Chapitre 00 – Prélude : L’avenue de la lumière Nr. 4
by Ruyi ♡C’était le quinzième jour du septième mois lunaire, et le ciel était encore plongé dans l’obscurité.
Les oiseaux de nuit, grands et petits, avaient déjà regagné leurs nids. Même les rues animées de la Cité des Dragons commençaient à se vider. Seuls quelques chants d’insectes, sporadiques, s’élevaient des buissons – tantôt présents, tantôt absents – rendant l’atmosphère étrangement oppressante.
Il était deux heures trente du matin. La rosée commençait à perler, et l’air devenait moite, lourd d’humidité.
Peut-être était-ce le vent, mais on aurait dit que des ombres furtives rôdaient constamment dans les recoins. En marchant dans la rue, on avait cette étrange sensation d’être observé, comme si un regard vous transperçait le dos.
C’est à cette heure précise que Guo Changcheng pénétra dans la cour du numéro 4, avenue de la Lumière, une convocation à la main.
Guo Changcheng avait perdu ses parents très jeune et avait été élevé par des membres de sa famille. D’apparence banale, diplômé d’une université médiocre, il n’avait rien de remarquable. Introverti, craintif, il n’était jamais parvenu à se faire une place. Diplôme en poche, il avait passé près d’une année à errer chez lui, incapable de décrocher le moindre emploi.
Finalement, son second oncle, désormais bien placé au ministère de la Sécurité publique, avait fini par lui dégoter un poste sans importance, grâce à quelques relations bien placées. L’idée était simple : occuper ce neveu inutile avec un travail tout aussi inutile.
Guo Changcheng s’était imaginé porter un uniforme, s’installer dans une guérite*, faire du thé à son arrivée, travailler de neuf heures à dix-sept heures, accueillir les visiteurs avec des salutations mécaniques… Jusqu’au jour où cette étrange « Lettre d’Admission » était arrivée.
(N/T : Guérite — La guérite est une petite structure, souvent utilisée comme abri pour un gardien ou un agent de sécurité. Elle se situe généralement près d’une porte ou d’un point de contrôle et sert à surveiller les entrées et sorties. Contrairement à une « gatehouse » plus imposante, la guérite est plus modeste et souvent préfabriquée.)
Au début, Guo avait cru à une erreur. Imprimée en rouge communiste très officiel, elle annonçait ceci :
Camarade Guo Changcheng,
Félicitations pour votre admission au sein de notre département. Vous bénéficierez ici des avantages liés au statut de fonctionnaire d’État, mais aussi de la lourde responsabilité de servir le peuple. Nous espérons qu’à partir de ce jour, dans vos nouvelles fonctions, vous ferez preuve de passion, que vous respecterez votre poste, progresserez avec détermination, obéirez à vos supérieurs, aimerez et soutiendrez vos collègues, et contribuerez activement à la stabilité sociale et à la prospérité nationale.
Le 31 août (quinzième jour du septième mois lunaire), à 2 h 30, merci de vous présenter à notre département muni de votre carte d’identité et de cette lettre d’admission (adresse : Nr. 4, avenue de la Lumière, premier étage, service des ressources humaines).
Au nom de tous les employés de notre département, nous vous souhaitons la bienvenue, cher camarade.
Ministère de la Sécurité publique – Département des Enquêtes Spéciales
République populaire de Chine
Année X, mois X, jour X
D’ordinaire, quand on reçoit une convocation à une heure aussi farfelue, une personne normale pense d’abord à une erreur, et appelle au moins pour vérifier. Mais Guo Changcheng, lui, avait toujours eu une peur bleue des interactions sociales. Après être resté cloîtré chez lui pendant plus de six mois, il avait développé une véritable phobie du téléphone. Rien qu’à l’idée de devoir passer un appel, il se retrouvait tellement stressé qu’il en perdit sommeil pendant plusieurs nuits.
Il repoussa donc l’échéance jusqu’au soir du 31 août, sans jamais avoir trouvé le courage de décrocher son téléphone.
Alors, Guo Changcheng eut une idée qu’il jugea à la fois astucieuse et sûre : faire une nuit blanche. Il irait jeter un coup d’œil à 2h30 du matin. Si personne n’était là, il passerait le reste de la nuit au McDo du coin, puis reviendrait à 14h30. Ainsi, quelle que soit l’heure exacte à laquelle on attendait sa présence, il serait certain de ne pas se tromper.
