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    [PDV De Kinn]

    J’étais assis, les jambes croisées, les bras posés sur les accoudoirs du fauteuil. Mon regard était fixé sur la porte en bois ornée de motifs de dragon. J’attendais quelqu’un, plus précisément celui avec qui je jouais à un jeu psychologique que j’appréciais particulièrement.

    « Il est là, » annonça Big en ouvrant la porte. Une grande silhouette, vêtue d’une longue veste, fit son entrée. Le tatouage qui se dessinait sous sa chemise blanche attira immédiatement mon attention. Mon regard s’y attarda, tant il était frappant.

    Ses yeux balayèrent rapidement la pièce avant de se poser sur moi.

    « Assieds-toi, » ordonna Big en le poussant légèrement par l’épaule pour qu’il prenne place sur le canapé en face du mien.

    Le silence emplit la pièce. Aucun de nous ne parlait, engagés dans une bataille muette de volontés.

    « Que veux-tu ? » demanda Porsche d’un ton apparemment détendu, mais je pouvais percevoir une pointe d’appréhension derrière sa façade confiante.

    Un bref regard nerveux vers le garde du corps au masque noir, posté derrière lui, trahit sa peur.

    « Je veux que tu viennes travailler pour moi, » déclarai-je calmement, sans détourner les yeux de lui.

    « NON ! » répliqua-t-il d’une voix ferme et tranchante.

    Je laissai échapper un petit rire.

    « Huh. Tu es plus têtu que je ne le pensais, » dis-je en l’observant attentivement, analysant son comportement et son attitude.

    Porsche était une personne obstinée et agressive, mais je pouvais voir au-delà de sa façade. Malgré ma vingtaine, j’avais appris à lire les gens avec précision.

    « Pourquoi ? Pourquoi fais-tu ça ? » demanda-t-il, la colère perçant dans sa voix.

    Je haussai légèrement un sourcil, feignant l’innocence.

    « Huh… Qu’est-ce que j’ai fait ? » répondis-je avec un sourire en coin, amusé par sa réaction.

    « Tu déranges les gens autour de moi, tu t’immisces partout et tu fous le bordel. Tu me traques juste pour que je vienne travailler pour toi ? » s’indigna-t-il.

    « Ohh… Oui, c’est exactement ce que j’ai fait, » répondis-je, un sourire énigmatique sur les lèvres.

    « Tu as voulu détruire mon lieu de travail pour que je me fasse renvoyer. Tu as même ordonné à tes hommes de battre mon ami Jom, alors que tu savais parfaitement que nous n’étions pas la même personne ! » lança-t-il, la colère vibrant dans sa voix.

    « Je voulais simplement te donner une leçon, » rétorquai-je calmement, mes yeux scrutant attentivement ses réactions. « Toi, qui as osé me tromper. »

    « Arrête de terroriser les gens autour de moi ! » s’écria Porsche, son indignation presque tangible.

    Je pris une pause, feignant de réfléchir. Puis, d’une voix posée, je demandai :

    « Si j’arrête… Viendras-tu travailler pour moi ? »

    Bien sûr, c’était un piège.

    Je savais que Porsche n’était pas du genre à céder facilement. La coercition* ne fonctionnerait pas avec lui, et c’était précisément ce qui rendait ce jeu si intéressant.

    Ne vous méprenez pas, j’avais essayé de le persuader, mais il était difficile à convaincre. Puisqu’il m’avait causé des ennuis, j’étais déterminé à lui donner une leçon.

    « Pourquoi moi ? Pourquoi me veux-tu autant ? » lança Porsche, sa frustration évidente.

    « Parce que des gens comme moi n’acceptent pas de ne pas obtenir ce qu’ils veulent, » répondis-je avec un sourire narquois. Il me dévisagea légèrement, ses yeux plissés, cherchant à décrypter mes intentions.

    C’étaient des paroles égoïstes, je le savais. Mais elles contenaient une part de vérité. J’avais grandi entouré de privilèges, habitué à ce que chacun de mes désirs soit exaucé. Et si quelque chose m’échappait, cela ne faisait que renforcer mon obsession de l’obtenir. Porsche ne faisait pas exception.

    « Et pourquoi devrais-je exaucer tes désirs ? » répliqua-t-il, le défi brillant dans son regard.

