HL • Chapitre 11 🔍
by Ruyi ♡La brise d’été soufflait doucement. Dans le bassin de lotus du palais de Tóng Ān, les feuilles d’un vert infini ondulaient avec grâce au gré du vent. Tout le palais baignait dans un parfum léger et enivrant, à la fois mystérieux et envoûtant. Ceux qui y vivaient semblaient transportés dans une cité céleste*, comme enivrés par cette ambiance féerique. Même les pans des vêtements de ceux qui se trouvaient dans le pavillon au centre de l’étang semblaient s’imprégner d’aura céleste.
(N/T : En chinois, Gōngchéng « 宫城 » signifie littéralement « cité-palais » et désigne le palais impérial, comme la Cité interdite à Pékin. On parle de « cité » car le palais est entouré de murs fortifiés, à la manière d’un château, bien qu’il soit situé à l’intérieur de la capitale. Ainsi, la « cité céleste » mentionnée ici fait référence au palais impérial, et non à la ville entière.)
Sur une méridienne de brocart finement ouvragée, était alangui un homme vêtu de blanc. Sa longue chevelure noire tombaient en cascade, contrastant avec la blancheur laiteuse de sa peau, semblable à du jade. Ses yeux, d’une beauté presque irréelle, brillaient comme des étoiles à l’aube d’une nuit d’hiver. Il était installé avec une désinvolture élégante, tandis qu’un serviteur à ses côtés agitait un éventail de soie pour lui apporter un peu de fraîcheur. Toute la scène respirait la quiétude d’un été oisif et raffiné.
Cet homme d’une beauté envoûtante n’était autre que Xuānyuán Jìng, empereur du Grand Empire de Dàtóng, et l’homme le plus puissant du royaume.
« Zhēnyè », appela-t-il d’un ton calme.
« Quels sont vos ordres, Majesté ? », répondit respectueusement le serviteur posté derrière lui.
« Fais venir le prince Tóngxīn au palais. »
Ce prince, de son nom Zhēn, était son frère cadet et également l’un des hommes les plus redoutés et influents de l’empire.
« Bien, Majesté. » Le serviteur s’inclina avec respect avant de s’éclipser.
Jìng se leva et s’avança jusqu’au bord de l’étang. Il prit quelques granulés de nourriture des mains d’une servante et les jeta distraitement à la surface de l’eau. Tandis qu’il observait les carpes se bousculer pour manger, ses pensées s’envolèrent loin, très loin d’ici…
Quelques mois plus tôt, il avait usé à la fois de ruse et de menace pour attirer à Tóng Ān un certain Lù Cāng, roi des voleurs de la montagne Lùcāng, dans la région de Hángzhōu. Un homme avec qui il avait jadis partagé une nuit éphémère*.
(N/T : Le terme original est « Lùshuǐ zhī hé » (露水之合), littéralement « union de la rosée ». Il s’agit d’une variation de l’idiome classique « Lùshuǐ zhī yuán » (露水之缘), qui signifie « destinée de la rosée » — une métaphore pour une rencontre éphémère, comme la rosée qui s’évapore au lever du soleil. En remplaçant « yuán » (缘), qui renvoie au destin, par « hé » (合), qui peut signifier union ou harmonie, l’autrice atténue l’idée de brièveté pour mettre l’accent sur le lien en lui-même, même s’il est fugace. Cliquez ici pour lire la Destinée de la rosée.)
Depuis son arrivée, Jìng n’avait cessé de lui rendre visite, tirant un plaisir cruel et secret de ces moments d’intimité où il pouvait assouvir des désirs dont il n’aurait jamais osé parler à quiconque. Chaque fois, il trouvait en lui une malsaine source de plaisir, un exutoire à des penchants dont même lui avait honte. Jusqu’à cette fameuse nuit, à la Maison Tōnghuà, où il l’avait brutalement tourmenté, le poussant à ses limites.
Depuis cet épisode, Lù Cāng avait catégoriquement refusé qu’il le touche à nouveau. Chaque visite se soldait par des cris, des larmes, et des menaces de suicide.
Jìng avait bien essayé d’user à nouveau de la force, comme il l’avait déjà fait, mais le corps de Lù Cāng avait été profondément marqué cette fois-là. À cela s’ajoutait un rejet viscéral, presque spirituel. Son corps refusait de se laisser pénétrer, même sous contrainte. Il savait qu’il pourrait sans doute encore le forcer, mais à quel prix ? S’il allait au bout, il craignait que Lù Cāng n’y survive pas.
