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    Rufus interrompit sèchement Sordide, mais celle-ci ne se soumit pas pour autant.

    «  Seigneur Rufus, combien de temps encore allez-vous ne penser qu’aux morts ? Je suis votre reine, en chair et en os, et bien vivante… »

    Craack  !

    La petite statue à côté d’elle se fendit en deux. Dans la main de Rufus brillait une épée aux lames acérées.

    «  Ne…   »

    Sa main tremblait autour de la garde.

    «  Ne prononcez pas mon nom aussi légèrement.  »

    «  … Vous êtes vraiment impitoyable. Un homme froid, sans cœur, jusqu’à la fin*.  »

    Sordide frissonna, mais s’avança d’un pas. Derrière son dos, elle dissimulait un poignard.

    Rufus la regarda d’un œil indifférent.

    Froid… Oui. Gelé jusqu’au sang.

    Il n’était plus qu’un corps qui respirait, un homme vidé de tout but, privé de tout espoir, n’ayant plus aucune raison de vivre.

    «  Aujourd’hui est l’anniversaire de la mort de mon père. C’était il y a un an, lorsque votre grand-mère l’a tué.  »

    Rufus serra les mâchoires et la fixa avec intensité.

    «  Oui. Et aujourd’hui marque aussi la mort de Sarubia. Votre père a tué Sarubia.  »

    Mais Sordide ne prêtait aucune attention à ses paroles.

    «  Vous avez tué tous mes frères. Vous m’avez arraché tout ce qui m’était cher.  »

    Comme possédée, elle mordit ses lèvres sèches et craquelées.

    «  Et ce n’est pas tout. De manière abjecte, vous avez pris le trône de mon père. Vous m’avez rejetée, faisant de moi la risée du peuple.  »

    Des larmes coulèrent de ses yeux gonflés et rougis.

    «  Vous avez déshonoré ma famille et souillé la place de mon père  ! Rufus, je vous maudis  !  »

    Dans un hurlement désespéré, Sordide se rua sur Rufus. Le poignard caché jusque-là scintilla sous la lumière de la lune.

    Mais la lame n’atteignit jamais sa cible. Rufus, qui avait deviné ses intentions dès le début, brandit son épée.

    Un bruit sec retentit, et le poignard tomba mollement sur le sol de marbre.

    «  Vous auriez dû mourir sur le champ de bataille  ! Les démons auraient dû vous déchiqueter  !  »

    Privée de son arme, Sordid se jeta sur Rufus dans une fureur convulsive. En tombant avec lui au sol, elle l’agrippa à la gorge et y planta ses ongles.

    Il étouffait.

    Rufus serra instinctivement son épée.

    La femme à moitié folle hurla comme si ses cordes vocales raclaient du métal.

    «  Tout est de votre faute  ! C’est à cause de vous  ! Je vous maudis, même dans la mort—  »

    Slash

    La lame de Rufus transperça le cœur de Sordide. Un flot de sang écarlate jaillit.

    Ce fut la fin de Sordide.

    Son corps s’effondra sur le sol de marbre. Dans un dernier souffle, elle lança un regard brûlant à Rufus.

    Il repoussa le cadavre inerte et se redressa.

    Il venait de tuer la princesse qui, autrefois, avait incarné ses rêves — aujourd’hui devenue la reine de ce royaume. Et pourtant, il ne ressentait rien. Pas même de la peur.

    Tout lui semblait irréel. Comme s’il était mort depuis longtemps déjà, et que son corps défunt observait désormais cette scène surréaliste depuis la mare de sang.

    Il leva les yeux.

    Plusieurs ombres s’éloignaient précipitamment. Au loin, des secrétaires et des chevaliers qui avaient été témoins de la scène s’enfuyaient. Ils penseraient sûrement que le roi, consumé par la folie, avait tué sa propre reine.

    Désormais, ils chercheraient encore un nouveau souverain. Un roi qui ne serait pas une coquille vide.

    Alors…

    Autant en finir, cette fois pour de bon.

    Rufus se mit à marcher sans but.

    Le sang encore tiède de la reine, que personne ne pleurait, coulait lentement sur lui. Ceux qu’il le croisait détournaient les yeux et s’écartaient en hâte pour éviter l’éviter.

    En pleine nuit, personne n’osa arrêter le roi, qui avançait seul, sans escorte.


    Combien de temps avait-il marché ainsi ?

    Rufus arriva finalement devant la tombe de Sarubia.

    Le corps de Sarubia reposait derrière le palais royal. Sa sépulture était entretenue avec autant de soin que celles de la famille royale.

    C’était ironique.

    Il lui avait promis autrefois une belle chambre dans un manoir, et pourtant, cette promesse ne s’était réalisée que de cette manière.

    Il resta un moment silencieux devant la stèle de Sarubia.

    — Sarubia.

    Un monde sans toi est véritablement un enfer.

    Même face aux plus belles choses, ma vue se brouille sans cesse.

    Même les louanges du peuple n’apportent plus aucune joie à mon cœur.

    Le trône que tous admirent me paraît désespérément vide.

    Sarubia.

    Un monde sans toi est vraiment…

    Shwaaa—

    Une pluie tardive se mit à tomber.

    Les gouttes glacées traversèrent les vêtements de soie de Rufus, lui arrachant le peu de chaleur qu’il lui restait.


    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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