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    [PDV De Kinn]

    Je scrutais mon cou dans le miroir, examinant la morsure sanglante juste en dessous de mon oreille. Elle saignait encore légèrement, et la zone environnante, marquée d’ecchymoses initialement d’un violet profond, avait commencé à virer à un jaune pâle.

    J’ai levé mon cou vers Big, l’un de mes gardes du corps, qui nettoya lentement ma plaie avec un coton, tout en se plaignant.

    « Monsieur Kinn, vous voulez vraiment l’embaucher en tant que votre garde du corps ? » dit-il en soupirant tout en regardant la plaie.

    « Regardez ce qu’il vous a fait. Dès demain, j’irai à sa trace et je tuerai ce sale chien. »

    « Fais cela et Père t’éliminera en premier. » lui dis-je en lui lançant un regard en coin.

    « Mais monsieur, me faire tuer serait tout aussi humiliant que ce qu’il nous a fait vivre ! Il vous a abandonné à deux repris au milieu de nulle part et la troisième fois, il vous a mordu le cou. Comment pourriez-vous apprivoiser un tel monstre ? » murmura Big avant que je ne lui lance un regard perçant qui le fit taire avant qu’il se reconcentre sur le nettoyage de ma plaie.

    À vrai dire, ce n’est pas moi qu’il le veut comme garde du corps, mais mon père. Il avait visionné les images de vidéosurveillance du bar « La Racine » pour traquer les enfoirés qui m’avaient kidnappé et battu il y a trois jours. Mais au lieu de cela, il fut fasciné par ce type aux aptitudes au combat exceptionnelles.

    Celui-là même qui m’avait sauvé à deux reprises. Mais bien sûr, il ne l’a pas fait gratuitement. J’ai même dû renoncer à l’une de mes montres les plus chères.

    « Trouve-le avant que l’ennemi ne le fasse. S’il tombe entre de mauvaises mains, nous serons en danger. Ce garçon est un trésor.  »

    Les paroles de mon père résonnairent dans ma tête. Il n’avait pas tort, étant donné son style de combat unique et habile, il a fait littéralement qu’une bouchée de ces gangsters.

    Les corps des membres du gang empilés en une montagne de parties de corps ensanglantées et disloquées étaient une vue, effrayante, à contempler.

    Quant à moi, je souhaite le retrouver les plus rapidement possible. Au début, j’ai cherché à négocier avec lui, mais face à la morsure qu’il m’a infligée, je vais le traquer pour lui faire payer ce qu’il m’a fait.

    Cet enfoiré.

    Personne ne m’avait jamais fait cela !

    — À l’université —

    « Lequel de tes amants a été assez audacieux pour te laisser une marque aussi visible sur le cou ? » , dit Mew tout en se moquant de moi alors que j’allais m’asseoir avec mes hommes à l’une des tables près du bâtiment de la faculté.

    « Va te faire foutre ! » , lui criai-je en retour.

    Puis je me suis retourné vers Big et lui ai dit « Tu peux partir maintenant. »

    Normalement, je me rendais seul à l’université, mais ce n’était plus sûr pour le moment, alors mes hommes m’ont accompagnés pour assuré mes arrières et vérifier les environs.

    « Je vous attendrai au même endroit » , déclara Big avant de se retourner pour s’en aller.

    « Eh bien, n’oublie pas d’aller à l’adresse que je t’ai donnée et son nom est Jom ! », lui rappelai-je une fois de plus avant qu’ils ne partent pour de bons.

    « Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire ? » me demanda Ai Tae en se retournant vers moi.

    « Père m’a demandé de chercher quelqu’un. »

    « Vous avez encore des ennuis avec la famille secondaire ? Tu as disparu pendant trois jours, ne me dis pas que tu as encore été kidnappé ? » Il a attrapé ma mâchoire et a tourné ma tête sur le côté pour examiner les ecchymoses que j’avais tout le long du cou.

    « Oui, mais la personne que je cherche n’appartient pas à la famille secondaire. C’est lui qui m’a fait ça. » Je grinçai des dents de frustration et retirai doucement le pansement de ma gorge pour montrer les cicatrices.

    « Merde ! », s’écrièrent Time, Tae et Mew en même temps.

    Depuis ce matin, la douleur de la morsure me tourmentait, et à chaque piqûre, la haine envers ce salaud se multipliait. Peu importe s’il accepte de devenir mon garde du corps, ce qui me permettait de tenir bon, c’était l’idée de me venger dès que j’aurais mis la main sur lui.

