GD • Jeu de séduction raffiné ⋄ Partie 04
by Ruyi ♡Lan WangJi ne regarda pas Wei WuXian. Il inclina légèrement et respectueusement la tête, avant de prendre la parole d’une voix monotone :
« Premièrement, la délivrance ; deuxièmement, la suppression ; troisièmement, l’annihilation. La première démarche consiste à s’appuyer sur la gratitude de ses proches et à exaucer son dernier souhait, afin de le délivrer de son obsession. Si cela échoue, on procède à la suppression. Et si ses crimes sont d’une extrême gravité et que son YuanQi* ne se dissipe pas, on l’annihile complètement. La cultivation doit impérativement s’en tenir à cet ordre sans la moindre erreur. »
(N/T : « Yuanqi » (怨气) signifie littéralement « énergie de la rancœur » ou « énergie du ressentiment ». Le terme désigne une émotion négative intense, souvent accumulée au point d’influencer l’humeur, l’esprit, voire même l’atmosphère.)
Un long soupir parcourut les rangs. Tous remercièrent intérieurement le Ciel que le vieil homme ait choisi Lan WangJi — à sa place, ils auraient sûrement oublié une étape, ou les auraient mélangées. Lan QiRen hocha la tête avec satisfaction : « C’est un sans-faute. »
Il marqua une pause avant d’ajouter, d’un ton sévère : « Peu importe les circonstances, il faut faire preuve d’un sérieux absolu. Ceux qui deviennent complaisants et orgueilleux simplement parce qu’ils ont vaincu de simples esprits des montagnes ne cultivent qu’une réputation vide de sens. Tôt ou tard, ils s’exposeront à la honte. »
Wei WuXian releva ses sourcils et son regard balaya furtivement le profil de Lan WangJi.
Ah… Alors, cette remarque m’était donc destinée. Il a même fait venir son meilleur élève au cours pour qu’il nous serve d’exemple et surtout pour que je le vois.
« J’ai une question », s’exclama-t-il.
Lan QiRen répondit aussitôt : « Oui. »
« Même si la ’délivrance’ passe en premier, elle est souvent impossible. ’ Exaucer son dernier vœu ? ’ C’est plus Facile à dire qu’à faire. Si le vœu consistais simplement à lui offrir de nouveau vêtement… Alors oui, on pourrait facilement l’exaucer. Mais si, au contraire, son souhait est de massacrer des innocents par vengeance, que devons nous faire ? »
Lan WangJi répondit sans hésiter : « Dans ce cas, la suppression accompagne la délivrance. Et l’annihilation s’en suivra, si nécessaire. »
Wei WuXian sourit : « C’est bien dommage. »
Il marqua une pause puis ajouta : « Ce n’est pas que je ne connaissais pas la réponse… Mais je songeais à une quatrième approche. »
Lan QiRen lui dit alors : « Je n’ai jamais entendu parler d’une quatrième voie. »
Wei WuXian expliqua alors sa pensée : « Imaginons. Compte tenu de la façon dont il est mort, il est naturel qu’il devienne un cadavre féroce puisqu’il a exécuté plus de cent personnes. Alors, pourquoi ne pas exhumer les tombes de ses victimes, leur remettre leur tête, attiser leur rancœur, réunir leurs YuanQi… Et les utiliser pour l’éliminer ? »
Lan WangJi s’était finalement retourné pour le regarder, les sourcils légèrement froncés, mais le visage toujours impassible. Lan QiRen, lui, tremblait littéralement de colère ; même sa barbiche se mit à vibrer. Il explosa : « Comment oses-tu ! »
Tout le monde dans la pièce était stupéfait. Lan QiRen bondit à ses pieds : « L’essence même de l’exorcisme et de l’annihilation est la délivrance ! Tu n’y connais rien à ces méthodes, et pourtant tu oses parler d’attiser le YuanQi ! Non seulement tu bouleverses l’ordre naturel des choses, mais en plus tu piétines l’éthique et la morale ! »
Wei WuXian rétorqua : « Une fois délivrées, ces créatures ne servent plus à rien. Alors, pourquoi ne pas leur trouver une autre utilité ? Quand Yu le Grand a maîtrisé les inondations, le fait de détourner l’eau a été bien plus efficace que de l’obstruer. Or, la suppression est une forme d’obstruction. Elle n’est donc pas optimale, n’est-ce pas ? »
Lan QiRen lança un livre dans sa direction, mais Wei WuXian l’esquiva sans effort et poursuivit, imperturbable : « Le Qi* est une énergie tout comme le YuanQi. Le Qi est stockée dans le Dantian* et peut fendre les montagnes et remplir les océans selon la volonté de l’homme. Si c’est possible pour l’un, alors pourquoi le YuanQi ne pourrait-il pas, lui aussi, être manipulé par les humains ? »
(N/T : Le Qi (氣 / 灵气, qi / língqì) est l’énergie fondamentale qui compose et relie tout dans l’univers. Il circule dans le corps via des méridiens qui convergent vers le Dantian (丹田). Présent dans tous les phénomènes naturels, il peut être absorbé et cultivé. Les cultivateurs le stockent dans leur Jindan (金丹) — ou la Pilule d’Or, qui est le noyau d’énergie spirituelle — et l’utilisent comme source de pouvoir.)
