Chapitre 02 – Donc… Vraiment… On est juste des inconnues ? ?
by Ruyi ♡L’atmosphère du bureau devint plus électrique que jamais.
Après avoir réprimandé Xiao Yang, Qiu YiBai souffla quelques instructions à voix basse à Wang Xi, puis se dirigea enfin vers son bureau. Sa silhouette élancée tranchait l’espace d’un pas net, ses cheveux noirs ondulant dans son sillage avec une élégance parfaite. Son aura dominait tout autour d’elle.
Quand elle arriva au niveau du poste de Shen NingXin, ses pas ralentirent imperceptiblement. Son regard glissa vers la jeune femme.
Ce même regard qui, quelques heures plus tôt, avait été doux comme une brise du matin, la traversa maintenant avec une froideur méthodique, presque clinique.
Sous cette attention glacée, Shen NingXin eut un sursaut. Elle baissa les yeux instinctivement vers son écran et parcourut une dernière fois le tableau qu’elle avait déjà vérifié à trois reprises. Aucune erreur. Rassurée, elle releva timidement les yeux.
Son visage s’orna d’un sourire hésitant, flottant entre politesse professionnelle et gêne muette.
Contre toute attente, ce fut Qiu YiBai qui rompit le silence.
Mais ses mots n’étaient pas pour elle.
« Pei Qing, dans mon bureau tout de suite. »
Sa voix claqua, sèche et nette.
« Tout de suite, madame ! » répondit vivement Pei Qing.
Qiu YiBai hocha légèrement la tête, satisfaite, et reprit sa marche sans accorder à Shen NingXin le moindre regard supplémentaire.
Elle… Elle ne m’a pas reconnue.
Shen NingXin était encore un peu sonnée. Après avoir pris un moment pour remettre de l’ordre dans ses pensées, elle confirma sans l’ombre d’un doute : Qiu YiBai était bel et bieN la femme qu’elle avait rencontrée ce matin. Pourtant… Quelle différence d’aura ! C’était comme si elle avait affaire à deux personnes totalement différentes.
Cela dit, le fait que la présidente ne l’ait pas reconnue n’avait rien d’étonnant. Leur rencontre n’avait duré qu’un instant, et Shen NingXin avait changé de coiffure entre-temps : elle portait ses cheveux détachés le matin, maintenant relevés proprement. Le contraste était suffisant pour troubler une mémoire même affûtée.
Elle hocha doucement la tête, cessa d’y penser et se replongea dans ses tâches.
Ainsi s’écoula tout son après-midi.
Tout en travaillant, elle entendit aussi Qiu YiBai réprimander à tour de bras.
Le département du commerce international était vaste, divisé en plusieurs sous-sections, dont le service des documents — une unité chargée de traiter les lettres de crédit étrangères et d’assurer la liaison avec les banques. Là, chaque chiffre comptait, chaque virgule avait son importance. La moindre erreur, fût-ce une lettre mal placée, pouvait compromettre tout un dossier.
Or, justement, une jeune employée de ce service, trop absorbée par une idylle naissante, s’était montrée négligente. Pressée de tout valider, elle avait sauté des étapes de vérification avant d’envoyer les documents à l’étranger. Résultat : trois points de non-conformité, découverts trop tard. La lettre de crédit avait failli être refusée.
Heureusement, Qiu YiBai, même en déplacement, avait l’habitude de scruter chaque échange de mail au sein de l’entreprise. Dès qu’elle avait perçu l’anomalie, elle avait pris les devants, contacté la banque et l’importateur, réglé les pénalités nécessaires et apaisé les relations commerciales. La transaction avait finalement pu aboutir, mais non sans dégâts : la confiance du client s’en était trouvée entamée. Et pour un département encore en croissance, une telle perte pouvait être catastrophique.
La jeune employée fut convoquée dans le bureau de Qiu YiBai, d’où elle ressortit un long moment plus tard, les yeux rougis. Plusieurs collègues lui lancèrent des regards compatissants — mais personne ne s’approcha pour la consoler.
La pression imposée par la présidente était trop écrasante.
Terrifiante.
Shen NingXin jeta un regard discret vers le bureau de Qiu YiBai avant de détourner les yeux.
Qiu. Très stricte. Perfectionniste. Un peu effrayante mais splendide. YiBai.
