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    De retour chez elle, Shen Ningxin plaça le coquillage à l’endroit le plus visible de son meuble télé.

    Même s’il était franchement laid, c’était un cadeau de sa supérieure. Elle se devait donc de le conserver précieusement.

    En repensant au ton maladroit qu’avait employé Qiu Yibai dans leurs échanges sur WeChat, Shen Ningxin ne put s’empêcher de rire.

    Mais une chose continuait de la troubler : pourquoi Qiu Yibai lui avait-elle donné cette carte sans aucune raison apparente ?

    Juste pour la remercier de l’avoir aidée à trier des dossiers pendant à peine une dizaine de minutes ?

    Ce serait un peu exagéré, non ?

    En attendant debout devant le micro-ondes que son plat chauffe, Shen Ningxin réfléchit longuement, mais ne comprit toujours pas.

    Tant pis. Je finirai bien par le savoir un jour.

    Sur cette pensée, elle mangea rapidement, fredonna une chanson en allant prendre une douche, puis alla se pelotonner confortablement dans son lit.

    Blottie sous une couette douce et parfumée, elle sentit toute la fatigue accumulée durant la journée s’évaporer.

    Elle s’étira paresseusement, attrapa le gros nounours posé à côté d’elle, puis rouvrit son téléphone pour consulter le groupe de discussion et se renseigner sur le système de vote.

    Elle n’avait pas pour habitude d’aller sur Weibo*, et avait même téléchargé l’application spécialement pour voter. Elle avait dû créer un tout nouveau compte pour l’occasion.

    Elle cliqua sur le lien que Jiang Yue avait envoyé, utilisa tous ses votes, puis quitta l’interface. Elle fit défiler l’écran sans trop réfléchir avant de cliquer sur sa propre page d’accueil.

    Weibo l’avait obligée à suivre plusieurs comptes, si bien que sa liste de suivis était remplie de visages qu’elle ne connaissait pas du tout.

    Shen Ningxin avait un petit côté maniaque, alors elle les effaça un à un du bout du doigt. Mais dès qu’elle retourna en arrière, Weibo se remit à l’œuvre en lui suggérant de vérifier lesquels de ses contacts utilisaient également la plateforme.

    « C’est bourré de ruses, » marmonna-t-elle, mais elle cliqua quand même.

    Et en effet, elle découvrit qu’un bon nombre de ses connaissances avaient un compte.

    La majorité étaient d’anciens camarades de classe, qui utilisaient Weibo principalement pour suivre des célébrités ou partager leur quotidien. Le reste était constitué de ses nouveaux collègues.

    Elle faisait défiler, un peu curieuse.

    Puis… en descendant, un nom familier attira son attention —

    Qiu Yibai.

    Notre chère présidente Qiu utilise aussi Weibo ?!

    Shen Ningxin en resta bouche bée et cliqua aussitôt sur son profil, curieuse de découvrir ce que Qiu Yibai faisait sur cette plateforme.

    La page de profil s’ouvrit, affichant le logo bien connu de KeRui et ses habituelles publicités. C’était exactement ce qu’elle avait déjà vu dans ses Moments WeChat*.

    « … »

    Donc elle se sert vraiment de Weibo comme d’un second fil d’actualités perso…

    Shen Ningxin resta silencieuse un instant, avant de se mettre à rire si fort qu’elle en trembla.

    Le compte de Qiu Yibai était tristement vide. Elle avait à peine quelques abonnés, et en consultant la liste, Shen Ningxin constata que c’étaient tous des faux comptes. Personne ne likait ses publications.

    Mais alors pourquoi continuait-elle à poster des pubs avec autant d’acharnement ?

    Alors qu’elle s’interrogeait, une publication attira soudain son attention : un like s’affichait en bas à droite.

    Intriguée, Shen Ningxin cliqua sur le profil de la personne qui avait liké.

    L’avatar représentait un chiot aux longues oreilles, aux yeux bleus brillants et au petit sourire attendrissant. C’était un personnage d’un dessin animé qui était très populaire en ce moment, et il ressemblait trait pour trait au porte-clé accroché à son sac.

    Elle l’avait tiré d’une machine à surprises dans un magasin de jouets. Elle l’avait trouvé mignon, alors elle l’avait accroché sans réfléchir. Elle ne s’attendait pas à le revoir ici.

    Le destin, sans doute.

    Elle hocha doucement la tête et reprit sa lecture. Très vite, elle comprit que le propriétaire de ce compte Weibo était une véritable petite pleurnicheuse. Tout en parcourant la page, elle constata que le mot « pleurer » et le symbole « QAQ » revenaient très souvent.