En pleine nuit, tous les transports en commun étaient déjà à l’arrêt. Guo Changcheng n’eut d’autre choix que de prendre sa voiture. Grâce à beaucoup d’efforts — et au GPS — il finit par trouver l’endroit indiqué.
Le numéro 4, avenue de la Lumière, n’était pas une adresse classique donnant directement sur la rue, mais se trouvait plutôt dissimulé au fond d’une cour bien cachée. Guo Changcheng s’arrêta devant le portail et l’examina longuement. Il dut s’aider de la lampe de son téléphone pour repérer le numéro, gravé sur une petite plaque dissimulée sous un épais rideau de lierre. Juste en dessous, une fine inscription taillée dans la pierre indiquait : Département des Enquêtes Spéciales, accompagnée du logo de la Sécurité publique.
La cour elle-même était remarquablement bien entretenue. Dès l’entrée, un petit parking accueillait les visiteurs. Un peu plus loin, une rangée de pagodes aux feuillages si denses qu’ils formaient presque une petite forêt bordait le chemin. Un sentier étroit serpentait entre les arbres. Guo Changcheng s’y aventura prudemment. Ce n’est qu’après avoir quitté l’ombre des feuillages qu’il aperçut enfin un petit bâtiment qui ressemblait à une loge de gardien.

Il y avait bel et bien quelqu’un à l’intérieur — la lumière était encore allumée. Par la fenêtre, Guo Changcheng aperçut une silhouette en uniforme coiffée d’une casquette de police, un journal à la main. De temps à autre, la personne tournait une page. Guo Changcheng inspira profondément, les mains moites de nervosité. Son esprit vide n’eut même pas le temps de se demander pourquoi le gardien était encore là à une heure pareille.
« Je viens pour me présenter, voici ma lettre d’affectation. Je viens pour me présenter, voici ma lettre d’affectation. Je viens pour me présenter, voici ma lettre d’affectation. »
Il marmonnait à voix basse comme s’il récitait une leçon, répétant les mêmes mots en boucle des dizaines de fois. Puis, rassemblant son courage, il serra les dents, s’approcha et frappa timidement à la fenêtre de la loge. Avant même que l’homme à l’intérieur n’ait levé les yeux, Guo Changcheng lança d’une voix si faible qu’elle semblait appartenir à un mourant :
« J-je suis venu pour… Acceptation… C’est ma lettre de… D’affectation… »
L’homme d’âge moyen dans la loge posa son journal, l’air perplexe.
« Hein ? »
Malgré tous ses efforts, il avait quand même réussi à s’emmêler. Guo Changcheng aurait voulu pleurer, mais même les larmes lui faisaient défaut. Le stress lui avait coloré le visage d’un violet de patate douce.
Heureusement, l’homme aperçut la lettre qu’il tenait à la main et comprit aussitôt.
« Ah, d’accord, d’accord ! C’est toi le nouveau, hein ? Comment dois-je t’appeler… ? Ah, je vois, Xiao Guo ! Ça faisait un bon moment qu’on n’avait pas eu de nouvelle recrue. Pas facile à trouver, hein, cet endroit ? »
Guo Changcheng relâcha enfin le souffle qu’il retenait depuis tout à l’heure. Il adorait les gens comme ça, chaleureux et pleins d’entrain. Tant que l’autre parlait, il n’avait qu’à hocher ou secouer la tête. Pas besoin d’aligner des phrases.
« Tu tombes bien, laisse-moi te dire. Justement, notre chef est là ce soir. Viens, je vais te le présenter. »
À ces mots, Guo Changcheng sentit tous les poils de son corps se hérisser. Il ne se sentait pas chanceux du tout — il avait plutôt l’impression comme si un nuage de malheur venait de lui flotter au-dessus de la tête comme un petit fantôme.
Guo Changcheng n’était bon à rien. Les figures d’autorité, comme les chefs, lui foutaient une trouille bleue. Depuis tout petit, la simple vue d’un professeur lui faisait contracter les mollets. Et s’il apercevait le proviseur à vingt mètres, il changeait aussitôt de trottoir. Il respectait la loi à la lettre, mais chaque fois qu’il croisait un policier armé, comme ceux qui montaient la garde le jour de la fête nationale, il avait une réaction de souris croisant un chat — ce qui attirait forcément les regards soupçonneux.
