AE • Chapitre 19 – Bon ben… je me contenterai de l’aimer en secret
by Ruyi ♡« Tu te fous de moi, ou quoi ? »
« Dehors. » Yu Fan réprima l’envie de lui faire ravaler sa langue. « Ferme la porte. Et ne reviens pas tant que je ne t’y ai pas autorisé. »
Zhang Xianjing retrouva ses esprits.
« Yu Fan, tu vas pas le frapper, quand même ? »
Wang Lu’an leva les mains.
« Impossible ! Quand Yu Fan tabasse quelqu’un, il ne lui bouche jamais la bouche. Il adore entendre les gens pleurer. »
Zhang Xianjing resta muette.
Tout au fond, Zuo Kuan regardait tour à tour les deux garçons.
« Vous étiez en train de discuter de quelque chose ? »
« Discuter ? Avec le major de promo à moitié affalé là ? J’crois pas, non… » lança Wang Lu’an.
« Dehors. » répéta Yu Fan.
« Okay, okay. » Wang Lu’an recula d’un pas et tira la porte derrière lui. Juste avant qu’elle ne se referme, il ajouta en rigolant :
« Amusez-vous bien, je monte la garde dehors ! »
Quand la porte se referma, le silence retomba dans la salle de classe.
Les yeux de Chen Jingshen bougèrent, et il releva lentement la tête vers celui qui se tenait devant lui.
Les mains de Yu Fan, après l’avoir soulevé et repoussé plusieurs fois, n’étaient plus aussi glacées qu’avant. Sa paume, tiède maintenant, s’appuyait contre sa joue, dégageant même une légère odeur sucrée.
Même après le départ des trois autres, Yu Fan continuait de le maintenir au sol.
« À l’avenir, tu ne parles plus de ce fichu saut en longueur. » Sa voix grondait, menaçante. « Et t’as pas intérêt à reparler de “j’aime” ou “j’aime pas”, compris ? »
De l’autre côté de la porte, les trois comparses papotaient toujours, leurs voix s’infiltrant par intermittence dans la pièce.
« Tu comptes pas répondre ? » lança Yu Fan.
Les cils de Chen Jingshen frémirent. Son regard glissa vers le bas.
Yu Fan suivit son mouvement, puis comprit.
« … » Il retira aussitôt ses mains.
« Pourquoi ? » demanda calmement Chen Jingshen.
Pourquoi, encore ?
Yu Fan fronça les sourcils et marmonna :
« J’veux pas qu’on me prenne pour un gay. »
Chen Jingshen se redressa lentement, s’appuyant d’une main contre le mur. Son col, tiré et froissé, lui donnait un air étrangement différent de d’habitude — un peu plus désordonné, un peu plus vivant.
Après un long silence, il murmura :
« D’accord. »
Yu Fan relâcha un peu ses sourcils, satisfait, et s’apprêtait à se rasseoir.
« Alors… je me contenterai de t’aimer en secret. »
Yu Fan faillit s’écraser par terre.
L’heure du déjeuner approchait, et les élèves commençaient à revenir en classe un à un.
Alors que Yu Fan serrait les poings, Wang Lu’an frappa à la porte.
« Y’a du monde qui revient, fais gaffe. »
Dès qu’il entra, il jeta un coup d’œil à Chen Jingshen.
Le major de promo était tranquillement assis à sa place, un stylo dans une main, l’autre ajustant son col. Pas la moindre trace de blessure sur son visage impeccable.
Comme prévu, il ne l’a pas frappé.
Il en avait été sûr : malgré l’allure menaçante de Yu Fan tout à l’heure, il voyait bien qu’il n’avait pas l’intention de lever la main sur lui.
S’il avait voulu le cogner, il l’aurait déjà fait depuis longtemps.
Wang Lu’an sortit un paquet en plastique et posa le récipient devant Yu Fan.
« Tiens, mange vite avant que ça refroidisse. On l’a ramené depuis un moment. »
« Ouais. » répondit Yu Fan sans enthousiasme, les yeux rivés sur son téléphone où il jouait à Snake.
Zuo Kuan s’assit à l’envers sur la chaise devant lui, ouvrit son propre plat à emporter et demanda :
« Qu’est-ce que t’as à la figure— »
« Occupe-toi de tes oignons. » coupa Yu Fan. « Et si tu veux faire du bruit, retourne dans ta classe. »
Zuo Kuan resta bouche bée.
