LV • Chapitre 02
by Ruyi ♡« Pourtant… »
Le fil pathétique de ses sentiments fut coupé net par une phrase de Gangwon.
« Je ne t’aime pas. »
« Mais peut-être… Juste un peu… »
« C’est si dur à comprendre ? Je ne t’aime pas. Je ne t’aime pas. Absolument pas. »
Chacun de ses mots, clair et précis, était dénué de la moindre once d’hésitation. C’était une déclaration glaciale, qui non seulement était une confirmation répétée de son rejet, mais aussi le coup de grâce qui lui coupa le souffle. Il ne m’aime pas. Y avait-il un rejet plus définitif que celui-là ? Son cœur s’effondra une fois de plus.
« Et toi non plus, tu ne m’aimes pas. »
« … Mais si. »
« Tu dis ça seulement parce que tu ne fais pas la différence entre un pote et un amoureux, ou je ne sais quoi. Tu crois que je ne te connais pas ? »
« Je suis certains des sentiments que j’ai envers toi. Pourquoi tu décides à ma place ce que je ressens ? Tu me prends pour un débile, qui n’est pas capable de reconnaître ses sentiments ? »
« Espèce d’idiot. Si c’est ça, aimer, alors je dois être épris de toute l’humanité ! Qui agit comme tu le fais envers la personne qu’il prétend aimer ? »
« Qu’est-ce que tu en sais, toi ? Tu n’as pas de petite amie non plus. »
« J’en sais beaucoup plus que toi. »
Écrasé par cette attaque narquoise, Woo Yoonjae se tut finalement, face au sourire moqueur et arrogant de Gangwon. Que dire de plus après un tel rejet ? L’arête de son nez se pinça et commença rapidement à le brûler.
« … Hé, tu pleures ? », lui demanda Gangwon, stupéfait face au soudain changement d’ambiance. Woo Yoonjae, qui était à deux doigts de fondre en larmes, serra les dents et fit non de la tête tandis que son menton tremblait.
« Non. »
« Si, tu pleures. »
« Je ne pleure pas. »
« Tu sanglotes carrément. »
Silencieusement, des larmes s’échappèrent du coin de ses yeux baissés. Les gouttes, d’abord une ou deux, glissèrent bientôt sur ses joues, lourdes d’amertume.
« C’est de la sueur. »
« Ah bon, la sueur sort par les yeux maintenant ? Monsieur le génie. »
« C’est parce que j’ai mal au ventre, c’est tout. »
« Ton ventre te fait mal, tout d’un coup ? »
« Peut-être que j’ai trop mangé. Qui sait, peut-être que mon appendice a éclaté ? »
« Ton appendice, carrément ? »
La voix de celui qui le questionnait, pleine de rires espiègles, contrastait avec celle de celui qui niait encore, étranglée par les larmes. Ses reniflements ne faiblissaient pas. Le voyant pleurer, les épaules tremblantes, Gangwon cessa de le taquiner et poussa un long soupir. Puis, il s’adressa d’un ton plus posé à son ami pathétique et obstiné :
« Pourquoi est-ce que tu t’entêtes à rendre les choses si difficiles ? Veux-tu vraiment qu’on ne se revoie plus jamais de notre vie ? »
« Non… »
« Si tu continues comme ça, on pourrait bien ne plus jamais se revoir. »
« Ne dis pas ça. J’avais tort… »
Ne plus jamais se revoir. Ces mots étaient cruels, terrifiants. Woo Yoonjae secoua frénétiquement la tête.
« Ne peut-on pas simplement rester comme ça* ? Qu’est-ce qui ne te suffit pas ? De toute façon, on se verra toute notre vie. »
(Note de Ruyi : Il fait ici référence à leur relation, qu’il souhaiterait voir inchangée.)
« Oui… C’est vrai. »
« Quand tu te marieras plus tard, je te ressortirai cette histoire. Tu seras mort de honte, ce sera hilarant. »
« C’est… »
Woo Yoonjae aurait voulu lui dire que non, ce n’était pas ça. Je veux te tenir la main et t’embrasser. Je veux être possessif, je veux que tu sois mien. Je voulais économiser mon argent de poche pour qu’on puisse avoir des sorties en amoureux et te dire que je t’aime. J’ai vérifié sur Internet : il paraît que même les gens du même sexe peuvent faire ça, quand ils s’aiment.
