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    Usine n° 3 : Spécialisée dans la fabrication de composants métalliques


    Un froid mordant s’infiltra dans les os de Liu An’an, la faisant trembler malgré elle. Elle jeta instinctivement un coup d’œil par la fenêtre : il pleuvait des cordes dehors, des rideaux d’eau qui s’abattaient sans relâche. Pourtant, le taxi ne ralentissait pas, ne déviait pas, avançant obstinément sur sa trajectoire.

    Ses dents se mirent à claquer, et elle sentit la panique s’emparer d’elle. Elle était à deux doigts de crier, mais elle ravala son angoisse, forcée de composer avec une peur sourde qui lui glaçait les entrailles. Elle avait affreusement froid, comme si le froid extérieur s’était infiltré jusque dans l’habitacle.

    Malgré tout, elle esquissa un sourire, un sourire forcé, rigide comme du fer-blanc, et tenta de parler d’une voix tremblante : « Lin… Jie, tu n’as pas dit que tu allais me ramener ? »

    « Oui », répondit Lin-jie d’un ton glacial, « je vais te ramener… Là où tout a commencé. »

    Le cœur de Liu An’an rata un battement. Une vague d’émotions contradictoires déferla en elle, ses pensées embrouillées par la terreur qui grimpait en flèche. Sa voix trembla, brisant le silence dans une explosion de panique : « Quoi ? Quel endroit ? Qu’est-ce que tu veux dire ? »

    «  Quel endroit ? » Lin-jie se contenta de sourire, un rictus énigmatique qui glaça le sang d’An’an.

    Puis, elle éclata d’un rire strident, déchirant le murmure constant de la pluie qui martelait le taxi.

    « Nous y sommes presque…  »

    Les mots résonnèrent dans l’air comme une promesse sombre.

    Cinq minutes auparavant, ils avaient quitté le viaduc sous la tempête. La pluie battante transformait la nuit en un flou oppressant, et pourtant, Liu An’an sentait une cruelle familiarité l’envahir à mesure que le taxi avançait. Les rues désertes des banlieues, les silhouettes indistinctes des bâtiments noyés sous l’eau, et surtout… Ce bâtiment-là, à peine visible, se dessinant au loin.

    Son cœur battait à tout rompre. Elle refusa de croire ce qu’elle voyait, mais son corps, lui, savait. Tremblante de la tête aux pieds, ses sanglots misérables s’amplifièrent jusqu’à devenir incontrôlables.

    Paniquée, elle se mit à frapper violemment la vitre avec ses mains pâles et tremblantes, pareilles à des branches de laurier. « Laisse-moi sortir ! Je t’en supplie ! Je ne veux pas… Je ne veux pas revenir ! »

    Le taxi continua pourtant sa route. Ils étaient déjà trop proches. Assez proches pour qu’elle distingue cette porte en métal gigantesque, imposante, comme un spectre de son passé.

    Un frisson glacé lui traversa l’échine lorsqu’elle lut les mots gravés sur le rideau de fer rouillé :

    Usine de fabrication de composants métalliques n° 3.

    L’endroit où tout a commencé.

    Liu An’an s’effondra. Ses hurlements résonnaient dans l’habitacle, accompagnés de sanglots déchirants, ses insultes et malédictions fusant vers la femme assise devant elle. Mais celle-ci resta d’un calme glacial, aussi impassible que lorsqu’elle avait annoncé son intention de mourir avec elle.

