04. Boîte à déjeuner et complexité fraternelle

Xia Yuhao ressentait à la fois de la nervosité et de l’espoir en gravissant les escaliers menant au toit.

Après la deuxième heure de cours, Qiu Zixuan était soudainement venu le voir pour lui demander de le rejoindre là-haut à midi. Il avait quelque chose d’important à lui dire.

Jusqu’à présent, Xia Yuhao avait du mal à mettre un nom sur ce qu’il éprouvait envers Qiu Zixuan, mais il savait au fond de lui que ce n’était pas que de l’amitié ou de l’amour fraternel. Il voulait se rapprocher de lui, le connaître davantage.

Pourquoi Qiu Zixuan lui avait-il donné rendez-vous sur le toit ?

Était-ce quelque chose qu’il voulait lui dire en privé ? Juste entre eux deux ?

Une confession, peut-être ? Haha…

Étrange… Pourquoi cette idée ne me met-elle pas mal à l’aise ?

L’autre personne était tout de même un garçon. Et pourtant, il ne ressentait aucun rejet.

Lorsqu’il arriva sur le toit, Qiu Zixuan s’y trouvait déjà. En l’apercevant, ce dernier lui tendit quelque chose.

« Prends ça. »

« Qu’est-ce que c’est ? »

Xia Yuhao était complètement perdu.

« Une boîte repas pour toi. »

Ses yeux s’écarquillèrent. Une boîte repas ? Il lui offrait un déjeuner ?

Alors ce n’était pas une confession… Juste une boîte repas…  ?

Non, n’est-ce pas l’équivalent d’une confession, justement ?

« Hé, tu… Tu m’as préparé une gamelle ? »

Qu’un homme prépare une boîte repas pour un autre homme… C’était étrange, non ? Et pourtant, le cœur de Xia Yuhao battait fort, rempli d’une excitation qu’il ne parvenait pas à dissimuler. Est-ce que cela signifiait qu’il avait une place spéciale aux yeux de Qiu Zixuan ?

Mais la réponse de ce dernier tomba comme un seau d’eau glacée.

« C’est ma sœur qui me l’a demandé. Elle l’a préparée pour toi. »

Sa sœur ? Cette fille collante qui cherchait désespérément à devenir son amie ?

En apprenant que ce n’était pas Qiu Zixuan qui l’avait cuisinée, tout l’enthousiasme de Xia Yuhao retomba d’un coup. Il perdit aussitôt l’appétit et n’eut aucune envie de tendre la main vers la boîte.

Qiu Zixuan poussa un profond soupir et déclara :

« J’ai appris récemment que tu as failli être renvoyé de ton ancienne école pour avoir tenté de sauver ma sœur. Je suis vraiment désolé. »

Xia Yuhao le fixa, l’air un peu interloqué, avant de répondre :

« Ce n’est pas toi que j’ai sauvé, mais ta sœur. Pourquoi est-ce que tu t’excuses ? »

D’ailleurs, ce jour-là, il n’avait pas eu l’intention de jouer les héros. Il cherchait simplement quelqu’un avec qui se battre. Ce n’était pas un chevalier au secours d’une demoiselle. Il ne se souvenait même plus du visage de Qiu Qianru. S’il avait trouvé ses traits familiers, c’était sûrement parce qu’elle ressemblait un peu à Qiu Zixuan. Après tout, ils étaient frère et sœur. Mais elle n’avait ni la retenue ni le calme de son aîné.

« Et… Merci d’avoir sauvé ma sœur. »

« Si tu veux vraiment me remercier, apprends-moi à faire un service smashé. »

Qiu Zixuan le coupa net :

« Non. »

Une réponse à laquelle Xia Yuhao s’attendait parfaitement.

« Alors je n’en veux pas, de ta boîte repas. »

Il désigna la gamelle avec mépris.

Qiu Zixuan n’aimait pas voir les efforts de sa sœur rejetés si violemment. Il mit néanmoins la boîte dans la main de Xia Yuhao et dit :

« Ce repas, c’est sa façon de te remercier. Elle m’a supplié de te le remettre… Et de rester ici jusqu’à ce que tu l’aies fini. »

Xia Yuhao poussa un soupir. Il ne pourra pas y échapper.

Bon… De toute façon, j’ai un peu faim.

Mais dès qu’il ouvrit la boîte et découvrit son contenu, son expression changea du tout au tout.

« Tu es sûr que ta sœur n’essaie pas de m’empoisonner ? »

À l’intérieur, un riz frit cramé. Les grains noirs, les légumes carbonisés, les œufs presque méconnaissables. Un morceau de viande d’un noir suspect ressemblait à une côtelette brûlée. Et pour couronner le tout, un paquet de sakura denbu* avait été saupoudré par-dessus, donnant au tout un aspect si étrange qu’il en devenait écœurant au premier regard.

(N/T : Sakura denbu est un condiment japonais traditionnel à base de poisson, généralement de la morue, qui est ensuite coloré en rose pour ressembler aux fleurs de cerisiers (sakura en japonais) )

Ça… C’est censé être comestible ?