    « Laisse-moi te dire une chose, Porsche : si tu t’opposes à quelqu’un comme moi, il y aura des conséquences, » l’avertis-je d’un ton sérieux, laissant mes mots flotter dans l’air lourd de tension.

    « Pour qui tu te prends ? ! Qui es-tu pour parler avec autant d’arrogance ? ! » s’emporta Porsche en se levant brusquement, la colère déformant ses traits.

    Avant que la situation ne dégénère, mes hommes intervinrent immédiatement, formant un cercle autour de lui. Porsche, bien que visiblement furieux, se figea. Une lueur de peur traversa son regard, et il se laissa retomber sur le canapé, vaincu par l’inégalité des forces. Malgré son tempérament explosif, il savait qu’affronter dix gardes du corps sur mon territoire serait insensé.

    « Porsche, je sais que les gens comme toi n’aiment pas être forcés, » repris-je calmement, croisant les jambes tout en posant mes coudes sur les accoudoirs. « Mais tu es une bonne personne, et je voudrais simplement que nous trouvions un terrain d’entente. »

    « Je ne le ferai pas, » répondit-il obstinément, ses yeux défiant les miens.

    « Vous tous, sortez, » ordonnai-je alors à mes subordonnés.

    Un silence tendu suivit. Big, mon bras droit, protesta immédiatement :

    « Mais… Khun Kinn… »

    Je me retournai vers lui, le foudroyant du regard. Il se tut instantanément.

    Avant de sortir, Big pointa Porsche du doigt, son visage sombre. « Hé, toi ! S’il arrive quoi que ce soit à Khun Kinn, je te tuerai sans hésiter ! »

    Une fois la pièce vide, Porsche sembla relâcher un peu la tension. Pourtant, il ne tarda pas à exprimer sa frustration d’une autre manière. Il leva brusquement sa jambe et donna un coup de pied dans le canapé à côté de lui avant de se tourner vers la porte pour poursuivre mes hommes, criant des injures à leur égard.

    « Bien sûr, tu es une ordure, » ricana-t-il, arrachant à Big un regard furtif avant que ce dernier ne referme la porte.

    Je secouai la tête, un sourire amusé aux lèvres. « Eh bien, j’aime vraiment ton courage. »

    Je repris d’un ton plus sérieux : « Je vais le dire encore une fois : je veux absolument que tu travailles pour moi. De plus, tu pourras fixer toi-même ton salaire. » Je pensais que cette offre le ferait fléchir, sachant à quel point il avait besoin d’argent.

    Il haussa un sourcil, un sourire narquois aux lèvres, et me répondit :

    « … Un million par mois. Serais-tu prêt à me payer cette somme ? »

    Je laissai échapper un rire léger. « Tu es vraiment quelque chose, Porsche. »

    « C’est si mignon ! Mais dis-moi, qu’as-tu réellement à m’offrir pour justifier un tel montant ? »

    Il ne se laissa pas démonter et répondit avec une assurance désarmante :

    « C’est basé sur la réalité. Tu me veux tellement, alors je pense qu’un million par mois, c’est logique. Un footballeur gagne jusqu’à dix millions. Comparé à ça, un million semble raisonnable, non ? »

    Tout en parlant, il se repositionna, adoptant une posture plus détendue. Il s’enfonça dans le canapé, l’air sûr de lui, comme s’il avait déjà pris le dessus dans cette discussion.

    Hmmm, donc il pense qu’il peut négocier maintenant.

    « Mais tu n’es pas un footballeur… Tu dois sûrement te dire que travailler pour moi pendant un mois suffirait à racheter ta maison. Après ça, tu t’en irais, n’est-ce pas ? » lançai-je avec un sourire en coin.

    Il se retourna brusquement vers moi, surpris, et je compris instantanément à quoi il pensait. Cela ne m’étonna pas le moins du monde. Je peux tout lire. Ne pense même pas à me manipuler !

    « Alors, je ne le ferai pas… » répondit-il sèchement, sa mâchoire serrée.

    Je penchai légèrement la tête, amusé par sa détermination. « Je me demande… Avec un salaire de trois cent cinquante bahts par jour dans ta taverne, combien de temps te faudra-t-il pour réunir suffisamment d’argent pour récupérer ta maison ? Hmm… Dix ans ? Quarante ans ? » Je laissai mes mots flotter un instant, un sourire triomphant aux lèvres. « … En fait, c’est même impossible à calculer. »

    J’avais l’impression d’avoir déjà gagné.