    J’ai raconté tout l’incident à mes amis. Ils sont mes seuls amis depuis le lycée, alors ils connaissent tout de moi. Je ne suis pas doué pour me faire de nouvelles connaissances, d’autant plus que beaucoup de mes camarades de classe avaient peur de m’approcher en raison de la réputation de mon père.

    Ils me regardaient avec dégoût et parfois, ils me haïssaient sans que je sache même pourquoi.

    « Connais-tu quelqu’un du nom de Jom à la faculté des sciences ? » demandai-je à Mew. J’ai eu de la chance que cet idiot portait son uniforme universitaire ce jour-là. Le nom de son université et sa faculté étaient brodés dessus.

    « Non ! Je ne connais personne de ce nom. » Il regarda vers Tae et Time, les amoureux. Time lança un regard furtif à Tae, qui lui sourit froidement.

    Ouais, je pourrais demander ça à n’importe qui, mais pas à Mew. C’est un élève très studieux et acharné qui n’a jamais séché un seul de ses cours. Toujours en tête de classe, je ne me souviens même pas comment nous sommes devenus amis. C’est lui qui m’aidait chaque fois que je ne pouvais pas assister à mes cours en raison d’affaires liées à la mafia. Contrairement à Tae et Time qui ne savent rien faire d’autre que flirter comme un couple nouvellement marié, ils me tapaient parfois sur les nerfs.

    « Qu’est-ce que tu fais après les cours ? Emmène-moi à la Faculté des sciences pour trouver ce type. »

    « Rien du tout », répondit Time, anxieux, changeant immédiatement de sujet. « Après les cours, je vous y emmènerai. » Je hochai la tête.

    « Venez, ils sont en train de distribuer les feuilles d’examen. Finissons ça d’abord, puis nous t’aiderons à trouver la personne que tu cherches. »

    Après le cours, nous trois — à l’exception de Mew, qui avait mentionné devoir d’abord se rendre à la bibliothèque —nous nous sommes dirigés vers la faculté des sciences. C’était ma première fois là-bas, et je n’avais aucune idée par où commencer jusqu’à ce que…

    « Eh, P’Time ! Que fais-tu ici ? »

    Je sursautai légèrement en entendant une voix familière.

    Un étudiant en uniforme de la faculté des sciences du sport s’approcha de nous dès qu’il nous vit. Franchement, cela ne me surprenait même pas que Time soit connu ici aussi… Avec sa réputation, c’était à prévoir.

    « Oh, Min ! Quelle chance ! Viens ici, j’ai quelque chose d’important à te demander. »

    Time lui adressa un grand sourire avant de passer son bras autour des épaules du nouvel arrivant, qui grimace légèrement sous la surprise.

    « Tu n’avais pas dit que tu ne connaissais personne ici ? Et pourquoi faut-il que tu le tiennes si près ? » murmura Tae d’un ton sombre tout en serrant l’ourlet de la chemise de Time entre ses doigts.

    « Bébé, pas besoin de te vexer. On se connaît bien, c’est tout. Son père travaille pour ma famille, » répondit Time avec un sourire apaisant. Cette explication sembla calmer Tae, qui hocha la tête avant de leur adresser un sourire léger.

    « Alors, que font les célèbres membres du gang dans ce coin ? » demanda Min, son regard se posant sur moi.

    « Oh, nous cherchons quelqu’un du nom de Jom. Tu ne le connaîtrais pas par hasard ? » demanda Time.

    « Eh bien, je connais quelqu’un qui porte ce prénom. Celui en deuxième année, c’est bien ça ? »

    « Il est en deuxième année ? » Time se retourna vers moi, les sourcils légèrement levés.

    « Je ne sais pas, » répondis-je calmement.

    Min haussa les épaules. « À ma connaissance, il n’y a qu’un seul Jom ici. »

    « Mais je ne sais pas où il est actuellement. Pourquoi ? Quelle affaire avez-vous avec lui ? »

    « Disons simplement que nous sommes ici pour recouvrer une dette. »

    « Oh, euh… Je ne sais pas où il est, mais j’ai vu Tem, son ami, plus tôt dans l’ascenseur. Il n’est pas avec Jom. Mais à cette heure-ci, ils doivent surement être à la cafétéria. »

    « D’accord, si tu le croises plus tard, dis-lui que quelqu’un le cherche. Dis que c’est son père. »

    « Hé Min, allons-y. » L’appela, un gars nommé Aom, qui s’était approché de nous.

