Attention : Violence ! - Vous pouvez masquer le contenu sensible marqué ou avec la bascule dans le menu de formatage . S'il est fourni, le contenu alternatif sera affiché à la place.
Réincarnation
par RuyiCe chapitre vous est présenté par la Dragonfly S. :
• Traductrice : Ruyi
• Correctrice : Ruyi
Wei Wuxian ouvrit les yeux juste au moment où il reçut un coup.
Une voix lui hurla à l’oreille : « Arrête de faire le mort ! »
Le coup de pied le projeta en arrière et il tomba tête la première sur le sol. Luttant contre l’envie de vomir, une pensée lui traversa l’esprit : il faut avoir pas mal de courage pour me donner un coup de pied, moi, le Patriarche.
C’était la première fois depuis des années qu’il entendait une voix humaine, et encore moins un cri aussi fort et perçant. Sa tête lui tournait et ses oreilles bourdonnaient à cause des échos de cette voix : « À ton avis, c’est sur les terres de qui que tu vis ? » À qui appartient le riz que tu manges ? À qui est l’argent que tu dépenses, hein ? Je touche à tes affaires, et alors ? « Tout ce que tu possèdes devrait m’appartenir de toute façon ! »
Hormis cette voix juvénile et nasillarde, on entendait aussi le bruit des coffres qui étaient fouillés et des objets qui étaient jetés au sol et brisés. Tout doucement, sa vision s’est éclaircie.
Un plafond faiblement éclairé apparut devant lui, suivi d’une personne aux sourcils froncés, au teint maladif, qui lui postillonnait dessus : Comment oses-tu en parler à mes parents ? Tu pensais vraiment que quelqu’un dans cette maison allait t’écouter ? Tu croyais que j’avais peur de toi ! »
Des hommes costauds, semblables à des serviteurs, surgirent dans son champ de vision : « Jeune Maître, nous avons tout détruit ! »
Le jeune maître demanda : « Comment vous avez fait pour tout détruire aussi rapidement ? »
L’un d’entre eux lui répondit : « Il n’y avait pas grand-chose dans cette baraque de toute façon. »
Visiblement satisfait, le jeune maître appuya son doigt avec force sur le nez de Wei WuXian : « Tu as osé me dénoncer, et regarde-toi maintenant, étendu comme un mort sur le sol ! Et pour qui ? Comme si quelqu’un voulait vraiment de ce tas de déchets ! Maintenant que j’ai tout détruit, voyons comment tu vas me dénoncer à l’avenir ! Tu es fier de toi juste parce que tu as étudié la cultivation pendant quelques années ? Eh bien, ça fait quoi de se faire renvoyer chez soi à coups de pieds comme un vulgaire chien errant ? »
Wei WuXian pensa avec lassitude.
Je ne fais pas semblant d’être mort, puisque cela fait déjà quelques années que je le suis réellement. Qui est-ce ? Et où suis-je ? Quand ai-je fait quelque chose d’aussi immoral que de voler le corps d’un autre ?
Après avoir déchaîné toute sa colère et lui avoir donné plusieurs coups de pied, le jeune maître tourna les talons et sortit en trombe avec ses deux valets, claquant violemment la porte derrière lui. Puis il hurla ses ordres : « Surveillez-le bien. » Ne le laissez pas sortir ce mois-ci, sinon il va encore se ridiculiser ! »
Alors que le groupe s’éloignait, un silence tomba dans la pièce. Wei WuXian essaya de se relever.
Cependant, ses membres ne purent le soutenir, et il se laissa donc retomber. Il se tourna sur le côté et fixa, encore étourdi, l’environnement étrange et le désordre qui jonchait le sol.
Un miroir en bronze reposait sur le côté, probablement jeté au sol. Wei WuXian le saisit et se regarda dans le miroir, n’apercevant qu’un visage d’une pâleur cadavérique, avec deux taches rouges asymétriques de chaque côté de sa joue. Il ne manquait qu’une langue rouge sang, et il aurait ressemblé à un fantôme pendu. Il jeta le miroir sur le côté et s’essuya le visage, recouvrant ainsi sa main de poudre blanche.
