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    [PDV De Porsche]

    “Atchoum !”

    « Qui parle derrière mon dos… J’éternue depuis hier soir, putain !!! » Jom, mon ami, éternua de nouveau, puis il posa sa tasse de café sur la table en marbre devant la Faculté des Sciences du Sport. Je continuais à le regarder, m’excusant à plusieurs reprises dans ma tête.

    Hier, j’ai menti en donnant mon nom à ce type. Eh bien, la situation était assez louche. Qui oserait donner son vrai nom à un étranger ? J’ai pris la montre et l’ai vendue pour quelques centaines de milliers de bahts.

    Si jamais il venait à me rechercher, je pourrais dire que ce n’était pas mon nom, étant donné que je ne l’ai pas donné en premier lieu. Si je me souviens bien, il m’a dit : « Si quelque chose arrive à cette montre, considère-toi comme un homme mort. »

    « Pourquoi tu me regardes, connard ? », dit le salaud qui vint vers moi, mais je me contentai de hausser l’épaule et de détourner mon regard. Ce sont mes meilleurs amis, les seuls amis que j’ai. Le salaud en question s’appelle Tem et l’autre Jom.

    Bien que j’aie un visage lisse et agréable à regarder, étant de nature froide, je m’exprime rarement, surtout avec des étrangers. De plus, mon tatouage japonais, des cerisiers en fleurs, recouvrait l’entièreté de mon bras gauche. Il a un aspect menaçant, du coup peu de gens osent s’approcher de moi. Seuls ces deux-là ont été avec moi jusqu’à présent.

    Nous sommes en deuxième année dans l’une des meilleures universités du pays, mais sans la bourse d’athlétisme, je n’aurais jamais eu les moyens d’étudier ici. Je bénéficie d’une scolarité gratuite grâce à mon titre de champion national de judo, ce qui m’a permis d’obtenir cette bourse.

    « Si on finit rapidement le rapport qu’on doit rendre aujourd’hui, on pourra aller au club ce soir. Qu’en dis-tu, Porsche ? », dit l’un de mes amis, Jom, qui jouait à un jeu sur son téléphone.

    « Tu devrais plutôt m’aider au lieu de penser à sortir ! » fit remarquer Tem, occupé à faire notre devoir depuis un moment déjà. De mon côté, bien que je ne fasse pas le pitre, je me contentais de fixer la feuille que j’avais en main au lieu de l’aider.

    « Eh bien, dès que tu auras fini, on pourra y aller ? », lui dit Jom, qui n’avait toujours pas lâché l’affaire. Il insistait pour que l’on aille au club où je travaille. Ils s’y rendent souvent, car, tout comme moi, ils sont assez proches de la gérante.

    « D’accord, on ira là-bas, » lui dis-je. Enfin, on s’est mis au travail, n’ayant qu’une envie de finir ce foutu devoir le plus vite possible tandis qu’une certaine personne n’arrêtait pas de nous demander toutes les trois minutes si nous avions fini ou non. Pour ma part, sans trop réfléchir, je me suis plongé à fond dans la correction du texte, suite à la demande du prof.

    Et puis enfin, nous nous sommes retrouvés tous les trois au Club « La Racine », tenu par ma patronne. En réalité, on peut dire qu’ils étaient deux, puisque j’y travaillais comme serveur et leur apportais de temps en temps des boissons.

    “Nong* Porsche, quelqu’un a commandé des boissons, » me lança une femme d’âge mûr. Cela me fit sourire. J’ai pris la commande et lui ai préparé la boisson à la perfection. J’adore mon travail et je désire vraiment devenir barman, mais je sais que j’ai encore un long chemin à parcourir avant d’y parvenir.

    J’aime quand les clientes m’apprécient, car elles me donnent souvent beaucoup de pourboires, et il y a même des clientes qui viennent tous les jours juste pour me voir. Je les emmène à l’hôtel, mais seulement si la fille me plaît. Par exemple, cette femme à qui je viens de servir des cocktails. Elle est venue accompagnée de ses trois amies et elles atiraient l’attention de tous les mecs dans le club. Même si elle continuait à me fixer, je ne me fis pas trop d’idées…

    « Je m’appelle Vivi. Fais-moi signe dès que tu es libre. »

    De manière prévisible, elle m’avait écrit un petit mot accompagné de son numéro sur un bout de papier qu’elle a glissé vers moi. J’ai simplement esquissé un petit sourire, puis j’ai pris le bout de papier et l’ai glissé dans ma poche.

    “Je me demande bien avec combien d’entre elles tu vas coucher ce soir,” me dit Jom alors que je m’approchais d’eux avant de m’asseoir à côté de lui.

