KC • Chapitre 03
by Ruyi ♡Josh s’assit sur le lit et enfouit sa tête dans ses mains. Cela faisait déjà plusieurs heures qu’il était dans cet état et ça depuis qu’il avait couché Pete. Mais peu importait le temps qui passait, ses pensées revenaient inlassablement au même point.
Pourquoi… Pourquoi faut-il que ce soit lui ?
Une voix traversa le brouillard dans son esprit.
« … Tu n’en as pas envie, pas vrai ? Nous non plus. »
C’était celle de Mark.
Josh, qui n’avait pas dit un mot jusque-là, laissa enfin échapper le souffle qu’il retenait.
« En vérité, ça fait déjà une semaine que la proposition est arrivée… Je pensais la refuser, vu que je savais que tout le monde allait dire non. Mais les conditions sont vraiment bonnes. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit une telle somme… Miller aime claque son fric sans compter. »
Josh n’avait besoin que d’une seule chose : de l’argent. Bien sûr qu’il devait accepter. Tout le monde l’aurait félicité pour une opportunité pareille. Dieu avait sans doute mis toute son énergie à façonner le corps de Chase Miller, aavant d’abandonner complètement l’idée de lui donner une personnalité. Si seulement son caractère avait été ne serait-ce qu’un quart aussi beau que son visage, il aurait fait l’unanimité.
Josh, encore perdu dans ses pensées, se remémora cette remarque cynique et esquissa un sourire amer, tandis que Mark se grattait la tête avec frustration.
« Mais tu sais aussi bien que moi que ce boulot est… Compliqué. Ce Miller a vraiment un sale tempérament : il est immature, capricieux et est impossible à gérer. Ce n’est pas étonnant que la demande ait traversé tout le pays avant d’arriver jusqu’à nous. Personne n’en a voulu. Peu importe la somme, quand c’est lui, les gens hésitent. Je me suis dit que ça ne valait pas le coup, mais vu que tu dis être pressé par l’argent… Il n’y a pas d’autre contrat qqui paiera autant. Si tu acceptes, bien sûr. La décision te revient. »
Josh prit une grande inspiration avant de demander :
« Tu en as parlé aux autres ? »
« Oui, je les ai tous appelés avant de venir. Je leur ai donné les grandes lignes. Ils m’ont dit qu’ils allaient y réfléchir. »
Josh se souvenait pourtant très bien des cris et des insultes qu’ils avaient tous lancés en apprenant le nom de Miller. Il s’étonna que leur réaction n’ait pas été aussi virulente que prévu.
Est-ce qu’ils ont, eux aussi, des problèmes urgents ?
Mark reprit, voyant son silence :
« Ce serait pour une durée de trois à six mois. Et s’il faut prolonger, ils sont prêts à payer plus. Si tu es pressé, c’est une occasion à saisir. Et ne t’en fais pas trop. Toute l’équipe devra y aller quoi qu’il arrive. »
Il lui conseilla encore une fois d’y réfléchir, puis s’éloigna.
Après lui avoir dit une dernière fois d’y réfléchir, Mark s’en alla. Depuis, Josh n’arrêtait pas de cogiter. Il avait tout bonnement du mal à prendre une décision.
Pourquoi est-ce qu’il a fallu que ce soit cet homme ?
La réponse était évidente. Peu de gens étaient prêts à dépenser autant pour leur propre sécurité. Et Josh, lui, avait désespérément besoin de cet argent sale. C’était la triste réalité. Peu importe combien de fois il retournait la question dans sa tête, il aboutissait toujours à la même conclusion.
Lorsque le ciel commença à s’éclaircir, il se résigna enfin à accepter ce qu’il savait déjà : il n’avait pas le choix.
Six mois, pas un de plus. Je ne prolongerai pas. Mark n’aura qu’à trouver quelqu’un d’autre.
Dès que Mark fut arrivé au bureau, Josh l’appela. Sa première question fut :
« Tu as eu des nouvelles des autres ? Qui a accepté ? J’imagine qu’ils ne se sont pas tous désistés. »
Un frisson lui remonta la nuque à l’idée qu’il soit le seul à dire oui. Mais la réponse de Mark le rassura :
« Moi, Seth, Henry et Isaac. »
Tous sauf Josh.
Mark ajouta :
« Henry s’est encore remis au jeu. Il a tout perdu. »
Seth avait accepté dès qu’il avait entendu le montant. Isaac, lui, n’avait pas eu le choix : Henry lui avait emprunté de l’argent… Qu’il avait perdu lui aussi.
« Henry a tout misé, même l’argent d’Isaac. Enfin… C’est leur problème. »
Ce n’était pas la première fois qu’Henry se servait dans les poches d’Isaac. Josh ouvrit la bouche, puis poussa un soupir amer.