    « … Tu sais ? » commença la femme, sa voix lente et mesurée tranchant avec le tumulte de Liu An’an. « J’ai réfléchi tout le trajet. J’ai pensé à mille choses, et j’ai hésité, me demandant si je devais te laisser partir. »

    Elle coupa le moteur dans un geste qui résonna comme un glas*, puis continua, d’un ton empreint d’un calme cruel : « … Mais tu m’as tellement déçue. Chaque mot qui sort de ta bouche est un mensonge. Tu es si fausse, si insupportablement fausse. Ton égoïsme dépasse l’entendement. »

    Liu An’an secoua désespérément la tête, ses larmes inondant son visage. Sa voix, brisée, suppliait. « Non… Ce n’est pas toi ! Ce n’est pas possible ! Tu as dit… Tu as dit que la personne qui t’a trahie était une gamine… Bien plus jeune que moi…  »

    Un rire s’échappa des lèvres de la femme, dur et acéré comme un coup de couteau. « N’étais-tu pas juste une petite fille quand tu m’as trompée, Liu An’an ? »

    Elle alluma soudain la lumière intérieure du taxi, baignant l’espace d’une clarté crue et impitoyable. Sous cette lumière, tout devint douloureusement net. Liu An’an, les yeux écarquillés, scruta le visage désormais parfaitement visible de la femme.

    « … Cela fait dix ans. Tu as grandi. Mais toi, est-ce que tu te souviens encore de moi ? »

    Sa voix descendit d’un ton, plus intime, plus glaciale :

    « Xiao Liu. »

    Liu An’an cessa de respirer.

    Jie… Jie ?

    La voix de Liu An’an trembla. Elle tenta de sourire, mais ses sanglots incontrôlables déformaient ses traits.

    Tu… Tu es censée être morte…  Non ?

    Sa sœur répondit d’une voix douce, presque tendre, comme si elle cherchait à apaiser un enfant perdu.

    « Xiao Liu, Xiao Liu… Pour être honnête, j’aurais préféré t’appeler Liu’er, mais tu trouvais ce surnom trop kitsch. Tu disais toujours que « Xiao Liu » faisait plus personnage de drama. » Un rire rauque, teinté de mélancolie, s’échappa de ses lèvres.

    « Petite escroc vaniteuse… J’aurais dû m’en douter. Mais, dans tous tes putains de mensonges, il y avait une seule phrase… Une seule… Qui sonnait vraiment sincère : ’Tu n’es pas revenue depuis trop longtemps.’ » 

    Elle fit une pause, laissant ses paroles s’imprégner dans l’esprit bouleversé de Liu An’an, avant de reprendre.

    « Alors, Xiao Liu, puisque tu aimes tant te souvenir du passé, écoute un peu mon histoire. »

    Sa voix devint plus sombre, imprégnée d’un mélange de reproche et de douleur.

    Dès le début… Ce n’était pas une erreur. Mais toi, tu as menti. Tu as tout déformé, parce que… On n’était pas juste des sœurs, pas vrai ? Est-ce que tu avais mal compris ? Bien sûr, je suis instable, parfois même folle. Tout le monde me voyait comme ça. Tout le monde… Sauf toi.

    « Xiao Liu, tu trembles ? Tu t’en souviens, hein ? Le jour de tes seize ans…  »

    La voix de la femme s’adoucit étrangement, presque comme une confession.

    Ce jour-là, ma mère t’a frappée. Ton visage était gonflé et en sang. Quand je soignais tes blessures, tu… Tu m’as embrassée. Tu m’as dit que tu m’aimais, que tu m’aimerais toujours. Tu as juré que tu irais en enfer pour moi.

    Les larmes de Liu An’an coulaient silencieusement, sa gorge serrée par l’angoisse.

    « Tu as oublié beaucoup de choses, Xiao Liu. Mais ça… Tu n’aurais jamais dû l’oublier. »

    Le 28 mai, la voix de la femme se fit plus grave, emplie de colère refoulée et de souvenirs douloureux.

    Deuxièmement, nous ne sommes pas venues te rendre visite au travail. Du moins, pas vraiment. À ce moment-là, c’était presque le gaokao* pour toi, mais l’usine était surchargée, et moi aussi, j’avais mes propres problèmes. Tu étais la seule à rester. Même avec les examens qui approchaient, ma mère t’a fait travailler, que ce soit la nuit, l’après-midi ou le matin, sans jamais se soucier de l’heure.