    « J’ai fait vingt kilomètres pour goûter un dessert célèbre sur Internet, mais il y avait trop de monde, alors je n’ai rien eu. J’ai envie de pleurer QAQ. »

    « J’ai éternué alors que je buvais mon café, et il s’est renversé sur moi. Je suis triste, je vais pleurer. »

    « Alors que j’étais en déplacement, je suis aussi allée faire de la randonnée. Je suis tombée et je me suis blessée à la jambe. J’ai eu mal pendant des jours. J’en pleure encore QAQ. »

    « J’ai surpris une collègue en train de parler dans mon dos. Je suis dégoûtée. J’ai officiellement pleuré. »

    « Officiellement pleuré », vraiment ?

    À force de lire, Shen Ningxin en oublia presque la signification du mot « pleurer ».

    La présidente Qiu a une amie aussi sensible que ça ?

    À force de lire, Shen Ningxin en oublia presque la signification du mot « pleurer ».

    Elle inclina la tête, essayant de s’imaginer la personne, sans y parvenir.

    En continuant de faire défiler la page, elle tomba sur une photo prise selon un angle étrange — un selfie maladroit, clairement pris par une main peu habituée.

    En arrière-plan, une montagne entourée d’arbres aux formes étranges.

    La personne posait devant le plus gros arbre, le visage illuminé d’un sourire discret, la main gauche levée pour former un V.

    Et soudain, Shen Ningxin se redressa d’un bond dans son lit.


    Il était presque dix heures, l’heure à laquelle Shen Ningxin allait habituellement se coucher les jours de semaine.

    Même les grands-pères et grandes-mères qui dansaient sur la place avaient déjà rangé leurs affaires et s’apprêtaient à rentrer chez eux. Dehors, c’était étonnamment calme.

    Mais Shen Ningxin, elle, n’arrivait tout simplement pas à dormir.

    Elle avait encore du mal à croire ce qu’elle venait de découvrir.

    La personne sur le selfie, c’était clairement Qiu Yibai.

    En y réfléchissant un peu, c’était évident que les Xiao Wang, Xiao Yang et Xiao Han mentionnés sur son Weibo faisaient référence à Wang Xi, l’assistante Han et les autres collègues.

    Même la localisation indiquée dans la toute première publication en haut de la page correspondait parfaitement à l’endroit où Qiu Yibai était partie en voyage d’affaires la dernière fois.

    Avec toutes ces coïncidences alignées les unes après les autres, il ne faisait plus aucun doute dans l’esprit de Shen Ningxin : la propriétaire de ce compte, c’était bien Qiu Yibai.

    Donc, cette Qiu Yibai toujours aussi sévère et autoritaire… était en réalité une petite pleurnicheuse ?

    « … »

    Une révélation. Une grande surprise bien que inattendue.

    Le cerveau de Shen Ningxin se figea un instant, ses pensées s’éparpillant dans tous les sens avant que le regard meurtrier habituel de Qiu Yibai ne lui revienne en tête.

    Ce regard… c’était exactement comme un tigre adulte, crocs à l’air et griffes sorties.

    Ça n’avait rien à voir avec une pleurnicheuse.

    Shen Ningxin resta pétrifiée, et en glissant distraitement le doigt sur l’écran, elle retourna accidentellement à la page d’accueil de son téléphone.

    En cliquant de nouveau pour revenir sur Weibo, elle découvrit soudain que la petite pleurnicheuse avait posté une nouvelle publication —

    « Aujourd’hui, une collègue s’est inquiétée de savoir si je mangeais bien. Comme elle s’est bien comportée dernièrement, je lui ai offert une carte. Je suis un tout petit peu contente. »

    « … »


    Quand elle se réveilla le matin, les cernes sous ses yeux étaient très visibles.

    Et ce n’était guère surprenant : elle n’avait quasiment pas fermé l’œil de la nuit. Chaque fois qu’elle fermait les yeux, elle voyait défiler les images terrifiantes de Qiu Yibai et ses publications pleines d’emojis sur Weibo.

    Elle avait fini par s’endormir après une longue lutte, mais à peine avait-elle sombré que le réveil s’était mis à sonner.

    Elle poussa un soupir, attrapa son anti-cernes sur la coiffeuse pour masquer la fatigue, puis se maquilla légèrement dans l’espoir de paraître un peu plus fraîche.

    En regardant de nouveau l’heure, elle réalisa qu’elle allait être en retard au travail.

    Trop juste pour cuisiner quoi que ce soit. Elle enfila en hâte son manteau, attrapa son sac à dos et descendit acheter de quoi déjeuner. En passant devant la boutique de desserts d’à côté, elle vit qu’il faisait des réductions, elle en profita pour aussi s’acheter quelques petits choux à la crème.

    Pile à ce moment-là, le bus arriva tranquillement.