    « J’ai mes propres moyens ! » me cracha-t-il, la colère brillant dans ses yeux.

    « Tes propres moyens ? » répétai-je avec un ricanement méprisant.

    Sans perdre de temps, je pris mon téléphone et passai un coup de fil à mes hommes. Ils étaient déjà devant le nouveau magasin de spiritueux où Porsche avait récemment commencé à travailler.

    « Faites-le ! » ordonnai-je d’une voix ferme à l’interlocuteur de l’autre côté du fil.

    Porsche me lança un regard perplexe, une lueur d’inquiétude dans les yeux.

    « Qu’est-ce que tu fais ? » demanda-t-il, la méfiance perçant dans sa voix.

    Je lui adressai un sourire énigmatique. « Attends, tu verras. »

    Me levant calmement, je marchai jusqu’à la table située à l’autre bout de la pièce. Mes doigts tapotèrent distraitement la machine à café, tandis que mon regard glissait brièvement vers l’horloge accrochée au mur.

    Le silence dans la pièce était presque palpable, chargé d’une tension invisible. Porsche, toujours assis au même endroit, ne me quittait pas des yeux. Je l’observais discrètement, un sourire satisfait flottant sur mes lèvres.

    Soudain, son téléphone portable vibra. Son regard se posa sur l’écran, et je remarquai le léger tressaillement dans ses doigts.

    Rrrringg…

    Le téléphone de Porsche s’est mis à sonner

    « Oui, Phi Q ? »

    [Tu es viré !]

    Le son provenant de l’autre côté de la ligne était assez fort pour que je l’entende clairement.

    Porsche sourit amèrement en se levant, mais l’instant suivant, son visage se déforma sous l’effet de la colère. Il se mit à trembler, et ses yeux, remplis de haine, se plantèrent dans les miens.

    Je lui adressai un sourire provocateur.

    « Va te faire foutre, Kinn ! »

    Il hurla ces mots avant de jeter son téléphone dans ma direction.

    Je n’esquissai pas un mouvement pour l’éviter. L’appareil heurta mon front juste au-dessus du sourcil, et je sentis un filet de sang couler lentement le long de ma peau.

    La douleur mêlée à l’affront fit bouillonner ma colère, un feu que je ne cherchai pas à éteindre. En une fraction de seconde, je me précipitai vers lui, emporté par l’élan de ma fureur.

    Avant même de m’en rendre compte, j’étais devant lui. Ma main saisit son cou avec force, le plaquant violemment contre le mur. Porsche, pris de court, me regarda avec stupeur.

    Il tenta de se débattre, de repousser ma prise, mais l’adrénaline décuplait ma force. Je le maintenais fermement, mes doigts se resserrant autour de sa gorge.

    « J’ai été correct avec toi ! » lançai-je d’une voix basse et grondante, presque menaçante.

    Mon regard, brûlant de rage, rencontra le sien. Pendant un bref instant, sa main, qui cherchait désespérément à me repousser, se figea.

    J’y vis quelque chose : de la peur.

    Cet éclat dans ses yeux m’arrêta. Lentement, je desserrai ma prise, sans pour autant le relâcher complètement.

    Il se mit à tousser, reprenant son souffle, le regard toujours accroché au mien.

    « Si tu ne t’étais pas foutu de moi, je ne serais pas aussi en colère contre toi… » murmurai-je, ma voix tremblant légèrement sous l’effet de l’émotion contenue.

    « Qu’est-ce que j’ai fait ? »

    « Tu as prétendu être quelqu’un d’autre, tu m’as frappé et mordu le cou jusqu’au sang, puis tu as disparu comme si de rien n’était. Et pourtant, au début, je m’étais promis de ne pas en arriver là avec toi. Mais tu n’as fait que m’agacer à chaque étape. Surtout quand j’ai dû te chercher à l’université et au club où tu travaillais sous le nom de Jom… Tu étais introuvable. Et pour couronner le tout, tu as blessé ma fierté alors que je ne t’avais rien fait ! »

    « J’ai le droit de me comporter comme je veux… Et tu ne peux pas t’attendre à ce que je fasse tout ce que tu veux ! C’est totalement stupide ! » s’exclama-t-il avant de me cracher au visage.

