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L’intraitable ⋄ Partie 02
par RuyiCe chapitre vous est présenté par la Dragonfly S. :
• Traductrice : Ruyi
• Correctrice : Ruyi
Un problème aurait-il surgi dans la formation des disciples ? Sachant que ses inventions avaient la fâcheuse tendance à provoquer des catastrophes si on ne les manipulait pas avec soin, ce fut la première pensée qui traversa l’esprit de Wei WuXian. Toutefois, comme il avait personnellement vérifié les incantations pour écarter cette éventualité, il se raidit et ne résista pas lorsque de grandes mains le saisirent pour le tirer hors de la cabane. Si on se proposait gentiment de le transporter jusqu’à l’origine de cette débâcle, il n’allait certainement pas refuser…
Quand son étrange escorte arriva dans la salle d’apparat de l’aile Est, Wei WuXian découvrit une foule presque aussi dense que lors du rassemblement matinal. Mais cette fois, un silence de mort régnait. Tous les serviteurs et membres de la famille étaient présents, ébouriffés, encore vêtus de leurs chemises de nuit, le visage marqué par l’horreur. Au centre de tout cela, Madame Mo était affalée dans son fauteuil. Les joues sillonnées de larmes, les yeux hagards, elle semblait se réveiller d’un cauchemar. Pourtant, à l’instant où son regard croisa celui de Wei WuXian, sa tristesse s’effaça pour laisser place à une haine glaciale.
Non loin, Lan SiZhui et les disciples se tenaient penchés au-dessus d’un corps, discutant à voix basse. La dépouille n’était recouverte que d’un drap blanc, dont seule la tête dépassait.
« Moins de trente minutes se sont écoulées depuis qu’on l’a découvert ? — Nous avons accouru ici après avoir maîtrisé les rôdeurs dans la cour Ouest, et nous l’avons trouvé allongé au milieu du corridor. »
En écoutant distraitement, Wei WuXian devina que la dépouille appartenait à Mo ZiYuan. Peu intéressé par son sort, il ne lui accorda qu’un bref coup d’œil… Qui se prolongea malgré lui. C’était bien Mo ZiYuan, mais méconnaissable. Ses pommettes étaient creusées, sa peau fripée comme un vieux parchemin, et ses yeux ressortaient grotesquement de leurs orbites. Toute la substance de son corps semblait avoir été aspirée. Il ne restait de lui qu’un squelette recouvert d’une fine pellicule de peau, comme si vingt années de décrépitude s’étaient abattues sur lui en une nuit. Mo ZiYuan n’était pas un canon de beauté de son vivant, mais son cadavre battait tous les records, étant à la fois laid et vieilli à l’extrême.
Profitant de l’inattention générale, Madame Mo se précipita soudain sur Wei WuXian, une dague brillant sous le clair de lune dans sa main tremblante. Cependant, Lan SiZhui réagit avec une vigilance impeccable : d’un geste précis, il désarma l’assaillante avant qu’elle n’atteigne sa cible. Il n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit que Madame Mo éclata d’une voix stridente :
« Pourquoi me retenez-vous ? ! Mon fils est mort d’une façon odieuse, je dois le venger ! »
Wei WuXian, s’accroupissant précipitamment derrière Lan SiZhui, rétorqua :
« En quoi la mort de votre fils me concerne-t-elle ? »
Lan SiZhui, témoin de la scène de chaos provoquée par Mo XuanYu dans ce même endroit plus tôt dans la journée, éprouvait néanmoins une certaine compassion pour cet homme malade après avoir entendu les nombreuses rumeurs à son sujet. Il prit immédiatement sa défense :
« Madame Mo, je suis désolé… Mais vu l’état de votre fils, sa chair, son sang et son Qi ont été entièrement aspirés. Cela ressemble davantage à l’œuvre d’un puissant esprit maléfique. Je doute que votre neveu ait pu faire cela. »
Madame Mo, haletante, répliqua d’un ton furieux :
« Qu’est-ce que vous en savez ? ! Le père de ce cinglé était cultivateur. Il a sûrement dû lui apprendre un tas de malédictions démoniaques ! »
Lan SiZhui se tourna vers Wei WuXian, qui semblait sincèrement confus, et répondit d’un ton hésitant :
« Madame… Nous manquons de preuves, alors… »
« Des preuves ? ! Mon fils en est la preuve ! Regardez par vous-mêmes ! La dépouille d’A-Yuan vous désigne son assassin ! »
Wei WuXian haussa les épaules avant de soulever le drap, révélant le cadavre de Mo ZiYuan dans son intégralité. Quelque chose manquait effectivement : le bras gauche du jeune homme avait été arraché sous l’épaule, et il avait disparu sans laisser de trace.