Ces gestes, ces mots, ne se font pas entre amis. Alors, comment pouvait-il nier que c’était de l’amour ?
Il voulait protester, mais ne put s’y résoudre. Car la main qui le calmait, malgré les mots durs, était trop chaude, trop douce. Car il savait à quel point Gangwon tenait à lui.
Et Gangwon, même en tant qu’ami, lui était trop précieux.
« Oui… Tu as raison. C’est moi qui ai tort. Désolé… »
Gangwon sembla satisfait de cette réponse arrachée entre deux reniflements, et il ébouriffa plusieurs fois les cheveux de Woo Yoonjae.
« Ne pleure pas, idiot. Tu pleures toujours quand les choses ne vont pas dans ton sens. »
« Désolé… Je ne redirai plus jamais ça… »
Un peu plus tard, lorsque ses sanglots s’étaient calmés, Gangwon lui tendit un verre d’eau et essuya doucement ses larmes.
« Ça suffit maintenant. À force de pleurer, tu vas finir par te déshydrater. Hm ? »
« Tu ne m’aimes vraiment plus ? »
« Mais qu’est-ce que tu racontes… ? »
Gangwon rit, résigné, et encadra doucement son visage de ses paumes. De ses mains douces, il essuya ses larmes avec une infime tendresse. Elles étaient chaudes, si tendres… On fait ça à un simple ami ?
Honnêtement, Yoonjae se demanda quel genre d’idiot il était. Mais ce contact réconfortant lui plaisait tellement qu’il ravala l’insulte qui était au bout de sa langue.
C’est ainsi qu’il renonça à ses sentiments pour la seconde fois.
Et un mois plus tard, Gangwon eut sa première petite amie.
La réaction de Woo Yoonjae fut explosive.
« Tu avais dit que tu ne te mettrais pas en couple avec une fille ! »
Le visage relevé, le menton défiant, il le fixait droit dans les yeux, le regard empli de reproches.
« Quand est-ce que j’ai dit ça ? »
Gangwon n’avait pas l’intention de le cacher, mais il ne s’attendait pas à ce que la nouvelle se répande le jour même où ils ont commencé à sortir ensemble. Non seulement dans tout le lycée, mais jusque dans les écoles voisines : quiconque connaissait Gangwon avait déjà entendu la nouvelle. Yoonjae, bien sûr, aussi. Pris au dépourvu, il se retrancha derrière un ton brusque :
« Tu l’as clairement dit ! Tu as dit que tu n’en aurais pas avant l’université. »
Ai-je vraiment dit ça… ?
Gangwon fouilla dans ses souvenirs. Il ne se souvenait plus des mots exacts, mais il se souvenait avoir dit quelque chose de similaire.
« Je l’ai donc vraiment dit, hein… »
La culpabilité transparaissait dans sa voix alors qu’il lui répondait.
« Alors pourquoi tu sors avec elle ? »
« Qu’est-ce que tu veux dire par pourquoi ? »
« Tu l’aimes, cette fille ? »
Il ne sut quoi répondre. La vérité, c’est qu’il ne la connaissait presque pas : c’était une camarade de classe qu’il n’avait rencontrée que le jour où elle s’était confessée à lui. Il n’y avait donc rien qui ressemblait à de l’amour.
« Eh bien, je suppose que oui. »
Ne sachant pas quoi répondre, Gangwon détourna tout simplement le regard. Elle n’était pas particulièrement différente des filles qui lui avaient avoué leurs sentiments auparavant. Mais pour une raison qu’il ignorait, l’image d’elle lui offrant un cadeau timidement avait retenu son attention.
Sa peau était si pâle qu’elle semblait n’avoir jamais vu le soleil. Ses mèches douces et bouclées qui couvraient son front étaient jolies et lui donnaient un certain charme. Il se mit à l’imaginer comme une touffe de poussière flottante lors d’un jour de pluie, et se dit qu’il aimerait sûrement l’aider à arranger ses cheveux à ce moment-là.