Heureusement, le corps n’était pas né comme ça — c’était juste l’un des penchants du propriétaire. C’était sans aucun doute un homme, mais il était couvert de maquillage (mal appliqué, de surcroît). Ugh, c’était insupportable !
Après avoir récupéré un peu du choc, il finit par s’asseoir, remarquant le cercle* en dessous de lui.
(N/T : Une formation magique dessinée au sol pour lancer des sorts, entre autres.)
Le cercle était d’un rouge écarlate et avait une forme irrégulière, on aurait dit qu’il avait été dessiné à la main, avec du sang comme médium. Celui-ci était encore humide et dégageant une forte odeur. Il était rempli de griffonnages déformés d’incantations, quelque peu brouillés par son corps, mais il paraissait néanmoins macabre.
Après tout, Wei WuXian était connu comme le Suprême Leader et Grand Maître de la Cultivation Démoniaque. Il était donc tout à fait habitué à des cercles aussi vilains que celui-ci.
Il s’avéra en fait qu’il n’avait pas volé le corps d’un autre — on lui en avait offert un.
C’était une technique ancienne et interdite. Comparée à un cercle, cela ressemblait plus à une malédiction. Le lanceur du cercle s’inflige des blessures en se faisant des incisions sur le corps, et dessine le cercle tout en écrivant les incantations avec son propre sang, pour finir par s’asseoir au centre du cercle. Il peut alors invoquer un esprit extrêmement malveillant et lui demander d’accomplir son vœu. Le prix à payer est d’offrir son corps à l’esprit maléfique, afin que son âme se réincarne.
C’était une technique interdite, à l’opposé de celle du vol de corps — celle où l’on offrait son propre corps.
Comme elle exigeait un très grand sacrifice, peu de gens étaient assez courageux pour y recourir. Il était rare qu’un être vivant souhaite quelque chose au point de renoncer volontairement à tout ce qu’il possédait. En plusieurs milliers d’années, seuls trois ou quatre cas vérifiés et consignés dans l’histoire ont été rapportés. Sans exception, le désir de ces personnes était le même : la vengeance.
Wei WuXian refusa d’accepter la situation.
Pourquoi serait-il classé dans la catégorie des « esprits extrêmement maléfiques » ?
Bien que sa réputation ne soit pas brillante et qu’il soit mort d’une manière horrible, mais il n’avait ni l’intention de hanter les vivants, ni de se venger. Il pouvait jurer qu’on ne trouverait pas un autre fantôme errant aussi inoffensif que lui.
Le problème était qu’une fois que l’esprit maléfique a pris possession du corps du lanceur, le contrat est scellé par défaut. L’esprit maléfique doit exaucer son vœu, sinon la malédiction se retournera contre lui. L’esprit en possession du corps sera complètement anéanti, ne pouvant jamais renaître !
Wei WuXian leva les mains et découvrit, sans surprise, que ses poignets étaient zébrés de multiples coupures. Il défit sa ceinture, révélant sous ses vêtements noirs un torse et un ventre marqués de lacérations, comme si un outil tranchant les avait tailladés. Bien que le saignement ait cessé, il savait que ces blessures n’étaient pas ordinaires. Tant qu’il n’aurait pas exaucé le vœu du propriétaire du corps, les plaies ne pourraient guérir. Elles s’aggraveraient avec le temps, et si le délai venait à expirer, son âme et ce corps seraient détruits.
Wei WuXian eut beau retourner la situation dans sa tête plusieurs fois et se répéter à de multiples reprises en son for intérieur : « Comment cela peut-il m’arriver ? » Finalement, il parvint à se tenir droit, s’appuyant contre le mur.
Bien que la maison soit grande, elle était vide et délabrée, les draps et les couvertures semblaient ne pas avoir été changés depuis un bon moment. Dans un coin, il remarqua un panier en bambou, probablement destiné aux déchets, mais renversé, laissant des détritus éparpillés sur le sol. Wei WuXian balaya la pièce du regard et ramassa un bout de papier froissé. Il le déplia et fut surpris de le voir rempli de mots. Il se hâta de rassembler toutes les feuilles éparses.