Madame Mo persista : « Vous voyez ? ! Tout le monde l’a entendu ! Il a menacé de lui couper le bras si A-Yuan touchait encore à ses affaires ! »
Après cette explosion d’émotion, elle se remit à sangloter en enfouissant son visage dans ses mains : « Mon pauvre A-Yuan… Il n’a jamais rien fait de mal et voilà qu’après avoir injustement été accusé, il se fait tuer de sang-froid par ce forcené ! »
« De sang-froid » et « forcené » ? Cela faisait tant d’années qu’il n’avait pas entendu ces termes pour le décrire que c’en était presque nostalgique… Wei WuXian se pointa du doigt, faisant mine de ne pas comprendre, mais garda le silence. Après tout, parlait-on vraiment de lui ou de madame Mo ?
Certes, il lui était arrivé un nombre incalculable de fois dans sa jeunesse de menacer d’extermination des clans ou des sectes entières, de tuer des millions de gens, de créer des rivières de sang et d’autres horreurs. Mais ce n’étaient que des paroles en l’air — juste là pour l’effet. S’il avait réellement pu faire tout ça, il régnerait depuis longtemps sur le monde de la Cultivation…
Quoi qu’il en soit, ce que voulait vraiment cette femme, ce n’était pas de venger son fils, mais de l’utiliser pour se défouler, et ça, ça ne l’intéressait pas du tout. Il se détourna donc et, après un instant de réflexion, fourra la main dans les manches de Mo ZiYuan. Il tâtonna un peu et, très vite, trouva ce qu’il cherchait.
« Tel est pris qui croyait prendre. Comment un être comme toi pouvait-il espérer s’en tirer ? » songea-t-il amèrement en dépliant devant lui la bannière Zhaoyin pour qu’à leur tour Lan SiZhui et les disciples comprennent ce qui s’était passé.
Au sommet de sa rancœur après avoir été humilié, Mo ZiYuan avait apparemment projeté de régler son compte à son cousin. Or, comme celui-ci était parti en balade et que personne ne l’avait vu de l’après-midi, il n’avait eu d’autre choix que d’attendre le crépuscule pour lui donner une bonne leçon.
C’était sûrement à ce moment-là qu’il avait aperçu les bannières en traversant la cour Ouest et, malgré les consignes de ne pas sortir, de ne pas s’approcher de cette cour et de ne surtout pas les toucher, il avait désobéi — croyant vraisemblablement que ces mises en garde ne servaient qu’à prévenir le vol de ces précieux artéfacts.
Il ne fallait pas oublier que marauder les outils de Cultivation de Mo XuanYu était devenu une drogue et que tous les objets similaires attisaient sa faim insatiable tant qu’il n’avait pas mis la main dessus. Aussi avait-il profité de l’inattention des disciples occupés avec les rôdeurs pour dérober un drapeau et, sans une once de méfiance à son égard, s’était transformé en appât.
Même si la formation restait en grande partie intacte dans la cour Ouest en attirant le plus gros des esprits vers les Lan, ces derniers étaient protégés par les nombreux artéfacts qu’ils portaient. Mo ZiYuan, en dépit de l’unique bannière en sa possession, était isolé et totalement exposé. Cela revenait à s’offrir sur un plateau d’argent aux créatures malveillantes qui, comme n’importe quels prédateurs, avaient vu en lui une cible facile.
Bien entendu, s’il n’y avait eu que des rôdeurs, il aurait seulement écopé de quelques morsures et ne serait pas mort sur-le-champ. Malheureusement, il avait fallu que la bannière Zhaoyin attire un assassin bien plus terrible qu’un simple cadavre — un être qui lui avait dérobé son bras.