Qiu Zixuan, voyant la grimace de Xia Yuhao, s’approcha et jeta un œil dans la boîte. Il fut choqué à son tour.

Comment a-t-elle pu le rater à ce point ? !

« Désolé, mais je ne peux vraiment pas manger ça. »

Xia Yuhao lui rendit la boîte sans plus de cérémonie, puis tourna les talons pour s’en aller.

Qiu Zixuan, resté seul avec la sinistre boîte repas de l’amour, se sentit tiraillé.

Qu’est-ce que je vais dire à ma sœur maintenant ?

La jeter ? Hors de question ! C’était un repas fait de ses propres mains !

Mais Xia Yuhao n’en voulait pas…

Après un long moment d’hésitation, il prit une décision. Il s’accroupit dans un coin et commença à manger.

« Urgh… Beurk…  »

Il s’efforça de mâcher ce riz brûlé, cette viande dure comme du béton et ces flocons de poisson au goût si sucré qu’ils lui donnaient la nausée.

Qiu Zixuan se surprit à éprouver de la compassion pour son futur beau-frère. Non… Avec des talents culinaires aussi catastrophiques, est-ce que quelqu’un oserait encore épouser sa sœur ?

En conséquence, Qiu Zixuan souffrit d’un violent mal de ventre cet après-midi-là. Le professeur principal, ne supportant pas de le voir dans cet état, demanda à ce qu’on l’emmène à l’infirmerie.

Après les cours, les membres de l’équipe de volley-ball constatèrent l’absence de leur manager. Lorsqu’ils se rendirent dans sa classe pour demander des nouvelles, ils apprirent qu’il avait été conduit à l’infirmerie à cause de vomissements et de diarrhées, et qu’il était encore sous perfusion*.

(Note de Ruyi : Ça change des infirmières qui nous donnaient du sucre mdrrr)

Xia Yuhao savait parfaitement pourquoi Qiu Zixuan était soudain tombé malade, et un sourire discret s’étira sur ses lèvres.

À la fin de l’entraînement, il prit son sac et se rendit à l’infirmerie. Il trouva Qiu Zixuan allongé sur le ventre, le visage pâle. Il remplit un verre d’eau et le lui tendit.

« Tu as mangé ce que ta sœur a préparé, pas vrai ? »

Qiu Zixuan prit le verre et hocha la tête. L’eau était tiède, douce pour son estomac malmené.

Xia Yuhao avait toujours des attentions inattendues.

« Tu as un complexe de sœur* ou quoi ? Comment as-tu pu avaler un repas aussi infect…  »

(N/T : Le « complexe de sœur » (ou « sister complex » en anglais)  est un concept psychologique et sociologique qui fait référence à un attachement et une obsession excessifs envers sa sœur, souvent avec un caractère romantique ou même incestueux. En japonais, il est souvent abrégé en « siscon » (シスコン) et peut également désigner un attachement fraternel fort.)

Il secoua la tête et tira une chaise pour s’asseoir à côté du lit.

« C’est ma sœur qui l’a préparé avec tout son cœur. Je ne pouvais pas le gaspiller. »

« Mais enfin, on ne joue pas avec sa santé comme ça ! Résultat : gastro-entérite aiguë. Franchement, je suis bien content d’avoir pris une décision sensée ce midi. »

« Tais-toi. »

Qiu Zixuan se tourna dans son lit et se cacha sous la couverture.

À ce moment-là, son téléphone portable se mit à sonner. Xia Yuhao le sortit de son sac et le lui tendit.

C’était un appel de Qiu Qianru.

Qiu Zixuan répondit et, tout en jetant un coup d’œil à Xia Yuhao, se tourna vers le mur, dissimulé sous la couverture.

« Hmm… Oui, c’est moi qui lui ai donné… Non, j’ai oublié de prendre une photo… Je suis parti après lui avoir donné, je ne lui ai rien demandé… Ce qu’il aime manger ? Je ne sais pas…  »

Sa voix hésitante trahissait un brin d’agacement. Il finit par céder :

« Bon… D’accord, je vais lui demander. »

Dès qu’il eut raccroché, Xia Yuhao souleva la couverture et prit la parole avant même que Qiu Zixuan n’ouvre la bouche.

« Ne demande rien, je ne te dirai pas ce que j’aime manger. Et de toute façon, je ne tomberai jamais amoureux de ta sœur. Dis-lui d’arrêter de préparer ces bento empoisonnés pour moi. »

Non mais franchement, pensa-t-il, si je ne mange pas, c’est toi qui engloutis tout !

Il ne voulait pas voir Qiu Zixuan souffrir encore une fois de gastro et finir à nouveau sous perfusion. Même un corps solide ne tiendrait pas à ce rythme.

En entendant Xia Yuhao critiquer les talents culinaires de sa sœur (même si c’était justifié), Qiu Zixuan s’énerva.

« Ma sœur t’apprécie, et elle prend la peine de te préparer un déjeuner. Tu devrais t’en sentir honoré ! »

« Vu ce que tu as enduré après l’avoir mangé, je vois bien à quel point elle m’aime ! » répliqua Xia Yuhao.