Les mots sur le papier devaient être ceux du propriétaire de ce corps, écrits pour se défouler lorsqu’il était sous pression. Certaines phrases étaient incohérentes et désordonnées ; l’anxiété transparaissait dans l’écriture tourmentée. Wei WuXian examina chaque morceau et commença à remarquer que quelque chose n’allait pas.
Il émit quelques hypothèses et comprit peu à peu la situation.
Le propriétaire de ce corps s’appelait Mo XuanYu, et il se trouvait dans un village du nom de Mo.
Le grand-père de Mo XuanYu appartenait à une famille riche de la région. Sa famille était peu nombreuse et, malgré ses efforts, il n’eut que deux filles. Leurs noms n’étaient pas mentionnés, mais l’aînée, fille de son épouse principale, cherchait un mari, tandis que la cadette était la fille d’une servante. La famille Mo avait d’abord prévu de la marier rapidement pour s’en débarrasser, mais le destin en décida autrement. À l’âge de seize ans, le chef d’une célèbre famille de cultivateurs traversa la région et tomba éperdument amoureux d’elle au premier regard.
Tout le monde admire les cultivateurs. Aux yeux des gens ordinaires, les familles de cultivateurs sont bénies par les Dieux, mystérieuses, mais nobles. Au début, les habitants du village de Mo voyaient cette union d’un mauvais œil, mais grâce aux nombreuses aides du chef de la secte*, la famille Mo en tira de nombreux avantages. Ainsi, l’opinion générale changea, et la famille Mo en vint à se vanter de cet honneur, tandis que les autres les enviaient. La seconde dame de la famille Mo donna alors naissance à un fils pour le chef : Mo XuanYu.
(N/T : Le chef d’une organisation dédiée à la pratique de la cultivation.)
Tout le monde admire les cultivateurs. Aux yeux des gens ordinaires, les familles de cultivateurs sont perçues comme des élus de Dieu, mystérieux et nobles. Au début, les habitants du village de Mo regardaient cette histoire avec mépris, mais le chef de secte ayant souvent apporté son aide, la famille Mo en tira de nombreux avantages. Ainsi, l’opinion générale changea, et la famille Mo en vint à se vanter de cet honneur, tandis que les autres envoyaient des regards envieux. La cadette de la famille Mo donna naissance à un fils pour le chef de secte : Mo XuanYu.
Mais cela ne dura pas longtemps ; le chef de secte n’avait été attiré que par la nouveauté, et en quelques années, il se lassa de cette relation. Après les quatre ans de Mo XuanYu, son père ne revint plus.
Peu à peu, les opinions des habitants du village de Mo changèrent de nouveau. Le mépris originel refit surface, accompagné de pitié teintée de mépris.
La deuxième dame de la famille Mo ne voulait pas accepter cela ; elle restait convaincue que le chef de Secte ne resterait pas indifférent à son propre fils. Et, en effet, lorsque Mo XuanYu eut quatorze ans, le chef de secte le reprit avec lui.
La cadette de la famille Mo releva alors le menton avec fierté, affirmant à tout le monde que son fils deviendrait un Immortel* aussi vite que possible et apporterait gloire à ses ancêtres.
(N/T : Êtres ayant acquis l’immortalité grâce à des pratiques de cultivation.)
Cependant, avant que Mo XuanYu ne réussisse dans la cultivation et n’hérite de la position de son père, il fut renvoyé.
De plus, il fut renvoyé dans la honte.
Mo XuanYu était homosexuel et avait eu l’audace de harceler les autres disciples. Le scandale fut révélé au public et, comme ses études n’avaient guère été couronnées de succès, il n’y avait pas de raison de le garder dans le clan.
Comme si cela ne suffisait pas, outre l’événement en lui-même, lorsque Mo XuanYu rentra, il se comportait souvent comme un fou, presque comme si sa vie lui avait échappé.
L’histoire était presque trop complexe pour être raconté. Les sourcils de Wei WuXian se froncèrent.
Non seulement un fou, mais aussi un fou homosexuel.