    Elle était un peu tendue tout le long du trajet, mais heureusement, la circulation était plus fluide que d’habitude. Le bus roula en cahotant un moment, puis la déposa sans encombre devant l’entreprise.

    Il lui restait une minute avant d’être en retard.

    Shen Ningxin se dépêcha de badger, puis alla s’asseoir à son poste. Son souffle affolé mit un moment à se calmer.

    « Pourquoi tu es aussi pressée ? » murmura Pei Qing derrière elle, sur un ton qui se voulait moqueur, mais où perçait un brin de sarcasme. « On aurait dit que tu avais un fantôme à tes trousses. »

    À peine eut-elle fini de parler que Qiu Yibai entra dans le bureau. Son regard balaya la pièce, avant que ses yeux froids s’arrêtèrent une seconde dans leur direction.

    « … »

    Pei Qing ne s’attendait probablement pas à ce que sa remarque tombe aussi juste. Interdite, elle baissa aussitôt la tête, attrapa le téléphone fixe et se mit à appeler l’usine pour superviser le travail, histoire de faire croire qu’elle était très occupée.

    C’était gênant, vraiment très gênant.

    Shen Ningxin toussota discrètement, puis alluma son ordinateur pour commencer à travailler. À peine avait-elle posé la main sur la souris qu’un « Hmph » glacial venir d’en diagonale au-dessus d’elle.

    Elle leva les yeux, juste à temps pour voir Qiu Yibai retourner dans son bureau. Elle jeta son sac sur la table et tira sa chaise dans un grand bruit, les sourcils froncés, visiblement de mauvaise humeur.

    On aurait dit… un petit aperçu de la pleurnicheuse fière qu’elle avait aperçue sur Weibo la veille.

    La matinée passa sans incident.

    Zhao Jie était revenue de vacances, pleine d’énergie. Et comme elle avait clairement donné trop de travail à Shen Ningxin la veille, elle était un peu gênée à l’idée de lui en redemander autant aujourd’hui.

    Elle se contenta donc de lui demander de trier les bons de livraison du mois à envoyer au service financier, et prit tout le reste en charge.

    Voyant qu’elle n’avait pas grand-chose à faire, Shen Ningxin en profita pour manger son petit-déjeuner.

    Même si la Présidente Qiu se montrait stricte sur le plan professionnel, elle n’interdisait jamais à ses employés de grignoter. Après tout, le travail demandait de l’énergie, et il était naturel de faire quelques pauses pour recharger leurs batteries.

    Une fois son repas terminé, Shen Ningxin sortit les petits choux qu’elle avait achetés le matin et les partagea avec ses collègues.

    Même si elle venait juste d’arriver, comme elle était jolie, efficace dans son travail et toujours polie, elle était plutôt appréciée.

    Surtout par ses collègues masculins, qui lui adressaient de larges sourires dès qu’elle s’approchait, comme des fleurs qui s’épanouissent au soleil.

    Après avoir distribué les pâtisseries du côté gauche, elle se retourna vers la droite. Et c’est là qu’elle croisa un regard derrière une vitre au loin.

    Qiu Yibai la fixait d’un air glacial.

    Shen Ningxin sursauta, la boîte de pâtisseries manqua de lui glisser des mains.

    Avant, elle aurait forcément cru que Qiu Yibai était en colère, et serait vite retournée s’asseoir à son bureau pour faire mine de s’occuper.

    Mais cette fois, allez savoir pourquoi, elle eut l’impression de lire autre chose dans son regard.

    On aurait dit… qu’elle espérait que je lui en donne un, moi aussi ?

    Choquée par sa propre pensée, Shen Ningxin hésita, puis se décida à avancer dans sa direction.

    Elle poussa la porte vitrée finement travaillée, s’approcha de Qiu Yibai et s’arrêta juste devant elle. Un peu nerveuse, elle lui tendit timidement la boîte de pâtisseries.

    Elle esquissa aussi un petit sourire, incertain mais plein d’espoir, et demanda doucement :

    « Présidente Qiu, vous voulez en goûter un ? Ils sont… vraiment bons… »

    L’atmosphère était figée. Après un long moment, Qiu Yibai tendit brusquement la main.

    « Arrêtez de manger autant de cochonneries. »

    Même après avoir dis ça, elle en attrapa quand même un et le mit en bouche.

    Donc, elle avait vu juste.

    Ah… Le regard de la Présidente Qiu tout à l’heure, c’était vraiment juste sa façon à elle de dire qu’elle avait envie d’en manger un.


    Qiu YiBai : Aujourd’hui, j’ai interagi avec une subordonnée. J’ai ressenti… un tout petit peu de joie.

    image 14

    Petite spoiler : Qiu Yibai et Ningxin ont toutes les deux un passé à raconter ~

    Li QiuLang

    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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