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    « Je ne veux pas la voir partir ainsi. Je souhaite seulement avoir un peu de temps pour me préparer », murmura Rufus.

    « Alors, s’il te plaît, dis-moi quand ma grand-mère… partira. »

    En disant cela, Rufus conservait un faible espoir. Peut-être, juste peut-être, il y avait encore une chance que sa grand-mère puisse traverser cette année.

    « … D’accord. »

    Après un moment de silence, la servante hocha la tête avec fermeté.

    « Mais je ne vous préviendrai que lorsque le moment sera venu. Ne demandez rien d’autre. »

    « Entendu. Merci. »

    C’était tout ce qu’il désirait. Il ne s’intéressait pas au reste. Il voulait simplement savoir combien de temps il lui restait à passer avec sa grand-mère.

    Alors qu’ils entraient dans le palais en compagnie de la servante, le petit frère de Rufus, Edel, arriva en courant, essoufflé et visiblement troublé.

    « Grand frère ! Où étais-tu passé ? J’étais inquiet… Ah ? »

    En apercevant la servante aux côtés de Rufus, Edel s’arrêta brusquement.

    Lorsque la servante lui adressa un sourire chaleureux, les oreilles d’Edel devinrent rouges comme des betteraves.

    « C’est mon petit frère. »

    Rufus présenta brièvement Edel à la servante.

    « Bonjour. »

    La servante salua Edel avec un sourire amical. Mais le visage d’Edel, cramoisi, ne semblait pas prêt de retrouver sa couleur normale.

    « Euh, bonjour… Je, je suis… Euh, enchanté. »

    Elle t’a complètement déstabilisé.

    Rufus poussa un soupir intérieur en observant Edel, visiblement troublé, le regard rivé sur la servante.

    Elle n’était peut-être pas une grande beauté, mais elle avait un charme rafraîchissant et des traits innocents. De plus, Edel n’avait jamais rencontré de femme de son âge dans le domaine d’Inferna. Peut-être était-ce un coup de foudre.

    Et Edel ne déçut pas les attentes de Rufus.

    « V-Vous êtes ravissante. Êtes-vous, par hasard, la princesse Sordid ? »

    À ces mots, la servante émit un léger rire.

    « Non, je suis une servante qui travaille dans le palais de la princesse. Vous pouvez parler librement avec moi. »

    « Une ser…vante ? Non, euh, une servante ? »

    « Ça suffit. »

    Rufus, incapable de supporter plus longtemps le comportement de son frère, intervint.

    « Attends-nous simplement dans ta chambre un moment. Nous allons rendre visite à notre grand-mère. »

    « Grand-mère. Grand-mère ? Pourquoi ? Vous deux allez vous marier  ? Vous demandez la permission à grand-mère pour vous marier  ? »

    « Si tu ne veux pas que je te prive de tes couvertures cette nuit, file immédiatement dans ta chambre. »

    Rufus chassa le bavard Edel à l’étage.

    « Désolé. Il est encore jeune, alors il manque un peu de maturité. »

    Alors que la silhouette d’Edel disparaissait dans l’escalier, Rufus se tourna vers la servante en soupirant.

    « Ce n’est rien. Vôtre frère est mignon. »

    La servante regarda dans la direction où Edel avait disparu et se mit à rire doucement.

    « Mignon ? »

    « Oui. Comment s’appelle-t-il  ? »

    « Pourquoi veux-tu savoir ça ? », demanda Rufus, d’un ton bourru. Il était un peu contrarié. Elle ne lui avait même pas demandé son propre nom.

    En réponse, la servante se contenta de sourire malicieusement.


    « Grand-mère. »

    En frappant à la porte, Rufus entendit une réponse faible venir de l’intérieur.

    En entrant avec précaution, il vit sa grand-mère qui peinait à se redresser dans son lit. Rufus se précipita vers elle.

    « Vous devriez rester allongée. Vous avez déjà beaucoup enduré. »

    « Ce n’est rien, Rufus. »

    La baronne d’Inferna tourna la tête et s’adossa au dossier du lit.

    « Je veux te voir autant que possible, tant que je le peux encore. »

    Rufus serra les dents.

    Sa grand-mère devait le ressentir aussi, ce pressentiment que ses jours restants étaient comptés.

    Non, il te reste encore beaucoup de jours. Tu dois continuer à vivre…

    C’est pour cela qu’il voulait avoir confirmation. C’était un espoir fragile, mais il était prêt à miser sur cette petite chance. Il espérait que sa grand-mère pourrait vivre encore longtemps, très longtemps.

    « Grâce à toi, Rufus, j’ai pu venir jusqu’au palais royal. Je t’en suis reconnaissante. »

    La baronne d’Inferna esquissa un faible sourire avant d’être prise d’une violente quinte de toux. Son visage se crispa sous l’effet de la douleur.

    En voyant cela, Rufus sentit une boule se former dans sa gorge.

    « Ne te force pas. Repose-toi tranquillement, Grand-mère. »

    Rufus la recoucha doucement et tira la couverture jusqu’à son cou pour la garder au chaud.

    « Je suis désolée, Rufus. Tu es revenu, et pourtant, je suis dans cet état… »

    « Je t’en prie, ne t’excuse pas. »

    Rufus détourna délibérément le regard. Il ne pouvait pas soutenir celui de sa grand-mère. S’il croisait ses yeux, il sentait qu’il pourrait éclater en sanglots.

    Il quitta la chambre de sa grand-mère en compagnie de la servante. Comme de nombreuses oreilles indiscrètes traînaient à l’extérieur, il l’emmena dans sa propre chambre.

    « Ma grand-mère… »

    Rufus referma la porte dans un bruit sourd et poussa un profond soupir, parlant d’une voix basse.

    « Combien de temps penses-tu qu’il lui reste  ? »


    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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