     « D’accord, je le ferai. Je dois y aller, au revoir. »  Avec ça, Min nous quitta et nous nous rendîmes directement à l’adresse de Jom pour essayer de voir s’il y était ou pas.

    Ce qui me préoccupait, c’était que personne dans le quartier ne connaissait Jom. De plus, la dame qui vivait à côté a dit que cela faisait un moment que la maison était abandonnée.

    Nous venions de faire le tour de la maison pour regarder à l’intérieur lorsque mon téléphone s’est mis à sonner.

    « Oui… Papa, j’arrive. » J’ai soupiré en le remettant dans ma poche. J’ai regardé la maison qui ne présentait aucune trace de vie.

    Salaud, je te trouverai !

    Père m’a appelé et m’a demandé de rentrer rapidement. Il semble qu’on ait des invités importants et il veut que je les rejoigne.

    Pour l’instant, je dois renoncer à chercher cet enfoiré, mais je me fis une promesse. Une fois que j’aurai terminé mes affaires, je continuerai à le traquer.

     « Attends, Jom, mon gars… Je te retrouverai. »

    « Merci, Khun Wichian. » 

    Après notre dîner avec nos invités d’affaires importants, je les ai reconduits jusqu’à la porte. Ensuite, moi et tout mon personnel avons été appelés pour une réunion urgente dans la salle principale qui se trouvait au centre de la maison, notre salon. Cela a fait trembler de peur certains de mes hommes.

    « ÇA N’A PAS D’IMPORTANCE POUR VOUS, N’EST-CE PAS ? ! » a crié mon père, puis il donna un grand coup à la table. Cela fit sursauter plusieurs gardes.

    « Ce mois-ci, Kinn s’est fait attaquer deux fois, kidnappé une fois et puis traqué. Est-ce une blague pour vous ? Trouvez-vous cela drôle ? »  La voix sombre continua alors qu’il alluma une cigarette, aspirant et expirant lentement la fumée dans l’air. J’ai jeté un coup d’œil à mon père, qui est furieux et essayait tant bien que mal de se maîtriser.

    Il eut un lourd silence dans la salle. Tous nos hommes baissèrent la tête, n’osant pas relever les yeux. Je me contente de m’asseoir en face du canapé blanc et sirota tranquillement mon verre d’eau dans cette atmosphère pesante. J’y suis habitué, car ce genre de situation arrive souvent.

    « Vous êtes tous ses gardes du corps et vous laissez cela se produire ? » Je comprends pourquoi papa est furieux ; il doit aussi être sous pression à cause de ses partenaires ce mois-ci.

    Pendant que j’étais captif, mon frère aîné Khun et mon frère petit Kim n’ont pas non plus été épargnés.

    Quand ces choses traumatiques se produisent aussi souvent, on a généralement tendance à s’y habituer au point de ne plus se soucier d’être kidnappé. Pour quelqu’un qui a été enlevé plus de 10 fois dans sa vie, il est assez évident que cela peut rendre fou.

    « Pete ! Sale bon à rien ! En tant que chef des gardes du corps de mon fils, réponds-moi ! Pourquoi cela s’est-il produit ? Que comptes-tu faire après ça ? » Les regards se tournèrent vers Pete, dont le visage était aussi rouge et gonflé que ceux des autres. Des empreintes de mains écarlates étaient évidentes sur leurs visages. L’empreinte de la main de mon père. Comme prévu, ils ont été durement punis.

    « Je m’excuse, monsieur. Je ferai de mon mieux la prochaine fois », répondit Pete d’une voix ferme dans ce lourd silence.

    « J’en ai assez d’entendre tes excuses ! Regardez les ecchymoses qu’il y a sur mon fils, cela inclut vos blessures, bande de bons à rien ! »

    Bien que nous sachions qu’ils n’avaient pas l’intention de laisser cela se produire, leur incompétence continuait d’agacer mon père. Ces échecs répétés prouvaient qu’ils ne faisaient pas correctement leur travail.

    Il était évident que ce n’était ni des concurrents ni des débiteurs qui avaient osé une telle audace. Ils n’auraient jamais eu le courage de s’en prendre au fils d’un mafieux. Non, c’était plus sournois que cela. Nous savions que l’attaque venait de quelqu’un de proche.

    Le problème, c’est que mon père n’avait aucune preuve tangible pour agir. Était-ce l’un de ses partenaires ? Ou alors un membre de ce qu’on appelle la ’Deuxième Famille’ ?

