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    « Toutes les deux. »

    « Mais je te dis que tu ne peux en sauver qu’une seule. »

    « Je vous sauverai quand même toutes les deux. Et à la place… Je mourrai. »

    « … »

    Sarubia resta bouche bée face à la réponse catégorique de Rufus. C’était une réponse absurde, irréaliste, vouloir sauver deux personnes en sacrifiant sa propre vie. Qu’est-ce qui pouvait bien être plus précieux que sa propre existence ?

    Et pourtant, Rufus était sincère. Il était réellement prêt à se sacrifier pour sauver Sarubia et la baronne d’Inferna.

    Alors Sarubia comprit ce qu’elle devait faire.

    « … D’accord, Rufus. »

    Elle lui adressa le sourire le plus chaleureux qu’elle put offrir.

    « Je trouve ça incroyable… Que tu sois comme ça. »

    Elle ne pouvait pas lui dire ce qu’elle pensait vraiment à cet instant. Mais elle savait qui il était. Un homme prêt à se jeter au feu pour ceux qu’il aimait, sans hésitation.

    C’est pourquoi elle ne pouvait pas dire ces mots à voix haute.

    Pardonne-moi, Rufus.

    Sarubia serra le collier que Rufus lui avait offert dans sa paume.

    Née en tant que sainte, Sarubia ressentait au plus profond d’elle une réticence instinctive à interférer dans la mort d’autrui. Pourtant, elle s’était toujours demandé… Que se passerait-il si elle allait à l’encontre de cette voix intérieure ?

    Aujourd’hui, elle obtiendrait peut-être la réponse.

    Alors que le soleil disparaissait lentement à l’horizon, laissant l’obscurité étendre son voile, la mort approchait.


    La porte de la chambre de la baronne d’Inferna s’ouvrit enfin dans la soirée.

    « Que faites-vous tous les deux ici ? »

    En découvrant Rufus et Sarubia postés devant sa porte, la baronne fronça les sourcils, visiblement surprise.

    « Nous vous attendions, Grand-mère, » répondit Rufus poliment, la main toujours posée sur la garde de son épée.

    « Vous auriez mieux fait d’aller passer du bon temps dans vos chambres. Qu’est-ce qu’il y a de plaisant à poireauter devant la chambre d’une vieille femme… »

    La baronne grogna en avançant lentement. Son âge avancé avait clairement entamé sa vigueur.

    « Souhaitez-vous dîner ? »

    « Non, j’ai tellement dormi que je n’ai pas faim. Allez manger sans moi. Je vais me préparer à sortir. »

    « Où allez-vous ? »

    À cette question, la baronne d’Inferna fixa Rufus d’un air perplexe.

    « Où je vais ? C’est le festival de feux d’artifice aujourd’hui. Tu as oublié ? »

    C’était en effet le dernier jour du Festival de la Victoire. Pour marquer la fin de cette célébration monumentale, le roi avait promis un spectacle pyrotechnique grandiose. Le palais, d’ordinaire fermé aux étrangers, ouvrait exceptionnellement une partie de ses jardins au public pour l’occasion.

    Bien sûr, l’annexe où séjournaient Rufus et sa famille n’était pas concernée par cette ouverture. Toutefois, l’espace accessible n’était pas très éloigné. À cause de l’afflux de visiteurs, l’ambiance dans l’annexe était devenue particulièrement animée.

    « Sœur Ruby, ce sera la première fois que je vois des feux d’artifice. »

    C’est durant le repas qu’Edel s’adressa ainsi à Sarubia.

    « Vraiment ? Alors tu vas être émerveillé. Ce sont des feux confectionnés par les mages royaux, » répondit-elle en souriant.

    « Et qu’est-ce qu’ils ont de plus que ceux qu’on trouve au marché ? »

    « Oh, ils sont très différents ! Les feux créés par des mages semblent vraiment vivants. »

    « Vivants ? Tu veux dire qu’ils bougent ? »

    « Oui, les feux serpentent dans le ciel comme des créatures animées. Ils ne se contentent pas d’exploser une fois ; ils se déplacent lentement dans l’air et forment des figures amusantes. »

    « Hmm… Même en me l’expliquant, j’arrive pas à l’imaginer. »

    Malgré l’enthousiasme de Sarubia, Edel peinait à se représenter la scène. Rufus non plus n’avait jamais vu de feux d’artifice magiques.

    S’il s’était agi de feux ordinaires, il les aurait probablement regardés avec détachement. Pourtant, alors qu’ils grimpaient tous sur la terrasse du toit de l’annexe pour assister au spectacle, il ne parvenait pas à penser à autre chose.

    « Grand-mère, regardez ça ! Les feux bougent vraiment ! »

    Edel tirait sur la manche de sa grand-mère, tout excité, comme un enfant.

    « Oh, c’est magnifique ! »

    Vêtue d’un manteau épais, la baronne d’Inferna leva les yeux vers le ciel nocturne, ses prunelles brillant de mille feux.

    Les feux d’artifice créés par les mages étaient littéralement spectaculaires. Ils scintillaient comme des étoiles cousues à travers la galaxie, s’élevaient avec une lueur rouge éclatante et fendaient le ciel comme un faucon en plein vol. Puis, la lumière qui en jaillissait ensuite se déversait telle une cascade d’eau vive, inondant les ténèbres d’une clarté blanche immaculée. Un flot continu d’applaudissements résonnait dans tout le palais royal.

    « C’est l’heure de la dernière flamme. »

    La baronne d’Inferna murmura ces mots. Elle paraissait un peu fatiguée, mais ne s’assit pas. Elle continua simplement de regarder, car elle en avait encore la force.

    Alors, Rufus pensa.

    J’espère que le spectacle se terminera ainsi. J’espère que Grand-mère pourra retourner dans sa chambre et dormir paisiblement cette nuit. Et demain matin… J’espère qu’elle se réveillera comme si de rien n’était, qu’elle prendra encore son petit-déjeuner…

    En tournant les yeux, il vit Sarubia, debout aux côtés d’Edel.

    « … »

    Sans prononcer le moindre mot, Sarubia se contentait de sourire.


    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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