Wei WuXian leva son poignet devant lui et constata la disparition d’une des entailles. Le contrat sacrificiel avait accepté le décès de Mo ZiYuan comme le fruit de son dur labeur, semble-t-il. Somme toute, pourquoi pas ? C’était lui qui avait inventé et popularisé ces bannières et, bien qu’il n’ait pas directement contribué, il ne voyait aucune objection à s’attribuer la mort de son cousin.
Mais si lui n’avait aucun mal à s’accommoder de cette vérité, c’était une tout autre histoire pour madame Mo. Elle avait beau connaître les petits problèmes de son fils, admettre que celui-ci se soit passé la corde au cou était au-dessus de ses forces. Pétrie de honte, elle se saisit d’une tasse de thé et la lança vers son neveu en hurlant :
« Si tu ne l’avais pas piégé devant tant de gens, il ne serait pas sorti en pleine nuit ! Tout est de ta faute, fils de putain ! »
L’ayant vue venir, Wei WuXian esquiva aussitôt et se terra derrière les jeunes Lan — ce qui plaça Lan SiZhui en première ligne :
« Et vous ! Bande de crétins inutiles ! Vous cultivez et chassez les mauvais esprits, mais vous n’êtes même pas capables de protéger un enfant ! ! »
N’ayant que peu d’expériences sur le terrain, les disciples avaient en effet compris trop tard que quelque chose n’allait pas et n’avaient pas envisagé qu’une créature aussi virulente puisse être à l’œuvre. De fait, même si cette femme ne savait plus différencier le blanc du noir, ils se décomposèrent face à sa vindicte absurde, rongés par la culpabilité.
Jamais, ils n’avaient eu à subir pareille agressivité dans leur secte si distinguée, et quand bien même ils auraient pu s’en défendre, les enseignements de Gusu Lan leur interdisaient formellement de se montrer un tant soit peu grossiers et, a fortiori, de lever la main sur plus faible qu’eux. Ainsi se trouvaient-ils à ravaler leur bile au point d’en être verdâtres…
« Après tout ce temps, les valeurs des Lan n’ont pas changé d’un iota », songea Wei WuXian, exaspéré par la scène. « Je vous en ficherai de votre sempiternelle discipline. Allez, prenez-en de la graine ! »
« Sur qui croyez-vous passer vos nerfs ? » déclara-t-il en renâclant bruyamment. « Vos domestiques ? Ces gens ont traversé la moitié du pays pour vous débarrasser de vos esprits gratuitement. Que vous doivent-ils ? Et votre fils si honorable, quel âge avait-il ? Dix-sept ans, c’est ça ? Quel âge doit avoir un gamin pour intégrer ce qu’on lui dit ? Ces cultivateurs ne lui ont-ils pas répété de ne rien toucher et de ne pas s’approcher de cette cour ? Mais non, parce que votre cleptomane de fils n’a pas pu s’empêcher de se comporter comme un vulgaire chien voleur de poules, ce serait ma faute ou la leur ? »
(Note de Ruyi : Même mort il se prend des balles perdus bahahaha T^T)
Lan JingYi et les autres laissèrent échapper un soupir de soulagement, et leurs visages se détendirent légèrement. Mais, à l’opposé, Madame Mo, rongée par la douleur et consumée par la haine, n’avait qu’une idée fixe : la mort. Pas la sienne pour rejoindre son fils, mais celle de tous ceux qui l’entouraient, en particulier ceux qui se trouvaient devant elle à cet instant. Elle se tourna vers son mari, qu’elle avait l’habitude de diriger en toutes choses, et lui cria d’une voix autoritaire : « Appelle tout le monde ! Fais-les venir ici immédiatement ! »
D’un geste brusque, elle tenta de l’attraper, mais l’homme, indifférent, ou peut-être brisé par la perte de leur fils unique, la repoussa violemment. Sous la force du choc, Madame Mo vacilla avant de s’effondrer au sol. Elle demeura immobile un instant, le regard rivé sur lui, abasourdie. Comment osait-il lui tenir tête alors qu’il lui avait toujours obéi au doigt et à l’œil ? Comment osait-il la repousser maintenant ? !