    Dans notre clan, nous sommes la famille principale, celle qui contrôle les affaires depuis plusieurs générations. Tout a commencé avec mon grand-père, qui avait trois fils. L’aîné, mon père, a hérité des parts du casino et des biens immobiliers pour faire prospérer l’empire familial. Quant à ses deux frères cadets, Jekkant et Ku Kim, ils occupaient des postes de vice-présidents.

    Cette répartition inégale a semé les graines d’une rivalité pour le pouvoir, une tension qui s’est transmise à la génération suivante.

    C’est dans ce contexte que Big, l’un des chefs de nos hommes, tenta de calmer la colère de mon père.

    « Je suis désolé, monsieur. Nous avons suivi vos ordres et tenté de rassembler des preuves. Ce que nous avons découvert, c’est que la Deuxième Famille engage régulièrement un gang extérieur pour nous attaquer, » expliqua-t-il, la voix tremblante.

    « Vous allez me dire que nous sommes plus stupides qu’eux ? » Big baissa la tête et avala toutes les insultes qu’il avait au bout des lèvres.

    « Ce n’est pas comme si nous étions impuissants. Trouvez des preuves contre Jekkant et débarrassez-vous de lui. » Je ne veux pas m’impliquer dans cette affaire, car le cycle des attaques et des représailles semble interminable.

    « Si dans le futur, quelque chose arrivait à l’un de mes fils, je vous renverrais tous ! », cria mon père avant de se tourner vers moi.

    « Kinn, qu’en est-il de ce garçon que je t’ai demandé de retrouver ? » J’ai secoué la tête en guise de réponse. Pour l’instant, mon père veut absolument mettre la main sur ce salaud aux compétences remarquables.

    « Dépêche-toi, je vais ouvrir un nouveau casino et la deuxième famille ne restera certainement pas les bras croisés. »

    « Frère Kinn, y a-t-il quelque chose que je peux faire pour vous aider ? Je ne veux pas le laisser partir non plus. Il est très habile et j’ai peur que quelqu’un d’autre ait déjà conclu un marché avec lui. »

    P’Chan, le secrétaire de papa, parla avec inquiétude. Il veut m’aider à retrouver le garçon qui m’a sauvé. Et il ne nhésitera sûrement pas à lui donner une belle somme.

    « Je m’en occuperai, P’ Chan, donne-moi juste un peu de temps. » dis-je doucement, ce à quoi il hocha la tête et continua à regarder mon père.

    « Eh bien ! Vous vous amusez sans moi ? » Une voix joyeuse et enjouée brisa l’atmosphère pesante. Le jeune homme qui venait d’apparaître me ressemblait comme deux gouttes d’eau. Bien qu’il ait trois ans de plus que moi, on aurait dit que nous avions le même âge, sans doute à cause de son visage toujours illuminé par un sourire. C’était mon frère aîné, Khun.

    « Je suis juste de passage. » dis-je amèrement. Nous ne sommes pas très proches et nous nous chamaillons la plupart du temps. Je n’avais pas revu mes frères depuis la fois où j’ai été retenu captif pendant trois jours.

    « Pouvez-vous au moins parler de manière civilisée ? » Nous interrompit notre père avant que nous ne nous jetions l’un sur l’autre. « Quels beaux souvenirs, tu as. » Il prit mon visage par le menton et le tourna de gauche à droite, examinant mes ecchymoses et mes blessures. Qu’est-ce qu’il est agaçant.

    « Pff ! Fais ce que tu veux, mais laisse-moi tranquille. » dis-je en repoussant sa main.

    Il m’offrit un simple sourire effrayant avant de se diriger vers le canapé où il s’assit. Il alluma ensuite la télévision qu’il se mit à fixer intensément.

    Père secoua la tête en regardant Khun. Mon frère est un peu dans un autre monde. Qui ne le serait pas après avoir été enlevé et torturé à plusieurs reprises pendant dix ans consécutifs ?

    C’était prévisible, car il est l’aîné. L’héritier, comme on dit.

    «  Amène-moi ce bâtard le plus vite possible  », ordonna soudain papa, d’une voix sévère et impérieuse. Incapable de rassembler le courage de répliquer, je me contentai de hocher la tête en silence.

    « Qui ça ? » , demanda Khun, les yeux toujours rivés sur la télévision.

    « Nous cherchons un nouveau garde du corps pour Kinn », répondit papa.

    « Et moi alors ? » Khun se tourna pour le regarder, puis moi.

    « Que veux-tu dire ? Tu as déjà Pete » , déclara père en regardant Pete avec suspicion.