Rencontrer le chef ? Autant lui demander d’aller serrer la main d’un fantôme !
Alors que la sueur froide commençait à couler en cascade, des bruits de pas se firent entendre. Un jeune homme sortit à grandes enjambées du jardin du numéro 4, avenue de la Lumière. Une cigarette aux lèvres, les mains dans les poches de son pantalon, il avançait d’un pas rapide. Il était grand, les épaules droites, les sourcils épais, les yeux profonds et le nez bien dessiné. Très beau, malgré une expression plutôt sombre.
Ses sourcils froncés, son allure pressée et son air fermé semblaient crier : « Dégage de mon chemin, me parle pas, et fiche-moi la paix. »
Par malchance, Guo Changcheng croisa son regard — noir, intense, beau mais glacial — et se sentit aussitôt saisi d’effroi. Son instinct lui soufflait que ce beau mec avait un fichu caractère.
Mais quand le beau gosse au sale caractère comprit qui était Guo Changcheng, il s’arrêta net. L’instant d’après, son expression changea avec la fluidité d’un acteur de haut niveau. L’orage sur son visage se dissipa soudainement, laissant place à un grand ciel bleu et un sourire lumineux qui se déploya plus vite qu’on ne tourne une page. Deux petites fossettes creusèrent ses joues. La cigarette toujours au coin des lèvres donnait à son sourire un petit air de travers, et ses yeux rieurs, légèrement plissés, lui donnaient l’air d’un sale gosse — mais juste ce qu’il fallait pour le rendre sympathique.
« Tiens, quand on parle du loup ! Allez, jeune homme, viens le saluer. C’est notre chef. » lança le gardien en poussant Guo Changcheng vers l’avant.
Celui-ci fit un pas chancelant, tandis que le gardien annonçait à pleine voix :
« Directeur Zhao, on a enfin une nouvelle recrue ! »
Le directeur Zhao tendit la main vers Guo Changcheng avec un grand sourire accueillant.
« Bonjour, bonjour ! Je te souhaite le bienvenu chez nous. »
Guo Changcheng essuya discrètement ses paumes moites sur son pantalon, puis, dans un moment de panique, tendit la mauvaise main. Il se rétracta aussitôt comme s’il avait reçu une décharge électrique. Son T-shirt était trempé sous les bras et dans le dos, traçant peu à peu une carte du monde d’un nouveau genre.
Le directeur Zhao n’en fit pas tout un plat. Il tapota simplement son épaule avec naturel et enchaîna sur un ton détendu, comme s’ils se connaissaient depuis toujours :
« Ne stresse pas, ici tout le monde est sympa et bosse main dans la main. Bon, normalement, pour ton premier jour, je devrais te faire faire le tour et te présenter à tout le monde… Mais aujourd’hui, c’est un jour un peu spécial. On est débordés, honnêtement. Du coup, on risque de ne pas pouvoir t’installer correctement tout de suite, j’espère que ça ne te dérange pas trop.
« Promis, plus tard, je t’organise une petite fête de bienvenue. Même si bon… Là, en pleine nuit, c’est pas l’idéal. Voilà ce qu’on va faire : je vais demander à Lao-Wu de t’accompagner à l’intérieur. Tu trouveras Wang Zheng, notre responsable RH, elle s’occupera de tout ton dossier. Après ça, tu pourras rentrer chez toi te reposer. Reviens demain matin pour commencer officiellement, ça te va ? »
Guo Changcheng acquiesça frénétiquement.
Et bien que le directeur Zhao semblait pressé un instant plus tôt, à cet instant précis, son ton était posé, sans précipitation, chaleureux mais pas envahissant. Clairement, il savait y faire avec les gens.
« Désolé, j’ai une urgence à gérer. Si tu as besoin de quoi que ce soit, viens me trouver directement, ne sois pas timide. À partir d’aujourd’hui, on est comme une famille. Merci d’avoir fait tout ce chemin, vraiment. »
Il lui adressa un sourire d’excuse, fit un signe à Lao-Wu et s’éloigna à grands pas.
Lao-Wu, fan inconditionnel du directeur Zhao, rayonnait comme s’il venait d’entendre un discours enflammé, alors que ce dernier n’avait pourtant débité qu’une suite de banalités polies.