« Je viens aussi. »
« Bien. Vous serait alors cinq, Joshua. »
Josh savait que Mark avait déjà inscrit son nom avant même qu’il n’appelle. Il n’était ni surpris, ni soulagé. C’était, hélas, une évidence. Après avoir discuté de la date de départ et des formalités, il demanda à recevoir le contrat par mail. En vérité, tant que l’argent tombait comme promis, le reste lui importait peu.
Une fois la décision prise, tout s’enchaîna. Il appela aussitôt sa sœur pour lui annoncer qu’il avait trouvé un nouveau travail, qu’elle ne devait plus s’inquiéter, qu’il prendrait tout en charge.
Heureusement, son poste se trouvait à trois ou quatre heures de route de la maison où vivaient sa mère et sa sœur. Grâce à cela, il pourrait confier Pete à sa famille et venir le voir pendant ses jours de repos.
« Ne t’en fais pas pour Pete, Josh. Maman est ravie qu’il vienne vivre ici », lui dit Emma d’une voix enjoué.
Il poussa un long soupir après avoir raccroché. Le plus gros souci était réglé.
Restait Pete.
Il était hors de question que Chase apprenne son existence.
Josh avait beau y réfléchir, il n’arrivait même pas à imaginer ce qui se passerait si la vérité éclatait. Il aurait dû le lui dire dès qu’il avait découvert sa grossesse. Le faire maintenant ? C’était absurde. Se pointer avec un enfant dans les bras… impensable.
Ce n’est pas si difficile à cacher. Comme tout le monde, il pense que je suis un Bêta. Et il ne fera jamais attention à un simple garde du corps.
Il ne se rappelait même plus comment il avait pu laisser cet homme le marquer.
« Tu es à moi. Rien qu’à moi. »
Ces mots oubliés lui revinrent soudain en mémoire. Une douleur sourde lui traversa la poitrine. Sans s’en rendre compte, Josh fronça les sourcils.
Cet enfoiré…
Il devait confier son fils à sa famille. Il décida donc de partir en avance et de rejoindre le reste du groupe plus tard, une fois les choses lancées. Cela faisait longtemps qu’il ne les avait pas vus, et il voulait profiter de ces quelques jours pour passer un peu de temps avec eux.
Il alla dire au revoir à Mme Robert, la remercia sincèrement pour tout ce qu’elle avait fait et lui promit de rester en contact. Elle serra Pete très fort dans ses bras, laissant transparaître sans détour toute sa tristesse.
Après plusieurs jours de préparatifs éreintants, Josh fut enfin prêt à partir. Il se dirigea vers l’aéroport.
Quand il monta dans l’avion, un enfant dans un bras et un bagage à main dans l’autre, les expressions des hôtesses devinrent hésitantes. Elles levèrent les yeux vers Josh avec un sourire radieux, puis leur regard tomba sur l’enfant dans ses bras. Leur sourire s’effaça une seconde… Avant de reprendre aussitôt leur masque professionnel.
Josh installa Pete dans un siège pour bébé, l’enroula soigneusement dans une couverture, puis lui donna quelques friandises. Satisfait, le petit s’installa sagement sans broncher.
Alors qu’il rangeait son bagage à main dans le compartiment au-dessus, son regard tomba sur le visage de Pete. Ses joues rondes et rebondies, ses lèvres qui mâchonnaient doucement la friandise… Cette image, sans qu’il ne le veuille, lui fit immédiatement penser à cet homme.
Est-ce parce que je sais qu’il est son fils, ou est-ce qu’il lui ressemble vraiment tant que ça… ?
Il ne pouvait poser cette question à personne. Et chaque fois, Josh devait réprimer cette curiosité obsédante.
Pete ne tarda pas à s’endormir. En essuyant la salive sucrée qui perlait au coin de sa bouche, Josh se prit soudain à se demander :
Est-ce qu’il va me reconnaître ? Est-ce qu’il se souviendra de moi ?
Sans le vouloir, il se remémora leur toute première rencontre — ce regard perçant qu’il avait posé sur lui, ce froncement de sourcils… L’image de cet homme ne l’avait jamais quitté.
Un homme hautain. Un narcissique.
La plupart des Alphas dominants avaient un profil proche de celui d’un sociopathe. Quand leur nature se révélait avant la puberté, ils ne passaient pas par cette fameuse « période de tumulte émotionnel » et risquaient fort de devenir de véritables psychopathes.
Dans le cas de Chase C. Miller, il s’était manifesté après la puberté. Il n’était pas dénué d’émotions — mais chez lui, elles semblaient toutes se résumer à une seule : la colère.
Même les psychopathes ressentent la colère, pensa Josh avec amertume.
Il faut bien ça pour jouer, non ?
Après tout, on ne devient pas acteur sans la moindre émotion, aussi sublime soit-on. Mais dans son cas, avec un tel visage, il aurait très bien pu se contenter de rester là, debout, sans dire un mot…
Josh se rappela alors d’une vieille publicité pour du chocolat que Chase avait tournée à cinq ans. Ce fut sa toute première apparition, et le pays entier en fut bouleversé. Encore aujourd’hui, cette pub revenait parfois dans les discussions. Elle avait fait sensation à l’époque, à tel point qu’un petit garçon comme Josh en avait été captivé.