    Ce jour-là, j’étais venue te voir. Mais peu après mon arrivée, j’ai eu une crise. Quand j’ai repris mes esprits, je tenais une scie à corde, entièrement couverte de sang. Et toi, Xiao Liu, tu étais là, debout, en pleurs, dans une détresse poignante. Je t’ai demandé ce qui s’était passé, et tu m’as répondu que j’étais devenue folle. Que j’avais étranglé ma propre mère jusqu’à la tuer… Et que j’avais même essayé de la découper.

    La femme laissa échapper un ricanement amer, son regard se posant sur Liu An’an, remplissant l’air d’une tension glaciale.

    « Je t’ai cru, Xiao Liu, je t’ai toujours cru, tu n’avais que 17 ans, pourquoi mentirais-tu ? J’avais peur de te faire du mal quand j’aurais de nouveau une crise, alors je me suis dénoncé, Xiao Liu ! Je t’ai même laissé notre maison ! »

    Le flot de paroles se précipita alors qu’elle revivait l’intensité du moment, sa voix se brisant sous la charge émotionnelle.

    C’est là que mon cauchemar a commencé. J’ai été condamnée à mort avec sursis, et toi, tu t’es enfuie juste après le gaokao. Tu ne sais pas ce qui s’est passé ensuite. Certains membres de ma famille ont présenté des preuves des violences domestiques que ma mère m’infligeait. Il y en avait beaucoup. Dans ce coin délabré, la loi était plus clémente. Ils ont requalifié mon crime, et j’ai écopé de 10 ans de prison. Grâce à mon comportement exemplaire, j’ai été libérée au début de cette année.

    Li Xiaojuan, une cousine d’un de mes gardiens de prison, a découvert ma maladie quand je travaillais pour elle. Elle m’a expliqué que, si un malade mental tue quelqu’un, sa peine est différente.

    « Xiao Liu, je ne suis pas cultivée, et ma mère ne l’était pas non plus. Elle pensait que j’étais simplement possédée. Elle continuait à acheter ces cendres de talismans* à mélanger dans de l’eau, refusant de dire à quiconque ce qui se passait. Mais toi, tu savais. Toi seul. Je m’en souviens, Xiao Liu. Toi seul. »

    « Quand nous nous aimions, tu m’avais promis d’apprendre la médecine pour guérir ma ’maladie’. Tu savais que c’était une maladie  ! Tu savais tout, mais tu n’as rien dit  ! Tu n’es même jamais revenu me voir pendant ces dix années  ! Alors, j’ai passé un coup de fil en prétendant être un vieil habitant du quartier. Je t’ai dit que l’ancienne maison allait être démolie, et là bizarrement, tu es immédiatement revenu…  »

    « Je pensais que tu étais morte ! » sanglota Liu An’an.

    La femme ne répondit pas. D’un geste brusque, elle ouvrit la portière du taxi, saisit Liu An’an avec une force surnaturelle et la tira dehors, ignorant ses pleurs désespérés. La pluie battante les engloutit aussitôt, glaciale et tranchante, chaque goutte semblant être une lame pénétrant leur peau.

    « Laisse-moi ! Arrête ! » cria Liu An’an, sa voix se mêlant au rugissement de la tempête. Mais la femme ne s’arrêta pas. Ses doigts s’accrochèrent aux bras frêles de Liu An’an, à ses cheveux trempés, et elle la traîna sans relâche vers l’usine, son visage inexpressif, presque mécanique.

    Elle parlait, ou plutôt, quelque chose parlait à travers elle. Des mots s’échappaient de sa bouche, des phrases disjointes, répétées comme une incantation. Mais ce n’était pas elle qui parlait—non, les mots semblaient venir d’ailleurs. Ils jaillissaient de ses lèvres comme du sang d’une blessure béante, comme une confession arrachée à son être par une force invisible.