Qiu Zixuan le fusilla du regard, se retourna dans son lit avec agacement et lui tourna le dos pour dormir. Il ne lui adressa plus la parole.

Mais malgré sa colère, il se sentit étrangement soulagé en apprenant que Xia Yuhao n’éprouvait aucun intérêt pour Qianru.

En voyant Qiu Zixuan bouder, Xia Yuhao le trouva soudain mignon et ne put s’empêcher de glousser.

Il ne s’attendait pas à ce que Qiu Zixuan ait un tel côté.

Ce gars a vraiment un complexe de sœur…

En rentrant chez lui, Qiu Zixuan avait toujours l’estomac à l’envers. Il inventa une excuse, prétexta qu’il avait déjà mangé dehors, sauta le dîner et se réfugia dans sa chambre pour se reposer.

Mais à peine avait-il eu le temps de s’allonger que sa précieuse petite sœur fit irruption dans sa chambre et lui arracha la couverture.

« Ge ! Il a aimé le repas que j’ai préparé ? Et tu sais ce qu’il aime manger ? »

Qiu Zixuan se redressa, attrapa la main de sa sœur et la fit s’asseoir à côté de lui sur le lit. Il prit un air grave :

« Dis-moi d’abord… Tu as goûté ce déjeuner que tu as préparé ? »

Qiu Qianru bomba le torse, très sûre d’elle.

« Pas besoin ! Je sais déjà qu’il est délicieux, même sans y goûter. La vraie question, c’est : est-ce qu’il a aimé ? »

Qiu Zixuan se retrouva dans une impasse. Devait-il être honnête avec elle… Ou lui mentir ?

S’il disait la vérité, elle serait blessée.

Mais s’il mentait, elle serait ravie, continuerait de lui préparer des boîtes repas tous les jours… Et finirait par l’empoisonner, lui, son propre frère.

« Je ne sais pas », répondit-il finalement après un long moment d’hésitation.

Heureusement – ou malheureusement ? – sa sœur n’en perdit pas une once de confiance.

« Ce n’est pas grave ! Je vais lui préparer une boîte repas chaque jour. À force, je finirai bien par savoir ce qu’il aime. »

Qiu Zixuan sentit un violent mal de tête poindre.

« Tu sais, il est très occupé en ce moment… Il a les cours, les entraînements de volley-ball, et même un petit boulot. Il a dit qu’il n’avait pas le temps de tomber amoureux. »

Il essayait tant bien que mal de décourager sa sœur, mais il la connaissait par cœur : elle avait une personnalité obstinée. Une fois qu’elle s’accrochait à quelque chose – ou à quelqu’un – elle ne lâchait plus prise. À moins que Xia Yuhao ne la rejette en face, elle n’abandonnerait jamais.

Et comme prévu, Qianru répliqua avec enthousiasme :

« Peu importe ! J’aime juste son style cool ! Même s’il ne m’aime pas, moi je l’aime bien. Un jour, il tombera sous le charme de ma cuisine ! »

Sans attendre de réponse de son frère, elle sauta du lit d’un bond.

« Je vais continuer à étudier des recettes ! Ge, tu dois lui livrer la boîte repas demain ! »

« Qianru ! Écoute-moi…  »

Mais comme toujours, elle ne l’écouta pas. Perdue dans ses rêves, elle s’imaginait déjà Xia Yuhao ouvrant sa boîte repas, touché jusqu’aux larmes, avant de tomber amoureux d’une fille aussi douce et vertueuse qu’elle.

Qiu Zixuan, lui, sentit seulement son estomac se nouer… Comme s’il protestait de toutes ses forces.

Il ne put que s’allonger dans son lit en se forçant à ne pas penser à l’horrible boîte repas démoniaque qu’il allait devoir affronter le lendemain.

Le lendemain Xia Yuhao ouvrit le couvercle de la boîte, et son expression changea aussitôt.

Le repas de la veille, avec un peu d’effort, on pouvait encore deviner à quoi correspondaient les plats. Mais aujourd’hui… Cette couleur, cette texture, cette forme…

Pourquoi ça ressemble à… Des excréments ?

« C’est du curry », dit Qiu Zixuan d’un ton morne.

Ce matin-là, la cuisine baignait encore dans une forte odeur de curry, et on retrouvait de la poudre jaune dispersée sur tout sur le plan de travail. Qiu Zixuan savait à peu près combien de cuillères sa sœur avait utilisées… Beaucoup trop.

Elle avait également ajouté une multitude d’ingrédients étranges. Ce n’était plus de la cuisine à ce stade, mais une véritable expérience chimique. Il avait sincèrement eu peur que la cuisine explose.

Xia Yuhao resta silencieux un long moment, puis lâcha :

« La boîte repas de ta sœur… Chaque jour, c’est un nouveau choc. »

Comme il savait que Qiu Zixuan avait un complexe de sœur, il avait soigneusement évité de dire quelque chose de trop blessant.

Qiu Zixuan avait honte lui aussi de la cuisine désastreuse de sa sœur, mais insista tout de même :

« Ce qui compte, c’est l’intention. »

« Ah ça… L’intention, elle y est. Mais le niveau de dangerosité a clairement augmenté. »

« Si tu veux pas manger, c’est pas la peine ! » répliqua Qiu Zixuan, un peu vexé, en tendant la main pour récupérer la boîte.

