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    L’après-midi s’était déroulée dans un tourbillon d’activités.

    Vers la fin de la journée, Shen Ningxin avait enfin terminé toutes les tâches que Zhao Jie lui avait confiées.

    Elle avait vérifié le formulaire, informé le service de documentation au sujet du certificat d’origine, supervisé le processus de déplacement de l’équipe de fret*…

    Ce n’était pas compliqué en soi, mais il fallait rester constamment vigilante, ce qui prenait du temps et réclamait une certaine patience. Impossible de relâcher la pression une seule seconde.

    Ce genre de travail convenait effectivement à une débutante comme elle. De toute évidence, Zhao Jie en avait tenu compte en répartissant les tâches.

    Shen Ningxin poussa un soupir, tapa les derniers mots sur l’écran de discussion, et elle sentit soudainement une vague de soulagement l’envahir.

    « Tu veux un morceau de chocolat ? » Voyant qu’elle avait arrêté de travailler, Pei Qing, qui n’avait rien fait de la journée, se pencha vers elle et glissa un morceau de chocolat dans sa main. « Cela fait un bon moment que tu travailles, repose-toi un peu. »

    « Merci. » Voyant qu’elle insistait, Shen Ningxin n’opposa pas de refus et accepta d’un hochement de tête.

    « C’est fatigant, non ? » Pei Qing sourit en la regardant. « Cela dit, si Zhao Jie savait déjà qu’elle ne viendrait pas aujourd’hui, elle aurait dû tout terminer hier. Au lieu de ça, elle a préféré te laisser le reste. »

    « Quand on a du réseau, on peut vraiment faire ce qu’on veut… »

    Même si sa voix était basse, l’intention derrière ses mots était on ne peut plus claire.

    Elle parlait dans le dos de quelqu’un… et attendait manifestement une réaction.

    Shen Ningxin leva les yeux et, comme elle s’y attendait, aperçut dans le regard de Pei Qing une lueur d’attente, comme si elle espérait qu’elle poserait des questions sur ce fameux « réseau » dont elle parlait.

    Bon sang, qu’est-ce qu’elle me veut, celle-là.

    Shen Ningxin marqua une pause, puis mis le reste du chocolat en bouche, puis esquissa un léger sourire.

    « Ce n’est pas bien grave, » dit-elle. « Je suis nouvelle, c’est normal qu’e je sois formée’on me forme davantage. »

    Pei Qing ne s’attendait visiblement pas à cette réponse. Un peu prise de court, elle lâcha un rire embarrassé : « C’est vrai, haha. »

    « Mais quand même, fais attention à ne pas trop te fatiguer, parce qu’il n’y aura personne pour t’écouter pleurer, tu sais. »

    Son ton gardait la même pointe d’ironie qu’avant.

    Shen Ningxin ne se donna même pas la peine de répondre à ce sous-entendu et se contenta d’un léger « Merci pour le chocolat », puis se retourna sans attendre davantage.

    Peu après, elle entendit un petit « tsk » agacé dans son dos.

    Pei Qing, vexée de s’être pris un mur, leva les yeux au ciel et retourna bavarder avec d’autres collègues.

    Shen Ningxin capta quelques bribes de conversation. Apparemment, elles parlaient de quelqu’un du service du commerce intérieur. Elle secoua la tête, un peu exaspérée.

    Il restait une dizaine de minutes avant la fin de la journée. Shen Ningxin, qui avait terminé son travail, s’installa confortablement dans son fauteuil en s’y adossant et consulta son téléphone pour voir ce que Meng Yao et les autres avaient prévu pour la soirée.

    Contrairement à elle, ses meilleures amies étaient toutes issues de familles aisées. Leur quotidien se résumait à dormir, voyager, encore voyager, manger, et encore manger.

    Dernièrement, elles s’étaient découvert une nouvelle passion : courir après des jeunes filles.

    Dès que Shen Ningxin ouvrit le groupe de discussion, elle vit que Jiang Yue avait envoyé une série de points d’exclamation, suivie de captures d’écran expliquant les étapes à suivre pour voter en ligne, et leur demandait de soutenir son idole préférée.

    Shen Ningxin répondit rapidement qu’elle s’en occuperait une fois rentrée chez elle.

    Jiang Yue envoya un petit emoji « OK », puis se remit à faire de la promo auprès de Meng Yao et des autres. Le groupe était animé, bruyant, mais chaleureux.

    Shen Ningxin sourit en regardant l’écran, puis retourna à l’accueil de l’application, curieuse de voir s’il y avait d’autres messages.

    Et c’est là qu’elle tomba de nouveau sur le nom de Qiu Yibai.

    Quand elle avait ajouté Qiu Yibai plus tôt dans l’après-midi, elle avait changé son pseudonyme. Sur le moment, elle n’avait rien ressenti de particulier, mais là, en le voyant apparaître à l’écran, son cœur manqua un battement sans qu’elle sache pourquoi.