Et Jìng n’était pas encore prêt à voir son jouet préféré entièrement brisé. Depuis dix jours, il supportait à contrecœur une frustration de plus en plus féroce.
Il avait bien tenté de faire venir d’autres hommes de la pègre, mais aucun ne l’avait satisfait. Certains s’évanouissaient au bout de quelques ébats, d’autres étaient si mous qu’ils ne lui inspiraient aucun désir. À chaque tentative, quelque chose clochait — et au final, tous ne faisaient que raviver son obsession pour Lù Cāng, ce petit roi des voleurs aussi impétueux qu’orgueilleux, mais dont le corps exerçait sur lui une attirance irrésistible.
La convocation de Tóngxīn, aujourd’hui, n’était rien d’autre qu’un appel à l’aide. Il espérait que son frère puisse trouver un moyen de changer la donne, d’apaiser cette frustration qu’il ne pouvait se permettre d’avouer.
« Majesté, le prince Tóngxīn est arrivé », annonça respectueusement un eunuque, tandis que Zhēn montait les marches dorées du pavillon.
« Grand frère impérial », le salua Zhēn en s’inclinant* avec révérence.
(N/T : En Chine ancienne, saluer l’empereur impliquait toujours de s’agenouiller. Le degré de cérémonie variait selon le contexte. Ici, Jing rencontre quelqu’un qu’il voit régulièrement, donc une prosternation simple suffit : on s’agenouille, on se relève. Mais pour une première audience (comme un nouvel officier), un salut formel avec génuflexions répétées était exigé. Sous les Han, la version la plus solennelle impliquait de s’agenouiller, faire trois prosternations (叩头 kòutóu), se relever, changer de place dans la salle selon un schéma codifié, et recommencer plusieurs fois selon le rang de la personne et le protocole.)
Quand Jìng congédia les domestiques d’un simple geste de la main, Zhēn se redressa d’un bond et se glissa sans vergogne dans les bras de son frère aîné.
Les deux frères avaient toujours été très proches. Zhēn, en particulier, nourrissait pour son frère des sentiments plus profonds que de simples liens fraternels. Mais jamais ils n’en parlaient. Ils préféraient entretenir une complicité ambiguë et silencieuse.
« C’est bon, c’est bon, Zhēn, descends un peu. J’ai une affaire sérieuse à te confier », dit Jìng, en tapotant l’épaule de son frère, désormais presque aussi grand que lui.
À contrecœur, Zhēn s’extirpa de l’étreinte et alla s’asseoir sur la méridienne qui se trouvait à côté.
« Que veux-tu que je fasse, Frère impérial ? »
Bien qu’il profite de chaque occasion pour se montrer collant, Zhēn savait faire preuve d’une efficacité irréprochable lorsqu’il s’agissait de travailler. C’est d’ailleurs pour cela que Jìng lui accordait une confiance totale.
« Je veux que tu organises, le plus rapidement possible, un Tournoi des Héros*. »
(N/T : Yīngxióng Dàhuì (英雄大会), ou « Assemblée des Héros », est un événement récurrent dans les romans de jianghu/wǔlín. Il s’agit soit d’un rassemblement de pratiquants d’arts martiaux pour traiter une crise importante du monde martial, soit d’un tournoi visant à désigner le plus puissant héros du wǔlín, qui devient alors le Chef de l’Alliance martiale (Wǔlín Méngzhǔ / 武林盟主). Il est très inhabituel, voire choquant, qu’un tel événement soit organisé par le gouvernement, puisqu’il est propre à la sphère indépendante du jianghu.)
Zhēn fronça les sourcils.
« Un Tournoi des Héros ? »
Dans l’Empire de Dàtóng, la tradition valorisait avant tout les lettres, tandis que les arts martiaux* n’étaient guère mis en avant. Un tel événement n’avait donc aucun précédent.
(N/T : En Chine ancienne, les fonctions gouvernementales étaient divisées entre wén (文) — littéraire ou civil — et wǔ (武) — militaire ou martial. Sauf en période de guerre, l’éducation intellectuelle (littérature, histoire, morale) était toujours valorisée au-dessus des compétences martiales. Le plus haut poste militaire restait symboliquement inférieur au plus haut poste civil. Cette hiérarchie reflète la culture traditionnelle chinoise, qui privilégiait la civilité et le savoir sur la force brute.)