    « Nah, celui-ci est stupide. Je veux quelqu’un d’intelligent », dit-il en faisant la moue en roulant des yeux.

    «  Soyez simplement patient avec lui. S’il vous cause encore des ennuis, je vous en trouverai un nouveau.  » Voilà, encore une preuve que mon frère aîné est le fils le plus gâté de cette maison. Beaucoup pensent que c’est le benjamin qui a droit à tous les passe-droits, mais ici, c’est différent. Dans ce clan, personne n’est plus chouchouté que mon frère aîné, qui semble perdre un peu plus la tête chaque jour.

    « Et les miens ? » Une autre voix se fit entendre, et une réplique exacte de moi apparut. Kim, mon petit frère.

    «  Où diable étais-tu passé  ?  » demandai-je en le pointant du doigt.

    «  Oh, je me suis simplement souvenu du chemin de la maison,   » répondit-il en se frottant la tempe avec un sourire narquois.

    Il est vrai que Kim rentre rarement. En fait, il est presque jamais à la maison. Il aurait pu être enlevé pendant des mois, et personne ici ne s’en serait rendu compte.

    «  On dirait qu’il va y avoir une tempête aujourd’hui. Tous mes fils sont à la maison,   » commenta papa. Même s’il ne le montrait jamais, je pouvais percevoir une note de bonheur dans sa voix.

    «  Et qu’est-ce qui te ramène  ? Je pensais que Khun et moi étions les seuls fils ici,   » répliquai-je sur un ton taquin.

    « Papa ! As-tu entendu ton deuxième fils. Comment peut-il me parler ainsi ? » fit remarquer Kim en me pointant du doigt.

    «  Bon, vous m’épuisez déjà. Arrêtez ça,   » soupira papa en profondeur. Il attrapa la télécommande et se mit à zapper sans relâche, visiblement à la recherche de quelque chose pour détourner son attention de nos chamailleries incessantes.

    «  C’est bien que vous soyez tous les trois réunis ici aujourd’hui. Demain, vous viendrez avec moi à l’usine. Vérifiez vos comptes,   » déclara-t-il soudainement.

    «  Pourquoi  ? Tes secrétaires ne te suffisent plus  ?  » lançai-je, sarcastique. Tout le monde savait que papa avait une armée de secrétaires.

    «  Vous serez à l’avenir propriétaires de l’usine. Vous ne voulez pas apprendre à la gérer  ? Et toi, Kim, apprends à rester à la maison pour une fois,   » répondit-il sèchement avant de sortir de la pièce, nous abandonnant en plein désaccord.

    «  Merde. Je n’aurais pas dû revenir,   » maugréa Kim en serrant les dents.

    «  Oui  ! Tu n’aurais pas dû. Tout est de ta faute,   » renchérit Khun avec un ton accusateur.

    «  T’es l’aîné, et c’est toi qui profites toujours des meilleurs avantages. Tu devrais être le seul à aider papa à gérer l’usine  !  » s’énerva Kim.

    «  Oh là, ferme-la. J’ai fait bien plus pour papa pendant que toi, tu disparaissais sans rien foutre  !  »

    Je les observais, secouant la tête, partagé entre l’agacement et l’incrédulité. Était-ce vraiment mes frères  ? Parfois, les gens me prenaient à tort pour l’aîné, uniquement parce que je semblais plus mature qu’eux. Khun, malgré son diplôme en administration des affaires et deux années à diriger l’usine, avait été contraint de faire une pause après son énième kidnapping.

    Quant à Kim, il étudiait également les affaires, mais dans une université différente. Personne ne se souciait trop de ses études tant qu’il ne ratait pas ses cours.

    Lassé de leur dispute puérile, je les laissai à leur querelle et me tournai vers mes subordonnés pour leur donner des instructions sur notre mission.

    Le lendemain, on m’informa qu’aucune personne du nom de Jom ne résidait dans le quartier que nous avions surveillé. La nouvelle m’exaspéra au plus haut point.

    «  Vraiment, Monsieur Kinn, nous avons passé toute la nuit à ‘La Racine’, mais tout le personnel là-bas a affirmé qu’il n’y avait personne du nom de Jom qui travaillait là-bas. Et il n’est pas venu non plus hier soir,   » rapporta Big, visiblement frustré. Je fixais l’écran de télévision d’un regard absent, assis dans mon bureau, réfléchissant à la suite des événements.

    Puis, une pensée jaillit soudainement dans mon esprit. Son numéro ! Bien sûr, je l’avais, n’est-ce pas ?