    Un éclair de rage traversa mon esprit. Instinctivement, je resserrai ma prise autour de son cou et soulevai son corps contre le mur. Ses jambes se balançaient dans l’air, privées d’appui.

    La sensation de sa salive glissant sur ma joue amplifia ma colère. Mon visage se crispa, et ma prise devint encore plus ferme. Peu importaient ses efforts désespérés pour se libérer, sa respiration se faisait haletante, et il luttait pour ne pas suffoquer.

    Mon autre main essuya rapidement la salive sur ma joue.

    « Depuis que je suis né, personne ne m’a jamais fait ça ! » grondai-je entre mes dents serrées, ma voix chargée d’un mélange de rage et de mépris.

    Ma main tremblait légèrement, oscillant entre le contrôle et l’envie presque incontrôlable de lui briser la nuque.

    « Khun Kinn ! Khun Kinn… Relâchez-le ! »

    La voix de P’Chan perça soudain la tension de la pièce. Je ne sais même pas à quel moment ils étaient entrés, mais P’Chan, accompagné de quelques subalternes, se précipita vers moi. Ils agrippèrent mon bras et forcèrent ma main à se desserrer.

    Lorsque je le lâchai enfin, le corps de Porsche s’effondra lourdement au sol.

    Le bruit de sa respiration rauque et saccadée emplit la pièce. Il toussait violemment, le son déchirant, comme s’il s’était réellement approché de la mort.

    « Mais qu’est-ce que tu as foutu ? ! » La voix tonitruante de mon père résonna derrière nous, emplissant la pièce d’une tension encore plus lourde. Je retirai brusquement mon bras de la prise de P’Chan et des subalternes, détournant le regard, furieux mais conscient de l’implication de mes actes.

    « Tu vas bien ? » demanda P’Chan à Porsche, sa voix empreinte d’inquiétude. Il se précipita pour l’aider à se relever, puis l’accompagna jusqu’au canapé pour qu’il puisse s’asseoir.

    Porsche se laissa tomber lourdement, encore haletant, le visage marqué par la douleur et la colère.

    « Ton père t’a demandé de te rapprocher de lui pour lui proposer d’être ton garde du corps, pas pour le tuer ! » ajouta P’Chan d’un ton cinglant, tout en lançant un regard réprobateur dans ma direction.


    [PDV De Porsche]

    Je pris une grande inspiration, encore sous le choc de ce qui venait de se passer. Son regard me transperçait jusqu’aux os, un regard que je n’avais jamais vu auparavant.

    Le regard de cet ange de la mort me terrifiait au point de m’en couper le souffle. Tout autour de moi semblait s’être figé. Incapable de détourner les yeux, je restais pétrifié, observant l’homme devant moi, transformé en une personne complètement différente de celle que j’avais rencontrée.

    Quelqu’un m’a soulevé et conduit jusqu’au canapé où l’on m’a installé. La peur qui m’envahissait laissait place à un picotement insupportable dans ma gorge. La douleur de ses doigts longs et puissants marquait encore ma peau, tandis que ma respiration rauque donnait l’impression que je me noyais, frôlant l’asphyxie.

    « Je ne sais pas ce qui s’est passé entre toi et Kinn, mais je tiens à m’excuser pour ce qui vient d’arriver. »

    Une voix grave me tira de mes pensées. En tournant la tête, je sentis un vertige menaçant de me faire perdre connaissance. Tout me semblait flou, irréel. Pourtant, ce que je voyais clairement, c’était un homme d’un âge mûr, assis calmement devant moi. Sa présence imposante et intimidante ne laissait aucun doute sur son autorité.

    « Bois ça d’abord. »

    Je n’hésitai pas à prendre le verre qu’il me tendait. Ma gorge sèche et douloureuse rendait chaque respiration difficile, et l’eau froide glissant dans ma gorge me procura un soulagement immédiat. Je fermai brièvement les yeux, savourant cette sensation apaisante.

    « J’ai entendu dire que tu ne voulais pas travailler pour moi ? »

    Je relevai doucement la tête pour croiser son regard. L’homme, que je soupçonnais être le père de Kinn, dégageait une aura impressionnante, presque écrasante, à la fois par sa posture et par la fermeté de sa voix.

    « Non, » répondis-je avec difficulté, ma voix rauque trahissant l’état de ma gorge.