« Oui. Je veux que tu rassembles tous les maîtres des arts martiaux du pays, ici même, à Tóng Ān, afin que nous puissions élire un chef pour la communauté martiale*. »
(N/T : Wǔlín (武林) désigne littéralement le « monde des arts martiaux ». C’est un terme utilisé dans les romans wuxia pour désigner la société parallèle des pratiquants d’arts martiaux, avec ses propres règles, factions et hiérarchies.)
Zhēn était totalement perdu. Il savait pourtant que son frère ne faisait jamais rien au hasard. Chaque décision de Jìng poursuivait un but précis. Mais cette fois, même en se creusant la tête, il était incapable de deviner la finalité de cette initiative.
« Peu importe ce que tu penses, tu n’as qu’à l’organiser. Prévois une belle récompense… Disons, dix mille taels d’argent pour le premier prix. »
« Frère impérial, le salaire annuel du Grand Chancelier* n’est que de cinq mille taels ! » s’exclama Zhēn, stupéfait par le montant exorbitant.
(N/T : Le titre de « Premier ministre » (宰相 Zǎixiàng ou 丞相 Chéngxiàng) désigne le principal conseiller et gestionnaire de l’administration impériale. Bien que le gouvernement impérial ne soit pas parlementaire, le Premier ministre pouvait avoir un pouvoir considérable, variant selon les dynasties. Dans certaines, il pouvait prendre des décisions mineures sans l’accord impérial, tandis que dans d’autres (comme la dynastie Ming), il devait obtenir l’aval de l’empereur pour toute décision.)
Xuānyuán Jìng balaya l’air d’un geste agacé.
« Contente-toi de bien faire ton travail. Je te donnerai les instructions détaillées en temps voulu. »
Il se détourna aussitôt, faisant clairement comprendre qu’il ne souhaitait plus en discuter.
Zhēn, bien qu’envahi de doutes, n’eut d’autre choix que de s’incliner et de se retirer en silence.
Quand la silhouette de son frère disparut au détour d’un sentier fleuri, Jìng se tourna vers la servante postée à l’entrée et lui ordonna :
« Qu’on m’apporte de quoi me changer. »
Il retira sa robe de cour, richement brodée, pour enfiler une tenue plus sobre : une robe en soie bleu pâle, sans ornements.
Puis, après avoir congédié ses serviteurs, il inspira profondément, concentra son qì, et bondit sur une feuille de lotus au centre de l’étang. Son corps vacilla à peine avant de reprendre son élan — et en quelques bonds, il franchit les murs du palais et disparut sans laisser de trace.
La pluie incessante qui s’était abattue pendant un mois entier avait enfin cessé. Aujourd’hui, le temps s’était éclairci.
Lù Cāng sentit que la douleur dans son corps s’était légèrement atténuée. Il se leva à contrecœur du lit auquel il s’était trop longtemps attaché et se traîna lentement jusqu’à la cour.
Cela faisait déjà plusieurs mois qu’il avait quitté Hángchéng pour rejoindre Tóng Ān — et ces quelques mois… Ne pouvaient être qualifiés autrement que comme un cauchemar dont on préférerait ne jamais se souvenir.
Outre le fait d’avoir été traité comme un simple objet de plaisir et manipulé à volonté par cet homme, il y a une dizaine de jours, il s’était fait surprendre en compagnie d’une prostituée, ce qui lui avait valu d’être immobilisé sur un lit et torturé sans relâche pendant cinq à six heures avec des instruments aussi terrifiants que douloureux.
Lorsque ce démon eut enfin assouvi ses pulsions animales, Lù Cāng était si vidé de toute force qu’il ne pouvait même plus lever le petit doigt. Et ce salaud, qui mérite la pire des morts*, non content de l’avoir brisé physiquement, s’était aussi acharné mentalement, en exigeant qu’il reste à la capitale, à jamais à ses côtés.
(N/T : L’expression originale « shā qiān dāo » (杀千刀), littéralement « mille coups de couteau », est une insulte chinoise qui signifie qu’une personne mérite une mort particulièrement atroce. Elle fait référence à une ancienne peine capitale, le língchí (凌迟), ou « mort par mille coupures », où la chair de la victime était découpée morceau par morceau, jusqu’à atteindre — symboliquement ou réellement — le millième coup.)
Mon Dieu ! Si je fais ça, je suis sûr de ne pas vivre jusqu’au printemps prochain.