    Elle ouvrit machinalement son profil et fixa un moment son compte WeChat.

    Ce numéro… ça doit être celui de Qiu Yibai.

    Elle resta silencieuse un instant, puis ouvrit ses contacts, tapa une série de chiffres, et ajouta son nom.

    En relevant les yeux, elle constata qu’il était justement l’heure de quitter le travail.

    « On y va ! » Le bureau s’anima de nouveau. Tout le monde badgea pour partir et se précipita vers l’ascenseur.

    Shen Ningxin fut un peu lente à réagir, et lorsqu’elle arriva, la première vague de collègues était déjà descendue.

    Leur bureau se trouvait à un étage intermédiaire du bâtiment. Descendre à pied ne lui aurait pas pris plus de temps, mais elle était vraiment épuisée aujourd’hui. L’idée même de prendre l’escalier ne la tenta pas.

    Elle bavarda un peu avec ses collègues en attendant, et l’ascenseur revint rapidement à leur étage.

    Quand les portes s’ouvrirent, quelqu’un s’y trouvait déjà.

    Costume familier, visage familier, même parfum discret qu’elle connaissait bien.

    C’est encore Qiu Yibai !

    Shen Ningxin faillit en perdre son souffle.

    À ce rythme, l’ascenseur va devenir leur point de rendez-vous…

    Qiu Yibai tenait plusieurs dossiers dans les bras. Elle devait revenir d’un déplacement professionnel, visiblement pour faire des heures sup’.

    Cette fois, Shen Ningxin, qui avait retenu la leçon, agrippa aussitôt le bras de sa collègue et lança un salut collectif :

    « Bonjour, Présidente Qiu ! »

    « En. » Qiu Yibai hocha la tête, son regard glissant sur le visage de Shen Ningxin avant de s’y arrêter.

    « Shen Ningxin. »

    Se faire appeler ainsi par son nom surprit un instant Shen Ningxin, qui se mit aussitôt à se demander si elle avait fait une erreur qui aurait pu déplaire à sa supérieure.

    Mais Qiu Yibai n’avait pas l’air de vouloir la réprimander. Elle demanda simplement, d’un ton calme :
    « Vous avez quelque chose de prévu après le travail ? »

    Elle ne va quand même pas me demander de rester faire des heures sup’… ?

    Shen Ningxin toussota légèrement et s’apprêta à refuser, mais avant qu’elle n’ouvre la bouche, Qiu Yibai ajouta : « J’aurais juste besoin de quelques minutes de votre temps pour m’aider à trier des documents. »

    Vu la tournure, elle ne pouvait plus vraiment refuser. Shen Ningxin leva les yeux vers elle et acquiesça doucement.

    Elle n’était pas certaine, mais il lui sembla que le regard de Qiu Yibai s’était légèrement adouci… et que ses lèvres, d’ordinaire si fermées, s’étaient un peu détendues.

    « … »


    Qiu Yibai ne lui prit effectivement pas beaucoup de temps.

    En réalité, il n’y eut même pas de bavardage inutile. Elle se contenta de lui expliquer brièvement comment classer les documents, puis se dirigea vers la fenêtre pour passer un appel.

    L’été venait à peine de commencer, et les journées n’étaient pas encore très longues. Le soleil, suspendu au sommet des arbres, amorçait déjà sa descente, et ses rayons obliques traversaient la fenêtre pour se répandre dans la pièce.

    Ils baignaient Qiu Yibai d’une lumière douce, dessinant son ombre fine et élancée sur le sol.

    Il se dégageait d’elle une solitude difficile à nommer.

    Shen Ningxin avait terminé de trier les documents, mais voyant que Qiu Yibai n’avait toujours pas fini son appel, elle resta assise sans bouger, les yeux fixés sur son dos, l’esprit un peu ailleurs.

    Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle réalisa que Qiu Yibai n’était pas seulement belle. Sa voix aussi était incroyablement agréable. Claire comme une source de montagne, elle procurait un sentiment de sérénité rien qu’en l’écoutant en silence.

    À force d’écouter cette voix paisible, Shen Ningxin sentit peu à peu la fatigue l’envahir, et elle s’autorisa une petite sieste discrète sur sa chaise.

    Lorsqu’elle rouvrit les yeux, Qiu Yibai avait raccroché et se tenait debout devant elle, et la regardant fixement.

    « … »

    Ses yeux étaient magnifiques. Mais comme elle affichait toujours un air sévère au bureau, personne n’osait vraiment la regarder dans les yeux.

    Pourtant, cette fois, c’était différent. Cette froideur s’était dissipée, et une certaine douceur était revenue dans son regard.

    Inconsciemment, Shen Ningxin repensa à cette nuit-là, au supermarché.

    Elle resta un instant interdite. La somnolence s’était presque envolée, et ses joues s’empourprèrent brusquement.

