LV • Chapitre 01
by Ruyi ♡« Je t’aime. »
Je ne sais toujours pas d’où m’est venu ce courage.
Après près d’un an d’hésitations et de réflexions, Woo Yoonjae, quinze ans et à moitié perdu, avoua enfin ses sentiments à son ami de longue date, dans un endroit imprévu, avec une confession tout aussi imprévue.
« Hein ? »
« Je… Je viens de dire que je t’aimais… »
« Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu crois que je serais pote avec toi si je ne t’aimais pas ? »
« N… Non, ce n’est pas ça… Je veux dire comme un homme et une femme s’aiment… »
« … Quoi ? »
Comment allait-il réagir ?
Dans ce bref instant d’attente, Woo Yoonjae s’imagina tous les scénarios possibles.
M’accepterait-il ? Me haïrait-il ? Me traiterait-il de tous les noms, me frapperait-il, ou dirait-il qu’il ne veut plus jamais me revoir ?
Rien, absolument rien, ne lui semblait moins terrifiant. Mais toutes ces suppositions s’effondrèrent aussitôt, car la réaction de Gangwon fut à l’opposé de tout ce qu’il s’était imaginé.
« Non. »
La réponse, si ferme et tranchante, laissa Woo Yoonjae sans voix. Il finit par balbutier :
« P… Pourquoi ? Pooourquoi… »
« Pourquoi ? Tu es un garçon, voilà pourquoi. »
« Oui, c’est vrai, mais… »
« Mais quoi ? »
Que pouvait-il répondre, alors que la seule raison invoquée était qu’il était un garçon ? Gangwon attrapa Woo Yoonjae, toujours figé sur place, et le tira par le bras.
« Arrête tes conneries et rentrons chez nous. »
« Est-ce vraiment un non ? »
« Ouais. Même si je devais crever, ça restera un non. »
« Pourquoi… ? Pooourquoi ? »
« Tu crois vraiment que ça mérite une réponse ? »
« Mais c’est que… »
« C’est parce que c’est moi. Si tu avais fait ta confession à un autre gars, tu te serais pris une raclée et tout le quartier l’aurait appris. Et si ça avait été un vrai déchet, tu aurais sûrement été harcelé à l’école. Tu ne réalises pas à quel point le monde est effrayant ? À quoi ça sert d’être bon à l’école si tu es aussi con ? »
Dans sa réponse brusque, il n’y avait pourtant aucune trace de dégoût pour rapport à sa déclaration. C’est pour ça que Yoonjae sentit naître, malgré lui, un faible espoir.
« Mais… »
« Crétin. Arrête de dire des conneries et avance. »
Ne sentant toujours pas la moindre hostilité ni mépris dans son attitude, Woo Yoonjae ne parvint pas à abandonner et insista encore et encore. « Est-ce vraiment un non ? Un non catégorique ? » dit-il en accélérant le pas, tandis qu’il peinait à suivre les grandes enjambées de Gangwon.
« Mais quand même… Il n’y a vraiment aucun moyen ? »
« Non. »
La réponse claqua, sans appel.
J’ai vraiment été rejeté.
Quand la réalité s’imposa à lui, tout son corps se mit à trembler et les larmes lui montèrent aux yeux.
« Mais… Je t’aime tellement. »
« Dépêche-toi. Les gens nous regardent. »
« … Snif… D’accord, allons-y… » murmura-t-il en essayant de ravaler ses larmes. « Snif… »
Mais le désespoir le submergea tout au long du chemin du retour. Sans se soucier une seule seconde des regards posés sur lui, Woo Yoonjae se mit à pleurer de toutes ses forces, les larmes et la morve dégoulinant sur son visage. Une vision dont il aurait dû avoir honte — et pourtant, Gangwon, malgré son agacement, ne lâcha jamais sa main.
« Ah, arrête de chialer, gros nul. »
Malgré ses mots durs, la main qui le guidait restait chaude et ferme.
Deux ans après cette première confession faite sur un coup de tête, et le rejet amer qui s’en est suivi, ce fut par un jour d’été de ses dix-sept ans, que Woo Yoonjae fit sa seconde déclaration — tout aussi soudaine que la première.
C’était un après-midi, après les cours. Tous deux faisaient leurs devoirs dans la chambre de Gangwon. Ce jour-là, Woo Yoonjae n’arrivait pas à détacher son regard de lui. Ses traits nets, découpés par les rayons du soleil, lui paraissaient d’une beauté saisissante.
Bon sang, qu’est-ce qu’il est beau…
Gangwon dépassait ses camarades d’une bonne tête. Il avait de larges épaules et de grandes mains. Son regard perçant, ses pupilles lumineuses et son nez droit et bien dessiné attiraient le regard. Plus d’une fois, il avait même été approché pour du street casting*.
Et s’il finissait par avoir une petite amie ?
L’angoisse qu’il avait inconsciemment enfouie refit surface. Gangwon était populaire non seulement parce qu’il était intelligent et beau, mais aussi parce qu’il était calme et réservé. Pour l’instant, il s’intéressait davantage au sport, aux jeux et à ses amis qu’aux rendez-vous galants, mais une petite amie pouvait surgir à tout moment.
Yoonjae avait entendu les rumeurs et savait donc qu’il y avait plus d’une dizaine de filles à avoir ouvertement avoué être amoureuses de Gangwon. Même les jours où il jouait au basket, il y avait des élèves d’autres écoles qui venaient le regarder ou le prendre en photo. Et parmi elles, il y en avait qui étaient si jolies qu’on en restait bouche bée. Rien que de penser à toutes ces filles qui, encore aujourd’hui, avaient posé leurs yeux sur Gangwon sur le chemin du retour suffisait à le rendre nerveux et mal à l’aise.