« … »
Wang Lu’an trouvait ça ennuyeux de manger seul, alors il alla s’asseoir en face de Chen Jingshen, son repas à la main. Tout en mâchant, il demanda :
« Dis, Major de promo, comment t’as réussi à finir deuxième au 3000 mètres ? T’avais déjà du mal à boucler les 400, non ? »
Chen Jingshen répondit simplement :
« J’ai dépassé mes limites. »
« Impressionnant. » fit Wang Lu’an. « Mais au fait, pourquoi tu manges pas à la cafétéria ? »
« J’ai mal aux jambes. J’arrive plus à marcher. »
Yu Fan, impassible, continuait à jouer à Snake sur le téléphone d’un autre.
« Ah, mince, c’est de ma faute ! J’aurais dû te rapporter un plat, après tout tu m’as aidé à courir ces 3000 mètres. » Wang Lu’an se tapa le front. « Attends, je vais t’en chercher un à la cafétéria. Ou tu veux un truc à emporter ? »
« Pas besoin. »
« Fais pas ton timide ! » insista Wang Lu’an. « T’as couru trois kilomètres alors que t’es pas en super forme. Si t’as une chute de glycémie tout à l’heure, tu fais quoi ? »
« Je risque rien. » Celui qui n’avait pas bougé un muscle du visage jusque-là leva soudain les yeux. « J’ai bu de l’eau sucrée tout à l’heure. »
« Ah ? Oh… d’accord. » Wang Lu’an resta un instant figé, avant d’abandonner.
Une fois repu, il noua le sac plastique et se massa le ventre.
« T’as le briquet sur toi ? » demanda soudain Yu Fan.
« Ouais, il est là. » répondit Zuo Kuan. « On va fumer une clope aux toilettes ? »
Wang Lu’an jeta un œil au plat devant Yu Fan, encore intact.
« T’as pas touché à ton repas ? T’aimes pas le bœuf braisé ? »
« Pas faim. »
« Alors on y va. » dit Wang Lu’an en se levant.
Arrivé à la porte, il se rendit compte qu’il manquait quelqu’un. Il se retourna :
« Yu Fan ? »
« Allez-y sans moi. » Yu Fan fourra son téléphone dans sa poche, donna un coup de pied dans la chaise de Chen Jingshen. « Bouge. »
Chen Jingshen posa son stylo et se leva.
Les deux autres étaient déjà sortis par la porte du fond, disparus du champ de vision.
Yu Fan détourna les yeux et, en passant près de Chen Jingshen, il attrapa le sac posé sur sa table.
Le sac contenant le bœuf braisé se balança dans l’air une seconde avant d’atterrir sur le bureau voisin.
« Mange. »
Après avoir lancé ces mots froidement, Yu Fan quitta la salle sans se retourner.
L’après-midi, pour le relais 4×400 mètres, Zhuang Fangqin était spécialement venue sur le terrain.
Mais ce n’était pas pour lui.
Après une journée entière de compétitions, elle avait remarqué plusieurs choses : Yu Fan avait terminé deuxième au saut en longueur, Chen Jingshen deuxième au 3000 mètres, et un élève sportif de la classe, Guan Feiyuan, premier au 100 mètres.
En ajoutant les autres épreuves où la classe s’était hissée parmi les six premiers…
« Attends, tu veux dire que notre classe est actuellement quatrième au classement général ?! » s’exclama Wang Lu’an, les yeux ronds.
L’heure du pointage approchait, et les coureurs du relais s’étaient déjà regroupés.
« Exactement ! » s’enthousiasma Gao Shi. « Si on décroche cinq points à cette épreuve — donc une deuxième place — on entre dans le top trois ! »
« Donnez tout ce que vous avez. » dit Zhuang Fangqin, émue. « Je m’occupe de votre classe depuis plus d’un an, et c’est la première fois qu’on est aussi près du podium à une activité extrascolaire. »
« Tu crois que tu vas y arriver ? » demanda Zhang Xianjing, inquiète, en regardant Wang Lu’an. « T’as jamais couru de 400 mètres, ni fait de relais. »
Ce matin, tout le monde avait vu Chen Jingshen se faire littéralement porter hors du terrain. Même s’il avait assuré qu’il pouvait encore courir, Zhuang Fangqin n’avait pas voulu prendre de risque et avait désigné Wang Lu’an pour le remplacer en troisième coureur.
