paroles de la servante, bien que choquantes, avaient probablement une explication plus raisonnable. Ils avaient sans doute mangé des champignons vénéneux par accident, c’était malheureux, mais plausible.
Tandis qu’il s’efforçait de retrouver son calme, la voix de Sarubia l’atteignit.
« Rufus, il y a quelque chose à quoi je pense depuis longtemps… Je peux te poser une question, même si elle te semble étrange ? »
« Bien sûr. »
La voix de Sarubia lui apporta un semblant de réconfort, et il parvint à se recentrer un peu.
« C’est peut-être une question vraiment bizarre, et promets-moi de ne pas te fâcher. »
« Je ne me fâcherai pas. »
« D’accord. Alors… Si la baronne d’Inferna et moi étions toutes les deux en train de nous noyer en même temps, qui est-ce que tu sauverais ? »
« Toi. »
Rufus répondit sans la moindre hésitation.
« Moi ? Pourquoi ? Non, attends, ce n’est pas ça ! »
Sarubia tenta aussitôt de corriger le tir.
« Pourquoi tu me sauverais, moi ? Tu devrais sauver ta famille, c’est tout à fait normal ! »
« Ma grand-mère sait très bien nagerr. »
« Ah… Je n’avais pas pensé à ça. Bon, alors reformulons. »
Elle s’éclaircit la gorge.
« Si, pour une raison quelconque, ni la baronne d’Inferna ni moi ne savions nager, et qu’on tombait toutes les deux à l’eau, et que tu ne pouvais sauver qu’une seule personne… Qui choisirais-tu ? »
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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