L’après-midi passa rapidement. À peine eut-elle badgé à la sortie que son téléphone sonna : c’était Meng Yao, qui lui proposait d’aller dîner ensemble.
« Pas ce soir. » répondit Shen NingXin en bâillant, tout en se frottant doucement les yeux. « Je suis un peu crevée aujourd’hui, j’ai envie de rentrer et dormir un peu. »
« Même s’il y a de jolies filles ? » relança Meng Yao.
« Non plus. » Shen NingXin secoua la tête.
De toute façon… Aussi jolies soient-elles, aucune n’arrive à la cheville de notre présidente.
Le bus s’arrêta alors à l’arrêt. Shen NingXin dit au revoir à Meng Yao, raccrocha rapidement et monta à bord.
À peine arrivée chez elle, elle se jeta sur son lit et dormit comme une pierre.
Quand elle rouvrit les yeux, il était déjà presque 19h.
Son estomac grogna de protestation. Elle courut se laver le visage dans la salle de bains, puis ouvrit le frigo pour chercher de quoi cuisiner.
En l’ouvrant, elle n’y trouva qu’un demi-carotte abandonné.
« … »
Elle se souvint alors qu’elle avait utilisé ses dernières provisions la veille pour préparer ce petit bentō raffiné.
Poussant un soupir résigné, elle enfila sa veste, attrapa son petit sac à dos et se prépara à descendre acheter à manger.
C’était l’heure de pointe, pile entre la fin des cours et la sortie du travail, et le supermarché débordait de monde. La file à la caisse était encore pire — Shen NingXin se sentit littéralement écrasée.
J’aurais dû dire oui à Meng Yao… pensa-t-elle avec amertume.
Alors qu’elle était en train de regretter sa décision, une silhouette familière s’approcha en face — et leurs regards se croisèrent pile au même moment.
Shen NingXin la reconnut immédiatement : c’était Qiu YiBai !
Son cœur accéléra légèrement. Elle se figea à l’entrée du supermarché, n’ayant même pas eu le temps d’ouvrir la bouche pour saluer, que les yeux de Qiu YiBai se posèrent déjà sur elle.
Ils glissèrent d’abord sur son visage, puis descendirent jusqu’au petit porte-clés en forme de chiot accroché à son sac.
Et elle sourit.
Ses traits, déjà naturellement doux, avaient été volontairement durcis par une attitude froide l’après-midi. Mais à cet instant, son sourire fit fondre toute la froideur, ne laissant place qu’à de la chaleur.
Ses lèvres rouges, ses dents blanches, la lumière qui dansait dans ses pupilles… Une beauté à couper le souffle.
Shen NingXin en oublia littéralement de respirer.
« Vous faites des courses ? » demanda doucement Qiu YiBai. « Vous n’avez pas encore dîné ? »
Elle l’avait reconnue.
« Non, pas encore. » répondit rapidement Shen NingXin.
« Évitez de manger trop de nouilles instantanées. » dit Qiu YiBai en baissant les yeux vers le paquet dans ses mains. « Ce n’est pas bon pour la santé. »
Elle se soucie de moi…
« D’accord, merci. » répondit Shen NingXin.
Elle resta plantée là, les yeux rivés sur la silhouette de Qiu YiBai qui s’éloignait, et un sourire léger se dessina inconsciemment sur ses lèvres.
Sous ses airs stricts, la présidente Qiu cache une étonnante douceur.
Toute la matinée s’écoula dans l’effervescence du travail.
À midi pile, dès que la pointeuse sonna, les collègues se dirigèrent en file indienne vers la cantine.
Se rappelant les conseils de Qiu YiBai de la veille, Shen NingXin jeta un regard à son sandwich dans son sac, puis se leva elle aussi pour rejoindre le flot.
En marchant, elle échangea quelques messages avec ses amies dans le chat du groupe. Lorsqu’elle releva enfin les yeux, la cantine était presque pleine.
Prise de panique, elle rangea rapidement son téléphone et se dépêcha de faire la queue pour le repas.
L’entreprise offrait d’excellents avantages, et la cantine n’échappait pas à la règle : la nourriture était savoureuse, variée, et les portions très généreuses. La viande, notamment, était servie en morceaux copieux.
« Quand je suis arrivée, je faisais même pas cinquante kilos », lui avait dit Wang Xi. « Maintenant, j’en fais soixante-quinze. »
Une bonne cuisine, ça fait des miracles.