(N/T : Le Dantian (丹田) est la zone du corps où se concentre le Qi, l’énergie vitale. Il se situe à environ trois largeurs de doigts sous et deux largeurs derrière le nombril. C’est dans ce centre que se forme le Jindan, appelé Golden Core en anglais. (pour ceux qui n’ont toujours pas idée de ce dont je parle… ) )
Vous trouverez plus d’informations à ce sujet dans le glossaire.
Lan QiRen lui lança un autre livre à la tête et dit d’une voix sévère : « Très bien. Dans ce cas, réponds à ceci : comment vas-tu t’assurer que le YuanQi t’obéisse et ne blesse personne ? »
Wei WuXian se baissa pour éviter le projectile et répondit : « Je n’y ai pas encore réfléchi ! »
Lan QiRen s’emporta : « Si tu l’avais fais, le monde de la Cultivation ne t’aurais depuis longtemps éradiquer ! Dehors ! »
Ravi, Wei WuXian s’empressa de prendre la porte.
Toute la matinée, il erra dans la Retraite dans les Nuages, où il s’amusa à cueillir des fleurs et jouer dans l’herbe. Quand les cours furent terminés, ses condisciples le trouvèrent finalement assis sur les tuiles grises d’un grand mur, un brin d’herbe entre les dents ; la main droite sous la joue, une jambe repliée, tandis que l’autre se balançait légèrement dans le vide. Ils levèrent les yeux vers lui en riant et le montrèrent du doigt : « Wei-xiong ! Bravo ! Il t’a dit de sortir, et tu l’as vraiment fait ! Hahahaha… »
(N/T : Le mot « xiong » (雄) signifie littéralement « mâle », « viril » ou « héroïque ». Très courant dans les prénoms masculins, il évoque la force et la bravoure. Ici, « Wei-xiong ! » est lancé sur un ton familier et taquin, un peu comme si on criait « mon pote Wei ! » ou « hé, frérot Wei ! », avec une nuance de camaraderie moqueuse ou complice.)
« Après ton départ, il lui a fallu un moment pour comprendre ce qui s’était passé. Son visage était tout rouge ! »
Tout en mâchonnant son brin d’herbe, Wei WuXian s’exclama : « S’il me pose une question, j’y réponds ! S’il me dit de sortir, je sors ! Que veut-il que je fasse de plus ? »
Nie HuaiSang renchérit à son tour : « Pourquoi le vieux Lan est-il toujours aussi dur avec toi ? On dirait qu’il n’a que toi dans son viseur. »
Jiang Cheng grogna : « Bien fait pour lui ! C’était quoi cette réponse ? Qu’il raconte des balivernes chez nous, passe encore, mais oser les dire devant Lan QiRen… Il cherche les ennuis ! »
Wei WuXian répondit : « Quoi que je dise, il ne m’aimera pas. Autant dire ce que je pense. De toute façon, je n’ai pas voulu l’offenser ; j’ai juste répondu honnêtement. »
Après un instant, une lueur d’envie passa sur le visage de Nie HuaiSang. « Honnêtement, les propos de Wei-xiong étaient intéressants. Seule la cultivation permet d’obtenir et de conserver le Qi en formant un noyau d’or. Ça prend des années, surtout pour quelqu’un comme moi, qui manque cruellement de talent. Mais l’énergie de ressentiment vient des fantômes cruels. Si on pouvait s’en servir, ce serait… Formidable. »
Le noyau d’or — le jindan — n’apparaît qu’à un certain stade de la pratique : il permet de stocker et de contrôler l’énergie spirituelle. Une fois formé, le cultivateur progresse vite ; sans lui, ses capacités restent faibles. Pour un disciple d’un grand clan, former son noyau tardivement est une honte, mais Nie HuaiSang n’en ressentait aucune.