« Hé, attends ! Dis pas que tu vas encore manger ça ? ! »

« C’est un repas fait par ma sœur. »

Qiu Zixuan était on ne peut plus sérieux.

Xia Yuhao en avait mal à la tête.

À ce point-là… Il est à fond dans son délire de frère ?

Il attrapa la boîte et la jeta directement dans la poubelle.

« S’il te plaît, y a une limite au syndrome du grand frère parfait, non ? »

« Mais… Elle va être super triste ! »

Qiu Zixuan voulut la récupérer, mais Xia Yuhao le retint aussitôt.

« Franchement, un truc pareil, même les chiens errants n’en voudraient pas. »

« Comment tu peux dire ça d’un repas que ma sœur t’a préparé par amour ? ! »

Pour une fois, Qiu Zixuan paraissait vraiment contrarié.

« Bon, bon, d’accord. Tu as faim, pas vrai ? Je t’invite à déjeuner, viens ! »

Xia Yuhao, agacé, entraîna Qiu Zixuan loin du toit.

« Non, je dois aller récupérer la boîte repas de ma sœur ! » insista Qiu Zixuan.

« Je t’en achèterai une identique, d’accord ? Mais touche plus à ce truc. »

« Tu ne peux pas piétiner les sentiments de ma sœur comme ça. »

Xia Yuhao s’arrêta net. Il posa ses mains sur les épaules de Qiu Zixuan, le fixa droit dans les yeux, son expression grave.

« Va dire à ta sœur que c’est impossible entre elle et moi. Sois honnête. »

« Pourquoi ? Qu’est-ce qui te déplaît chez elle ? » demanda Qiu Zixuan, mécontent.

Pour lui, sa sœur était adorable… Bon, elle ne savait juste pas cuisiner.

« Parce que je n’éprouve rien pour elle ! »

Xia Yuhao frappa sa paume de son poing pour insister.

« Quoi ? »

Qiu Zixuan fronça les sourcils, confus.

« Tu sais… C’est comme cette sensation soudaine. Tu ne peux plus détourner les yeux de cette personne. Tu ne vois plus qu’elle. Tu ne peux même pas regarder quelqu’un d’autre. C’est comme…  »

Le regard de Xia Yuhao se posa alors sur Qiu Zixuan. Il s’interrompit.

Comme quand je t’ai vu sauter pour faire un service…

C’était ça… Ce frisson au cœur ? Qiu Zixuan… Ce serait lui, la cause ?

Alors c’est pour ça que je ressens rien pour Qianru…

Non… Plutôt que de dire que je ne ressens rien pour elle, je n’ai jamais rien ressenti de pareil pour aucune fille.

« Hé ! Tu n’as pas fini ta phrase, à quoi tu penses encore ? » le coupa Qiu Zixuan en lui donnant une tape.

Xia Yuhao revint à lui, évitant aussitôt son regard, soudain en colère et désemparé.

J’aime les garçons…  ? Quelqu’un comme Qiu Zixuan…  ?

« Qu’est-ce qu’il y a ? » demanda ce dernier, se penchant vers lui.

Xia Yuhao détourna brusquement la tête et lança, agacé :

« Bref ! Je ne ressens rien pour ta sœur, d’accord ? ! »

Qiu Zixuan gloussa.

« Je ne pensais pas que tu pourrais être aussi mignon. On dirait une fille. »

« C’est toi la fille ! Toute ta famille est composée de petites filles ! » grogna Xia Yuhao, les joues rouges, en se détournant.

Les yeux de Qiu Zixuan s’écarquillèrent avant qu’il n’éclate de rire.

« Qu’est-ce que te fais rire comme ça ? »

« Tu es tout rouge… On dirait vraiment une petite fille. »

Des heures plus tard, Xia Yuhao ne s’était pas encore remis du choc d’avoir réalisé qu’il aimait Qiu Zixuan.

Pendants qu’ils jouaient au volley-ball après les cours, le capitaine He Chengen fit une annonce :

« Les enseignants ont donné leur accord, nous pourrons organiser une séance d’entraînement pendant les vacances. Et c’est grâce à notre chef d’équipe, Qiu Zixuan ! »

He Chengen passa un bras autour des épaules de Qiu Zixuan dans un geste particulièrement familier.

Xia Yuhao, en voyant cela, ne put s’empêcher de froncer les sourcils. Il se sentit subitement irrité par la proximité entre les deux garçons, et lança un regard sombre à He Chengen sans qu’il s’en rende compte.

Lorsque les joueurs apprirent qu’un entraînement aurait lieu pendant les vacances – ce qui signifiait ne pas rester enfermés chez eux – ils applaudirent avec enthousiasme.

« Mais il y a une condition ! » annonça He Chengen d’un ton plus grave. « Les activités extrascolaires ne doivent pas interférer avec les résultats scolaires. Si un seul membre de l’équipe échoue à un examen ce semestre, l’entraînement sera annulé. »

Des murmures inquiets s’élevèrent aussitôt parmi les élèves dont les résultats étaient déjà fragiles.

