01. Un nouveau départ
par RuyiCe chapitre vous est présenté par la Dragonfly S. :
• Traductrice : Ruyi
• Correctrice : Ruyi
Dans un café au coin d’une rue, se trouvait une seule table, mais celle-ci semblait séparée deux mondes l’un de l’autre.
Shao Yichen fixait intensément le jeune homme assis en face de lui. Son corps entier tremblait légèrement, tandis que, assis sur sa chaise, il serrait de toutes ses forces ses cuisses de ses deux mains pour réprimer son envie de pleurer.
Jiang Jinteng, qui, une semaine plus tôt, était encore amoureux de lui après neuf ans de relation, était désormais un étranger.
En pensant à cela, Yichen esquissa un sourire amer. Car, il avait l’impression que Jinteng avait cessé de le toucher depuis un mois.
Durant cette période, il avait remarqué des marques de rouge à lèvres sur son cou et une légère odeur de parfum sur son corps lorsqu’il rentrait du travail.
Et ce parfum n’était pas celui d’Hermès Nile Garden, qu’ils avaient l’habitude de partager, mais celui de Coco Chanel, identique à celui de la femme assise de l’autre côté de la table.
Lentement, Yichen posa son regard sur les mains de cette femme, celles qui tenaient celles de Jinteng. Elle portait une bague.
Oui, vous portez tous les deux des alliances. Mais les nôtres ? La mienne est encore là, près de mon cœur. Je la porte toujours. La sienne ? Elle n’a plus aucune valeur. Maintenant, il va me la jeter à la figure.
Mon cœur bat à tout rompre. Pourquoi, Jiang Jinteng ? Je ne sais pas pourquoi je ne te déteste pas, alors que je suis rempli de ressentiment ?
Cela fait douze ans que l’on se connaît, et aujourd’hui, c’est l’anniversaire de nos neuf ans de relation.
Oui, je suis vraiment stupide. Le seul qui s’en souvienne.
Le faisceau lumineux de la lampe lui transperça les yeux, tandis que son cœur, déjà accablé par la douleur, sombrait dans l’inconscience.
À cet instant, il vit les lèvres de Jinteng s’entrouvrir légèrement et dire lentement : « Yijun et moi… Allons nous marier. »
Cette déclaration calme lui donna envie de pleurer à chaudes larmes.
Le regard fixe de Shao Yichen sur Jiang Jinteng donnait à ce dernier l’impression d’étouffer.
Il voulait fuir, mais il ne voulait pas que les deux personnes devant lui le remarquent.
Jiang Jinteng retira sa main gauche, qui tremblait à ce moment-là, de sous la table, souleva la tasse de café dans sa main droite et but une gorgée de Blue Mountain*.
(N/T : Le Blue Mountain est un type de café obtenu à partir de caféiers cultivés dans les Blue Mountains, en Jamaïque.)
À peine posa-t-il la tasse qu’un bruit sourd retentit.
C’était le verre d’eau de Shao Yichen qui venait de s’écraser au sol.
Jinteng n’avait pas osé croiser son regard de toute la soirée.
Mais à cet instant, il leva les yeux vers lui.
Shao Yichen était pâle, tendu et affaibli, ses lèvres tremblaient légèrement.
Sa lèvre inférieure rougit sous la morsure de ses dents, de grosses larmes emplirent ses yeux avant de couler silencieusement.
Après un moment à s’observer mutuellement, Yichen se détourna et sortit du café en courant.
Il était furieux, empli de ressentiment.
S’il avait balancé son verre d’eau sur la tête de Jinteng, cela aurait peut-être atténué sa haine. Mais il n’avait fait que lâchement le jeter à terre.
Lorsque Shao Yichen s’enfuyait en courant, Jinteng se leva et se lança à sa poursuite.
Il continua de le suivre, observant sa silhouette s’éloigner et tourner au coin de la rue. Il le vit ensuite traverser la rue avant de s’engouffrer dans une ruelle sombre.
Yichen s’arrêta enfin, tout son corps plaqué contre le mur comme s’il voulait s’y fondre. Lentement, il glissa jusqu’au sol, serrant ses bras autour de lui, submergé par des sanglots amers.
Les pas précipités de Jinteng résonnèrent derrière lui.
Arrivé à sa hauteur, Jinteng le saisit par les épaules, le força à se redresser et appuya son dos contre le mur pour le relever doucement. Ses yeux inquiets cherchaient le visage ruisselant de larmes de Yichen.
Yichen leva une main tremblante pour toucher ce visage qu’il aimait depuis toujours, puis, dans un élan de désespoir, l’embrassa avec ardeur.