Wei WuXian éclata de rire : « Je sais ! Mais il n’y a pas de mal à s’en servir. »
Jiang Cheng l’avertit : « Ça suffit. Parle-en si tu veux, mais ne t’engage pas sur une voie aussi dangereuse. »
Wei WuXian sourit : « Pourquoi abandonnerais-je une belle route toute tracée pour une planche branlante suspendue au-dessus d’un torrent obscur ? Si c’était si simple, d’autres l’auraient déjà fait. Ne t’inquiète pas, je répondais juste à sa question. Hé, vous venez ? Ce n’est pas encore l’heure du couvre-feu, on va chasser des faisans ? »
Jiang Cheng le réprimanda : « Chasser des faisans ? Comme s’il y avait des faisans ici ? ! Et puis tu es puni : tu dois recopier le Livre de la Droiture*. Lan QiRen m’a chargé de te dire de recopier trois fois la section « Justice Suprême » pour t’apprendre l’ordre naturel des choses et la morale. »
(N/T : Le Yǎzhèng jí (雅正集), qu’on peut traduire par « Livre de la Droiture » ou « Recueil de la Droiture », est un recueil de règles propre au Clan Gusu Lan et incarne leur sens de la discipline, de la vertu et de l’ordre. Il rassemble les règles de conduite, de bienséance que les disciples doIvent suivre.)
Vous trouverez plus d’informations à ce sujet dans le glossaire.

Le Livre de la Droiture rassemblait l’ensemble des lois qui régissaient la secte Lan. La liste était si longue que Lan QiRen dut lui-même en assurer la révision, ce qui fut un travail extrêmement ardu mais minutieux. Les sections « Justice Suprême » et « Les Règles de l’Étiquette » occupaient à elles seules la majeure partie de l’ouvrage.
Wei WuXian cracha son brin d’herbe et épousseta ses bottes : « Trois fois ? Je mourrais avant même de l’avoir recopié une fois. Je ne suis pas de la secte Gusu Lan et je n’ai pas l’intention d’épouser un membre du clan, alors pourquoi recopier leurs règles ? Je ne le ferai pas. »
Nie HuaiSang s’exclama aussitôt : « Je vais m’en charger ! Je les recopierai pour toi ! »
Wei WuXian répliqua : « Personne ne rend service sans arrière-pensée. Qu’est-ce que tu veux en échange ? »
« Eh bien, tu vois, Wei-xiong… » commença Nie HuaiSang. « Le vieux Lan a une sale habitude. Il… »
Il s’arrêta brusquement au milieu de sa phrase. Il s’éclaircit la gorge, ouvrit son éventail, puis se glissa sur le côté. Wei WuXian comprit aussitôt qu’il y avait un problème. En se retournant, il aperçut Lan WangJi, immobile sous un vieil arbre foisonnant, l’épée Bichen attachée dans le dos. Il était gracieux et élégant, tel un arbre de jade, son visage éclairé par les jeux d’ombre et de lumière que filtrait le feuillage. Pourtant, son regard, glacé et impénétrable, semblait vouloir les plonger dans une prison de glace. Conscients que leur vacarme l’avait probablement attiré jusqu’à eux, ils se turent immédiatement.
Wei WuXian sauta du mur et se dirigea vers lui : « WangJi-xiong* ! »
(N/T : Ajouter « Xiong » (兄) après un nom de famille est une manière respectueuse et amicale de dire « frère » — utilisé pour s’adresser à un homme d’âge similaire ou légèrement plus âgé. Cela exprime une camaraderie et égalité entre pairs.)