Qiu Zixuan repoussa la main de He Chengen et fit un pas en avant.

« J’ai déjà réservé le lieu d’entraînement, et l’acompte est non remboursable. Alors… »

Son regard devint soudain glacial et balaya l’ensemble de l’équipe, un à un.

« Si quelqu’un nous oblige à tout annuler, il remboursera la totalité des frais ! »

« Oui, même si vous devez vendre votre sang, un rein ou votre corps, vous paierez jusqu’au dernier centime, vous m’entendez ? » ajouta He Chengen avec sérieux.

Quelques joueurs, impressionnés, commencèrent à trembler. Ils croyaient vraiment que les deux garçons étaient capables de passer à l’acte.

« Je pense que c’est une exigence raisonnable. Tout le monde est capable de respecter cela, n’est-ce pas ? » lança Qiu Zixuan d’un ton doucereux… Mais dont la menace sous-jacente ne laissait aucun doute.

Plusieurs membres de l’équipe songèrent qu’il était peut-être temps de jouer un peu moins aux jeux vidéo et de se mettre sérieusement aux révisions.

« Xia Yuhao, tu y vois aucun inconvénient, n’est-ce pas ? »

He Chengen, qui avait remarqué que Xia Yuhao n’avait pas dit un mot et lui posa la question directement.

Mais à la surprise générale, celui-ci ne répondit pas. Il gardait un air grave et absorbé.

Un silence étrange tomba. Tous commencèrent à échanger des regards.

Est-ce que Xia Yuhao serait celui qui va tout faire capoter ?

— À la bibliothèque —

Qiu Zixuan regardait la photo de la fiche de notes sur son téléphone en secouant la tête.

« Toutes les matières réunies, tu n’atteins même pas les 150 points. Comment tu as pu avoir seulement 30 en chinois ? »

« Hé ! Comment tu as eu le relevé de notes de mon ancienne école ? » s’exclama Xia Yuhao, rouge de honte. Il essaya d’attraper le téléphone, mais Qiu Zixuan l’évita sans difficulté.

« Il ne reste que deux semaines avant les examens de mi-semestre… » marmonna-t-il, pensif.

« C’est trop tard pour tout reprendre à zéro. On ne peut plus compter que sur… L’instinct. »

« Je ne veux pas tricher, » le coupa Xia Yuhao aussitôt.

Qiu Zixuan lui lança un regard tranchant.

« À quoi tu pensais ? Je parlais de deviner les sujets des examens et de tout mémoriser ! Allez, tiens ! »

Il poussa une pile de livres de référence vers lui.

« Heureusement que nos profs sont prévisibles… On devrait pouvoir anticiper leurs questions. »
Il s’interrompit en voyant Xia Yuhao se lever. « Hé ! Où tu vas ? »

Xia Yuhao s’était déjà tourné vers la sortie de la bibliothèque, visiblement agacé. Mais avant qu’il ait pu faire un pas de plus, Qiu Zixuan l’attrapa par la manche de sa chemise.

« Je ne veux pas réviser, » grogna-t-il avec impatience.

Qiu Zixuan le fixa sans ciller.

« Dans ce cas, quitte l’équipe. Sinon, tu vas pénaliser tout le monde et tu ne pourras pas participer à l’entraînement. »

Xia Yuhao ne répondit pas. Il resta debout, silencieux.

Puis, après quelques minutes, il retourna s’asseoir à contrecœur.

« Prends un stylo, » ordonna calmement Qiu Zixuan.

Xia Yuhao lui lança un regard noir, puis sortit lentement sa trousse.

Qiu Zixuan ouvrit un livre de référence et le plaça devant lui. Il commença à lui expliquer le cours, méthodiquement.

Mais Xia Yuhao était distrait.

Il n’arrivait pas à se concentrer.

Il revoyait sans cesse cette image : le bras de He Chengen posé sur l’épaule de Qiu Zixuan.

Ils avaient l’air proches… Trop proches. Est-ce que He Chengen aurait des sentiments pour lui ? Et eux deux… Est-ce qu’ils… ?

Bien qu’il ne soit pas particulièrement doué pour les études, Xia Yuhao parvenait tout de même à se concentrer docilement sur les exercices tant que Qiu Zixuan était assis à ses côtés. Ce n’est qu’en sentant la faim le tirailler qu’il leva enfin les yeux, réalisant qu’il était déjà l’heure du dîner.

Ces derniers jours, pour améliorer ses résultats, Qiu Zixuan l’avait traîné à la bibliothèque après les cours, au point qu’ils avaient même interrompu leurs entraînements de volley-ball. Les fonctions de manager de l’équipe avaient été temporairement confiées à quelqu’un d’autre.

Ce jour-là, après avoir enchaîné plusieurs exercices de mathématiques dans le manuel, Xia Yuhao commença à avoir des vertiges. Sa vision se troubla, et il supplia Qiu Zixuan de lui accorder un peu de répit. Ce dernier, voyant qu’il était vraiment à bout, accepta enfin de le laisser partir.