Alors qu’il était momentanément perdu dans ses pensées, elle lui fit sa confession comme il s’y attendait, et Gangwon se surprit à lui répondre : « Eh bien, pourquoi pas, » sans même s’en rendre compte. Il regretta immédiatement ses mots, mais ne put revenir en arrière. Il voyait là une bonne occasion de mettre un point final aux aveux persistants que Woo Yoonjae lui avait fait tous récemment.
« Tu ne l’aimes même pas. Tu as dit que tu ne la connaissais pas… Ce n’est pas mal de ta part de lui faire ça, à elle aussi ? »
« Bah, j’ai qu’à bien me comporter avec elle à partir de maintenant. Où est le problème ? »
Agacé, il laissa échapper ces mots sans vraiment y penser. Aussitôt, les yeux de Woo Yoonjae s’embrasèrent.
« Tu avais dit que tu ne sortirais avec personne ! Que tu attendrais d’être à la fac ! Tu disais ça il y a à peine cinq minutes, espèce d’enfoiré ! »
« Hé, hé, du calme… »
« C’est à cause de ma confession, c’est ça ? »
Son souffle se coupa à ces mots qui le frappèrent de plein fouet. Le visage de l’autre, encore arrondi par la jeunesse, se tordit sous la colère. Gangwon savait parfaitement ce que cette expression annonçait : l’attaque allait commencer.
« Hé, Woo Yoonjae… Laisse-moi t’expliquer… »
« J’ai dit que je ne le ferais pas ! J’ai dit que je ne dirais plus que je t’aimais, espèce de salaud ! »
« Tu… Tu… »
Avant qu’il n’ait le temps de se fâcher à cause des insultes, les yeux ronds qui le fixaient se remplirent de larmes. À chaque battement de cils, de grosses gouttes dévalaient ses joues avant de tomber. Il pleurait avec une telle détresse que Gangwon en resta muet.
Comme le jour où il avait avoué ses sentiments pour la première fois avant de se faire rejeter, Woo Yoonjae resta planté au milieu de la rue, tout en sanglotant longuement, le visage défait. Gangwon, partagé entre la honte de sa faiblesse et le désarroi que lui inspiraient les larmes du garçon, s’efforça malgré tout de le calmer.
« Je t’ai dit de ne pas pleurer, non ? »
« J’ai dit que je ne dirais plus que je t’aimais… que je ne t’aimerais plus… que je ne te ferais plus de déclaration… Je te l’ai dit… »
« Hé, ce n’est pas ça, c’est juste… »
« Si ce n’est pas à cause de ça, alors pourquoi tu t’es soudainement mis à sortir avec elle ? Tu ne la connaissais même pas. Tu es timide avec les inconnus. Tu n’as aucune compétence sociale. C’est parce que je t’ai avoué mes sentiments, pas vrai ? »
« Ce n’est pas ça ! Hé, attends, t’as dit quoi ? Compétences sociales, sérieusement ? »
« Je ne dirai plus que je t’aime… Je ne te mettrai plus mal à l’aise… »
À présent, il s’essuyait les yeux avec tout son avant-bras, alors qu’il était secoué de sanglots incontrôlables. Sa voix était devenue rauque, presque méconnaissable. Même s’il avait toujours été du genre à pleurer facilement, il n’avait jamais pleuré ainsi depuis son premier rejet.
Gangwon finit par renoncer à le raisonner et attira rapidement son ami pathétique dans ses bras. Son corps, plus petit que le sien, se lova parfaitement contre lui. Il poussa un long soupir fatigué avant de murmurer doucement :
« Arrête de pleurer. Les gens vont te voir et se moquer de toi en se disant que tu es un idiot. »
« J’ai dit que je ne le ferais plus… Je n’aurai qu’à ne plus dire ce genre de choses, c’est tout… Et de toute façon, je suis meilleur que toi pour les études… »
Ce chCe chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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