Lan WangJi se retourna et s’éloigna aussitôt. Wei WuXian le poursuivit joyeusement en criant : « WangJi-xiong, attends-moi ! »
La silhouette vêtue de blanc glissa derrière l’arbre, puis disparut sans laisser de trace, montrant clairement qu’il ne voulait pas lui parler. N’ayant aperçu que son dos, Wei WuXian se retourna vers les autres et se plaignit : « Il m’a ignoré. »
« Oui, » dit Nie HuaiSang. « On dirait qu’il te déteste vraiment, Wei-xiong. D’habitude, Lan WangJi… Non, il n’est jamais aussi impoli. »
« Il me déteste déjà ? » dit Wei WuXian. « Je voulais lui présenter mes excuses. »
Jiang Cheng ricana : « C’est maintenant que tu veux présenter tes excuses ? Trop tard ! Comme son oncle, il doit sûrement te voir comme une mauvaise graine, un vrai fléau ; il ne daignera même pas t’adresser la parole. »
Wei WuXian n’en avait que faire. Il gloussa : « Eh bien, qu’il m’ignore ! De toute façon, ce n’est pas comme s’il était si beau que ça, n’est-ce pas ? » Après réflexion, il fut contraint d’admettre que le jeune homme était d’une grande beauté. Il repoussa aussitôt cette pensée agaçante dans un recoin de son esprit.
Trois jours plus tard, Wei WuXian découvrit enfin les sales habitudes de Lan QiRen : non seulement ses cours étaient interminables et ennuyeux à souhait, mais en plus tout était évalué ou réécrit de mémoire — les changements au sein des clans influents au fil des générations, la division de leurs pouvoir, les citations de cultivateurs célèbres, les arbres généalogiques…
Assister à ces leçons revenait à écouter d’incompréhensibles écritures célestes, et écrire de mémoire était un véritable travail d’esclave. Bien qu’il ne comprenait pas grand-chose de leurs cours, Nie HuaiSang travaillait comme un forcené à l’approche de l’examen. Il recopia deux fois la section « Justice Suprême » pour Wei WuXian. Juste avant l’épreuve, il le supplia :
« S’il te plaît, je t’en prie, Wei-xiong ! C’est ma troisième année ici à Gusu. Si ma note est inférieure à Yi*, mon grand frère va vraiment me casser les jambes ! Et puis, ces trucs : distinguer la lignée directe, la lignée collatérale, le clan principal, les branches de clan… Même nous, disciples de grands clans, avons déjà du mal à nous y retrouver avec nos propres parents ! On ne connaît même pas bien les liens familiaux au-delà du second ou troisième degré. On appelle ’Tante’ ou ’Oncle’ tous ceux qui sont plus ou moins proches de nous. Qui a le temps ou le cerveau pour mémoriser la généalogie de tous les autres clans ? ! »
(N/T : Le système traditionnel « jia–yi–bing–ding » correspond à un classement en quatre niveaux.)
Jia (甲) : le meilleur niveau — l’équivalent d’un A. (≈ 85–100 %)
Yi (乙) : le deuxième niveau — l’équivalent d’un B. (≈ 70–84 %)
Bing (丙) : le troisième — l’équivalent d’un C. (≈ 60–69 %)
Ding (丁) : le plus bas — l’équivalent d’un D. (≈ moins de 60 %)
« Au cours de l’examen, tous les petits antisèches furent interceptés par l’intervention soudaine de Lan WangJi, qui appréhenda également les instigateurs. Lan Qiren, scandalisé, envoya des lettres aux principaux clans, y formulant de vives plaintes. Selon sa missive, si les juniors n’étaient pas toujours disciplinés, personne n’osait broncher, chacun restait les fesses collées à son siège. Mais depuis l’arrivée de ce Wei Ying, ces jeunes, auparavant craintifs, s’étaient sentis pousser des ailes : sorties nocturnes, beuveries et agissaient comme bon leur semblait. Ce phénomène de délinquance ne faisait que s’aggraver. Ce Wei Ying était bien, comme il l’avait pressenti, la plus grande menace pour l’humanité ! »
Jiang FengMian lui répondit : « Ying a toujours été ainsi. Merci infiniment, Lan-xiansheng, de vouloir vous donner la peine de le discipliner. »
(N/T : Xiānshēng (先生) est un terme chinois respectueux employé pour s’adresser à un homme lorsqu’aucun titre plus précis n’est requis. Il se traduit généralement par « Monsieur », mais peut aussi signifier « Maître » selon le contexte, notamment lorsqu’il s’agit d’un enseignant ou d’une figure d’autorité.)
Ainsi, Wei WuXian fut de nouveau puni.