Ils n’avaient pas encore atteint la grille de l’école qu’une voix surgit derrière eux.

He Chengen apparut soudain, passa un bras autour du cou de Qiu Zixuan avec un enthousiasme familier et lança à Xia Yuhao :

« Frérot, j’ai entendu dire qu’il te donnait des cours particuliers ? Accroche-toi ! Même si y’a beaucoup à retenir, Zixuan est super doué pour deviner les sujets. »

Les yeux de Xia Yuhao se posèrent immédiatement sur le bras de He Chengen, enroulé autour du cou de Qiu Zixuan.
Il avait une furieuse envie de le lui arracher.

« Comment tu sais ça ? » demanda-t-il en fusillant He Chengen du regard.

Il avait toujours trouvé ce type insupportable. Il débarquait partout comme si de rien n’était, à croire qu’il ne supportait pas de ne pas être au centre de l’attention.

« Je suis sa toute première victime ! » déclara fièrement He Chengen en se désignant du pouce.

« Depuis le collège jusqu’à aujourd’hui, c’est moi qui ai forgé sa capacité à comprendre les questions. Je suis le pionnier, celui qui a planté les arbres, et toi t’es juste là pour profiter des fruits ! »

Puis il voulut poser une main amicale sur l’épaule de Xia Yuhao, mais ce dernier esquiva sèchement.

« Frérot, tu pourrais montrer un peu de respect. Je suis aussi le capitaine de l’équipe de volley, tu sais ! »

« Vous vous connaissez depuis longtemps ? » demanda Xia Yuhao, sur un ton méfiant.

Dans son esprit, He Chengen était déjà un rival amoureux.

Mais l’autre, toujours aussi provocateur, répondit avec un grand sourire :

« Zixuan et moi, on est des amis d’enfance… Notre relation est comme ça ! »

Il frappa ses deux paumes l’une contre l’autre dans un geste énergique.

« On est inséparables ! »

« Amis d’enfance dans tes rêves, oui, » répliqua Qiu Zixuan en souriant avant de lui donner une petite tape sur la tête. Il ne nia pas… Mais ne confirma rien non plus.

He Chengen sourit de plus belle et adressa un clin d’œil malicieux à Xia Yuhao.

Le visage fermé, celui-ci déclara soudainement :

« J’ai un truc à faire. Je rentre. »

Et il s’éloigna sans un mot de plus.

Il ne voulait pas l’admettre, mais il était vraiment jaloux.

Voir He Chengen se coller à Qiu Zixuan comme ça, et lui parler avec autant de familiarité, le rendait dingue.

Cette nuit-là, Xia Yuhao fit un rêve.

La scène se déroulait devant les casiers du gymnase.

Qiu Zixuan était en train de se changer. Soudain, une main le poussa violemment et son dos heurta les casiers métalliques. Il sursauta, surpris, mais ne chercha pas à se débattre.

Puis, la silhouette s’approcha et tenta de l’embrasser. Qiu Zixuan détourna d’abord précipitamment le visage pour refuser, mais plus il résistait, plus l’autre insistait avec fougue.

Peu à peu, ses gestes de défense perdirent en force. Il finit même par attraper timidement le bras de l’autre, ses doigts effleurant nerveusement les muscles tendus sous la peau.

Même en rêve, Xia Yuhao bouillonnait de rage. Qui osait embrasser Qiu Zixuan de force, et devant lui en plus ? !

Il allait intervenir quand, soudain, Qiu Zixuan ouvrit lentement les yeux et demanda :

« Xia Yuhao… Pourquoi tu m’embrasses ? »

C’est à ce moment-là que Xia Yuhao se réveilla.

Qu’est-ce que c’était que ce rêve ? Pourquoi ai-je rêvé d’un truc pareil ?

Il secoua violemment la tête, comme s’il voulait faire taire la voix dans son esprit. Mais rien n’y faisait : la question de Qiu Zixuan résonnait encore à son oreille.

Xia Yuhao… Pourquoi tu m’embrasses ?

Mon Dieu. Lui aussi voulait comprendre.

Il n’arrivait pas à dire si c’était un rêve… Ou un cauchemar.

Après s’être réveillé, il ne réussit pas à se rendormir. Le lendemain matin, ce rêve occupait encore tout son esprit. Le contact de ce baiser… Il pouvait presque encore le sentir. Si réel. Est-ce que je suis… Frustré ?

Est-ce que je ressens vraiment ce genre de choses pour Qiu Zixuan ?

« Comment c’est possible ? »

Sans s’en rendre compte, il murmura à voix basse, comme s’il essayait de se convaincre.

Une voix, à côté de lui, lui répondit calmement :

« Moi aussi, je voudrais bien savoir. »

« Ça n’a aucun sens… »

Après y avoir pensé toute la journée, après l’avoir rêvé toute la nuit… est-ce que je veux vraiment faire ce genre de choses avec Qiu Zixuan ?

« Xia Yuhao. »

« Ne me dérangez pas. »

« Dans ma classe, ça ne me dérange pas que tu sois distrait, mais tu marmonnes tout seul. À tes yeux, est-ce que j’existe en tant que professeur ? »

Paf ! Le micro du professeur résonna lorsqu’il lui tapa directement sur la tête avec.