    « Pourquoi ? » demanda-t-il aussitôt, son ton curieux mais inflexible.

    « Je ne veux pas compliquer ma vie… C’est trop risqué, et je ne veux pas tout gâcher, » murmurai-je.

    Mon esprit était encore hanté par l’image de Kinn, et la façon dont il avait révélé une facette de lui-même que je ne soupçonnais pas. L’idée de travailler avec lui, ou même de rester en sa présence, était devenue insupportable.

    « Ta vie a été menacée dès le moment où tu as sauvé Kinn… Tu ne crois pas que d’autres pourraient te causer des ennuis encore plus graves que ce qu’il a fait ? Je pense qu’ils pourraient aller bien au-delà. »

    Sa voix était calme, mais le poids de ses mots résonnait puissamment. Son regard perçant semblait chercher à lire au plus profond de moi.

    « Que voulez-vous dire ? » répliquai-je, le cœur battant. Pourquoi ma vie serait-elle en danger ? Et que pourraient-ils bien faire de plus ? Mon existence avait déjà été chamboulée, et tout cela à cause de Kinn !

    « Un homme comme toi, capable de tenir tête à certains des meilleurs boxeurs du pays ? Bien sûr qu’ils ne te laisseront jamais tranquille. »

    Je ne comprenais rien à ce qu’il insinuait. Qui étaient ces « ils » dont il parlait ? Pourtant, je pouvais sentir qu’il tentait de m’amener à quelque chose.

    « Non… Je ne le ferai toujours pas, » rétorquai-je fermement.

    Son expression changea légèrement, une ombre de calcul se glissant dans son regard.

    « J’ai entendu dire que tu étais le neveu d’Athie, n’est-ce pas ? » demanda-t-il d’un ton presque nonchalant, mais qui masquait une menace voilée.

    « Si tu acceptes, ta vie sera sauve. »

    Je sentis ma colère monter en flèche.

    « Je me fiche de lui ! Allez-y, tuez-le ! Si vous pensez pouvoir me convaincre avec ce genre de menace, oubliez ça, car ça ne marchera pas ! » lançai-je sèchement, le défi dans ma voix évident.

    L’homme resta impassible, repliant ses mains sur le canapé avec une détente calculée.

    « Eh bien, ta vie est déjà dans un sale état, et tu refuses encore de saisir cette chance… » dit-il tranquillement, mais chaque mot semblait alourdir l’air autour de nous.

    Je serrai les poings, une vague de souvenirs m’assaillant soudainement. Tout cela… Tout ce chaos… Était à cause de mon oncle Athie. Et, bien sûr, de Kinn.

    « Si vous me le permettez, je vais rentrer chez moi… Et veuillez dire à Kinn de ne plus menacer les gens autour de moi, » dis-je en me levant, prêt à en finir avec cette conversation.

    Mais les mots qui suivirent me firent me retourner brusquement, mon cœur se serrant dans ma poitrine.

    « Même si Kinn ne le fait pas, quelqu’un d’autre le fera. Tu t’attireras des ennuis plus graves encore… J’ai entendu dire que tu avais un petit frère ? »

    Je sentis mon sang se glacer.

    « Ne touchez pas à mon frère ! » répondis-je d’une voix tendue, les mâchoires serrées, tandis que mes yeux se plantaient dans ceux du vieil homme.

    Il me regarda avec calme et répondit simplement :

    « Non, je ne ferais jamais une telle chose. »

    Mais un rire distinct résonna soudainement, un rire que je connaissais bien. Celui de Kinn.

    À cet instant, tout ce dont j’avais peur semblait devenir réalité.

    « Mais si tu acceptes ce travail, je te donnerai cinquante mille bahts par mois… Cela rendra vos vies plus confortables. Ou veux-tu que ton frère ait des difficultés ? »

    Ses mots, bien qu’apparemment inoffensifs, pesaient lourd sur moi. Ils semblaient calculés, prononcés avec une douceur oppressante, tandis que je plongeais mon regard dans le sien. Ces yeux, impossibles à déchiffrer, me laissaient perplexe.

    « C’est justement parce que je ne veux pas que mon frère soit malheureux que je ne peux pas accepter, » répondis-je honnêtement. Même quand je n’avais rien fait de mal, les problèmes semblaient s’abattre sur moi et ceux qui m’entouraient.