« T’inquiète pas. » répondit celui-ci avec assurance. « Je les vois s’entraîner tous les jours. J’ai peut-être jamais couru, mais j’ai vu courir les autres. »
Yu Fan lui lança un paquet de chips.
« Si c’est pour sortir des idioties, ferme-la. »
Wang Lu’an attrapa le paquet en riant et ouvrit aussitôt une chips.
« Je plaisante. » Il se tourna vers Chen Jingshen. « T’inquiète, Major. Ce matin, t’as pris une deuxième place pour moi, alors je vais tout donner à mon tour. »
« Hm. »
Chen Jingshen leva les yeux. Son regard passa sur Wang Lu’an avant de s’arrêter sur Yu Fan, assis juste derrière.
« Bonne chance. »
L’intéressé, les mains dans les poches, ne répondit même pas et s’éloigna vers la zone d’enregistrement.
Il y avait déjà une file d’attente devant la table.
Wang Lu’an, imitant Guan Feiyuan, commença à s’échauffer. En tournant la tête, il croisa le regard de Zuo Kuan, également dans la file.
« Hein ?! Qu’est-ce que tu fais là, toi ? »
Zuo Kuan haussa les sourcils.
« Surprise ? Comme toi, je remplace quelqu’un. »
« Vous aviez plus personne dans votre classe ? »
« Tu comprends rien. Je cours super vite, tu pourras sentir le vent que je laisse derrière moi. » Il ricana. « Enfin, t’as intérêt à te bouger, sinon t’auras même pas le temps de le sentir. »
« T’as vraiment aucun savoir-vivre ! » Wang Lu’an donna un coup de coude à son voisin. « Hé, Yu Fan, dis-lui notre objectif cette fois, c’est… »
Yu Fan les regarda comme deux idiots.
« La première place. »
« Hein ?! » fit Wang Lu’an, interloqué.
Zuo Kuan éclata de rire.
« La première ? Tu rêves. On a deux athlètes dans notre classe, t’exagères un peu, non ? »
« Pas grave. » dit Yu Fan, calme. « On a bien toi, non ? »
« … »
L’enregistrement terminé, les athlètes s’étaient déjà rassemblés aux points de relais.
La course allait bientôt commencer.
Dans les gradins de la classe de seconde 7, quelques filles s’étaient levées pour regarder au loin.
« Tu crois qu’on peut vraiment finir dans les deux premiers ? »
« Aucune idée. Franchement, si on me l’avait dit hier, j’aurais jamais cru que notre classe pourrait un jour être au complet pour un relais. »
« … »
« Mais cette fois, on a Guān Fēiyuǎn. Avec lui, ça devrait aller beaucoup mieux. C’est le plus rapide de tous les sportifs de l’école, il a même remporté le championnat national des lycéens. L’an dernier, il s’entraînait et n’avait participé qu’à deux épreuves individuelles. Sans ça, on n’aurait sûrement pas fini derniers. »
« Oui, mais… Yù Fán va-t-il courir sérieusement ? »
Les filles se turent.
Chén Jǐngshēn suivit leur regard.
Les athlètes étaient déjà prêts, près de la ligne de départ.
Guān Fēiyuǎn, habitué aux grandes compétitions, restait calme et détendu, attendant tranquillement le signal de l’arbitre.
Gāo Shí, lui, se donnait de grandes claques sur les joues. Wáng Lù’ān, le voyant faire, l’imita à son tour.
Le dernier, en revanche, restait debout, les mains dans les poches, le dos voûté, l’air nonchalant. Quand l’arbitre se mit en place, il en profita même pour s’étirer.
Les élèves de la classe : « … »
Il va clairement pas courir sérieusement.
Au coup de feu, tous s’élancèrent d’un bond hors de la ligne de départ.
Guān Fēiyuǎn ne déçut personne. Les deux couloirs voisins comptaient aussi des sportifs, mais il les distança sans difficulté.
Une fois son tour bouclé, il laissa tout le monde derrière lui, passa le témoin à Gāo Shí, puis se retira avec le sentiment du devoir accompli.