Je déteste ça…
Alors qu’il mâchouillait le bout de son stylo, Gangwon remarqua son regard et esquissa un sourire en coin.
« Qu’est-ce que tu fixes comme ça ? »
L’expression habituellement froide de Gangwon s’illumina rapidement d’espièglerie. C’était une mine qu’il ne montrait qu’à Yoonjae. Bien sûr, jamais il ne l’avouerait. Rien qu’en y pensant, Yoonjae sentit une vague d’affection si forte monter en lui qu’il en eut presque les larmes aux yeux.
« Sale chien. »
« J’te regardais pas. »
« Woo Yoonjae, tu es vraiment affreux… Et en plus, tu mens bien. »
« … »
« Arrête de rêvasser, imbécile. On doit finir ça aujourd’hui. J’ai presque terminé, je vais t’aider après. »
Dans ses yeux se mêlaient la malice et la chaleur. Gangwon avait toujours été gentil avec lui. Ses mots pouvaient être durs, mais chacun de ses gestes était d’une douceur incroyable. Il appelait Yoonjae le matin pour le réveiller, lui qui avait tant de mal à sortir du lit, et s’assurait qu’il arrivait à l’heure à l’école.
Ils faisaient absolument tout ensemble. Comme Yoonjae était maladroit et perdait souvent ses affaires, c’était toujours Gangwon qui devait le suivre et veiller sur lui.
Du petit matin jusqu’à tard le soir, à l’exception des heures passées chacun chez soi à dormir, Gangwon était une constante dans la vie de Woo Yoonjae. Dans chacun de ses gestes et de ses regards, il y avait tant d’affection que Yoonjae se sentait heureux, même si leur relation n’était pas celle qu’il désirait. Mais… Si Gangwon avait une petite amie, il lui dirait et ferait probablement la même chose.
Je ne… Je ne veux pas ça…
Cette seule pensée suffisait à éveiller sa jalousie. Il voulait être le seul à voir ce côté-là de Gangwon et qu’il ne soit doux qu’avec lui. Après sa première confession, il avait bien tenté de redevenir de simples amis, mais c’était impossible. Les sentiments ne se contrôlent pas par la volonté. Et Woo Yoonjae savait que ce qu’il ressentait dépassait l’affection qu’on pouvait ressentir pour un ami.
« Pourquoi tu me regardes comme ça ? Tu as faim ? Tu veux qu’on aille manger chinois après ? »
Au moment où leurs regards se croisèrent, les sentiments qu’il s’efforçait de refouler jaillirent comme un ressort cassé. C’était, sans l’ombre d’un doute, sa seconde confession — tout aussi involontaire que la première.
« Je t’aime. »
Sa voix était plus posée que la première fois, mais le poids de ce qu’il ressentait était plus fort. Peu importe combien il avait tenté de les dissimuler ou de les effacer, il échouait toujours. Tous ses efforts pour sauver leur amitié avaient volé en éclats, balayés par cette confession aussi soudaine et brutale qu’un accident de la route en plein après-midi ensoleillé.
« Pourquoi tu racontes encore des bêtises ? »
Comme il s’y attendait, la réponse fut la même. Le front lisse de Gangwon se plissa, comme s’il venait d’entendre une absurdité. Déstabilisé par ce brusque changement d’atmosphère, Woo Yoonjae laissa son cœur parler, sans la moindre préparation.
« Je t’aime vraiment. »
« Tu recommences. »
« Je ne plaisante pas. Je t’aime. Vraiment. »
Gangwon posa son stylo et avala d’un trait un verre d’eau glacée, les traits crispés.
« Je t’ai dit de ne pas dire ce genre de choses. »
Son visage crispé n’avait rien de joueur. Ses traits tordus d’agacement donnaient l’impression qu’il allait exploser d’un moment à l’autre. Quand il était ainsi, Gangwon devenait presque effrayant. Il ne cessait de nier ses sentiments, tout en élevant la voix…
« Mais je ne plaisante pas… »
« Que ce soit une blague ou pas, ça ne change rien. On est tous les deux des mecs, tu veux qu’on fasse quoi ? »
« Mais… Je crois que je t’aime. »
« Aimer ? Tu sais seulement ce que ça veut dire, aimer quelqu’un ?* »
(Note de Ruyi : Oula… )
Gangwon parla sèchement et donna une pichenette sur le front de Woo Yoonjae. Le bruit claqua net, et son front pâle devint aussitôt rouge.
« Pourquoi je ne le saurais pas ? Je dis que je t’aime parce que je t’aime. Qu’est-ce que tu veux de plus ? »
« Ah, très bien. Alors abandonne. »
« Pourquoi ? »
« Toi et moi, ça ne peut pas marcher. »
« Pourquoi pas ? »
« Parce qu’il y a trop de choses qui posent problème. Je ne peux pas. »
« On n’a qu’à juste s’aimer. »
« On ne s’aime même pas, de quoi tu parles ? »
« Tu es tellement gentil avec moi. Qui traite un simple ami de cette façon ? »
« Voilà que tu recommences à dire n’importe quoi. »
« Est-ce que tu fais pareil avec Seonho, Taeil ou Hyunseok ? Hein ? Non, espèce de salaud ! »
« T’es vraiment incroyable, toi. »
Gangwon cliqua de la langue, incrédule. Son front légèrement plissé et son expression n’étaient que lassitude et exaspération.
« C’est juste parce qu’on se connaît depuis qu’on est gamins. On est plus proches, c’est tout. Rien de plus. »
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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