D’une voix brisée, il murmura à l’oreille de Jinteng : « Pourquoi ? Mais pourquoi ? »
Il appuya sa tête contre son torse, ses larmes imprégnant rapidement la chemise de Jinteng, glacée contre sa peau.
Jinteng leva une main hésitante, comme pour l’enlacer, mais elle retomba mollement sur l’épaule de Yichen. Il resta immobile.
« Serre-moi… Je t’en prie, serre-moi dans tes bras… Tu m’avais promis que tu me tiendrais toujours dans tes bras… »
Les mots mêlés de larmes de Yichen imploraient l’étreinte de son amant.
Il sentait que le ciel s’assombrissait.
Un froid intense, inconnu jusqu’alors, s’infiltrait dans ses os, comme s’il avait été abandonné par le monde entier.
Dans un élan de désespoir, il repoussa Jinteng et quitta la ruelle en titubant.
Jinteng resta figé sur place et murmura : « En fait, je… »
Mais il n’acheva pas sa phrase. Ses épaules tressautèrent, et des larmes coulèrent sur ses joues.
Jiang Jinteng pleurait.
Yichen, qui courait vers la chaussée, ne remarqua pas la minuterie des feux de circulation.
Lorsqu’il aperçut les phares d’un véhicule approchant à vive allure, il était déjà trop tard. Sa vie commença à s’écouler comme le sable dans un sablier.
Le tragique et fragile Shao Yichen trouva la mort dans un accident de voiture le 19 septembre 2025. Il avait 27 ans.
Assoupi, comme dans un rêve, Shao Yichen vit défiler sa vie devant ses yeux, comme un film projeté sur un écran.
Il avait grandi seul avec sa mère. La vie avait été dure.
Depuis son enfance, il l’aidait à cuisiner et à faire les tâches ménagères. Elle l’aimait profondément.
Malgré les épreuves, sa mère n’avait jamais baissé les bras.
C’était une femme diligente et indépendante, qui travaillait sans relâche pour offrir à son fils une vie meilleure et une éducation décente.
« À l’avenir, je pourrais vivre une vie paisible et stable, loin des maladies et des catastrophes », se disait-il.
« Maman, je t’ai déçue dans cette vie. Je suis désolé. »
Dans cette existence, une seule personne avait le pouvoir de le faire souffrir autant : Jiang Jinteng.
L’homme dont il était secrètement amoureux depuis son adolescence, celui qu’il avait suivi toute sa vie… Jinteng, autoritaire, tendre et parfois puéril, qui lui disait avec espièglerie :
« Soyons ensemble ! »
« Désormais, tu es à moi. Tu ne peux regarder que moi. »
« Je veux être le seul dans tes yeux. »
Celui qui l’appelait tendrement « Achen… »
« À dieu, Jinteng. Dans ma prochaine vie, je ne te reverrai plus jamais. »
« Yichen, tu es enfin réveillé ! »
Une voix familière résonna à ses côtés.
Yichen ouvrit lentement les yeux et regarda autour de lui. Il était allongé dans un lit d’hôpital, une intraveineuse plantée dans son bras gauche.
La personne à côté de lui… C’était Li Mubai ? Le jeune Li Mubai ?
« Yichen, ça ne va pas ? Tu as mal à la tête ? Tu viens d’avoir un accident et tu m’as fait peur », dit Mubai, les yeux rougis et au bord des larmes.
Yichen resta silencieux un instant, avant de demander d’une voix calme : « Mubai, où est ma mère ? »
Li Mubai baissa le regard, reniflant légèrement, avant de répondre : « Je ne l’ai pas prévenue. J’avais peur qu’elle s’inquiète. »
Yichen soupira doucement. « Mubai… Merci. Je vais bien. Ne t’en fais pas. »
Il croyait vivre un rêve, mais la légère douleur à sa tête lui confirma que tout était bien réel.
« Aujourd’hui, nous sommes le vendredi 16 septembre 2016 », poursuivit Li Mubai.
« Les cours commencent dans trois jours. Heureusement, le conducteur de la moto qui t’a renversé t’a emmené à l’hôpital. Les examens n’ont révélé aucun problème grave. »
De retour chez lui, Yichen prit le temps de remettre de l’ordre dans ses pensées.
Il se souvenait clairement : le 19 septembre 2025 marquait le neuvième anniversaire de sa relation avec Jiang Jinteng. Ce jour-là, il avait été trahi par Jinteng, avant de mourir dans un accident de voiture.
Mais cette fois… Il était revenu neuf ans en arrière.
En observant la maison de son passé, il se murmura à lui-même : « Je suis vivant. »
Un éclat de détermination traversa son regard.
