Chapitre 40
by Ruyi ♡À la question de l’intendante, Rufus ne sut que répondre.
Il la connaissait bien, mais le problème, c’était que Sarubia, elle, ne se souvenait pas de lui.
« Je ne la connais pas vraiment, mais j’aimerais apprendre à la connaître. »
Après un court instant de réflexion, Rufus répondit. C’était la meilleure formulation qu’il avait trouvée.
L’intendante le dévisagea attentivement, scrutant ses traits et ses vêtements.
« Excusez-moi, puis-je connaître votre nom ? »
« Rufus Inferna. De la famille baronniale d’Inferna. »
Il prononça son nom d’une traite, comme acculé.
« Je vous en prie, jeune seigneur d’Inferna de ne pas toucher à cette fille. »
Elle le regarda un moment avant de soupirer profondément.
« La toucher ? Que voulez-vous dire ? »
« Sarubia est encore jeune. Une fille innocente qui ignore tout des hommes… »
« Non, ce n’est pas du tout mon intention. »
Rufus se hâta de rectifier, ne voulant pas passer pour un débauché intéressé par une jeune fille naïve.
« Je faisais simplement attention à la manière dont elle travaillait avec application. Je n’ai eu aucune pensée déplacée. »
« Dans ce cas, il semble que je vous aie mal jugé. Veuillez m’excuser. »
« Non, ce n’est pas ça. Je crois que mes paroles ont prêté à confusion. »
« Quoi qu’il en soit, si vous n’êtes pas ici pour voir la princesse, je vais prendre congé. »
L’intendante jeta un bref regard à Rufus avant de se diriger vers le palais de la princesse Sordide.
Sarubia, toujours occupée à balayer, s’illumina en voyant l’intendante. Cette dernière lui rendit son sourire avec chaleur et lui tendit un gros biscuit, presque aussi large que sa paume. Sarubia l’accepta avec joie et le grignota, un sourire aux lèvres.
Leur conversation joyeuse parvint faiblement aux oreilles de Rufus.
Après ce bref échange affectueux, elles se séparèrent. Sarubia reprit son balai, et l’intendante entra dans le palais.
« … »
Alors qu’elle franchissait les portes, elle jeta un dernier regard en direction de Rufus. Une étrange sensation lui piqua le cœur, comme si une aiguille s’y était plantée. Il n’avait pourtant rien fait de mal, mais la culpabilité l’envahit.
Hésitant un instant, Rufus s’approcha enfin de Sarubia, une fois l’intendante hors de vue.
« Bonjour, monsieur. »
Sarubia leva les yeux vers Rufus, qui s’approchait d’elle, le regard pétillant.
« L’intendante m’a dit que vous m’observiez depuis un moment, n’est-ce pas ? »
Elle lui adressa un sourire malicieux.
Ah.
Voir ce sourire lui picota le bout du nez. Son cœur, qu’il avait pourtant réussi à apaiser tant bien que mal, se remit à battre à tout rompre.
C’était vraiment, vraiment plus grave qu’il ne l’avait cru.
« Vous êtes sûrement ici pour la princesse, non ? Ce n’est pas très bien vu d’avoir des vues sur une autre femme quand on est dévoué à la princesse. »
Elle le taquina, sur un ton faussement sérieux.
Elle lui avait manqué. Ses plaisanteries légères, sa façon de s’immiscer naturellement dans son cœur avec sa chaleur… Tout cela lui avait terriblement manqué.
« … Votre nom. »
Rufus réussit à articuler d’une voix grave.
« Mon nom ? »
« Comment vous appelez-vous ? »
Il voulait l’entendre à nouveau. Entendre cette voix douce prononcer ce prénom si cher à son cœur.
Surprise par la question soudaine, elle écarquilla légèrement les yeux. Mais ce ne fut qu’un bref instant.
« Je m’appelle Sarubia. »
Elle répondit avec un sourire doux.
Ce fut comme si une mèche avait été allumée. Submergé par des émotions qu’il ne parvenait plus à contenir, Rufus la serra brusquement dans ses bras. Il enfouit son souffle contre la base de sa nuque, sans réfléchir.
Son corps frêle, délicat, s’écrasa doucement contre sa peau.
C’était chaud.
Tellement chaud que cela semblait irréel… Il ne pouvait plus se retenir.
Ploc.
Le balai que Sarubia tenait tomba sur l’herbe.
« H-Hein… ? »
Sarubia sursauta face aux gestes soudains de cet homme. Après tout, un inconnu qu’elle n’avait jamais vu auparavant n’avait cessé de l’observer, puis était venu lui demander son nom, puis, sans prévenir, venait de la prendre dans ses bras.
« M-Monsieur, je vous en prie ! Gardez vos étreintes pour votre future épouse ! »
Elle se débattit pour échapper à l’étreinte, mais les bras de l’homme se refermèrent un peu plus sur elle. Et à ce moment-là, un léger son parvint à ses oreilles, tout près de son oreille.
Elle ne comprit pas tout de suite ce que c’était. Mais en tendant l’oreille, elle le reconnut sans l’ombre d’un doute.
« M-Monsieur ? »
L’homme pleurait.
« Pourquoi est-ce que vous pleurez tout à coup ? Vous avez mal ? Quelque chose vous est entré dans l’œil ? Attendez, je peux souffler dessus pour le faire partir ! »
Affolée, Sarubia tenta de voir son visage. Mais l’homme se blottit davantage contre elle, enfonçant plus profondément son visage dans son épaule. Son souffle brûlant effleurait la peau de son cou.
« Juste un instant. »
Murmura-t-il d’une voix lourde, comme chargée de plomb.
« J’aimerais rester ainsi… Juste un instant. »
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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