    Je connais très bien la gérante, Jae Yok. C’est une femme transgenre qui porte toujours une robe traditionnelle du Nouvel An chinois. La seule variation dans ses robes est la couleur, ce qui me fait secrètement sourire. Même si elle paraît un peu excentrique, Jae est très gentille avec moi. Lorsque je ne pouvais pas payer les frais de scolarité exorbitants de mon frère, j’ai pu lui emprunter de l’argent. Elle est la seule adulte que je respecte vraiment…

    « Quoi ? Il ne fait pas encore nuit dehors, mais il y a encore quelqu’un qui veut te sauter dessus ? » dit Jae Yok en passant ses bras autour de moi. Si c’était une autre femme transgenre, j’aurais eu des frissons, non pas par dégoût, mais simplement parce que je n’avais pas l’habitude. Mais maintenant, ce n’était plus le cas, puisque cela fait des années que je travaillais ici.

    Même si j’ai eu mes vingt ans il y a quelques mois, j’ai toujours secrètement travaillé à l’arrière du club. Après les cours, je travaillais comme homme de ménage et je balayais la salle avant l’ouverture. Jusqu’à ce qu’elle me promeuve serveur, ce qui m’a permis de mieux gagner ma vie, en plus, Jae dit que les clientes m’adorent.

    « Oui, Jae, tu dois désormais t’y faire, tous les regards dans le club sont à présent tournés vers ton garçon, » lui dit ce con de Tem.

    Jae fit la moue et s’appuya sur mon épaule. Je n’ai pu m’empêcher de sourire et de continuer à servir de l’alcool.

    La nuit vient à peine de commencer, il n’y a pas beaucoup de clients dans le club, donc je n’étais pas trop débordé. Je suis ici depuis longtemps.

    Je me souviens de mon père, qui a ouvert de nombreux commerces, mais qui a fini par faire faillite. Lui et ma mère sont décédés dans un accident de voiture. Ces commerces ont été saisis par la banque, nous laissant, mon frère et moi, avec beaucoup de dettes. La seule chose précieuse qui nous reste est la maison de ville où nous résidons actuellement.

    Et puis, il y a Arthee, le frère de mon père. Au lieu de nous soutenir, il est devenu accro au jeu d’argent et nous a entraînés encore plus dans les dettes.

    « Tu vas finir par vraiment être le mari de Jae… Je ne t’ai jamais vu avec une fille, » me fit remarquer Jom.

    « Hein, je peine déjà à survivre seul, alors pourquoi devrais-je chercher quelqu’un dont je vais devoir m’occuper en plus ? », lui dis-je, surpris.

    « Tu peux toujours trouver quelqu’un qui s’occupera de toi… », indiqua Tem, en pointant de la tête vers une table dans un coin du club où un groupe d’hommes séduisants était assis. « Cela fait un moment qu’il te fixe. »

    « Attends, tu veux un coup de pied, c’est ça ! » J’ai levé le pied, faisant mine de lui donner un coup, mais il l’esquiva en faisant un pas en arrière.

    « Peu importe, il pourrait avoir le béguin pour toi… » Après ces paroles, Jae fit mine de rien tout en regardant chaque personne qui était assis à la table.

    « Ouais vraiment, tu as l’air cool, tu es bien habillé, et tu as aussi des tatouages… » Ce salaud de Tem n’arrêtait pas de parler, ce qui m’a poussé à lui lancer des glaçons.

    « Si Porsche était gay, ils pourraient finir ensemble, ils donneraient naissance à un chien qui ressemblerait à Jae*, haha, » dit Jom, provoquant Jae qui lui donna un coup sur la tête avant de partir aider des clients.

    « Regardez, il ne regarde pas Jae ! Il regarde clairement Porsche, » dit Jom.

    J’ai jeté un coup d’œil à la table en question, tout en étant mal à l’aise. Une chose que je n’aimais pas, c’était quand des hommes gays venaient au club et me mataient comme un bout de viande. En outre, certaines personnes me donnaient leur numéro, m’envoyaient des messages ou me taquinaient de toutes les manières possibles, et je ne pouvais rien faire d’autre que d’esquisser un sourire gêné. Ça ne me dérange pas, mais j’ai mes propres préférences. Et je ne suis pas comme ça…

    « Regarde les vêtements de marque qu’ils portent. Si tu lui donnes ton amour*, tu pourrais avoir une meilleure vie ! » Ce sacré Tem n’arrêtait pas de dire des bêtises.

    « Si tu ne t’arrêtes pas, je vais te traîner à l’arrière du bar et te tuer, » lui ai-je dit d’une voix douce, mais sérieuse.