Il se souvenait de la déception qu’il avait ressentie en découvrant que c’était un garçon. Et il n’était pas le seul. Tous ces gamins de son âge, qui rêvaient d’une romance avec une jolie fille qu’ils auraient vues à la télé… Ce jour-là, c’est toute une génération de petits garçons qui vécut sa première déception amoureuse, à l’échelle nationale.
C’est ainsi que Josh comprit que son tout premier amour ne pourrait jamais devenir réalité.
Et encore aujourd’hui… Chase n’avait pas besoin de jouer. Il suffisait qu’il soit là. Mais Josh s’était souvent demandé : Pourquoi s’imposer ça ? Pourquoi jouer ?
Jusqu’au jour où il l’avait vu à l’écran.
Chase Miller se fondait dans ses rôles avec une intensité presque effrayante. Même dans une simple publicité.
« Oh… »
Un petit souffle lui échappa. En levant les yeux, il aperçut un passager assis de l’autre côté de Pete, totalement absorbé par son écran. Et là, sur cet écran, le visage qui hantait ses pensées apparut soudain.
Josh en resta pétrifié.
Oui, voilà exactement ce dont il parlait…
Un homme émergeait de la mer, trempé, son corps luisant sous la lumière. Il semblait incarner un dieu marin descendu parmi les hommes. De longs doigts repoussèrent en arrière ses cheveux mouillés, ses yeux d’un violet intense fixèrent la caméra d’un regard insondable, et ses lèvres se tordirent en un sourire à peine esquissé, presque moqueur.
Chase C. Miller… N’était pas un être humain.
Josh sentit son cœur s’emballer. Et il comprit, dans un calme douloureux que jamais il ne l’oublierait. À moindre réduire son cerveau en poussière, il n’y avait aucun espoir. Même la mort n’y changerait rien.
Son cœur qui battait à tout rompre en était la preuve vivante.
La publicité prit fin et l’écran changea. Mais Josh ne parvenait pas à détacher son regard.
Le moment où il allait revoir cet homme approchait à grands pas.
Et pourtant… Il aurait voulu tout faire pour repousser cet instant, ne serait-ce qu’un peu.
Il ferma les yeux, tentant désespérément de fuir la réalité. Mais peu importait ce qu’il ressentait : l’avion fonçait à toute vitesse vers la Californie.
« Josh ! »
Emma, qui était venue le chercher à l’aéroport, s’exclama dès qu’elle aperçut son frère puis se précipita vers lui.
Josh portait Pete d’un bras et tirait sa valise de l’autre. Incapable de la serrer en retour, il la laissa simplement l’enlacer.
Emma enfouit brièvement son visage contre luii, comme pour ravaler son émotion. Elle inspira profondément, releva la tête sans le lâcher, et leurs regards se croisèrent. Josh fut le premier à sourire. Emma éclata de rire. Cela faisait des années qu’ils ne s’étaient pas vus.
« Tu es toujours aussi moche. »
Et l’émotion s’arrêta là.
« De toute façon, personne ne sait à quel point on a un sale caractère. »
Emma grinçait des dents — elle avait déjà répété cette phrase plusieurs fois.
Assis côté passager, Josh fixait la route droit devant lui et répondit d’un ton détaché :
« Fais une queue de poisson*. »
(N/T : La queue de poisson se produit lorsqu’un conducteur se rabat délibérément juste devant un autre véhicule, avec l’intention de surprendre le conducteur qui le suit et le forcer à freiner, voire de provoquer une collision.)
« La ferme, c’est moi qui conduis. »
« Accélère, ce con essaie de nous doubler. »
« Tu veux pas te taire, non ? ! C’est MOI qui conduis, je te signale ! »
En même temps, Emma donna un violent coup de volant, s’insérant brusquement dans la file. Elle fixa la route avec intensité, jurant à voix basse. Encore un mot, et elle était prête à assommer Josh avec le volant.
Josh se retourna discrètement : Pete roulait des yeux, visiblement angoissé. Josh lui fit un sourire, forma un oiseau avec ses mains et le fit voleter devant lui. Pete éclata de rire et applaudit tout en serrant fort Jason, sa peluche.
Pendant ce temps, Emma continuait à marmonner des insultes entre ses dents.
Les yeux clos, le visage baigné de lumière, Josh sentit enfin, avec une étrange clarté, qu’il était vraiment rentré chez lui.
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

Merci pour ces chapitres ! Impossible de trouver ce novel et la traduction anglaise que j’ai trouvé était une catastrophe 😭 vivement la suite !
Merci pour ton commentaire. Je vais faire de mon mieux ! Sache que ton commentaire ma vachement encourager à finir la correction du chapitre 4 et 5. J’espère de tout cœur que celle-ci te plaira ♡