Mais… Ce qui le hantait encore plus, c’était ce souvenir : le chien noble, Fú Qī, qu’il avait volé pour tester les effets de la fameuse pilule verte. À peine deux semaines après l’avoir ingérée, l’animal était devenu complètement fou, aboyant sans répit, courant partout comme un possédé… Jusqu’à ce que, dans sa folie, il finit par se transpercer les entrailles en s’empalant, depuis l’arrière-train, sur une longue tige de bambou, provoquant une hémorragie interne et une mort atrocement tragique.
Il faut croire que ce malade ne lui avait pas totalement menti…
Cela faisait plus de dix jours qu’il n’avait eu aucun contact charnel entre eux.
Sous la menace de se donner la mort, Jìng semblait s’être calmé… Un peu. Mais après-demain, ce serait la pleine lune. Il craignait vraiment de finir tragiquement comme Fú Qī.
Ah… Les tourments de l’âme sont comme de longues mèches de cheveux noirs qui s’étirait sur sept pieds, impossibles à démêler.*
(N/T : L’expression « qī chǐ qīngsī » (七尺青丝) signifie littéralement « sept pieds (environ 2 mètres) de cheveux noirs ». En chinois, le terme « qīngsī » (青丝) désigne spécifiquement la chevelure noire des femmes, souvent utilisée dans un registre poétique ou amoureux. Ainsi, les cheveux noirs peuvent symboliser les tracas ou tourments liés à l’amour.)
Le petit jardin, baigné de lumière, était pourtant charmant, ce qui adoucit un peu son humeur et lui redonna un peu de sérénité. Il se souvint alors qu’il n’avait pas pratiqué les arts martiaux depuis bien trop longtemps, et décida de laisser de côté ses tracas pour se dégourdir un peu les muscles.
C’est ainsi que, lorsque Jìng entra dans ce paisible jardin, il assista à une scène saisissante : Lù Cāng, une longue épée en main, dansait entre les rochers et les feuillages. Parfois, il frappait, transperçait, balançait sa lame avec une grâce hypnotisante.
Le style de Lù Cāng misait sur la légèreté, la fluidité, et une parfaite synchronisation entre les mouvements du corps et ceux de l’arme*. À en juger par son aisance, il avait déjà atteint un bon niveau. Même si Jìng, héritier direct du plus grand maître du monde martial, jugeait sa technique un peu trop décorative, il devait reconnaître que pour un voyageur du Jianghu, elle suffisait largement à dominer un territoire.
(N/T : En arts martiaux, shēnfǎ (身法, litt. « méthode du corps ») et jiànshì (剑势, litt. « posture/impulsion de l’épée ») sont deux concepts distincts. Le shēnfǎ regroupe tout ce qui concerne les déplacements, l’agilité, la posture et les techniques corporelles (comme les sauts ou pas légers — parfois appelés « kung-fu aérien »). Le jiànshì, en revanche, désigne les techniques de l’épée : coups d’estoc, tailles, frappes, etc. Les deux doivent être coordonnés, mais ne sont pas interchangeables.)
Apparemment, Lù Cāng l’avait aperçu du coin de l’œil. Il fit tourner sa lame en une fleur d’acier, pivota avec vélocité, et fonça droit vers lui.
« Tu me hais à ce point ? » demanda Jìng, un sourire au coin des lèvres.
Il bondit avec aisance, esquivant sans peine l’assaut.
Mais Lù Cāng n’abandonna pas. Après avoir manqué sa cible, il pivota aussitôt sur lui-même et fonça de nouveau, plus tenace que jamais.
Cette fois, Jìng ne bougea pas. Il se glissa avec agilité entre les ombres dansantes de l’épée. Lù Cāng n’eut qu’une vision floue, puis réalisa soudain… Que sa lame lui avait été arrachée des mains.
Il poussa un long soupir et s’arrêta net — à trois pas de lui se tenait Jìng, son épée à la main et un sourire aux lèvres.
« Moins doué que l’autre… Que dire de plus ? » marmonna-t-il en tournant les talons, la tête baissée, prêt à regagner sa chambre.
Mais Jìng réapparut en un éclair et lui barra le passage.
« Tiens. »
Il lui tendit l’épée. Voyant Lù Cāng hésiter, méfiant, il lui fourra la lame de force dans les mains et en profita pour refermer ses propres doigts sur les siens.
Le visage de Lù Cāng devint rouge écarlate. Il tenta nerveusement de dégager sa main, mais Jìng la serrait avec fermeté, refusant de lâcher prise.
« Je vais t’apprendre quelques techniques. » , lui murmura doucement Jìng à l’oreille. Voyant le lobe rougir soudainement, il sortit sa langue et le lécha. Lù Cāng en devint cramoisi jusqu’au cou.
