Chapitre 11
by Ruyi ♡Je fermai les yeux encore plus fort, le visage crispé. Dans les méandres sombres de mon imagination, je n’arrivais pas à visualiser Kim Shin me pénétré. À la place, je l’imaginais entre mes cuisses, contre moi, alors que je me frottais à lui avec frénésie. En réalité, ma main allait et venait vivement sur mon sexe, de plus en plus vite, alors que ma paume s’humidifiait de liquide pré-éjaculatoire.
Je repensai aux yeux de Kim Shin — à son regard intense. Rien que d’imaginer ce regard posé sur moi alors que je me caressais contre lui me faisait frissonner de honte… Et ce sentiment ne faisait qu’accentuer le feu au creux de mon ventre.
J’étais persuadé que, si j’ouvrais la bouche, un gémissement bien trop sonore s’en échapperait, alors je serrai les dents et étouffai mes soupirs. J’étais trempé maintenant, et à chaque va-et-vient le long de mon sexe, on pouvait entendre un bruit humide, shlick, shlick. Mon cul me lançait, et je me frottai contre le matelas pour apaiser cette sensation brûlante.
Dans mon fantasme, j’enfouissais mon visage dans le son cou, respirant son odeur à pleins poumons, les mains crispées sur ses épaules.
« Tu aimes ça, hein ? » me lançait-il, un sourire dans la voix.
La honte et le désir me submergèrent d’un coup, et je tremblai violemment.
« Aaah… » haletai-je, en sentant ma jouissance se répandre sur ma main.
« Haaa… Haaa… »
Je peinais à reprendre mon souffle, comme si je manquais d’air. Il me fallut un long moment avant que ma respiration ne se calme enfin.
À tâtons, je pris quelques mouchoirs pour effacer les traces laissées dans l’obscurité, mais j’abandonnai bien vite et me levai. Il ne me fallut pas longtemps pour réaliser que ce n’était pas seulement mon sexe qu’il fallait nettoyer — mes fesses étaient tout aussi collant.
Quelques pas à peine me séparaient des toilettes, mais ce fut suffisant pour raviver ma gêne. Incapable d’aller plus loin, je posai une main contre la porte, la tête penchée vers le sol.
Je suis devenu fou. Qu’est-ce que je vais faire maintenant ?
Pendant tout le trajet jusqu’à la bibliothèque le lendemain, je ne cessai de me répéter comme un mantra : Tout va bien.
Que Kim Shin ait eu une érection dans les toilettes n’avait rien d’exceptionnel — c’était une réaction parfaitement naturelle entre un alpha et un oméga, et peut-être que la scène du couple sur les marches l’avait aussi un peu excité.
Le problème, c’était moi.
Mis à part cet incident d’il y a trois ans, je n’avais jamais vraiment expérimenté de chaleurs. Et même si je prenais scrupuleusement mes herbes inhibitrices, elles n’étaient pas infaillibles. Résultat : dès que mon cycle approchait, je devenais facilement réceptif… Tant que ça restait à un niveau contrôlable.
Mais la nuit dernière faisait exception. Je n’étais pas en chaleur, et pourtant, je n’avais pas réussi à calmer mon excitation avant minuit passé. Tout ça à cause d’un simple contact — le renflement ferme de Kim Shin contre mon dos.
Je ne savais pas que j’étais aussi effronté. Avoir de tel fantasme sur quelqu’un que je connaissais à peine, qui me parlait toujours avec respect, et qui ne me voyait que comme un soutien pour attraper le harceleur de son neveu…
Je laissai échapper un long soupir. Comment allais-je seulement pouvoir lui faire face ? La culpabilité et la honte m’avaient empêché de dormir presque toute la nuit, alors même que je ne l’avais pas revu. Mais malgré mes angoisses, je n’avais pas le choix — je devais aller à la bibliothèque aujourd’hui.
Je n’avais même pas eu l’occasion de lui dire correctement au revoir après qu’il s’était blessé en me protégeant la veille. Il était parti directement à l’hôpital. Il fallait que je prenne de ses nouvelles, donc je devais avancer… Mais même en descendant du bus, mes pas restaient lourds.
