Chapitre 01
par Ruyi ♡Le deuxième semestre universitaire est sur le point de commencer. Il ne reste que quelques jours de pseudo-« vacances » pour reprendre un rythme normal. Mais honnêtement, c’est loin d’être gagné…
— Aleksey ? T’es où ?
— J’arrive, je suis encore en route.
— Tu te fiches de moi ? On avait dit début d’après-midi.
— Oui, je sais. J’arrive, je suis là dans une minute. Je te vois, là.
Aleksey se gare un peu plus loin, près du trottoir. Je le rejoins devant sa voiture, et nous commençons à marcher dans la rue commerçante.
— Tu es toujours avec Julia ? Demande Aleksey en jetant un regard rapide sur une paire de chaussures avant de la reposer.
— Oui… Je t’en ai parlé hier.
Je soupire. Rien que prononcer son nom me pèse.
— Elle devait venir ce soir, mais elle a annulé. Apparemment, elle préfère sortir avec ses copines. Une soirée entre filles, j’imagine.
— Elles savent toujours pas que vous êtes ensemble ? Demande-t-il en fronçant les sourcils, incrédule.
— Non… Enfin, je crois pas. Personne ne pose la question, alors pourquoi en parler ? Ce n’est pas si important.
Malgré mes mots, un pincement au cœur m’agace. Aleksey me lance un regard chargé de reproches.
— Sérieusement, Ji ? Tu trouves ça normal ? Elle veut vivre avec toi, mais elle cache votre relation ?
Je hausse les épaules, tentant de minimiser.
— C’est compliqué. Ses parents sont toujours sur son dos, et avec ses amies… Je sais pas, elle a sûrement ses raisons.
— Des raisons ? Tu parles ! Si elle t’aimait vraiment, pourquoi elle jouerait à ce double jeu ?
Son ton est cinglant, mais il n’a pas tort. Julia… Elle est insaisissable. Parfois, elle semble m’aimer sincèrement, et d’autres fois, elle me laisse seul face à cette relation.
— Je l’aime, Aleksey. Voilà. Je suis amoureux.
Il soupire profondément, secouant la tête.
— Et elle, elle te le montre ? Quand t’écris une chanson, est-ce qu’elle te félicite ? Quand tu bosses sur un projet, est-ce qu’elle te soutient ?
Je reste silencieux, évitant son regard.
— Pas vraiment… Murmurai-je enfin.
— Jiwoon, c’est pas ça, l’amour. Faire des efforts, c’est bien. Mais se laisser marcher dessus, c’est autre chose.
Ses mots résonnent dans ma tête alors que nous quittons le magasin. Julia ne me félicite jamais pour mes chansons. Elle n’est jamais là quand j’ai besoin d’elle. Pourtant, je m’accroche à cette image d’elle : son sourire angélique, ces moments où elle semble sincère.
Mais Aleksey a raison. Personne ne sait qu’on est ensemble. Qui cacherait ça à ses amis ?
— Je comptais lui offrir des fleurs et la chercher ce soir. Mais c’est mort. Elle va bientôt vivre avec moi, vu que ça ne va pas avec ses parents.
Aleksey me jette un regard abasourdi.
— Tu vas vivre avec ? Sérieusement ? Elle te cache, te traite comme un bouche-trou, et toi, tu veux vivre avec elle ?
Je me fige, mal à l’aise. Il continue sans me laisser le temps de répondre.
— Réfléchis, Ji. Elle profite de toi. Elle t’utilise. Si elle t’aimait, elle ne jouerait pas à ce petit jeu.
Je tente de protester, mais sa voix me coupe.
— Et toi ? Tu l’aimes tellement que tu t’aveugles ! Regarde la réalité en face : est-ce qu’elle te soutient ? Est-ce qu’elle t’apporte quelque chose, ou c’est toi qui fais tous les efforts ?
Je baisse la tête, incapable de répondre.