Cela expliquait pourquoi il avait assez de fard et de poudre sur le visage pour ressembler à un fantôme pendu, et pourquoi personne ne s’étonnait de la grande formation ensanglantée au sol. Même si Mo XuanYu peignait toute la pièce en rouge avec du sang, des carreaux du sol aux murs et au plafond, les autres ne seraient pas trop surpris. Après tout, tout le monde savait qu’il avait un grain !
Après son retour à la maison, abattu, il fut bombardé de railleries. La situation semblait sans espoir, et la seconde épouse de la famille Mo ne put supporter le choc, finissant par s’étouffer à cause du traumatisme.
À ce moment-là, le grand-père de Mo XuanYu était déjà décédé. La première épouse de la famille Mo était chargée de la famille, mais, depuis son jeune âge, elle ne supportait pas sa sœur cadette, y compris le fils de celle-ci. Elle avait un enfant unique, Mo ZiYuan, qui était justement celui qui avait mis le désordre plus tôt. Lorsque Mo XuanYu fut emmené par son père, la première épouse, jalouse, souhaitait avoir ne serait-ce qu’un lien, même léger, avec une secte de cultivation. Elle espérait que l’envoyé qui viendrait emmènerait aussi Mo ZiYuan pour qu’il puisse se cultiver.
Bien sûr, cela fut refusé, ou plutôt, ignoré.
Ce n’était certainement pas une affaire de vente de choux. On ne peut tout simplement pas négocier, encore moins acheter un et en obtenir un autre gratuitement.
Étrangement confiante, cette famille était convaincue que Mo ZiYuan avait du potentiel et du talent. Ils croyaient que s’il avait été envoyé à la place de Mo XuanYu, il aurait remporté la reconnaissance de la secte, contrairement à son cousin décevant. Bien que Mo ZiYuan n’ait été qu’un jeune enfant lorsque Mo XuanYu est parti, il avait été sans cesse alimenté par cette idée absurde et y croyait fermement. Tous les deux ou trois jours, il se rendait auprès de Mo XuanYu pour l’humilier, le maudissant de lui avoir volé son chemin vers la cultivation. Parallèlement, il portait un grand intérêt aux talismans, élixirs et outils magiques, les considérant comme ses possessions et s’en servant à sa guise.
Bien que Mo XuanYu alternât souvent entre la folie et la lucidité, il comprenait qu’il était rabaissé par les autres. Il le toléra jusqu’au jour où Mo ZiYuan alla encore plus loin et vida presque toute sa chambre. À bout de patience, il se rendit auprès de sa tante et de son oncle pour se plaindre, ce qui entraîna le tumulte de ce matin-là.
Les petits caractères denses qui couvraient les morceaux de papier faisaient mal aux yeux de Wei WuXian. Il se dit : « Ce garçon a vraiment eu une vie horrible ! »
Pas étonnant que Mo XuanYu ait préféré utiliser la technique interdite pour sacrifier son corps et demander à des esprits malveillants de se venger.
La douleur dans ses yeux se propagea à sa tête. À priori, pour utiliser la technique interdite, l’incantateur devait formuler son souhait silencieusement. En tant qu’esprit maléfique convoqué, pendant l’invocation, Wei WuXian aurait dû entendre sa demande.
Cependant, il était probable que Mo XuanYu ait copié des extraits fragmentés de la technique quelque part et ait sauté cette étape. Wei WuXian se doutait qu’il voulait se venger de la famille Mo, mais comment ? Jusqu’où ? Récupérer les objets qu’on lui avait pris ? Passer à tabac tous les membres de la famille Mo ?
Ou… Pour anéantir la famille entière ?
Il était fort probable qu’il s’agisse d’anéantir la famille entière. Après tout, tous ceux qui s’intéressaient de près ou de loin au monde des cultivateurs savaient qu’on le décrivait le plus souvent comme ingrat, excentrique, indifférent à sa propre famille, détesté du Ciel et autres qualificatifs spectaculaires. Existait-il quelqu’un de plus « maléfique » que lui ? Si Mo XuanYu avait osé l’invoquer lui spécifiquement, son vœu ne serait sûrement pas facile à exaucer.
Wei WuXian ne put s’empêcher de dire : « Tu t’es trompé de personne… »
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
0 Commentaire