« Cette fois, je vais vivre pour moi. Je ne laisserai jamais Jiang Jinteng me blesser à nouveau. »
En feuilletant le calendrier posé sur son bureau, Yichen traça un cercle rouge autour du 19 septembre et y écrivit quatre mots : « Rencontre avec un méchant. »
À la fin, il dessina un petit smiley en colère.
« Ce jour-là, il s’était juré d’éviter toute occasion de rencontrer Jinteng, espérant ainsi changer son destin et prendre un nouveau départ.
Dans sa vie antérieure, Yichen avait rencontré Jinteng dès le premier jour de la rentrée scolaire.
Les souvenirs lui revinrent :
Ce jour-là, celui où il avait croisé Jiang Jinteng, marquait la rentrée universitaire.
De nombreux clubs recrutaient de nouveaux membres.
Près du bâtiment de recherche, chaque département organisait des activités d’inscription pour les nouveaux étudiants.
Les panneaux publicitaires des clubs attiraient l’attention avec des messages originaux :
« Camarades de classe, rejoignez notre club d’escrime ! Vous apprendrez à éliminer les malfaiteurs et à conquérir cette fille qui rêve d’être dans vos bras ! »
« Camarades de classe, inscrivez-vous à notre club de natation ! Améliorez votre capacité pulmonaire, vous pourriez alors embrasser langoureusement votre partenaire pendant 10 minutes sans respirer. Qu’attendez-vous ? Venez faire un plongeon ! »
Alors qu’ils parcouraient les stands, Mubai tira Yichen à l’écart, dans un coin moins fréquenté, et lui demanda :
« Yichen, il y a un club qui t’intéresse ? »
« … Y a-t-il un poste de police ? Je veux rejoindre le poste de police. » , dit Yichen sur le ton de la plaisanterie, provoquant le rire de Mubai.
À ce moment-là, une voix se fit entendre à proximité :
« Hé, Jiang Jinteng, renomme ton club en « poste de police », peut-être que quelqu’un viendra enfin », dit Zhe en riant et en lui donnant un coup de coude.
Jiang Jinteng tapota l’endroit où Zhe l’avait touché, feignant de s’épousseter, puis leva les yeux.
Lorsque Yichen entendit ce nom, il releva instinctivement la tête.
Leurs regards se croisèrent.
Le cœur de Yichen s’emballa. La personne qu’il admirait en secret depuis trois ans se tenait devant lui. Son visage s’empourpra instantanément, et une vague de nervosité le submergea.
De son côté, Jinteng, en observant le garçon au teint pâle devant lui, laissa briller une lueur froide dans ses yeux.
Sous ses lunettes, il arborait un air studieux et sérieux. Pourtant, il ne put s’empêcher de remarquer l’embarras de Yichen, dont le visage, et même le cou, rougirent davantage.
ZheGang éclata de rire et frappa de nouveau l’épaule de Jiang Jinteng :
« Arrête de le fixer comme un loup affamé, tu vas l’effrayer ! Ce garçon ne rejoindra pas notre club. Mais notre club d’insectes est génial ! Viens découvrir la beauté éphémère de leur vie. Ressens la magie de la nature ! »
Finalement, Mubai fut entraîné de force à rejoindre le club d’insectes.
« Un club d’insectes ? Sérieusement ? S’indigna-t-il. Étudier des chenilles et des coléoptères… Avec toutes leurs pattes ! »
Yichen, se remémorant cette scène du passé, réalisa que le club avait été fondé par ZheGang. Jinteng y avait été contraint d’adhérer faute de membres, acceptant en échange un mois de déjeuners gratuits.
(Note de Ruyi : UN mois de déjeuners gratuits… La vie j’aurais rejoint le club. Bon, même si je ne suis pas du TOUUUTT fan d’insectes.)
À l’époque, rejoindre ce club n’avait été qu’un prétexte pour se rapprocher de Jinteng. Mais cette fois-ci, il était déterminé à ne pas refaire la même erreur.
« La première étape de mon plan est de ne pas rejoindre ce club et d’éviter toute rencontre. Je vais reécrire mon histoire et vivre une vie merveilleuse ! »
Quelques jours plus tard, Shao Yichen et Li Mubai assistèrent par hasard à une scène chaotique.
Un grand gaillard vêtu d’un blouson de cuir affrontait cinq hommes ressemblant à des gangsters.
Le colosse décocha un uppercut gauche, puis une droit, démontrant sa force.
Mubai, stupéfait, s’écria : « Attention ! »
Un garçon surgit soudain avec un bâton et le frappa violemment, ce qui fit chuter l’homme en cuir au sol.