« Tu es réveillé, maintenant ? »

Xia Yuhao, embarrassé, hocha légèrement la tête. Il se rendit compte que tous ses camarades de classe le regardaient en se marrant. Il n’y avait pas de quoi être fier.

« Puisque tu es bien réveillé, va te mettre en retenue devant la salle. »

Le professeur Zhong lui montra la porte sans ménagement.

Très bien. De toute façon, il n’était pas du tout d’humeur à suivre le cours.

Il se leva donc, sortit et se dirigea vers le couloir. À peine avait-il franchi le pas qu’il aperçut Qiu Zixuan qui marchait dans le couloir qui se trouvait en face.

Son cœur fit un bond. Il eut immédiatement envie de le suivre.

Il fit deux pas… Puis s’arrêta. Et si quelqu’un dans la classe le voyait par la fenêtre ? Pris d’une soudaine panique, il se baissa instinctivement et passa furtivement devant la porte, comme un voleur.

Pourquoi suis-je aussi excité ?

Il connaissait la réponse, bien sûr. Mais il ne savait pas si Qiu Zixuan, lui, ressentait la même chose.

Après tout… C’est un garçon qui aime un autre garçon.

Qiu Zixuan arriva à la bibliothèque et trouva une table où s’asseoir. Il y posa le dossier et le manuel d’anglais qu’il tenait en main. Il s’apprêtait à ouvrir le dossier quand une main surgit soudainement pour le lui arracher. En levant les yeux, il découvrit qu’il s’agissait de Xia Yuhao.

« Pourquoi tu es là ? Ce n’est pas l’heure du cours ? » demanda Qiu Zixuan, surpris.

« Tu n’y étais pas non plus ? » répliqua Xia Yuhao.

« Les cours de troisième année ne sont pas les mêmes que les tiens. J’ai une séance d’étude autonome. Tu sèches encore les cours ? »

Xia Yuhao s’assit à côté de lui.

« Non, le professeur Zhong m’a collé une retenue. »

Il s’interrompit volontairement. Quelques secondes plus tard, la cloche sonna, et il afficha un petit sourire :

« Voilà, c’est la pause déjeuner. »

« Si le professeur Zhong découvre que tu n’es pas en classe, tu vas peut-être devoir rester debout tout l’après-midi. »

Qiu Zixuan rit doucement.

Xia Yuhao ouvrit le dossier et découvrit les informations personnelles de chaque membre de l’équipe de volley-ball. Leurs compétences et axes d’amélioration y étaient décrits avec précision. Curieux, il chercha sa propre fiche.

Il y trouva l’écriture soignée de Qiu Zixuan : « Tempérament impulsif, bases techniques faibles. Bonne détente, excellente perception dynamique, grande souplesse. Manque d’esprit d’équipe, doit apprendre à mieux coopérer avec les autres joueurs. »

Il n’y avait que quelques mots, mais Xia Yuhao eut l’impression d’être totalement mis à nu par Qiu Zixuan. Il s’était senti vu, compris, comme si l’autre avait percé à jour sa véritable nature.

En feuilletant le dossier, quelques fiches tombèrent. Sur chacune, des tableaux étaient soigneusement dessinés. Chaque case contenait un mot anglais, accompagné de sa traduction chinoise.

« C’est quoi, ça ? » demanda Xia Yuhao.

« C’est pour toi. Prends-les, ce sont des fiches de vocabulaire. Garde-les toujours sur toi et mémorise-les. »

« C’est toi qui as tout fait ? Pour moi ? » demanda-t-il, surpris.

« Bien sûr. Mais en même temps, ça me permet de réviser aussi. C’est du gagnant-gagnant. »

Qiu Zixuan remarqua que Xia Yuhao semblait un peu déboussolé et lui demanda :

« Qu’est-ce qu’il y a ? »

Pour Qiu Zixuan, ce n’était qu’un détail sans importance. Mais pour Xia Yuhao, c’était la preuve la plus évidente qu’il comptait vraiment pour lui.

À cette question, Xia Yuhao reprit ses esprits et changea rapidement de sujet :

« Hé, j’ai entendu dire que le directeur s’était opposé à notre demande d’entraînement. »

« Heureusement, le professeur Zhong a plaidé en notre faveur. Le directeur a fini par dire que tant que tout le monde réussissait ses examens, la formation serait autorisée. » Qiu Zixuan sourit.

Xia Yuhao fit la moue :

« Il doit m’avoir dans le collimateur. »

Qiu Zixuan rit.

« Tu te fais des idées. Même s’il t’en veut vraiment, les élèves doivent quand même travailler dur. La réussite scolaire, c’est essentiel. »

Xia Yuhao afficha un air réticent. Il n’aimait tout simplement pas étudier.

« Tu n’as pas envie de participer à l’entraînement ? » demanda Qiu Zixuan.

