Chapitre 28
by Ruyi ♡Une semaine s’était écoulée, et le jour de la prophétie était enfin arrivé.
« … »
Rufus observait sa grand-mère en silence, tandis qu’elle prenait son petit-déjeuner.
C’était aujourd’hui. Le jour prédit par Sarubia.
Aujourd’hui, la baronne d’Inferna allait mourir.
« Pourquoi tu me regardes comme ça ? »
Assise à la table, la baronne d’Inferna lança un regard à Rufus. Elle mangeait l’omelette que Sarubia et Edel avaient préparée ce matin — une omelette qui, pour une fois, ne contenait pas de morceaux de coquille d’œuf.
« Vous vous sentez bien ? »
Tout en épluchant une pomme de terre qu’ils avaient fait bouillir, Rufus lui posa la question.
« Tu crois que me le demander va m’aider à aller mieux ? Arrête un peu avec tes questions. »
Tout en parlant, la baronne toussa une nouvelle fois.
« Je demande juste parce que je m’inquiète. »
« Je comprends ton inquiétude, mais ça ne changera rien à mon état. »
Impatiente, elle toussa encore, puis piqua un morceau de pain parfaitement grillé avec sa fourchette.
« Rufus, il y a encore une chose que tu n’as pas comprise. »
« Laquelle ? »
« Ta grand-mère est vieille. Et c’est normal de mourir, tu sais. »
Bien sûr qu’il le savait. Tout le monde meurt. Mais il n’avait jamais pensé que ça devait être aujourd’hui.
La baronne d’Inferna, après une légère quinte de toux, but calmement une gorgée de thé.
« Rufus, tu ne penses tout de même pas que je vais vivre éternellement avec toi et Edel ? »
« Alors, ça veut dire que vous acceptez pour mourir aujourd’hui ? »
Incapable de se retenir, Rufus laissa échapper cette question.
Et aussitôt, il regretta ses mots.
Ah. Je n’aurais pas dû dire ça comme ça.
Avec un léger tintement, la baronne posa sa tasse sur la soucoupe.
« Rufus, Edel, j’ai vécu sans regrets jusqu’à aujourd’hui. »
Elle s’essuya élégamment la bouche avec une serviette, puis regarda ses deux petits-fils.
« Je vous ai élevés avec fierté, à la hauteur du nom de la famille d’Inferna. Vous êtes tous les deux devenus de belles personnes. Cela me suffit amplement. Alors, même si je devais mourir aujourd’hui, ce serait déjà bien assez. »
Son regard était ferme, sans la moindre hésitation. Rufus, lui, ne parvint pas à trouver les mots.
Après le petit-déjeuner, la baronne d’Inferna fit appeler ses deux petits-fils et Sarubia.
« Il fait si beau. Et si on allait se promener ? »
Les rayons dorés de l’automne les enveloppaient doucement. Au-dessus d’eux, des nuages duveteux parsemaient le ciel, et des oiseaux inconnus chantaient une mélodie légère.
Le jardin, orné des fleurs les plus rares du royaume, resplendissait de mille couleurs, au point de donner l’impression qu’on s’y perdait rien qu’en le regardant.
« Regarde, Sœur Ruby, celle-là porte ton nom. »
Edel montra une fleur dans un massif*. Rufus suivit instinctivement la direction indiquée par son frère. Là, une fleur élancée, composée de grappes rouge vif, était en pleine floraison.
(N/T : Un massif de fleurs ou massif fleuri désigne une portion de terrain, souvent en jardin, où des plantes ornementales sont regroupées.)
C’était une fleur de Sarubia.
« Elle est magnifique. »
La baronne d’Inferna, souriante, marchait lentement tout en s’appuyant contre Rufus.
« Et si on plantait des sarubias à côté des fuchsias, dans notre manoir ? Ce sont toutes deux des fleurs rouges, elles s’harmoniseraient à merveille. Qu’en pensez-vous ? »
« Oui, très bonne idée ! »
Edel approuva avec enthousiasme.
La journée semblait étrangement courte.
Il ne voulait pas que le temps passe, et pourtant, à chaque fois qu’il fermait les yeux et les rouvrait, les heures s’étaient volatilisées, s’accumulant jusqu’à ce que les aiguilles de l’horloge bondissent en avant.
Après un déjeuner tardif, la baronne d’Inferna était retournée dans sa chambre.
« Sarubia. »
Rufus, qui faisait les cent pas près de l’entrée de la chambre de sa grand-mère, se tourna vers Sarubia.
Pour être honnête, il espérait qu’elle s’était trompée.
« Moi aussi, je voudrais que ma magie soit une supercherie. »
Sarubia, qui avait élevé Rufus, laissait transparaître une tristesse inhabituelle dans son regard.
« Je suis désolée. »
« … »
La main de Rufus, posée sur la garde de son épée, tremblait légèrement.
Il craignait que des intrus venus de l’extérieur ne soient la cause de la mort de sa grand-mère. C’est pour cela qu’il montait la garde, l’arme dégainée, devant la chambre de la baronne.
Dans quelques heures, la nuit tomberait. La journée toucherait à sa fin. Est-ce que sa grand-mère serait toujours en vie d’ici là ?
« Avez-vous besoin de quelque chose ? »
Une servante qui passait s’approcha prudemment de Rufus et de Sarubia.
« Non, tout va bien… »
« Juste un verre d’eau, s’il vous plaît. »
Sarubia répondit à la place de Rufus.
Les heures passèrent. Rufus restait immobile devant la porte de la chambre, sans bouger d’un pouce. Il la surveillait avec la même vigilance que s’il refusait qu’un seul insecte ne s’approche.
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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