Dans la confusion, le grand homme se releva, agrippa Mubai et lui cria : « Cours ! »
Mubai se mit à courir, suivi de près par Yichen. Essoufflés, ils tentèrent de semer leurs poursuivants armés de bâtons.
« Je ne veux pas de ça ! Protesta Yichen. Mubai, séparons-nous ! »
« Hors de question ! S’écria Mubai. Ils me poursuivront encore plus si je suis seul. Être frère, c’est partager les galères ! »
(Note de Ruyi : Ses amis sont à ça de se dédouaner mdrrrrr)
Lorsqu’ils trouvèrent enfin un endroit où se cacher, ils s’effondrèrent, épuisés.
L’homme au blouson de cuir se releva et déclara fièrement : « Être un homme, c’est faire preuve de loyauté ! »
Mubai, exaspéré, rétorqua : « Je ne te connais même pas ! »

(Note de Ruyi : Ah… )
« Oh, ce n’est pas grave. Cette rencontre, c’est le destin », répondit-il en riant.
Mubai s’indigna davantage :
« Je te déteste ! Pourquoi devrais-je payer pour tes erreurs ? »
L’homme détourna le regard avec une expression mélancolique : « Je sais, moi aussi je m’agace. Mais bon… Hier soir, j’ai découvert que la fille avec qui j’étais avait un petit ami. »
Mubai, furieux, le pointa du doigt : « Hé, pourquoi es-tu aussi méprisable ? Tu n’as aucune morale ! »
L’inconnu le regarda avec surprise et, au moment où il s’apprêtait à parler, il entendit Yichen crier : « Courez, ils nous ont trouvés ! »
Sans perdre une seconde, ils se levèrent et se préparèrent à poursuivre leur fuite.
Au même moment, Jinteng se trouvait dans une boulangerie à proximité de la rue.
Cai Yijun brandit un sac en papier contenant un petit-déjeuner et s’exclama avec un large sourire : « Jiang Jinteng, ton petit-déjeuner ! »
Elle tendit la main, plaçant le sac devant lui. Jinteng le fixa, croisa les bras sur son torse et, d’un air indifférent, répondit : « Je ne t’ai pas demandé de l’acheter pour moi. »
« Mais moi, je voulais te l’acheter ! Prends-le, s’il te plaît », implora Cai Yijun en grimaçant, affichant une expression des plus touchantes.
Soudain, un cri retentit à l’extérieur : « Arrête ! Ne te sauve pas ! Tu oses te taper ma copine ? Ne t’enfuis pas si tu as du cran ! Je vais te tuer ! »
« … La loi et l’ordre deviennent de plus en plus mauvais, c’est terrible », commenta Cai Yijun en fronçant les sourcils.
Jinteng, observant les gens courir devant la vitrine, déclara froidement : « Je m’en vais maintenant. »
Ignorant les paroles derrière lui, il quitta les lieux.
Cai Yijun le regarda s’éloigner, visiblement contrariée.
En réalité, Jinteng et Cai Yijun s’étaient rencontrés pour la première fois à cette boulangerie. Ils se connaissaient depuis l’université.
Yichen, de son côté, ignorait tout cela.
Tout ce qu’il avait vu, c’était une fille à la queue de cheval à travers la vitrine.
Elle semblait gentille et parlait avec Jiang Jinteng.
Après un moment d’observation, Yichen réalisa avec stupeur qu’il s’agissait de Cai Yijun !
Une étrange sensation de froid le parcourut. Ils semblaient se connaître depuis bien plus longtemps qu’il ne l’aurait cru.
« Alors… À quoi servent les neuf années que nous avons passées ensemble ? » se demanda-t-il intérieurement.
« Est-ce que j’étais… La troisieme roue de leur histoire amour ? »
Ses pensées devinrent chaotiques, se mêlant aux souvenirs de son passé. Il ne savait plus ce qui était réel ou imaginaire.
Mais la réalité s’imposa à lui : il était en fuite, haletant, en sueur, et dans une situation inconfortable.
« Ici… Ça ne devrait pas être… Un problème… », balbutia-t-il en regardant le mur qu’il s’apprêtait à escalader.
Il jeta son sac à dos par-dessus et se prépara à grimper.
Mais le garçon en blouson de cuir intervint : « Hé, le portail est là-bas. »
Il désigna du doigt un coin à une quinzaine de mètres et ajouta : « Tu ne connais pas l’école ? T’es en première année, c’est ça ? »
Mubai, qui venait de se redresser, s’approcha du portail et l’ouvrit.
Le garçon, les mains croisées derrière le dos, tira alors Yichen pour l’entraîner à courir.
Boitant légèrement, il les guida vers le portail de l’école.
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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