Mon téléphone vibra dans ma poche. Le nom de mon oncle s’afficha à l’écran. Je répondis à l’appel, heureux de pouvoir traîner encore un peu à l’arrêt.
« Allô, tonton ? »
« Salut, Yeonwoo, » dit-il chaleureusement. « Tu es où, là ? »
« À la bibliothèque. »
« Ah oui, j’ai entendu dire que tu y allais tous les jours. Et tu as un petit boulot pas loin aussi, non ? »
Il avait dû parler avec ma mère. « Oui, c’est ça. Il y a un problème ? »
Il alla droit au but :
« Je vais à Séoul demain, et je dois voir quelqu’un près de ta bibliothèque. On se retrouve après ? Je n’aurai pas beaucoup de temps, mais j’ai quelque chose que ta tante a préparé pour toi. »
Je n’eus même pas le temps de lui dire que ce n’était pas la peine, il avait déjà raccroché. Ma tante avait sûrement emballé des crabes marinés, ceux que j’adorais. Rien que d’y penser, je me sentis un peu mal à l’aise — j’avais déjà vécu à leurs crochets pendant trois ans à Pohang, et ils continuaient à m’envoyer des colis ? Il fallait que je gagne beaucoup d’argent pour pouvoir les remercier, ils le méritent tellement. Et pour ça, je devais étudier. Sérieusement.
Une soudaine détermination m’envahit. J’étais tellement perdu dans mes pensées que je ne sentis même plus le froid — du moins jusqu’à ce qu’un coup de vent glacé me fouette la joue.
C’était quoi la température d’aujourd’hui… ? J’avais pris l’habitude de consulter la météo chaque matin, mais j’avais oublié ce jour-là. En tout cas, il faisait assez froid pour que je rentre la tête dans mon écharpe comme une tortue. Pourtant, je ne pus faire un pas de plus. Une voix grave m’appela derrière moi.
« Yeonwoo-sunbae. »
C’était peut-être la culpabilité, mais mon cœur fit un bond dès l’instant où il prononça mon nom. Ou alors, c’était simplement à cause de son ton, aussi doux et velouté que dans mes fantasmes.
Une voix n’était, objectivement, qu’un simple flux de sons perçu par l’oreille. Pourtant, celle de Kim Shin avait quelque chose de si sucré qu’elle me donnait des frissons. Elle faisait fondre mon cœur.
Mais en même temps, elle me renvoyait aussitôt à ce que j’avais fait la veille. Je n’étais pas du tout préparé à cette situation — jamais je n’aurais imaginé que notre première rencontre après ça aurait lieu à un arrêt de bus.
« Oh, salut… » murmurais-je, incapable de le regarder dans les yeux. J’avais envie de me détourner et de partir tout de suite, mais c’est là que je remarquai le bandage autour de sa main gauche.
« La brûlure était si grave que ça ? »
Il baissa les yeux vers sa blessure.
« Non. »
« Je suis désolé… » répondis-je, peu convaincu. Il disait sûrement ça pour ne pas m’inquiéter — l’hôpital n’aurait pas pris la peine de lui bander la main si ce n’avait été qu’un bobo.
« Vous m’avez aidé, et… »
« Il fait froid. »
Il fait froid ? ! Mes yeux s’écarquillèrent de surprise ; il ne m’avait jamais semblé particulièrement sensible au froid. Enfin, après tout, c’était un humain comme les autres… Quoique, s’il avait vraiment froid, pourquoi portait-il juste un pull fin, sans rien autour du cou ? Ma main bougea légèrement, comme si elle voulait retirer mon écharpe pour la lui nouer autour du cou.
Heureusement, Kim Shin me coupa dans mon élan avec une proposition bien plus raisonnable :
« Allons à l’intérieur. »
Son sourire était plus réconfortant qu’un rayon de soleil en plein hiver. Je restai figé, la bouche entrouverte, incapable de détourner les yeux. Je sentis son regard s’attarder un instant sur mes lèvres, puis glisser ailleurs alors qu’il tournait la tête.
