Chapitre 23
by Ruyi ♡Pas besoin de voir son visage pour savoir qui c’était.
Parmi toutes les personnes que connaissait Wooyeon, une seule possédait une voix aussi douce et attentionnée. Une voix tendre et chaleureuse, exactement celle de la personne qu’il n’avait cessé de désirer.
« Pro… »
Je n’ai pas pu l’appeler « professeur ».
Les émotions m’ont submergé, les mots sont restés bloqués dans ma gorge.
Ses paupières picotaient, sa gorge brûlait. Son cœur battait fort, de plus en plus fort, comme une alarme en alerte maximale.
« … Sunbae. »
Cet appel à peine audible fut la dernière barrière que Wooyeon pouvait ériger.
Puisque mes sentiments sont désormais irréversibles, que du moins ils ne débordent pas. Qu’ils ne s’effondrent pas, mais s’infiltrent doucement.
« … »
Dohyun le regardait sans expression. Une main dans la poche, pendant que l’autre tenait son parapluie, il se contentait d’observer en silence la pluie tomber. Le parapluie, penché vers Wooyeon, laissait son épaule à découvert et celui-ci finit peu à peu à se mouiller.
« Parfois… »
Sa voix ressemblait à un soupir. Son regard calme brillait d’un éclat étrange, indéfinissable. Il tourna lentement la tête, et murmura tout bas :
« … Ce n’est pas facile. »
Wooyeon ne demanda pas ce qu’il entendait par là. Il se contenta de poser les mains sur ses genoux et d’y appuyer son menton.
Puis les mots qui suivirent vinrent bouleverser tout son être.
« Tu veux que je te porte sur mon dos ? »
« … »
Ploc.
Une goutte de pluie tomba.
La pluie, qui s’était intensifiée sans qu’on s’en aperçoive, tambourinait contre le parapluie. Dohyun tourna de nouveau les yeux vers Wooyeon et déclara simplement :
« Tu avais l’air mal, alors j’ai apporté ça. »
Dans sa main, un petit flacon de verre rempli de comprimés pour la digestion. Sa main était si grande que le flacon semblait minuscule.
Alors que Wooyeon fixait ce qu’on venait de lui tendre, l’air hébété, Dohyun ajouta d’un ton doux :
« Je vais te raccompagner chez toi. »
Il n’eut même pas le temps de refuser que Dohyun plaça les comprimés dans sa main, puis lui passa aussi le parapluie.
Quand Wooyeon revint à lui, Dohyun lui tournait le dos et s’accroupissait, un genou à terre.
« Sunbae ! »
Pris de panique, Wooyeon inclina rapidement le parapluie vers lui.
Ce n’était pas un déluge, mais ce n’était pas une pluie à encaisser à découvert non plus.
« Tu vas être trempé. » protesta-t-il.
À cela, Dohyun répondit avec un léger rire moqueur, comme s’il ne comprenait pas son inquiétude.
« Je le suis déjà. »
« Non, sunbae… Quand même… »
« Tiens, tu prononces bien « sunbae », maintenant. »
Le sens était clair : arrête de parler et grimpe sur mon dos.
Wooyeon serra les lèvres et baissa les yeux vers l’ourlet de son manteau traînant au sol.
Dohyun le pressa à nouveau :
« Dépêche-toi, mon pantalon est en train de se mouiller. »
À contrecœur, Wooyeon posa les mains sur les épaules de Dohyun. Il se hissa avec précaution, transférant son poids avec hésitation. Dohyun le soutint en passant un bras sous ses jambes.
J’aurais dû mettre un pantalon…
Ses doigts contre sa peau nue le chatouillaient affreusement.
« Je suis lourd, tu sais… »
Il ne se souvenait pas avoir été porté par quelqu’un, à part peut-être tout petit. Personne ne s’était jamais montré aussi affectueux avec lui, et il n’était pas vraiment le genre à se laisser porter non plus. C’est peut-être pour ça que cette situation le mettait aussi mal à l’aise.
« Quelqu’un de ton gabarit, ce n’est rien du tout. »
Dohyun répondit d’un ton tranquille, puis ajusta sa prise. Il s’inclina légèrement pour mieux répartir le poids avant de se redresser d’un coup. La vue, soudain surélevée, poussa Wooyeon à entourer son cou de ses bras.
« Tu as peur ? »
Sa voix était teintée d’un sourire. Wooyeon, qui l’agrippait comme un enfant, rétorqua d’un ton tranchant :
« Pas du tout. »
Mais à le voir, personne n’y aurait cru. Dohyun aussi, sans doute, s’était fait la même réflexion — il se contenta de retenir un rire silencieux.
