Chapitre 32

Malgré les efforts des domestiques et des chevaliers pour éteindre les flammes, l’incendie ne montrait aucun signe d’affaiblissement.

Les gens criaient en fuyant les flammes, certains tombaient et se faisaient piétiner, d’autres étaient déjà silencieux et sans vie — partout régnait le chaos.

Rufus tenait fermement la baronne d’Inferna contre lui. Ayant inhalé une grande quantité de fumée en empruntant un passage épargné par le feu, elle était dans un état critique.

Est-ce que ce serait ça qui causera de la mort de sa grand-mère ?

« Frère, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? »

Edel, qui tremblait visiblement, s’agrippait à Sarubia de toutes ses forces.

« Qu’est-ce que tu crois. »

Rufus serra les dents, expirant une bouffée de fumée amère.

« Il faut survivre. »

Tout en disant cela, il resserra son étreinte autour de la baronne d’Inferna.

Et c’est à cet instant précis que tout a basculé.

« Aaah, aah ! »

« Sauvez-nous ! »

Des cris aigus provenant des gens qui s’étaient rassemblés pour échapper aux flammes leur parvinrent aux oreilles.

Le feu s’était-il propagé jusque-là ?

Relevant brusquement la tête, Rufus tomba sur une scène inattendue.

Des ennemis armés.

Le visage dissimulé sous un tissu noir, ils étaient impossibles à identifier. À leur apparence, il était évident que ce n’étaient pas des chevaliers royaux. Lorsqu’ils brandissaient leurs lames, les victimes n’avaient même pas le temps de hurler avant de s’effondrer. Partout où ils passaient, le sang giclait.

Le sol se couvrait de rouge, d’un sang encore frais.

Qu’est-ce que c’est que ça ?

Au début, Rufus n’arrivait pas à comprendre ce qu’il voyait.

Des humains qui tuaient d’autres humains.

C’était inimaginable. Il avait déjà vu des démons massacrer des innocents… mais des humains ? Que pouvait bien être cet enfer ?

« Là, cet homme ! »

Quelqu’un cria en direction de Rufus, toujours figé. Les assaillants masqués tournèrent la tête vers lui comme s’ils avaient reçu un ordre précis. Leurs lames s’orientèrent aussitôt dans sa direction.

« Tuez le traître Rufus ! »

Ils se ruèrent tous sur lui en même temps.

Son corps réagit plus vite que son esprit. Au moment où l’attaque fondit sur lui, Rufus plaça sa grand-mère derrière lui et tira son épée à sa ceinture.

Clang !

Le son métallique et aigu des lames qui s’entrechoquent lui transperça les tympans. Les vibrations, transmises de son épée à son bras, commencèrent à le ronger : une sensation désagréable, presque douloureuse. En même temps, un ressenti familier pour ce corps usé par des années de combat refit surface en un instant.

Rufus repoussa d’un violent coup de pied le bandit qui lui barrait la route.

« Kuugh ! »

Pris de court, l’homme vacilla et chuta. Avant qu’il n’ait le temps de reprendre sa garde, Rufus l’envoya valser une seconde fois.

Thunk.

Rufus planta sa lame dans la poitrine du bandit.

Un râle de souffrance s’échappa de la bouche de l’agresseur. Rufus fit pivoter l’épée tout en le dominant du regard. Le sang jaillit comme un torrent du corps mortellement touché. Incapable de supporter l’agonie, le bandit se convulsa, étranglant ses propres gémissements. Rufus, impassible, leva de nouveau son arme.

Puis il l’abattit encore une fois.

La tête de l’homme fut tranchée nette.

Elle roula plus loin avec un bruit sourd, les yeux éteints toujours braqués sur Rufus.

Tout cela n’avait duré que quelques secondes.

« M… Maudit ! »

« Enfoiré sanguinaire ! »

À la vue du sort atroce de leur compagnon, les autres assaillants reculèrent, hésitants.

« … »

Rufus fixait en silence le groupe d’hommes qui lui faisait face.

Quelques instants plus tôt, ils massacraient sans distinction. La scène laissait Rufus perplexe. Pourquoi des humains s’entretuaient‑ils ?

Puis la révélation s’imposa à lui.

Je dois me tromper.

Tuer ses semblables, c’est impossible.

Ce ne sont pas des humains. Ce sont des démons—des monstres déguisés qui abattent des innocents.

Oui, ces salauds sont des démons.

Donc, ils doivent tous mourir.

« Rufus, espèce de traître ! Tu pensais vraiment t’en tirer après avoir convoité le trône ? »

Le chef supposé des assaillants, le visage dissimulé sous un masque, lança ces mots avec rage en fusillant Rufus du regard.

« N’essaie même pas de fuir ! Ta tombe est ici ! »

La baronne d’Inferna, qui se tenait debout derrière Rufus, fronça les sourcils.

« Rufus, as-tu provoqué un incident ? »

« Je n’en ai aucun souvenir. »

« Vraiment ? On dirait qu’ils ont mal compris quelque chose. »

La baronne s’avança et ramassa l’épée tombée du bandit. En voyant ça, le cœur de Rufus se serra.

« Vous n’avez pas à faire ça. »

« Oho, mais écoute donc ce petit morveux qui parle comme ça à sa grand-mère ! C’est terrible. »

Tenant fermement l’épée, la baronne regarda Rufus droit dans les yeux.

« Je suis encore la cheffe de la maison noble d’Inferna. Mon devoir est de me battre pour protéger les miens. »

Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi  ⋄ Correctrice • Ruyi

・．ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・