À peine le bâton en main, Gāo Shí donna tout ce qu’il avait…
Mais avant d’avoir parcouru cent mètres, il fut dépassé par le sportif de la classe 8.
« J’y vais, hein. Toi, t’as encore un peu de temps devant toi », lança Zuǒ Kuān en se préparant à recevoir le témoin, un sourire moqueur aux lèvres.
Wáng Lù’ān marmonna : « Se la jouer, ça finit jamais bien. »
Quand il reçut le témoin, leur classe était déjà passée de la première à la quatrième place.
« Wáng Lù’ān ! » La voix de Zhāng Xiánjìng retentit depuis les gradins. « Vise la première place, au pire garde la deuxième ! Fais un effort et dépasse-en un ! »
Wáng Lù’ān, sûr de lui, rejeta ses cheveux en arrière d’un geste qu’il croyait classe, et lui adressa un grand pouce levé.
Mais à peine eut-il commencé à courir qu’il trébucha sur deux pas et manqua de s’étaler par terre.
Les autres coureurs, en le dépassant, durent retenir un rire.
Zhāng Xiánjìng : « … »
Voilà, il l’a bien cherché.
Une fille à côté d’elle soupira :
« C’est foutu, là. Même le top six, on peut oublier… »
« Pas grave ! Ce n’est que le troisième coureur. » Zhāng Xiánjìng porta ses mains autour de sa bouche pour amplifier sa voix. « Yù Fán ! Cours sérieusement ! Ramène-nous la première place ! »
Les derniers coureurs des autres classes étaient concentrés, prêts à donner tout ce qu’ils avaient. Quant à Yù Fán…
Le visage impassible, il jetait un regard en arrière pour voir où en était Wáng Lù’ān.
Celui-ci, désormais cinquième, donna tout ce qui lui restait dans un dernier sprint. Il réduisit l’écart et, au moment de passer le témoin, haleta :
« Frérot, c’est à toi de— »
Avant qu’il ne puisse finir sa phrase, Yù Fán lui arracha presque le bâton et s’élança comme une flèche.
« —jouer… » termina Wáng Lù’ān, figé sur place.
Quand Yù Fán dépassa le premier coureur, les élèves de la classe 7, abasourdis, ne réalisèrent même pas que c’était l’un des leurs.
Le quatrième sentit juste une bourrasque passer à côté de lui avant de ne plus voir qu’une silhouette filant droit devant.
Yù Fán volait littéralement sur la piste. Le vent rabattait ses cheveux vers l’arrière, et nombre d’enseignants et d’élèves découvrirent enfin son visage — putain ce qu’il est beau.
Un agent de sécurité, posté sous un grand banyan, observa la scène. Il réprima l’envie de s’allumer une cigarette et leva les yeux vers le ciel, ému.
Eh oui.
Ce petit con court aussi vite chaque fois qu’il saute le mur pour sécher les cours.
« Il… a déjà fait de l’athlé ? » demanda Guān Fēiyuǎn, stupéfait, en suivant du regard cette silhouette.
« Non… enfin je crois pas ? » répondit Wáng Lù’ān après un instant d’hésitation.
Lorsque Yù Fán dépassa le troisième, les élèves de la classe 7 se réveillèrent enfin de leur stupeur.
La classe 8, qui ne s’attendait pas à une telle remontée, se mit à hurler :
« Ne vous faites pas doubler par la 7 ! L’an dernier, ils étaient derniers ! »
Quoi ?!
Les élèves de la 7 bondirent d’un coup !
À ce moment-là, plus personne ne se souciait de ce qu’il pensait de Yù Fán d’habitude. Tous criaient à pleins poumons :
« Yù Fán, vas-y !!! »
« Dépasse-le !! »
« Presque ! Allez, encore un peu ! Oui !!! Ahhh encore un ! Encore un et on est deuxièmes !!! »
Porté par ces cris, Yù Fán dépassa le deuxième coureur.
Plus il approchait de la ligne d’arrivée, plus il accélérait —
Quand il arriva à hauteur du premier, toute la classe retint son souffle.
Les deux franchirent la ligne quasiment en même temps.