— Et elle ? Elle prend soin de toi peut-être ? Insiste Aleksey en replaçant une paire de chaussures avant de planter son regard dans le mien. Ok, dans les « bases », c’est à l’homme de faire des efforts. Mais il y a une limite : entre faire des efforts et se laisser marcher dessus, il n’y a qu’un rideau très fin.
— Oui, souvent… Je sais qu’il ne faut pas se laisser marcher dessus, mais tu comprends que je l’aime ?
— Ok, et alors ? Elle te demande de tes nouvelles ? Est-ce qu’elle te félicite quand tu termines une nouvelle chanson ? Est-ce qu’elle te soutient dans tes projets ?
— Ou… Non, pas vraiment.
Il me regarde, ses yeux reflétant un mélange de déception et de lucidité.
— Tu es vraiment tombé dans le panneau. Vraiment, Jiwoon… Rends-toi à l’évidence : c’est pas une fille pour toi, elle n’est pas commode.
— Oui, je vais y réfléchir. Mais je suis tombé amoureux d’elle. Pour une fois, j’aime quelqu’un de cette manière.
Mon cœur se serre, comme si une aiguille le perçait doucement. Cette sensation que je ressens quand je pense à elle, c’est inexplicable. Ces papillons dans le ventre… Ses cheveux d’ange et son sourire suffisent à me faire craquer à chaque fois.
Aleksey continue de me scruter, avec ce regard perçant qui semble tout comprendre avant moi. C’est frustrant, parce qu’il a souvent raison.
— Bref, cette année, ça va aller ? Demande-t-il. C’est ta dernière année, accroche-toi. Tu sais que tu devras bosser sur un projet en équipe. Ensuite, les « markets » évalueront les projets pour voir lesquels ont du potentiel. C’est là que tout se joue.
Je hoche la tête. Ce qu’il me dit, je le sais déjà. Aleksey a vécu cette étape avec Julia, qu’il ne supportait pas. Peut-être qu’il insiste autant pour m’avertir parce qu’il a vécu une expérience difficile avec elle.
Il n’a jamais vraiment aimé Julia. Dès qu’il a vu comment elle agissait, il me mettait en garde : « Elle profite des gens. » C’est aussi lui qui nous a présentés, mais il n’a jamais arrêté de me répéter qu’elle jouait un jeu.
On va chercher quelque chose à boire pour conclure la journée. Aleksey commence bientôt son travail en télécommunications.
— Les cours, c’est bientôt fini pour toi, Ji.
— Oui, il va falloir que je m’accroche pour terminer, même si je sens le stress monter.
— Attends de commencer à bosser, c’est encore pire ! Dit-il en riant tout en me tapant l’épaule.
— On va dire bonjour à mes parents ?
— Justement, j’allais te proposer la même chose.
On prend la route pour rejoindre mes parents, qui habitent dans la ville voisine. Aleksey est presque un membre de la famille, il vient toujours avec moi.
Il ne peut pas s’empêcher de jouer les malins en voiture, collant les autres véhicules juste pour s’amuser. Je lui ai déjà dit d’arrêter, qu’un jour quelqu’un descendait pour lui casser la figure. Il rigole moins quand mes parents le réprimandent, ce qui me fait toujours rire.
Arrivés chez mes parents, une certaine nostalgie flotte dans l’air. Aleksey entame une conversation avec ma mère pendant que mon père quitte la pièce.
— Ji est avec une fille qui l’ignore, lance Aleksey, sans détour.
Ma mère lève les yeux au ciel.
— Je le savais déjà, Alek. Ce n’est pas faute d’en avoir discuté avec lui, répond-elle calmement.
Mais elle sait aussi que je n’écoute jamais jusqu’au bout. Et chaque fois, je finis par admettre qu’elle avait raison. Encore une fois, elle le sera sûrement.
Pour la première fois, je me demandais si aimer quelqu’un suffisait à tout justifier.
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Auteur • Aura Meher ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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