    Je me redressai brusquement, presque précipitamment, et quittai la pièce pour trouver mon père.

    «  Papa, prête-moi ton téléphone,   » dis-je en attrapant l’appareil posé sur la table avec un peu trop d’empressement. Je cherchai rapidement son répertoire et y notai le numéro dont j’avais besoin. Avant même qu’il ne puisse réagir, j’étais déjà en train de partir.

    «  Eh bien, que se passe-t-il ?  » demanda-t-il, visiblement déconcerté, alors que je passais la porte.

    «  Je pars à la chasse, papa, comme tu me l’as demandé.  »

    «  Quoi ? Tu ne l’as pas encore trouvé ? Cela fait des jours !  » s’exclama-t-il, ses yeux s’agrandissant sous l’effet de la surprise et de l’agacement.

    «  Ce n’est pas un gars ordinaire, papa. Je dois y aller. Au revoir,   » répondis-je avant de m’éclipser sans attendre une réponse.

    Dès que je fus dehors, je composai immédiatement le numéro que j’avais mémorisé depuis le téléphone de mon père. Je portai le téléphone à mon oreille et attendis patiemment jusqu’à ce que quelqu’un décroche enfin. Une voix familière résonna alors à l’autre bout de la ligne.

    «  Allô ?  »

    «  Allô.  » répondis-je d’un ton confiant, un sourire triomphant étirant les coins de mes lèvres.

    «  Qui est-ce ?  »

    «  Est-ce que c’est Jom ?  »

    L’appel fut coupé abruptement. Mon cœur battit un peu plus vite, mais mon esprit était désormais certain : mon pressentiment était correct.

    Comment ose-t-il me tromper ? !

    Sans perdre un instant, je passai de nouveaux ordres.

    «  Big, trouve-moi Jom. L’étudiant en deuxième année en sciences du sport. Tout de suite.  »

    Un scénario se dessine dans mon esprit.

    Personne ne se joue de moi. Je suis Kinn.

    J’avais confié à mes subordonnés la tâche de traquer ce « rat », tandis que j’accompagnais Khun et Kim pour visiter l’usine, conformément aux ordres de notre père.

    Pendant tout le trajet dans le van luxueux, mes frères dormaient profondément. Peut-être espéraient-ils ainsi éviter de se chamailler en présence de papa. L’atmosphère dans le véhicule était calme, mais une tension sous-jacente trahissait les enjeux de cette sortie.

    Nous arrivâmes enfin devant l’usine de chocolat, une filiale de Teerapunyakun Industries. L’usine avait failli fermer en raison de ses faibles bénéfices depuis son ouverture, mais papa s’était obstiné à la maintenir à flot. Il tenait particulièrement à ce projet, une facette plus « innocente » de notre empire. Le logo, représentant trois garçons, symbolisait ses trois fils, une preuve tangible de l’affection qu’il éprouvait, malgré sa dureté apparente.

    Habillés de costumes noirs impeccables, nous projetions l’image parfaite des héritiers puissants d’une dynastie mafieuse. Mais derrière cette façade impeccable, chacun portait ses propres préoccupations.

    Je commençai ma visite au service de comptabilité, passant en revue les dossiers de revenus et de dépenses avec attention. Bien qu’il n’y ait pas de progrès notable, la situation n’était pas pire non plus. Ensuite, je me rendis au département de production pour observer la chaîne de fabrication.

    Cette usine de chocolat restait la seule entreprise « propre » de la famille, un contraste frappant avec nos autres activités, bien plus sombres. Entre les casinos, les transactions illégales et le commerce d’armes, l’usine représentait un héritage auquel mon père tenait profondément. Quant à moi, je préférais me concentrer sur ce projet et laisser les aspects les plus obscurs de l’entreprise à d’autres.

    Après la visite, je retrouvai Khun, qui savourait un morceau de chocolat, manifestement peu préoccupé par les performances économiques de l’usine.

    « Après avoir mangé, pourrais-tu demander à un de tes hommes de me conduire quelque part ? Mes gars sont tous en mission, » lui demandai-je avec calme.

    Khun leva les yeux vers moi, intrigué.

    « Pourquoi ? Où est-ce que tu vas ? »

    Je lui répondis avec un sourire narquois, où se mêlaient ironie et menace.

    « Je vais juste régler un problème avec un putain de rat. »

    Plus tard, Pete s’arrêta devant le bâtiment dans un van Hyundai noir.

    « Allons manger au Vanista. La vue là-bas est magnifique ! » s’exclama Khun, assis à l’intérieur du véhicule, s’agitant comme un enfant de trois ans.