Au début, il n’y prêta pas trop d’importance. Il ne faisait que copier des textes, et il ne manquait jamais de volontaires pour le faire à sa place. Mais contre toute attente, Nie HuaiSang lui annonça un jour : « Wei-xiong, même si je veux t’aider, je ne peux plus. Tu vas devoir tenir le coup tout seul. »
« Quoi ? » s’exclama Wei WuXian, surpris.
« Le vieux… » Nie Huaisang fit une pause, puis reprit : « Lan-xiansheng a dit que cette fois, tu devras recopier « La Justice Suprême » et « Les Règles de l’Étiquette »… En même temps. »
La section « Règles de l’Étiquette » était le chapitre le plus fastidieux des douze préceptes du Clan Lan. Il était bourré de références et de citations classiques, terriblement long, et parsemé de mots rares en prime. Le recopier une seule fois suffisait à perdre tout intérêt pour la vie. Le recopier dix fois, c’était l’Ascension directe !
Nie HuaiSang ajouta : « Il a même dit que, pour la durée de ta punition, personne n’avait le droit de traîner avec toi, ni de t’aider à recopier. »
Wei WuXian s’étonna : « Comment saurait-il si quelqu’un les a recopiés à ma place ? Quoi, il va quand même pas me faire surveiller, si ? »
« C’est exact », lui dit Jiang Cheng.
« … Quoi ? »
Jiang Cheng dit alors : « Tu as l’interdiction de sortir. Chaque jour, tu devras te rendre directement au Pavillon de la Bibliothèque des Lan pour ta punition. De plus, il a ajouté que pendant un mois, tu devras méditer sur tes erreurs devant le Mur de la Discipline. Et bien sûr, il y aura quelqu’un pour te surveiller. Inutile de te dire qui c’est, n’est-ce pas ? »
Dans le Pavillon de la Bibliothèque…
Il y avait une natte verdoyante, un pupitre en bois, deux chandeliers et deux personnes. L’un d’eux était parfaitement assis, tandis que de l’autre côté se trouvait Wei WuXian. Il avait à peine recopié une douzaine de pages des Règles de l’Étiquette que sa tête lui tournait déjà. Il mourait d’ennui, si bien qu’il laissa tomber son pinceau, prit une grande inspiration et regarda par-dessus le pupitre… Vers celui qui était assis en face de lui.
À Yunmeng, beaucoup de filles lui enviaient de pouvoir étudier avec Lan WangJi. Elles disaient que chaque génération du clan Lan comptait son lot de jeunes hommes séduisants, et que celle-ci brillait particulièrement grâce aux Jumeaux de Jade*, les deux frères Lan qui étaient tout bonnement exceptionnels. Jusqu’à présent, Wei WuXian n’avait jamais vraiment eu la chance de pouvoir examiner son visage d’aussi près. Mais, maintenant qu’il le pouvait, il laissa libre cours à ses pensées.
(N/T : Frères de Jade / Deux Jade (玉兄弟 / 两玉) est une expression utilisée pour désigner deux individus exceptionnellement brillants dans un même domaine, mettant en avant leur talent et leur excellence comparables à la pureté et la valeur du jade.)
Il est plutôt beau, constata-t-il intérieurement. Mais si ces filles pouvaient le voir de leurs propres yeux… Le fait qu’il affichait constamment une mine aussi amère et sombre, qu’on aurait cru que la terre entière l’avait offensé ou qu’il avait perdu ses parents… Peu importe la beauté de son visage, elles déchanteraient très vite.
Lan WangJi était en train de recopier des textes très anciens, issus de vieux ouvrages qui étaient conservés au Pavillon de la Bibliothèque de la secte. Ces manuscrits étaient bien trop délicats pour être manipulés par des étrangers, et seule la secte Gusu Lan en possédait encore les originaux. Chaque coup de pinceau était lent et maîtrisé, et son écriture, à la fois impeccable, possédait une élégance naturelle.
Wei Wuxian ne put s’empêcher de le complimenter « Tu as une belle écriture ! L’une des plus belles que j’aie jamais vues ! »
Lan WangJi resta indifférent.
Wei WuXian pouvait rarement garder sa bouche fermée aussi longtemps. Je vais devoir rester assis face à ce glaçon tous les jours, pendant un mois entier… Vais-je survivre à ça ? pensa-t-il, suffoquant d’avance.
Perdu dans ses pensées, il ne put s’empêcher de s’incliner légèrement vers l’avant.
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin de cette quatrième partie du chapitre 4 ɞ .・

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