Un sourire aux lèvres, Shen NingXin avança avec son plateau, scrutant la salle à la recherche d’une place.
Le service du commerce intérieur, bien plus nombreux que celui de l’export, occupait déjà la majeure partie de l’espace.
N’ayant rien trouvé à proximité, elle se mit sur la pointe des pieds et aperçut alors, un peu plus loin, une grande table de huit places… Presque vide.
Une seule personne y était assise.
Et pas n’importe qui : Qiu YiBai.
« … »
Selon Wang Xi, les cadres de ce rang prenaient toujours leurs repas dans une salle à part. Alors… Pourquoi était-elle là aujourd’hui ?
Shen NingXin hésita un instant. Mais en repensant au sourire doux de la veille, ses pas se dirigèrent inconsciemment vers la table.
Qiu YiBai revenait tout juste de l’usine ; elle portait l’uniforme bleu et blanc de KeRui, orné de l’inscription « Verre Perlé ». Une coupe banale, un tissu quelconque… Et pourtant, elle le portait avec une élégance rare.
Ses bras étaient pâles, sa taille fine – même cette tenue sans forme ne parvenait pas à masquer sa silhouette harmonieuse.
Arrivée à proximité, Shen NingXin remarqua le contenu de son plateau : juste quelques légumes sautés, un peu de tofu froid, et une petite boule de riz à peine plus gros qu’un poing fermé.
Elle baissa les yeux vers son propre plateau bien garni, et sentit ses joues s’empourprer légèrement.
Elle s’approcha à petits pas, se planta prudemment face à Qiu YiBai, et la salua avec un sourire franc. Ses yeux en amande se plissèrent doucement : « Présidente Qiu. »
Qiu YiBai suspendit un instant sa bouchée, leva calmement les yeux. Son regard limpide glissa sur le visage de Shen NingXin, sans laisser transparaître aucune émotion.
« Hmm. » répondit-elle simplement.
Puis elle baissa de nouveau la tête pour continuer son repas.
« … »
Euh… Et maintenant ?
Shen NingXin était complètement perdue.
Pourquoi l’attitude de Qiu YiBai avait-elle autant changé depuis la veille ? Son regard froid semblait ne voir en elle qu’une parfaite inconnue.
Elle est de mauvaise humeur ?
Les souvenirs de la veille, lorsque la présidente s’était emportée contre plusieurs personnes, lui revint à l’esprit. Elle eut un mouvement de recul, prête à détaler… Mais ses fesses s’étaient déjà posées d’elles-mêmes sur la chaise.
Plouf. Son cœur sombra en même temps qu’elle.
Une amertume muette lui serra la gorge. Incertaine, elle n’osa pas toucher à ses couverts. Après un long moment d’hésitation, elle poussa timidement son plateau en avant, et, esquissant un sourire un peu contraint, murmura :
« Présidente Qiu… Peut-être que… Vous aimeriez goûter un peu de mon pilon de poulet ? »
Qiu YiBai releva lentement la tête.
Sans répondre.
Un silence pesant s’installa.
Shen NingXin crut mourir de gêne.
Après une trentaine de secondes qui lui semblèrent une éternité, Qiu YiBai prit enfin la parole. Son regard, devenu plus profond, se fixa sur son visage :
« Votre badge est de travers. »
Shen NingXin resta figée, puis bafouilla des excuses en baissant la tête pour le redresser. Lorsqu’elle releva les yeux, Qiu YiBai s’était déjà levée.
Alors qu’elle passait près d’elle, elle marqua une brève pause. Son parfum — discret mais familier — flottait encore dans l’air.
« Vous avez déjà oublié ce que les profs vous ont appris à l’école ? » souffla-t-elle en fixant ses oreilles rougies par la honte.
« On n’accepte pas de nourriture venant d’inconnues. »
Puis elle s’éloigna, calme et impassible, laissant Shen NingXin seule à sa table, figée, le cœur en vrac.
Donc… Vraiment… On est juste des inconnues ? ?
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
L’auteur a quelque chose à dire :
Shen NingXin :

Le prochain chapitre sortira jeudi.
Li QiuLang
Merci à toutes celles et ceux qui ont lu ce chapitre, je suis trop heureuse~ Je vous envoie plein de bisous, haha, ensemble on va tout déchirer ! Allez, à très bientôt !
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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