Je repris soudain mes esprits, et une vague de culpabilité me submergea. Il avait sûrement changé de sujet exprès pour que je ne m’inquiète plus pour sa main. Il est vraiment quelqu’un de bien, et moi… Moi, je me surprenais à nourrir des fantasmes honteux à son sujet. Oui, c’était instinctif qu’un oméga soit attiré par un alpha, mais quand même…
Je n’étais rien d’autre qu’un tas d’immondices à forme humaine.
Une fois arrivés dans la salle d’étude, j’avais deux objectifs :
Un, éviter à tout prix de croiser le regard de Kim Shin ; Deux, observer la bibliothèque autant que possible pour repérer le lycéen alpha.
Mais atteindre ce deuxième objectif tenait du miracle : à cette heure-là, le harceleur avait bien plus de chances d’être en train de roupiller en cours que de traîner ici. Il ne me restait donc plus qu’à me concentrer sur le premier.
Heureusement pour moi, Kim Shin ne me parlait pas beaucoup, et il ne cherchait presque jamais mon regard. Au début, j’étais persuadé qu’il avait deviné que je m’étais masturbé en pensant à lui, et que c’était la raison de cette tension un peu étrange entre nous. Mais s’il avait su, ses yeux n’auraient jamais eu cette douceur-là quand ils se posaient sur moi.
Il n’imaginerait même pas que j’aie pu avoir des pensées aussi sales.
Un stylo qui n’était pas à moi se mit à bouger sur mon cahier.
Yeonwoo-sunbae, écrivait son propriétaire, tu veux aller manger quelque chose ?
Parce que j’étais un pécheur, je n’arrivais pas à lui répondre tout de suite. Je restai juste là, à fixer la belle écriture de Kim Shin sur ma page.
Après quelques secondes, sa grande main bougea de nouveau, traînant le stylo avec ses longs doigts sur le papier.
Un endroit en particulier ?
Dans un incinérateur, peut-être ? fut la seule réponse qui me traversa l’esprit. Mais en voyant sa main patiente, immobile sur mon cahier, j’eus enfin le courage de griffonner une réponse.
N’importe où me va.
Soudain, j’avais faim. Je me levai, hésitant en silence — est-ce qu’on allait simplement manger quelque chose à la cafeteria au sous-sol ? Je n’en étais pas certain. Je m’arrêtai net en remarquant que la main de Kim Shin était toujours posée sur mon cahier, sans bouger.
Je me rassis lentement, puis tournai la tête vers lui pour la première fois de la journée… Et je me figeai aussitôt. Ses yeux, sombres et profonds, étaient braqués sur mon cou.
Mon cœur s’emballa, et je retins mon souffle alors qu’un frisson glacé me parcourait l’échine — une réaction instinctive, due à la prise de conscience que je n’avais pas protégé ma nuque face à un alpha. Mais ce n’était pas que de la peur. Il y avait aussi une excitation étrange. L’expression de Kim Shin, ce regard… C’était exactement ce que j’avais imaginé la nuit dernière.
À ce moment-là, il releva les yeux. Pendant une fraction de seconde, nos regards se croisèrent. Puis il détourna les yeux et se leva.
J’aurais dû le suivre, mais j’étais encore figé, paralysé par cet instant fugace de contact visuel. Ça n’avait duré qu’un battement de cœur, mais c’était suffisant pour me glacer le sang. Il y avait eu quelque chose dans ses yeux — cette possessivité implacable propre aux alphas — qui m’avait hérissé tous les poils du corps.
Je pensais être prudent. Je me rappelais sans cesse que Kim Shin était un alpha, et pas n’importe lequel. Un dominant. Mais visiblement, je n’étais pas encore assez vigilant. Ce regard sombre avait été aussi tranchant qu’une aiguille, comme s’il m’avait transpercé la peau. Pourtant… Maintenant, c’était comme si rien de tout cela n’avait existé. Comme si j’avais tout inventé. Son regard avait changé. Il avait retrouvé toute sa douceur, toute sa chaleur habituelle.
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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