Chapitre 09
par RuyiCe chapitre vous est présenté par la Dragonfly S. :
• Traductrice : Ruyi
• Correctrice : Ruyi
« Bien évidemment. Vous êtes l’héro qui a vaincu le Roi Démon Audixus. »
Il ne voulait pas qu’on se rappelle de lui comme le héros ayant tué le roi démon. Surtout pas par elle.
« Autre chose que cela ? »
« Y a-t-il autre chose dont je devrais me souvenir ? »
Rufus fixa la servante, perplexe.
« Est-ce que tu… Ne te souviens vraiment pas ? », dit-il en bégayant travers ses mots, cela fit de nouveau pencher la tête de la servante sur le côté.
« Nous nous sommes déjà rencontrés ? »
« Oui. Nous nous sommes rencontrés dans ce palais, il y a de cela trois ans. »
« Mais tant d’invités viennent au palais de la princesse Sordide. Je ne peux pas tous les retenir en tête. »
« Tu… »
Rufus expira brusquement, puis il abaissa la tête devant la servante.
« Eh bien… Est-ce que tu demandes à tous ceux qui viennent au palais de Son Altesse de t’embrasser ? » murmura-t-il, la voix rauque.
S’il te plaît, dis-moi que non. Je t’en supplie.
« Oh ! C’est vous ! » s’exclama soudainement la servante.
« Vous êtes le jeune homme de l’autre fois ! »
Le jeune homme de l’autre fois.
Rufus se crispa légèrement. Ça faisait mal de constater à quel point elle le voyait de manière si impersonnelle. Mais il devait admettre qu’elle ne lui avait jamais demandé son nom.
« Vous êtes ici pour rembourser votre dette ? Haha, je pourrais presque être émue. »
La servante lui fit un clin d’œil en agitant la main avec désinvolture.
Exactement comme dans ses souvenirs. Imperturbable, elle affichait en permanence ce sourire, même lorsqu’elle était confuse.
Elle était décidément une femme étrange.
« En vérité, je suis venu ici pour te demander un nouveau service. Peux-tu m’accompagner un moment ? » demanda Rufus soudainement.
Il voulait savoir ce que l’avenir réservait à sa grand-mère. Son frère Edel lui avait dit qu’elle pourrait ne pas survivre à l’année, mais il refusait d’accepter cette idée. S’accrochant à un faible espoir, il avait décidé de faire appel à elle pour obtenir des réponses.
« Mais je travaille en ce moment. »
« Cela ne prendra qu’un instant. »
« Dans ce cas, je dois demander la permission à la gouvernante en chef. »
« Tu n’as pas besoin de faire ça. »
Rufus se tourna vers les chevaliers qui se tenaient à proximité.
« Je compte emmener Sarubia avec moi pour un petit moment. »
« O-Oui, Messire ! »
Les chevaliers acquiescèrent instantanément. Bien qu’il n’ait que le titre de baron, Rufus était un héros vénéré dans tout le royaume d’Hevania. Aucun d’eux n’osait s’opposer à ses ordres.
Rufus conduisit la jeune femme jusqu’au palais des invités où il résidait.
En chemin, ils croisèrent beaucoup de monde. Tous les regards se posèrent sur Rufus et la servante inconnue, certains curieux, d’autres remplis de jugement. Ils remarquèrent que Rufus était venu chercher cette simple servante, et non la princesse Sordid. Quelques murmures commencèrent à circuler parmi les passants. Mais Rufus ne se laissa pas distraire par ces regards.
Ces gens-là ne savaient probablement pas.
Qu’elle était la sainte qui prédit la mort.
Une femme dotée d’un pouvoir unique, celle de voir la mort des gens. Ces gens n’avaient aucune idée de l’étendue de ses capacités extraordinaires.
Rufus jeta un regard sur la servante à ses côtés.
Ces trois années l’avaient métamorphosée en une jeune femme charmante. Elle avait grandi un peu, et ses joues avaient perdu leur rondeur d’enfance et s’étaient affinées. D’une manière ou d’une autre, elle semblait plus vivante, en bonne santé, et rayonnait d’une nouvelle énergie.
Rufus se sentit soulagé.
« Tu… »
« Oui ? Qu’y a-t-il ? »
« Non, ce n’est rien. »
Il avait ouvert la bouche, sans réfléchir, mais il l’avait rapidement refermée.
Tu es devenue encore plus belle.
Il faillit laisser échapper ces mots. Rufus les repoussa au fond de sa gorge. Il ne pouvait pas lui dire des choses pareilles.
En réalité, il avait tellement de choses à lui dire depuis leur dernière rencontre.
Il voulait la remercier de lui avoir redonné l’espoir de revoir sa précieuse famille.
Il voulait la remercier de lui avoir permis de survivre à cette guerre horrible grâce à sa prophétie.
Il voulait la remercier de lui avoir donné du courage, même quand il était au bord de la mort, alors qu’il répétait ses mots encore et encore, à chaque souffle, comme un chant de survie.
Mais pourquoi, au final, n’avait-il trouvé que quelque chose d’aussi futile à lui dire ?
« Comment ça a été tout ce temps ? »
Pourquoi ces mots étaient-ils les seuls à franchir ses lèvres ?
« Eh bien, au moins, j’ai été payée régulièrement, j’ai mangé à ma faim et j’ai vécu décemment », répondit-elle joyeusement, avant de lui poser sa propre question.
« Alors, pourquoi êtes-vous venu me voir, Héros ? »
« Ne m’appelle pas comme ça. »
Rufus fronça les sourcils.
Il détestait ce titre. Il lui semblait prétentieux, déshonorant, presque comme une étiquette qu’on lui collait sans qu’il l’ait choisie.
Mais ce qui le dérangeait encore plus, c’était qu’elle ne lui avait toujours pas demandé son nom.
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
0 Commentaire