    « Je n’ai pas arrêtee de réfléchir…  » la femme reprit, sa voix tremblante de rage. « Quand j’étais là-dedans, je n’ai jamais douté que j’étais la meurtrière, parce que tu étais malnutrie, complètement sous-alimentée. À 17 ans, tu faisais à peine 1m55, alors que ma mère faisait 1m70 ! Tu étais tellement maigre et frêle, alors comment aurais-tu pu l’étrangler à mort ? Même si elle était ivre, c’était impossible ! Jusqu’à ce que je me souvienne d’un putain de détail, un truc essentiel. »

    « L’affaire de la scie… Tout le monde disait que je l’avais tuée et que j’avais voulu détruire son corps avec les machines, et que c’est pour ça que le cadavre s’était coincé dans les mécanismes. Comme je me suis rendue, il n’y a pas eu d’enquête approfondie sur l’affaire. » Elle rit, mais c’était un rire amer, dénué de toute joie. « Mais pour une raison quelconque, j’ai soudainement voulu demander : est-ce que ça s’est vraiment passé ainsi ? »

    Xiao Liu aidait sa mère adoptive à l’usine. Elle était exténuée, car le travail était épuisant et extrêmement difficile pour elle. Tout ce qu’elle voulait, c’était réussir le gaokao et quitter cet endroit. Mais cette vieille femme, qui l’avait maltraitée depuis son enfance, la forçait à travailler sans relâche, de jour comme de nuit. Pire encore, le mari de cette vieille femme était son ennemi juré, l’homme responsable de la mort de son père. Cette injustice n’avait fait qu’attiser la haine de Xiao Liu envers cette femme.

    Ce jour-là, à midi, la vieille femme avait trop bu pendant son travail. Ivre, elle n’avait cessé d’insulter Xiao Liu, trouvant toujours de nouvelles façons de la rabaisser. Sa fille, mentalement instable, était venue lui rendre visite et avait soudainement perdu le contrôle, sombrant dans une crise où la réalité lui échappait. Cela n’avait fait qu’intensifier les insultes de la vieille femme envers Xiao Liu, jusqu’à lui souhaiter la mort dans un accès de colère.

    Mais dans son état d’ébriété et de distraction, la vieille femme avait commis une erreur fatale : son bras s’était pris dans une machine. Elle luttait désespérément, terrifiée, ses cris résonnant dans l’usine. C’est à ce moment-là que la haine et la rage de Xiao Liu éclatèrent. Saisissant une scie à corde à proximité, elle agissait comme poussée par une force irrépressible. Avec le bras de la vieille femme coincé dans la machine, elle était sans défense. Xiao Liu l’avait alors étranglée de ses mains frêles, mettant fin à ses hurlements.

    La vieille femme n’avait pas été tuée par la machine, mais après s’y être retrouvée piégée. Xiao Liu, consciente de l’instabilité mentale de la fille de la vieille femme, avait compris que cette dernière ne pourrait pas se souvenir de ce qui s’était passé lorsqu’elle retrouverait ses esprits. C’est alors qu’une idée lui vint…

    La seule chose qui aurait pu prouver la vérité, c’était un détail, infime mais crucial : la taille des marques d’étranglement. Si la fille lunatique avait commis le meurtre, étant plus grande que la vieille femme, les marques sur son cou auraient été inclinées vers le haut. Mais Xiao Liu, plus petite, aurait laissé des marques inclinées vers le bas.

    Malheureusement… Après tout ce temps, il ne restait aucune preuve tangible.

    La voix de la femme se brisa en un murmure froid, chargé d’une tension insoutenable.

    « Alors, Xiao Liu, j’ai une seule question à te poser. Une seule. »

    Elle s’approcha lentement, chaque pas alourdissant l’atmosphère. Ses yeux semblaient transpercer l’âme de Xiao Liu.

    « Dis-moi… Les marques d’étranglement…  » Elle fit une pause, laissant les mots s’imprégner comme un poison. « … Étaient-elles inclinées vers le haut ou vers le bas ? »


    Il y a deux fins. « En haut » ou « En bas »

    Yi Shan Gou Yue

    (Note de Ruyi : À toi maintenant de faire ton choix, mets en commentaire celui que tu as choisi ⁓)


    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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