    Vanista est l’un des restaurants les plus prestigieux du pays, avec des prix proportionnels à la hauteur de ses étages. Et comme par hasard, il se situe au dernier.

    Dès que nous sommes descendus de la voiture, Khun a bondi en avant sans prévenir. Je l’observai de loin avant de me précipiter pour le rattraper, tandis que Kim marchait rapidement derrière moi.

    « Eh, la deuxième famille ! » lança Khun en s’arrêtant soudainement devant deux visages familiers : Vegas et son frère cadet, Macau.

    « Salut, deuxième frère, » me salua Macau avec politesse.

    Khun, roulant des yeux, murmura d’un ton agacé : « Je suis arrivé en premier, mais tu ne salues que Kinn ? »

    « Alors, deuxième frère, tu viens ici pour manger ? » demanda Macau à nouveau, ignorant délibérément Khun. Ce n’était pas inhabituel : Macau était toujours respectueux avec moi. Quant à Vegas et Kim, ils se disputaient constamment, tandis que Macau et moi évitions de nous mêler à leurs querelles incessantes.

    « Oui, » répondis-je simplement.

    Vegas, remarquant la tension, en profita pour lancer une pique à Kim : « Kim, tu ne peux pas aller ailleurs ? Cet endroit semblait agréable, mais ton humeur a tout assombri. »

    Kim ne resta pas de marbre. Il rétorqua sèchement : « Grand frère, tu parles trop. Kinn et Macau discutaient tranquillement jusqu’à ce que tu l’ouvres et gâches l’atmosphère. »

    Vegas ricana avant de riposter : « Et la première famille ? Vous devriez peut-être aussi apprendre la politesse à vos enfants. »

    Voyant que l’échange dégénérait, je m’interposai avant qu’une bagarre n’éclate. « Ça suffit, » dis-je fermement.

    Mais Vegas, toujours provocateur, leva un sourcil en me répondant : « C’est ton frère qui est venu vers nous en premier. »

    Khun, visiblement irrité, répliqua aussitôt : « Et alors ? Je n’ai pas le droit de venir vous saluer ? »

    Sentant que la situation risquait de dégénérer, je pris Khun par le bras et l’entraînai hors de la pièce avant que les choses ne s’aggravent davantage.

    « Frère, je devrais peut-être aussi t’acheter un protège-dents ! » cria Macau à l’attention de Vegas alors que nous nous éloignions.

    Ne souhaitant pas prolonger cette tension inutile, je choisis de nous emmener dans un simple restaurant japonais. Après avoir poussé mes frères dans leurs sièges, je m’installai en face d’eux.

    « Pourquoi nous as-tu arrêtés ? » demanda Khun en se retournant pour me sermonner, visiblement irrité.

    « Vous étiez sur le point de vous battre. Ce genre de comportement n’est pas bon pour le clan, » répondis-je d’un ton ferme mais posé.

    Khun croisa les bras, un air boudeur collé à son visage : « Mais c’est lui qui a commencé. »

    Sa prétention était presque amusante, et je ne pouvais blâmer que notre père de l’avoir autant gâté. L’absence d’une mère pour le tempérer n’avait fait qu’accentuer cette arrogance. Pourtant, malgré tout cela, je ne ressentais aucune jalousie envers l’affection que mon père lui portait.

    « Tu as quel âge pour tomber dans leur piège ? » dis-je en le regardant droit dans les yeux. Je savais pertinemment que la deuxième famille n’attendait qu’une occasion pour nous attaquer, et leur stratégie commençait déjà : en irritant mes frères.

    « Es-tu mon frère ou le leur ? » répliqua Khun en boudant, mais je ne relevai pas sa pique.

    « Eh bien, je peux être les deux si cela nous évite des ennuis. »

    Nous mangeâmes en silence, puis nous décidâmes de flâner dans un centre commercial. Nos gardes du corps nous suivaient à distance, portant sacs en papier et autres articles que mes frères achetaient avec insouciance.

    Alors qu’ils examinaient une montre à plusieurs millions de dollars, mon attention fut captée par une agitation dans la foule. Un homme d’âge moyen, vêtu d’une chemise sale et arborant un visage marqué par des blessures, fendit la masse de gens et se dirigea droit vers nous.

    « Monsieur ! S’il vous plaît, aidez-moi ! » cria-t-il, désespéré.

    Avant que mes gardes ne puissent réagir, il s’était glissé entre eux et m’avait saisi le bras. Cependant, leur entraînement reprit vite le dessus, et l’homme fut maîtrisé brutalement.