Tout en conduisant Guo Changcheng à l’intérieur du bâtiment, il se lança dans un monologue enthousiaste :
« Notre directeur Zhao est jeune, il a la tête sur les épaules, est toujours juste, mais n’est jamais autoritaire avec personne, quelle que soit la situation… »
Guo Changcheng, encore traumatisé d’avoir croisé son supérieur, n’arrivait pas à suivre. Il se contentait de hocher la tête mécaniquement, tel un insecte écho* incapable de penser par lui-même.
(N/T : Insecte écho — L’« echo bug » (littéralement « insecte-écho ») est une créature mythologique qui vit dans l’estomac d’une personne et répète en écho tout ce qu’elle dit. Ce concept fantaisiste, souvent utilisé dans les contes ou les récits humoristiques, évoque une version parasite et miniature du mythe grec de l’écho (comme la nymphe Écho, condamnée à ne répéter que les mots des autres). À ne pas confondre avec un trouble médical tel que les borborygmes.)
Et comme il avait toujours eu peur de croiser le regard des gens, il ne remarqua alors pas du tout que le vieux monsieur Wu, sous les lumières du couloir, avait le teint d’une pâleur cadavérique. Ses lèvres étaient d’un rouge sang, les commissures de sa bouche remontaient jusqu’à ses oreilles, et que quand il ouvrait et fermait la bouche… On voyait qu’il n’avait pas de langue.
À l’intérieur du bâtiment, des gens allaient et venaient, tous avaient l’air d’être très débordé.
C’est seulement à ce moment-là que Guo Changcheng commença à trouver la situation vraiment étrange. Même en cas d’urgence réclamant des heures sup’ jusqu’à minuit, pourquoi donc le gardien et la RH seraient-ils là aussi tard pour faire de la figuration ?
À côté de lui, lao-Wu lui souffla à voix basse :
« Xiao-Guo, te fais pas de fausses idées. Normalement, tant qu’il n’y a pas de grosse affaire, tu bosses en journée. C’est juste que, durant les quelques jours autour du septième mois lunaire*, c’est la folie. On ne sait plus trop si c’est le jour ou la nuit. Mais bon, tu verras, c’est pas pour rien : les heures sup’ sont payées triple, et ton bonus mensuel est doublé. »
(N/T : Période du septième mois lunaire — Il s’agit des jours encadrant la fête des fantômes (中 元节), une tradition taoïste et bouddhiste répandue en Asie de l’Est et du Sud-Est. Durant cette période, les esprits des ancêtres et des morts sans descendance sont censés errer parmi les vivants. Les familles leur rendent hommage par des offrandes (papier-monnaie, nourriture) et évitent certaines activités (sortir la nuit, siffler, prendre le dernier bus) pour ne pas attirer les fantômes. Cette coutume est particulièrement marquée à Singapour, en Malaisie et à Taïwan, où elle mêle superstition et célébrations communautaires.)
Guo Changcheng en resta bouche bée. C’était quoi, cette histoire de « septième mois lunaire » si chargé ? Les criminels organisaient des bilans de mi-année et des séminaires de partage d’expérience ? Selon le calendrier lunaire, en plus ?
Mais il avait trop peur d’avoir l’air idiot pour poser la question. Alors il hocha simplement la tête, l’air confus.
« Mm. »
Lao-Wu continua tranquillement :
« Moi, je fais surtout les nuits. En journée, c’est un autre collègue qui garde la porte. Tu ne me verras pas souvent à l’avenir. » Il soupira. « Ça me fait plaisir de discuter un peu avec les jeunes comme toi. Tu viens d’être diplômé ? De quelle école ? Tu as fait quel études ? »
Guo Changcheng récita, honteux, son parcours scolaire peu impressionnant. Puis, dans un murmure à peine audible, il ajouta :
« Je ne suis pas vraiment studieux… »
« Aiya, qu’est-ce que tu racontes ! Tu es allé à la fac, c’est déjà énorme ! » s’exclama le lao-Wu avec entrain. « Moi, j’admire les jeunes instruits. J’en serais bien incapable. Quand j’étais gosse, ma famille n’avait pas un sou. J’ai fréquenté un sishu* dans le village, avec un xiansheng*, pendant deux ou trois ans à peine. Tout ce que j’y ai appris, je l’ai déjà rendu à ce pauvre vieux. Aujourd’hui, je reconnais à peine quelques caractères – j’ai même du mal à lire le journal. »
(N/T : sishu – (私塾) – École privée traditionnelle chinoise où l’on enseignait les classiques confucéens. Ces établissements, souvent tenus par des lettrés dans des villages, ont progressivement disparu au vingtième siècle.)