    « J’ai terminé de classer les documents, » dit-elle. « Comme vous étiez encore au téléphone, je n’ai pas osé vous interrompre. »

    « En. » Qiu Yibai hocha légèrement la tête, sans rien ajouter. Elle prit les dossiers classés, les feuilleta un moment, puis déclara : « Pas mal. »

    Elle est… en train de me complimenter ?

    Shen Ningxin ouvrit de grands yeux, presque persuadée d’être encore en train de rêver.

    Ignorant totalement son trouble, Qiu Yibai reposa les documents, retourna s’asseoir à son bureau et ajouta, sans même lui adresser un regard :
    « C’est tout pour aujourd’hui. Vous pouvez rentrer. »

    « D’accord. » Shen Ningxin hocha la tête et s’empressa de rassembler ses affaires. « Au revoir, Présidente Qiu. »

    Elle n’avait pas encore fini de prononcer ces mots que Qiu Yibai sembla soudain se rappeler de quelque chose et lui fit signe d’approcher.

    Encore ?

    Shen Ningxin n’eut d’autre choix que de revenir docilement vers elle, se postant devant l’ordinateur en la regardant avec attention.

    « Vous vous intéressez aux Izakaya* ? » demanda soudainement Qiu Yibai.

    Hein ?

    Shen Ningxin resta un moment interdite, ses pensées se dispersèrent, puis elle se rappela soudain des photos de plats que Qiu Yibai lui avait envoyées à midi.

    Elle se souvenait qu’on pouvait voir, par hasard, le nom du restaurant sur une des photos : Izakaya.

    Shen Ningxin en resta sans voix.

    C’est quand même vous qui m’avez envoyé ces photos de votre propre chef…Comment se fait-il que ce soit moi, maintenant, qui sois censée m’y intéresser ?

    Mais elle ne fit que penser cela en silence. En surface, elle n’en laissa rien paraître et se contenta d’acquiescer avec un petit sourire poli :

    « Oui, un peu. »

    À peine avait-elle fini de répondre que Qiu Yibai sortit une petite boîte élégante et la posa sur la table.

    « C’est un souvenir qu’ils m’ont offert, » dit-elle très sérieusement. « Il ne me servirait à rien, alors je vous le donne. »

    En disant cela, elle ouvrit la boîte, révélant son contenu.

    C’était… un gros coquillage noir, brillant.


    La journée de travail venait tout juste de se terminer, et le bus était bondé.

    Shen Ningxin monta, se fraya un chemin parmi la foule, et trouva enfin un siège vide tout au fond. Elle put enfin respirer un peu.

    Elle ajusta légèrement le sac qu’elle portait, trouva une position confortable, puis sortit le coquillage de la boîte pour l’observer.

    Il était vraiment… affreux.

    Elle poussa un soupir et le retourna encore et encore dans sa main. Elle n’arrivait pas à croire qu’un tel objet ait pu être offert en guise de souvenir.

    Ce n’est pas possible… Qiu Yibai n’a quand même pas volontairement ramené ce coquillage après en l’avoir grillé, juste pour me faire une blague ?

    Elle pencha la tête, réfléchit un instant, puis rejeta bien vite cette idée.

    C’est la respectable présidente Qiu, tout de même. Comment pourrait-elle avoir le temps ou l’envie de faire ce genre de choses ?

    À moins que… ce coquillage ne cache vraiment quelque chose ?

    Désemparée, Shen Ningxin recommença à l’examiner sous tous les angles, mais ne découvrit rien d’exceptionnel.

    Alors qu’elle s’apprêtait à le remettre dans la boîte, une pensée lui traversa soudain l’esprit. Comme si un détail lui revenait.

    Elle inspira profondément, puis souleva prudemment la fine couche de mousse au fond de la boîte. Et en effet, comme elle s’y attendait, elle découvrit une carte VIP du restaurant Izakaya, glissée dans le compartiment du dessous.

    Un sentiment d’incrédulité l’envahit.

    Shen Ningxin ouvrit immédiatement WeChat pour confirmer avec Qiu Yibai si cette carte n’avait pas été oubliée là par erreur.

    Elle reçut rapidement une réponse.

    [ Ce n’était pas si bon que ça. Mais puisque ça vous intéresse, je vous la donne. ]

    [ Débarrassez-m’en. ]

    Donc… c’était bien pour moi. Mais pourquoi fallait-il que ce soit fait de cette façon ?

    Shen Ningxin répondit aussitôt : « Merci, Présidente », puis éteignit son téléphone. Elle resta assise là, l’air absent, fixant le coquillage noir.

    Alors, leur fameuse Présidente Qiu… serait en réalité quelqu’un de si maladroit ?


    Qiu YiBai : Je voulais que Shen Ningxin goûte un peu à mon petit bonheur.

    image 13

    En réalité, notre présidente Qiu est une tsundere un peu maladroite qui ne sait pas trop comment interagir avec les gens… Toutes ses attitudes froides et sévères ne sont qu’une façade. qwq

    Li QiuLang

    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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