    Je fronçai les sourcils, observant cet individu étrange qui était maintenant maintenu au sol. Sa détresse était palpable, mais sa soudaine intrusion nous laissait tous perplexes.

    « Monsieur, écoutez-moi, je vous en supplie, lâchez-moi ! Monsieur ! » implora-t-il, se débattant avec ferveur.

    « Relâchez-le, » ordonnai-je calmement.

    Mes hommes hésitèrent un instant avant de le libérer. Il semblait soulagé, ses yeux brillants d’espoir se tournant immédiatement vers moi. Mais alors qu’il faisait un pas vers moi, mes gardes le bloquèrent à nouveau.

    « Parle d’où tu es. Ne t’approche pas, » dis-je fermement, préférant garder une distance de sécurité.

    L’homme hocha frénétiquement la tête, les mains jointes dans une supplication maladroite. « Je vous connais. S’il vous plaît, parlez à votre père pour moi. »

    Mes sourcils se froncèrent davantage. Une pointe de confusion s’insinua dans mon esprit. Était-il fou, ou avait-il vraiment un lien avec notre famille ?

    Avant que je ne puisse répondre, Kim éclata de rire et, d’un ton moqueur, déclara : « Vous vous trompez, mon oncle. C’est Anakinn, pas Khun. »

    L’homme secoua la tête avec insistance, ne se laissant pas distraire par l’intervention de mon frère. « Pouvez-vous trois m’aider ? Je m’appelle Thi. Je travaillais avec votre père il y a dix ans. Et maintenant, je lui dois… »

    « Laissez-moi deviner, » l’interrompit Kim avec un sourire sarcastique. « Une dette de jeu, c’est ça ? »

    C’était la même vieille histoire.

    « J’étais un partenaire de longue date de votre père. »

    Il essaya de se justifier. « Tenez, je vais vous payer. »

    Je veux dire la montre, pas sa dette.

    Je donnai ma carte à l’employé.

    « Mais je dois cinq millions. Il m’a dit que je devais les payer dans trois jours, sinon… »

    « …tu seras offert à la mer, » dis-je en souriant, savourant la terreur qui déformait le visage de l’homme. D’un geste désinvolte, je tournai mon attention vers la montre hors de prix que nous venions d’acheter, feignant l’indifférence.

    Bien que ce genre de punition ne soit pas encore arrivé, je connais mon père. Ce n’est qu’une question de temps avant que cette menace ne devienne réalité.

    « Il m’est impossible de rembourser une telle somme en trois jours, » poursuivit l’homme d’une voix tremblante. « Je jure de payer, mais j’ai besoin de plus de temps. Je vous en supplie, parlez à votre père pour moi. »

    Ignorant sa supplique, je me tournai vers mes frères. « J’ai envie d’une glace. Allons-y. »

    Sans un regard en arrière, je commençai à m’éloigner. L’homme tenta de se relever pour me suivre, mais mes gardes l’interceptèrent sans difficulté.

    Lorsqu’il s’agit du casino, mes frères et moi ne nous impliquons jamais. Papa sait très bien gérer ce domaine.

    « Monsieur, s’il vous plaît, aidez-moi ! » hurla l’homme derrière moi.

    Ces désespérés pensent toujours qu’ils peuvent obtenir ce qu’ils veulent de mon père en passant par nous. Quelle erreur. Ils ne comprennent pas que fuir est inutile. Peu importe où ils iraient, papa les retrouverait toujours.

    Je fis quelques pas dans le centre commercial pour m’éloigner du tumulte. Plus tard, alors que je me tenais devant l’entrée, attendant la voiture qui me ramènerait chez moi, mes yeux tombèrent sur une silhouette familière.

    C’était le même homme qui m’avait supplié quelques instants plus tôt. Mon regard suivit ses mouvements jusqu’à ce que je remarque une moto garée en biais à proximité.

    Puis, il y avait lui.

    Celui que je cherchais depuis plusieurs jours.

    Le garçon traînait le vieil homme vers la moto. Mes yeux se plissèrent légèrement alors qu’un sourire se formait sur mes lèvres. Quand la silhouette tant attendue entra enfin dans mon champ de vision, je sus quoi faire.

    Sans perdre de temps, je regardai les deux monter sur la moto avant de démarrer en trombe.

    Ah, parfois, la chance vous sourit au moment où vous vous y attendez le moins.

    Que pouvions-nous faire d’autre ?

    Partons à la chasse.


    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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