(N/T : xiansheng – (先生) – Littéralement « monsieur » ou « maître ». Terme de respect pour désigner un enseignant, un érudit ou tout homme instruit.)
Un sishu ? En quelle année on était, franchement ?
Encore une fois, Guo Changcheng ne compris rien, mais la honte d’avouer son ignorance le réduisit au silence.
Heureusement, lao-Wu s’exclama joyeusement :
« Ah, on y est ! »
Guo Changcheng leva les yeux. Sur la porte était inscrit, en grandes lettres rouges sur fond blanc : Département des Ressources Humaines. Mais quelque chose le troubla… Ce rouge-là avait quelque chose d’étrange, sans qu’il puisse dire pourquoi. Il resta à fixer les mots un moment, puis une sensation glacée le traversa d’un coup : ce rouge rouillé était exactement la couleur du sang séché.
À ses côtés, le lao-Wu frappa à la porte.
« Xiao-Wang ? Je t’ai amené notre nouvelle recrue. On peut te déranger deux minutes pour les formalités d’arrivée ? »
Un petit silence. Puis une voix féminine, douce et lointaine, répondit :
« Mm… J’arrive. »
Elle semblait résonner de très loin, tout en flottant juste à côté de son oreille. Guo Changcheng frissonna. Un souffle glacé lui effleura la nuque.
Mais lao-Wu, lui, ne sembla rien remarquer et continua de bavarder tranquillement :
« Désolé, xiao-Guo, de te faire venir en pleine nuit… Mais on n’a pas trop le choix. Xiao-Wang est comme moi : on peut bosser que de nuit. Du coup, tout ce qui est formalités, ce passe forcément à cette heure-ci. »
Attendez une minute…
Comment ça, ils ne pouvaient travailler que de nuit ?
Pourquoi pas le jour… ?
Une sueur froide coula le long du dos de Guo Changcheng. Terrifié, il osa enfin balayer les environs du regard. Et là, il vit un agent en uniforme passer devant lui, glissant dans le couloir… Sans que ses pieds ne touchent le sol.
Ou plutôt… I-i-il n’avait pas du tout de pieds !
La porte du bureau s’ouvrit lentement dans un grincement rauque. Une jeune femme en robe blanche apparut. Sa voix, ténue comme un souffle, donna la chair de poule à Guo Changcheng :
« Vous avez votre lettre d’admission et votre pièce d’identité ? »
Un vent glacial s’échappa du bureau. Le cœur de Guo Changcheng remonta dans sa gorge, suspendu, comme figé. Il retint son souffle, leva lentement les yeux… Son regard glissa sur la robe blanche, d’une propreté impeccable… Puis s’arrêta sur le cou nu de la jeune femme…
Un râle étranglé monta dans sa gorge. Sa bouche s’ouvrit en grand, ses yeux écarquillés comme s’ils allaient sortir de leur orbite. Il recula d’un pas, tétanisé de peur.
En y regardant de plus près, il vit un fil rouge autour de son cou. Mais ce n’était pas un bijou : il était bien trop près de la peau. Non… C’était une couture. Une ligne de points de suture… Qui maintenait sa tête attachée à son corps.
Une main glacée se posa sur son épaule.
Tout près de son oreille, la voix de lao-Wu résonna doucement :
« Eh, xiao-Guo, qu’est-ce qui ne va pas ? »
Guo Changcheng se retourna d’un coup. Et se retrouva face à face avec le visage de lao-Wu — un masque figé en papier mâché, et une bouche ensanglantée ouverte jusqu’aux oreilles.
Plus tôt, Guo Changcheng s’était bêtement dit que rencontrer son patron serait pire que croiser un fantôme…
Et maintenant, il en payait le prix.
Ce soir, il n’avait pas seulement rencontré son supérieur.
Il avait vraiment vu des fantômes.
Son cher oncle lui avait trouvé un poste… Aussi formidable qu’inoubliable.
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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