Pour détourner l’attention, Wooyeon redressa un peu le parapluie et lança d’un ton mal assuré :
« Du coup… On va où comme ça ? »
« Tu ne sais vraiment pas mentir, toi. »
« … Redépose-moi. »
« Où ça ? Il n’y a même pas un banc dans le coin. »
Même s’il n’avait pas de blessure, Dohyun agissait comme s’il était incapable de marcher. Et évidemment, même en disant que ça allait, ça ne changerait rien. Avec calme, Dohyun réajusta Wooyeon sur son dos et répondit comme si de rien n’était :
« On va au parking. Comme il pleut, j’ai pris la voiture. »
« Et le groupe d’étude, alors ? »
« On le fera une autre fois. »
Dohyun ajouta que ni Garam ni Seongyu ne lui en tiendraient rigueur.
Quand on est malade, les études peuvent bien attendre.
Et il avait ajouté que Wooyeon s’inquiétait pour des broutilles. Wooyeon se tut, mais une sensation étrange lui revint.
Cette impression de décalage…
« … Je me suis toujours demandé… »
C’était la même gêne qu’il avait ressentie dans la salle du club, la dernière fois. Même aussi près de lui, Wooyeon ne percevait aucune phéromone. Pourtant, Dohyun était un Alpha, un dominant, c’était certain… Mais à ses côtés, il semblait presque… Comme un Bêta.
« Pourquoi tu retiens tes phéromones ? »
Dohyun ne les laissait jamais filtrer, sauf dans de très rares cas. Même les traces qu’il laissait sur ses vêtements paraissaient involontaires. Un Alpha ordinaire aurait laissé transparaître ses phéromones en continu… Chez lui, on aurait dit qu’il les réprimait volontairement.
« Pourtant, quand on est un Alpha, c’est censé être difficile à contrôler, non ? »
Wooyeon, doté lui aussi d’un trait particulier, savait bien ce que cela impliquait. Réprimer ses phéromones, c’était comme porter des vêtements inconfortables tout en dînant avec des inconnus : désagréable, contraignant.
Lui n’avait pas le choix, c’était pour des raisons qu’il ne contrôlait pas. Mais chez Dohyun, il ne sentait aucune de ces contraintes.
« Tu… »
Dohyun prit la parole très lentement. Ses paupières doubles se plissèrent légèrement alors qu’il inclinait la tête, pensif.
Puis, tournant les yeux vers lui, il déclara d’un ton neutre :
« Tu n’aimes pas les Alphas. »
« … »
C’était dit comme une évidence. Presque comme s’il se demandait pourquoi il aurait besoin de l’expliquer.
Avant même que Wooyeon puisse demander comment tu sais ça, Dohyun ajouta, catégorique :
« Ça se voyait. »
« … »
« Et pas qu’un peu. »
Impossible…
Ce n’était pas un secret, certes, mais il n’avait jamais voulu que ça se voie non plus. Il n’en avait parlé à personne, jamais critiqué un Alpha ouvertement. Et puis, Dohyun avait déjà cette habitude de contenir ses phéromones bien avant que Wooyeon rejoigne le club.
« Je suis observateur. »
Ses pensées s’interrompirent net. La voix douce de Dohyun s’éleva à nouveau, posée, presque mélodieuse.
« Quand Moon Garam t’a montrée de l’intérêt, ta réaction disait tout. Tu as dit que tu détestais être approché… Mais avec Seongyu, ça ne te dérangeait pas. »
Maintenant qu’il le dit… C’est vrai.
En repensant à son comportement avec Garam, il comprenait que Dohyun ait deviné. Surtout s’il avait une telle acuité.
« … Les tiens, je les supporte. »
Murmura Wooyeon en se laissant aller un peu plus contre lui. Dohyun ne répondit rien, mais Wooyeon le pensait vraiment. Si tous les Alphas étaient comme lui, il n’aurait jamais développé cette aversion.
« Comment as-tu su que j’étais là ? »
« C’est moi qui ai fait ton inscription aux cours. »
Même sous la pluie, la voix de Dohyun restait parfaitement claire. Était-ce à cause de son timbre grave, ou du ton calme qu’il employait ? En tout cas, l’écouter avait un effet apaisant.
On dirait que mon estomac se calme rien qu’en l’entendant…
« Je sais au moins dans quel bâtiment tu as cours. »
« … »
Donc tu es venu exprès…
Pas par hasard. Ce n’était pas une simple coïncidence. Il avait acheté un médicament, puis marché jusqu’à ce bâtiment, tout en sachant qu’il s’y trouverait. Wooyeon resserra sa prise sur le manche du parapluie.
« … Tu ne vas pas me demander ce que je faisais, tout à l’heure ? »
La pluie continuait de tomber, sans relâche. Les cerisiers étaient en pleine floraison, mais demain, il ne resterait peut-être rien. Dohyun ne le regarda pas et répondit simplement, d’une voix posée :
« Tu veux que je te le demande ? »
Si je dis que non, je mentirais.
Il avait envie de tout lui dire, comme avant. Qu’il l’écoute, qu’il le réconforte. Mais Wooyeon savait aussi que les choses ne se passent pas toujours comme on veut.
« … Non. »
Ses bras se resserrèrent autour de Dohyun. Il baissa la tête, allant jusqu’à enfouir son visage contre son épaule. Les phéromones, lessivés par la pluie, étaient à peine perceptibles.