Xia Yuhao y réfléchit sérieusement. Autrefois, il détestait l’idée de manger, dormir et vivre avec d’autres gens. Mais aujourd’hui, c’était différent… L’entraînement signifiait que Qiu Zixuan mangerait et dormirait avec tout le groupe… Et s’ils partageaient la même chambre…

Soudain, son rêve lui revint en mémoire. Ses oreilles s’empourprèrent instantanément. Il s’éventa la joue en répondant vaguement :

« Bof, ça va. »

Puis il demanda :

« Et toi, tu aimes ça, l’entraînement ? »

Qiu Zixuan acquiesça :

« C’est une tradition dans l’équipe de volley-ball. Les anciens s’entraînent avec les nouveaux. Avec plusieurs jours d’entraînement intensif, du matin au soir, on apprend à se connaître, à forger un vrai esprit d’équipe. »

Il tourna la tête vers lui et ajouta, très sérieusement :

« Et c’est exactement ce qu’il te faut en ce moment. Tu dois apprendre à collaborer avec les autres joueurs. »

La seule personne avec qui j’ai envie de collaborer, c’est toi. Les autres, je m’en fiche. pensa Xia Yuhao.

Qiu Zixuan sembla se rappeler quelque chose et ajouta avec un sourire mystérieux :

« Et parfois, il y a des bénéfices inattendus. »

Des bénéfices inattendus ? Dormir ensemble et ensuite…

L’expression « attaque nocturne » surgit brusquement dans l’esprit de Xia Yuhao. Ce rêve allait-il devenir réalité ?

« Des bénéfices ? »

Il déglutit et demanda d’un ton un peu tendu.

« Comme trouver une petite amie. L’année dernière, la petite sœur du professeur Zhong s’est entraînée avec nous, et elle est devenue la copine de He Chengen. »

« Quoi ? He Chengen a une copine ? » Xia Yuhao sembla abasourdi. « Il… Il n’est pas en couple avec toi ? »

He Chengen… A vraiment une copine ?

« Avec moi ? » répéta Qiu Zixuan, sidéré. Comprenant enfin le malentendu, il eut envie de rire, mais comme ils étaient à la bibliothèque, il enfouit la tête dans ses bras pour étouffer son fou rire, tout son corps tremblant.

« Mais pourquoi tu rigoles comme ça, bordel ! » chuchota Xia Yuhao en regardant nerveusement autour de lui.

Quand Qiu Zixuan eut fini de rire, Xia Yuhao en profita pour poser une autre question :

« Puisque He Chengen a une copine… Et toi ? Tu as déjà pensé à en avoir une ? »

« Je suis déjà bien assez occupé avec les études et l’organisation des entraînements. Je n’ai pas le temps de penser à ce genre de trucs. »

« Tu n’y as jamais pensé ? » insista Xia Yuhao.

Qiu Zixuan pencha légèrement la tête, réfléchit un moment, puis secoua la tête.

« Peut-être que je suis comme toi. J’attends de rencontrer quelqu’un. Et quand ce sera la bonne personne, je le sentirai… »

Il imita le geste de Xia Yuhao et frappa sa paume gauche avec son poing droit.

Ce geste frappa directement le cœur de Xia Yuhao.

Vraiment ? Il attend vraiment la bonne personne ?

Et si cette personne… Était un garçon ?

« Tu… Il y a une chance que tu aimes les garçons ? » demanda Xia Yuhao avec hésitation.

Qiu Zixuan le regarda d’un air étrange.

« Pourquoi tu me poses soudainement cette question ? »

« Je… J’étais juste curieux… Si un de tes amis aimait les garçons, tu le repousserais ? Tu le jugerais ? Tu penserais qu’il est bizarre ? »

Ce qu’il exprimait, c’était en fait sa plus grande peur.

Même s’il aimait profondément Qiu Zixuan, que pourrait-il faire si celui-ci refusait même d’envisager ce genre de relation ?

Qiu Zixuan remonta ses lunettes sur son nez et répondit sérieusement :

« On a quel âge, sérieusement ? Ce qui compte, c’est la personne qu’on aime, pas son genre. »

En entendant cette réponse, Xia Yuhao sentit son cœur exploser. Il attrapa le poignet de Qiu Zixuan et demanda avec empressement :

« Alors… C’est possible ? »

Tu pourrais aimer les garçons aussi ?

Qiu Zixuan le fixa avec suspicion.

« Pourquoi tu es autant obsédé par ma sexualité ? »

Xia Yuhao avait un comportement vraiment étrange aujourd’hui, et ses yeux brillants le mettaient mal à l’aise.

« Je… Je suis juste curieux ! »

« Eh bien, je n’ai pas envie de satisfaire ta curiosité. »

Qiu Zixuan se leva pour partir.

Xia Yuhao le suivit comme un gros chien, remuant la queue derrière lui :

« Allez ! Dis-moi ! Je veux vraiment savoir ! »

« Tu es insupportable. »

Qiu Zixuan ne jeta même pas un regard au chien collant qui le suivait.

« Si tu ne me le dis pas, je ferais exprès de rater l’examen… »

Qiu Zixuan s’arrêta net et se retourna, les yeux glacials.

« Si tu oses foirer cet examen, je te frapperai à mort avec un ballon de volley. »

Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi  ⋄ Correctrice • Ruyi

・．ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・