Le visage déformé par la rage, elle tenta de se relever, mais sa poitrine se soulevait de manière saccadée sous l’effet de sa colère. Les serviteurs, terrifiés, n’osaient intervenir. Finalement, A-Ding prit son courage à deux mains et s’approcha pour aider sa maîtresse, mais Madame Mo repoussa sa main avec un cri étranglé : « Toi… Toi aussi ! Dégage d’ici ! »
A-Tong échangea un regard nerveux avec A-Ding avant de se précipiter pour aider le maître de maison à quitter les lieux. La Salle de l’Est retomba dans le silence, un calme pesant marqué par la tension. Wei WuXian profita de cet instant pour s’approcher du cadavre de Mo ZiYuan afin de poursuivre son examen. Mais avant même qu’il ne puisse y jeter un autre regard, un hurlement strident retentit dans la cour, déchirant l’air comme un coup de tonnerre.
Le chaos s’installa. Tous se précipitèrent vers la cour Est, et ce qu’ils y découvrirent les laissa sans voix. Deux corps étaient étendus sur le sol. A-Tong, le visage blême, tremblait de peur mais était encore vivant. À ses côtés, Mo-xiangsheng gisait, son corps ridé et desséché comme s’il avait été vidé de toute substance vitale. Son bras gauche manquait, mais la plaie ne saignait pas, tout comme pour Mo ZiYuan.
Madame Mo, qui venait à peine de se libérer de l’emprise d’A-Ding, poussa un cri étranglé en voyant le corps de son mari. Ses yeux s’écarquillèrent d’horreur, et elle s’effondra sur place, incapable de prononcer un mot de plus. Wei WuXian, qui se trouvait à ses côtés, la rattrapa de justesse avant qu’elle ne tombe violemment contre le sol. Il la confia à A-Ding, qui accourait à nouveau, puis jeta un regard rapide à son propre poignet droit : une nouvelle entaille avait disparu.
Tout s’était déroulé en quelques secondes. Mo-xiangsheng venait à peine de quitter la pièce quand il s’était effondré, mort de manière atroce. Lan SiZhui et Lan JingYi, comme les autres, étaient livides devant cette scène macabre. Ce fut pourtant Lan SiZhui qui retrouva son calme en premier. Il s’accroupit près d’A-Tong et lui demanda doucement : « As-tu vu ce qui s’est passé ? »
A-Tong, paralysé par la peur, secoua frénétiquement la tête, incapable de prononcer un mot. Lan SiZhui fronça les sourcils mais ne put obtenir d’autres réponses. Il fit signe à un serviteur de transporter A-Tong à l’intérieur, puis se tourna vers Lan JingYi :
« As-tu envoyé le signal ? »
« Oui, répondit Lan JingYi, mais s’il n’y a aucun aîné dans les environs, il faudrait au moins une heure avant d’avoir du renfort. Que fait-on d’ici là ? On ne sait même pas contre quoi on se bat ! »
Lan SiZhui serra les dents. Bien sûr, fuir n’était pas une option. Si des disciples de la secte Gusu Lan privilégiaient leur propre sécurité face à un esprit maléfique, ils déshonoreraient leur clan et perdraient tout droit à marcher parmi les leurs. Quant à la famille Mo, il était inutile de l’évacuer : la créature maléfique semblait liée à eux et ne ferait que les suivre où qu’ils aillent.
« Nous devons tenir jusqu’à l’arrivée des renforts, déclara Lan SiZhui avec détermination. Restons sur nos gardes. »
Le signal de détresse ayant été envoyé, d’autres cultivateurs ne tarderaient pas à arriver. Mais pour Wei WuXian, cela posait un problème. Si les renforts reconnaissaient qui il était, les conséquences seraient imprévisibles. Pourtant, à cause du sort qui le liait à ce lieu, il n’avait pas la possibilité de quitter le village de Mo.
Et puis, cet esprit avait déjà tué deux personnes en très peu de temps. S’il quittait les lieux, le village avait de grandes chances d’être rempli de morts sans bras gauche et des corps sans vie des disciples Lan avant l’arrivée des renforts.
Après un moment de réflexion, cela s’imposait à lui : Allez. Plus vite ce sera fait, plus vite tu en verras le bout.
(Note de Ruyi : Ce sera tout pour cette semaine. La troisième et dernière partie du chapitre 2 sortira dans deux semaines, accompagnée du chapitre 3. Je vous dis donc à très bientôt pour la suite ! ♡)
・.ʚ Voilà la fin de cette deuxième partie du chapitre 2 ɞ .・
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