Les deux gradins restèrent silencieux quelques secondes, jusqu’à ce qu’une voix s’élève :
« Qui a gagné ?! C’est qui le premier ?! »
Les arbitres échangèrent un regard, puis annoncèrent :
« Classe de seconde 7 ! »
Les gradins de la 7 explosèrent aussitôt !
La ligne d’arrivée n’était qu’à quelques mètres d’eux. Wáng Lù’ān, qui s’était assis pour boire de l’eau après sa course, bondit de joie et donna une grande tape sur les fesses de son voisin.
« Hahahahaha ! Bouffe la poussière de mon frère, mec !!! »
Zuǒ Kuān : « …………… »
Après avoir franchi la ligne d’arrivée, Yù Fán dut encore courir quelques mètres avant de pouvoir s’arrêter.
En attendant le résultat, il resta là, le dos tourné vers les gradins, penché, les mains appuyées sur ses genoux, haletant en silence.
Son uniforme d’école collait à son dos, dessinant les contours de sa silhouette mince. Ses épaules se soulevaient et s’abaissaient au rythme de sa respiration.
Au moment où il s’immobilisa, plusieurs filles postées près de la piste échangèrent un regard, prêtes à s’approcher… mais, croisées par son regard, elles se ravisèrent aussitôt, un peu gênées.
Sur les gradins, Wáng Lù’ān avait enfin retrouvé son souffle. Il compta à voix haute, mi-étonné, mi-fier :
« Putain, Yù Fán est trop fort. À peine 400 mètres, et déjà trois filles qui veulent lui apporter de l’eau. »
Zuǒ Kuān répondit d’un ton acide :
« Normal. Si j’étais une fille, je ferais pareil. »
Wáng Lù’ān tendit le cou pour mieux voir :
« Hé, la fille de la classe quatre est là aussi. J’te jure qu’elle a un faible pour mon frère… »
Chén Jǐngshēn, qui suivait la scène du regard, demanda soudain :
« On peut offrir de l’eau à quelqu’un qu’on aime en secret ? »
« Hein ? » Wáng Lù’ān le regarda, interloqué. « Bah… ouais, j’crois. Pourquoi ? »
« Wáng Lù’ān ! » cria Gāo Shí depuis le bas des gradins. « Descends ! On doit aller signer à la table des arbitres ! »
« J’arrive ! »
Wáng Lù’ān posa négligemment le paquet de chips qu’il tenait, dévala les marches quatre à quatre et partit avec Gāo Shí vers le point d’inscription.
Une silhouette passa rapidement derrière lui.
C’était Chén Jǐngshēn. Il descendit à son tour, se pencha et attrapa une bouteille d’eau dans le carton posé à côté. Sans même se retourner, il se dirigea droit vers la piste.
« Yù Fán, ça va ? Tu veux un peu d’eau ? » demanda timidement la troisième fille venue lui en proposer.
Le garçon garda la tête baissée, mal à l’aise, fuyant son regard.
Elle rassembla tout son courage pour poursuivre :
« Tout à l’heure, pendant la course, je t’encourageais à fond… Je sais pas si tu m’as entendu… »
« Désolé. » répondit Yù Fán d’une voix raide, pour la troisième fois de la journée. « J’ai pas soif. »
Même s’il la repoussait, son ton restait doux — bien différent de celui qu’il prenait d’ordinaire pour lire ses excuses en classe.
La fille, un peu surprise, se dit soudain que Yù Fán n’était peut-être pas aussi froid ni aussi effrayant que le disaient les rumeurs. Peut-être qu’elle avait une chance, finalement.
Elle resserra sa prise sur la bouteille et commença, hésitante :
« Alors… »
Mais une ombre se projeta soudain sur elle.
Surprise, elle leva instinctivement les yeux — pour se retrouver face à celui qui occupait la première place du classement de toute leur année.
Chén Jǐngshēn leva la main et tendit la bouteille d’eau qu’il tenait.
Il ouvrit la bouche :
« Yù— »
« Dégage. »
Le garçon, jusque-là penché, releva brusquement la tête. Son visage fermé, son regard dur et tranchant, ne laissait aucune place à la discussion.
« … ? » La fille tressaillit, déstabilisée.
Puis, silencieusement, elle serra contre elle la bouteille qu’elle avait apportée — et recula sans un mot.
itre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

0 Commentaire