    « Hé, je rigole ! Tourne-toi, il y a une dame qui t’appelle, vas-y, petit coquin ! » Je me suis dirigé vers Vivi qui m’appelait sûrement pour passer une nouvelle commande. En arrivant à son niveau, je me suis penché vers elle tout en esquissant un petit sourire…

    « Où sont les toilettes ? » me demanda-t-elle. Nos visages étaient très proches, je continuais à sourire tout en la regardant. Elle posa sa main sur la mienne et la caressa lentement du bout des doigts.

    « Va tout droit, puis tourne à gauche, » lui ai-je indiqué tout en gardant mon petit sourire. Bien que je savais ce qu’elle voulait, je fis mine de rien.

    « Peux-tu m’y accompagner ? … J’ai peur de me perdre. »

    Et cela s’est fini de la manière dont je m’attendais. La dame n’a pas pu résister à l’envie de me prendre la main pour me conduire dans un coin sombre du club qui se trouvait à l’arrière, juste à côté de la salle de stockage. Elle se pencha pour m’embrasser et poussa mon corps contre le mur, écrasant ses lèvres pleines de désir contre les miennes.

    Ici, dans ce petit recoin, ce genre de choses se passaient souvent, au point où l’on s’y habitue très vite. Je viens ici aussi de temps en temps pour faire mes sales besognes. Habituellement, il n’y a personne dans les alentours, ce qui est parfait pour les coups d’un soir, surtout lorsque j’ai une envie durant mon service.

    Mes mains épaisses se glissèrent vers le bas et se posèrent sur sa poitrine généreuse. Tout en caressant ses seins, je fis glisser l’autre main plus bas pour ouvrir son jean. L’excitation me fit tourner la tête. Mais j’arrêtai rapidement ce que je faisais lorsqu’un grand bruit se fit entendre.

    Bang ! Bang !

    « Porsche ! Viens vite, il y a un problème !!! » Un serveur bien plus jeune que moi s’est approché de nous, apeuré.

    « Que se passe-t-il ? » lui ai-je alors demandé, alerté, tandis que je remettais mon pantalon en place. Confuse, Vivi a vite arrangé ses vêtements.

    « Viens voir. » J’ai suivi le jeune serveur pour découvrir que plus de la moitié du club était sens dessus dessous. Les chaises et les tables étaient renversées. Il y avait plus de dix personnes en noir dispersées dans tout le club, qui foutaient la pagaille alors que le reste des clients avait fui le club. Jae a essayé de négocier avec eux, mais cela ne semblait pas fonctionner.

    « Qu’est-ce qui se passe ? » J’ai couru vers Jae, qui, avec deux de ses amis et un autre employé, étaient en train de crier. J’ai froncé les sourcils et regardé la personne devant moi comme si elle m’était familière.

    Dès qu’il m’a vu, il a couru immédiatement vers moi puis m’a attaqué. Heureusement, mes pieds sont plus rapides que ses mains, mon coup a atterri sur sa poitrine le faisant ainsi valser sur le sol. Comment pourrais-je ne pas le reconnaître, puisque ce salaud est la personne que j’ai battue à mort hier.

    Je n’ai pas tardé à comprendre pourquoi ils étaient venus. J’enchaînais les coups de pieds et les coups de poings. Je vis au loin mes deux amis, qui, eux aussi, avaient rejoint la bagarre.

    « Te voilà enfin… » Il essaya de me lancer son poing, que j’ai esquivé, puis je me suis figé, le fixant intensément.

    « Ah bon ? », ai-je demandé d’une voix douce.

    « Ce que tu nous as fait hier… « , dit-il avec colère. Le reste de ses hommes se battait contre mes amis et le staff, y compris Jae Jade, qui avait attrapé une chaise. La jeune femme se défendait comme une lionne.

    « Eh bien, tu es trop fragile, » j’ai esquissé un sourire avant de frapper son visage de toutes mes forces. L’homme tituba un peu, mais cela ne l’arrêta pas puisqu’il prit une bouteille de bière qui traînait au sol et la fracassa contre une table, puis il l’utilisa pour me poignarder.

    Eh bien est-ce de ma faute si vous ne pouvez rien contre moi et que je suis dix fois plus rapide que vous ?

    J’évitais ses coups avec tant d’habileté qu’il finit par se mettre en colère. Je n’y avais pas pensé, mais hier, ils ont probablement remarqué que je travaillais ici, puisque je sors souvent les ordures et m’occupe de la fermeture du club. Enfin, c’était avant que je me mette dans le pétrin en aidant ce salaud.

    Au fond de moi, je n’avais pas peur de ces gens. Ce dont j’avais peur était que même si je travaillais toute ma vie, cela ne serait jamais assez pour réparer les dégâts qu’ils auraient causés au club de Jae.