    Il hocha légèrement la tête, son regard se faisant plus intense.

    « Une personne aussi admirable que toi ne mourra probablement pas si facilement. As-tu pensé à ce qui rendrait ton frère plus heureux ? Avant de t’inquiéter de la vie et de la mort, laisse-moi te faire une autre proposition. Si tu acceptes… Je te promets de veiller sur ton frère. Il n’aura aucun problème, et je m’assurerai qu’il puisse aller à l’université. »

    « … »

    Je ne savais pas quoi dire. Pourquoi son offre devenait-elle de plus en plus alléchante ? Pourquoi ces gens tenaient-ils autant à m’avoir ? Était-ce uniquement parce que je savais me battre ?

    « Accepte l’offre, parce que je veux vraiment que tu le fasses. Ou peut-être veux-tu autre chose ? » dit-il en ouvrant les mains, comme s’il était prêt à tout pour obtenir mon accord.

    Je restai silencieux un moment, mais une idée germa dans mon esprit.

    « La maison… Je veux récupérer la maison de mes parents. »

    C’était un souhait que je n’avais jamais osé formuler à voix haute. Je savais que la racheter était une tâche presque impossible. Pourtant, je ne comprenais pas pourquoi ces mots étaient sortis de ma bouche. Et sa réponse me désarçonna complètement.

    « Oui, je peux te la rendre dès maintenant. »

    « … »

    Je restai figé, incapable de croire ce que j’entendais. Ma demande, que je pensais irréalisable, venait d’être acceptée avec une facilité déconcertante par cet homme au regard bienveillant mais terrifiant.

    Quelque chose dans son attitude me mettait mal à l’aise. Était-ce de la sincérité, ou jouait-il simplement un rôle ?

    « Veux-tu autre chose ? » demanda-t-il, comme si aucune requête n’était hors de sa portée.

    « Mon salaire ne peut pas être cinquante mille. Je vous demande cent mille bahts par mois. »

    Je lançai ces mots en le fixant droit dans les yeux, testant les eaux, cherchant à évaluer jusqu’où je pouvais pousser les limites. Peut-être voulais-je me prouver que j’avais encore un certain contrôle sur cette situation absurde. Peut-être espérais-je dissiper ce sentiment oppressant, cette idée persistante que je me faisais manipuler.

    « Wow… C’est beaucoup. Est-ce que quatre-vingt mille te va ? » dit-il en riant, son ton léger contrastant avec l’atmosphère oppressante de la pièce.

    « … » 

    Je restai silencieux, mes pensées tourbillonnant. L’atmosphère tendue et chargée d’anxiété avait fait place à quelque chose de plus étrange, presque paternaliste. Cet homme me rappelait mon père. Son regard, son calme autoritaire, même sa manière de gérer cette négociation, tout faisait écho à une présence que j’avais perdue.

    Puis, comme une lame tranchant mes souvenirs, l’image de mon frère me traversa l’esprit. La promesse que j’avais faite devant la tombe de notre père résonnait en moi : protéger mon frère, ne jamais lui compliquer la vie. Mais comment tenir cette promesse quand la maison de notre père n’était plus à nous ?

    Je jetai un coup d’œil aux gardes, qui me fixaient comme s’ils attendaient que je fasse une erreur. Leurs regards étaient lourds, menaçants. Si je devais survivre ici, je devais négocier.

    « Je dois être leur chef. »

    Le garde du corps en charge ouvrit la bouche pour protester, mais le père de Kinn l’arrêta d’un simple geste.

    « Ha-ha, ça allait déjà être le cas, » répondit-il, avec un sourire amusé.

    Le garde du corps fronça les sourcils, visiblement frustré, ce qui m’arracha un sourire en coin. Une petite victoire, mais une victoire tout de même.

    « Et je ne porterai pas ces costumes ridicules ! » ajoutai-je, en croisant les bras. « Je veux des vêtements normaux. »

    Il me regarda avec un éclat malicieux dans les yeux. « Quelle position sous-entends-tu ? Garde du corps ou président de l’entreprise ? » Il éclata d’un rire sonore qui résonna dans toute la pièce.