Jìng se plaça juste derrière lui, une main tenant la sienne, l’autre posée délicatement à sa taille. C’est ainsi que Lù Cāng se retrouva totalement enveloppé dans ses bras. Leur posture, d’une ambiguïté flagrante, lui fit momentanément oublier toute envie de se débattre. Il resta figé, incapable de réagir.
Soudain, Jìng raffermit sa prise et guida leur main commune vers l’avant. La lame s’élança, tranchant l’air avec rapidité.
En accompagnant ses mouvements, Jìng récita à voix basse à son oreille une formule ancienne* :
(N/T : Les kǒujué (口诀), ou « versets de forme », sont des formules rimées propres à chaque école, famille ou style de kung-fu. Elles décrivent à la fois les mouvements corporels externes et la circulation du qì interne, ainsi que la manière correcte d’exécuter chaque technique. Comprendre ces vers exige soit d’être soi-même pratiquant, soit d’avoir une solide maîtrise de la théorie martiale. Pour le commun des mortels (moi y compris), ces vers restent souvent aussi abscons que poétiques.)
« … Protéger et guider le souffle vital, laisser le qi s’écouler librement, l’épée pivote, à trois degrés des cieux verticaux, chevauche le vent et disperser les nuages jusqu’aux neuf cieux… * »
Voici le vers que j’ai traduit :
「原督七刃,肩正天枢,中偏三里,捏足与丰。」
(Pinyin : Yuán dū qī rèn, jiān zhèng tiānshū, zhōng piān sānlǐ, niē zú yǔ fēng.)
Le style de l’épée changea du tout au tout. Jìng s’élança du sol dans un souffle, ses manches volant dans un tourbillon soyeux. Emporté par sa force, Lù Cāng s’éleva à son tour, contraint de le suivre.
Ils bondirent ensemble à plus de dix mètres de hauteur. Alors que Lù Cāng sentait son énergie faiblir et son corps commencer à redescendre, Jìng le propulsa à nouveau vers le haut, stoppant net sa chute, puis les fit virevolter à nouveau.
Juste avant que l’élan ne s’épuise, Jìng guida la main armée de Lù Cāng. Ensemble, ils fendirent l’air d’un coup net. La lame transperça d’e plusieurs pieds’un mètre* le tronc massif d’un arbre dans le jardin.
(N/T : L’expression d’origine est « jǐ chǐ » (几尺) , littéralement « quelques chǐ ». Le chǐ (尺) est une ancienne unité de mesure chinoise dont la longueur variait selon les dynasties. J’ai estimé qu’« un peu plus de trois chǐ » équivaut approximativement à un mètre. Aujourd’hui, un chǐ correspond à peu près à un pied, soit environ 33 cm.)
Puis, d’un coup sec sur son poignet, Jìng lui fit lâcher l’arme. Il le tira par la main et bondit avec lui jusqu’à la cime de l’arbre. Lù Cāng, déséquilibré, trébucha et s’écrasa involontairement sur Jìng.
Alors qu’il tentait de se relever, Jìng l’immobilisa doucement.
« Repose-toi un peu. »
Épuisé, Lù Cāng se laissa aller et posa sa tête sur les jambes de Jìng. Il garda le silence alors qu’il tentait de reprendre son souffle.
Après un moment, une fois son souffle apaisé, il demanda à voix basse, l’air empreint de mélancolie :
« Pourquoi m’enseignes-tu tes techniques ? »
Même s’il n’était pas l’égal de Jìng, Lù Cāng était loin d’être un ignorant. Il avait parfaitement reconnu la formule qu’il venait d’entendre — et la technique démontrée — celles-ci faisaient partie des secrets les mieux gardés du monde martial.
« Parce que j’ai peur qu’un autre homme te fasse du mal. » lança Jìng avec un sourire taquin.
(Note de Ruyi : Non mais je rêve… (ಠ_ಠ) )
« Tsk… À part toi, qui pourrait encore me faire du mal ? » répliqua Lù Cāng, sans réfléchir.
Il réalisa aussitôt que ses mots sonnaient mal. Juste au moment où il allait rectifier le tir, Jìng éclata de rire.
« On dirait que ton corps va beaucoup mieux. Si tu peux encaisser mes traitements, alors je ne vais pas me gêner. »
Sans attendre, il le souleva dans ses bras et bondit hors de l’arbre, fonçant droit vers la chambre.
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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