« J’avais juste mal… »
Cette phrase, toute simple, portait en elle un trop-plein de tristesse. Dohyun ne dit rien, attendant la suite avec patience. Et comme un enfant qui se plaint, Wooyeon commença à parler, doucement.
« Après le hamburger… J’ai eu mal à l’estomac. C’était horrible. J’ai jamais eu d’indigestion, sauf quand j’étais petite… Euh, plus jeune… Mais là, c’était comme des aiguilles. Et j’avais envie de vomir, sauf que rien ne sortait… »
Plus il parlait, plus la peine montait. S’il l’avait vu rire ou soupirer, il se serait arrêté. Mais Dohyun écoutait, calmement, sans le moindre jugement. Après avoir répété j’avais mal au moins cinq fois, Wooyeon s’arrêta enfin, essoufflé.
« Alors j’ai… J’ai eu très mal… »
Il n’y avait pas d’autre mot. Tout se résumait à cette douleur : la souffrance, les peurs, les regrets. Et même maintenant qu’il allait un peu mieux, il ne s’en rendait pas compte.
« Je vois… »
La voix de Dohyun était douce comme s’il berçait un enfant. Il jeta un bref regard à Wooyeon, qui gardait toujours la tête baissée. Alors, les yeux à nouveau tournés vers l’avant, il dit avec une tendresse infinie :
« Tu devais être vraiment bouleversé. »
C’était une forme de réconfort parfaite. Pas une simple réponse à j’ai mal. Wooyeon sentit sa gorge se nouer, mordillant sa lèvre inférieure pour retenir les larmes.
« On rentre, tu prends un médoc et tu dors un peu. »
« … »
« Alors ça ira. »
Les larmes lui montèrent aux yeux. Pas de tristesse, non… Quelque chose d’autre. Son cœur battait à tout rompre, son corps s’emplissait d’une chaleur fébrile, presque joyeuse.
« … Sunbae. »
Wooyeon leva les yeux, les joues brûlantes. Sa voix, chargée de souffle, fit tressaillir Dohyun l’espace d’un instant.
Mais Wooyeon, inconscient de ce trouble, parla d’une voix tremblant, prête à se briser.
« Pourquoi tu es si gentil avec moi ? »
Il savait que Dohyun était doux avec tout le monde. Même avec des inconnus, il savait être aimable. Mais malgré tout… Qui, même le plus gentil des hommes, porterait spontanément sur son dos un camarade trempé par la pluie ?
« … »
Chose rare, Dohyun hésita à répondre. Il fixa le vide devant lui, les lèvres entrouvertes. Sa voix douce s’éleva enfin, comme un soupir qu’on aurait déguisé.
« J’en ai juste envie. J’ai juste envie d’être gentil avec toi. »
Au lieu de lui demander « pourquoi ? », Wooyeon mordit sa lèvre. Il enfouit doucement son visage dans la nuque de Dohyun, laissant échapper un souffle ténu.
Ce ne fut qu’après un long moment de silence qu’il reprit, d’une voix au bord des larmes, presque suppliant.
« … Alors continue. Continue d’être gentil avec moi. »
La pluie avait perdu de sa force. Le parapluie était incliné, mais personne ne s’en souciait. Le rythme sourd de son cœur battant résonnait jusque dans le dos contre lequel il s’était appuyé.
Peut-être que, depuis le début, il n’avait jamais pu abandonner ce sentiment. Même quand Dohyun l’avait rejeté, même quand il avait arrêté les cours particuliers sans lui dire un mot…
Il avait pleuré, il l’avait haï. Mais jamais, pas une seule fois, il ne l’avait détesté. Croire qu’il pouvait tourner la page n’était que vanité, une illusion.
« Tu m’as manqué. »
Il fit mine de le dire à la légère. Prétextant que c’était la douleur qui lui faisait penser à tout ça, tentant de faire passer son aveu pour une blague. Dohyun garda le silence un instant, puis répondit avec la douceur qui lui était propre.
« … Je suis content de l’entendre. »
Ce jour-là, une pluie tomba sur le cœur de Wooyeon. Une pluie de fleurs de cerisier.
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
Note de Ruyi
Voici donc la fin de ce quatrième chapitre.
°˖✧◝(⁰▿⁰) ◜✧˖°
Qu’est-ce qu’ils sont mignons !!! Dohyun est vraiment une green flag…
Mais on verra bien pour la suite de l’histoire ヽ(*・ω・)ノ
Je suis à 23/118 de chapitres traduis, donnez-moi de la force pour continuer.
(bien que le roman me le fasse déjà (¬‿¬)).
Le prochain chapitre comptera au moins 8 parties et sera le dernier du premier tome.
Je vais bientôt poster le manhwa sur le site. Le chapitre 6 est en plein en cours d’édition.
À très bientôt pour la suite !
・.ʚ Voilà la dernière partie du chapitre 4 ɞ .・

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