    Son amusement me surprit, mais je ne baissai pas les yeux. Je haussai un sourcil et, avec toute la confiance que je pouvais rassembler, lui lançai :

    « Alors, puis-je le faire ? »

    « Oui, mais seulement à l’intérieur. Quand nous sommes à l’extérieur, je veux que tout le monde ait la même apparence, car cela ne donnerait pas une bonne image. » Sa voix était ferme, presque professorale, comme s’il me donnait une leçon sur la façon de maintenir l’ordre.

    « Mm… » Je n’avais pas d’autre choix que de grogner en guise de réponse.

    « En résumé… Comme l’autre fois, d’accord ? »

    Mais une pensée soudaine me traversa l’esprit, me stoppant net. Être leur garde du corps signifiait… Être le garde du corps de Kinn, non ? Je levai les yeux, fixant l’homme avec méfiance.

    « Et si Kinn me tuait ? » lançai-je, à moitié sérieux, à moitié provocateur.

    Il ne cilla pas. « Je ne le laisserai certainement pas faire. »

    Je n’étais pas convaincu. Ce n’était pas comme si Kinn avait montré beaucoup de contrôle la dernière fois. « Comment puis-je être sûr que vous tiendrez votre promesse concernant la sécurité de mon frère et de ma maison ? »

    Il poussa un soupir, un mélange de lassitude et de patience. « Huh… Tu devrais déjà savoir qui je suis. Jusqu’à présent, je n’ai jamais terni ma dignité en ne tenant pas mes promesses. »

    Sa voix était plus dure cette fois, un ton qui ne laissait pas place à la négociation. Il avait ce regard, celui qui exigeait qu’on le croit sur parole, qu’on ne remette pas en question son autorité. Contrairement à Kinn, qui était assis silencieusement à côté, cet homme inspirait quelque chose de bien plus solide. Une sorte de gravité.

    Je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il était bien plus digne de confiance que cet enfoiré de Kinn. Oui, Kinn, qui restait là, à m’observer sans un mot, comme s’il attendait que je me décide à me plier à cette offre absurde.

    « … »

    Je réfléchissais encore à tout ce qu’il venait de dire, cherchant des contradictions, n’importe quelle excuse pour refuser ce travail.

    « Si le confort et la sécurité de ton frère passent par ta vie, c’est risqué. Alors, fais-le maintenant. »

    « … J’ai besoin de réfléchir. »

    J’avais besoin de temps. Pour l’instant, j’étais confus. Je ne voulais pas accepter cette offre, mais j’étais terriblement tenté. Je voulais voir Che’ manger à sa faim, vivre confortablement, sans avoir à se soucier du lendemain. Pourtant, l’image de lui en pleurs ce jour-là continuait de tourbillonner dans mon esprit, rendant ma décision encore plus difficile.

    Si le confort et la sécurité de ton frère passent par ta vie, c’est très risqué. Alors, fais-le maintenant.

    « Quand pourras-tu me donner une réponse ? », me demanda-t-il d’une voix sombre. Avant même que je prenne ma décision, je réalisai une autre chose. Même si je ne voulais pas impliquer mon oncle dans tout ça, il était tout de même la personne que mon père avait aimée.

    « Je vais vous poser une autre question. » Il me fit signe de continuer.

    « Si j’accepte… Pouvez-vous repousser le remboursement de la dette ? »

    L’homme en face de moi sourit avant de hocher la tête.

    « Bien sûr. » dit-il.

    « Demain, je vous donnerai ma réponse. »

    Après cette conversation, je partis sur ma moto, mes pensées envahissant mon esprit. Que devrais-je faire ? Le choix que je vais faire déterminera le reste de ma vie. Si j’accepte, mon frère aura une vie meilleure. Ah, je serai soulagé de voir la gêne disparaître de son visage. Mais si je refuse, je devrai trouver un nouvel emploi et économiser pour racheter la maison, couper les ponts avec Athie, et mon frère traversera des moments difficiles, mais au moins j’aurai l’esprit tranquille.

    Quel choix devrais-je faire ?

    [Conversation entre Khun Korn et Khun Chan*]

    « Pourquoi lui donner autant ? Il est trop exigeant, retirez simplement l’offre. Il n’est pas notre seule option. »

    « Au début, c’était ce que j’allais faire. Si les choses se gâtent, je ne veux pas qu’il devienne une nuisance. »

    « Alors, pourquoi avez-vous fait cela ? »

    « Parce que je sais qui est le père de Porsche… »


    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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