    « Tu es vraiment bon, » dit-il en grinçant des dents. Il continua d’utiliser la bouteille brisée qu’il avait transformée en arme blanche, même après que je l’ai repoussée plusieurs fois.

    « Merci pour le compliment, » ai-je répondu avec un sourire narquois. Je me suis alors retourné avant d’utiliser ma jambe pour le frapper. Mais il y avait un enfoiré qui m’avait attrapé par-derrière, cela m’arrêta net dans mes mouvements et me fit perdre l’équilibre.

    Le salaud me fixa puis sourit en voyant qu’un de ses subalternes avait réussi à me retenir fermement. Puis il s’avança lentement en tenant la bouteille devant moi. Je n’avais pas peur, car je réussissais toujours à me libérer de ce genre de situation. Mais soudain…

    « Arrêtez !!! » Une voix mystérieuse a retenti depuis la devanture. Le cri semblait figer le temps, tous les bruits avaient cessé alors que certains avaient l’air de reconnaître la voix.

    « C’est cet enfoiré de Kinn ! », s’écria un des hommes. Tous les regards étaient tournés vers l’homme en chemise noire entouré d’une dizaine d’autres hommes en costumes.

    Soudainement, le cri de Jae a retenti.

    « Espèce de sale merde !!! Je n’ai pas les moyens pour réparer ce club ! »

    De mon côté, je commençais à m’épuiser, mais heureusement leur attention est passée de moi au nouveau venu qui se battait mieux qu’hier. Je ne pouvais toujours pas m’arrêter, et continuais à échanger des coups de poings et des coups de pied avec mes adversaires. Par contre, j’étais un peu confus, je ne savais pas à quel camp je correspondais, puisque je ne connaissais de toute façon pas l’autre camp.

    « Monsieur Kinn, faites attention. »

    Je me suis tourné vers la voix d’un homme qui semblait être l’un des subordonnés de ce fameux Kinn, mais la seconde d’après celui-ci s’est fait assommer après avoir reçu un coup au visage et maintenant, il était entouré par plus de cinq personnes.

    Puis, j’ai remarqué que l’un d’eux tenait un couteau, ayant visiblement l’intention de gravement blesser ou même de tuer quelqu’un. Après une rapide réflexion, je me suis dit que j’étais sûrement du côté de Kinn, car la somme de la montre que j’ai vendue avait une valeur de six chiffres.*

    J’ai alors sauté et donné un coup de pied à la cheville de la personne qui tenait le couteau. J’ai attrapé la tête du gars qui avait frappé Kinn, et je l’ai balancé sur la table. Ne me retenant plus, je me suis déchaîné sur ces crétins jusqu’à ce qu’ils tombent au sol.

    « Merci… » me dit-il en me lançant un regard surpris, mais confus.

    « Je vais y réfléchir… » J’ai esquissé un sourire avant de donner un autre coup de poing à ceux qui ne connaissaient ni la douleur ni la fatigue, voulant à tout prix nous atteindre, Kinn et moi.

    « Ils reviennent à la charge, » me dit-il d’une voix rauque.

    « Hé, vous avez brûlé leurs maisons ou… ? » lui dis-je.

    « Ce sont eux qui me harcelaient, » conclut Kinn de manière implacable. Un autre groupe d’hommes envahit alors le lieu. À ce moment-là, certains serveurs, avec mes amis et Jae, ont couru derrière le bar. Peu importe s’ils savaient se battre, avec dix Buakaw* devant nous, nous ne pouvions rien faire contre ces bâtards. Ils étaient armés de couteaux et d’armes à feu. Quand j’ai vu ça, je me suis dit que si je ne sortais pas d’ici rapidement, je finirais certainement par hanter les lieux.

    « Viens ! », ai-je dit à Kinn.

    « Où pouvons-nous aller, ils nous entourent, » Kinn n’avait pas l’air effrayé.

    « Suis-moi. » Je ne sais pas ce qui pousse une personne à faire de bons actes ? Mais à ce moment-là, j’ai simplement attrapé le bras de Kinn et l’ai traîné dans la cuisine, puis de l’autre côté du bar qui n’était pas l’allée d’hier. Si j’emprunte le même chemin, nous ne survivrons pas.

    « Où est-ce que tu m’emmènes ? »

    Eh bien, aujourd’hui, j’ai garé la moto de l’autre côté parce que le parking était rempli, donc je n’ai pas à retourner à l’avant du magasin.

    J’ai habilement démarré ma moto et j’ai vite détalé. L’atmosphère ambiante et toute cette action me donnaient l’impression que je regardais en boucle le même film. C’était comme hier.

    J’ai eu comme un déjà-vu !

    Jusqu’au point où je suis passé devant la station-service où nous nous sommes arrêtés hier.

    Combien me devra-t-il cette fois-ci ?


    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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