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    Kim Shin continuait de me fixer, alors je laissai échapper un rire un peu forcé.

    « Tu es bien trop grand pour être un chauffe-mains,  » lui dis-je. « Ce serait plus juste de t’appeler un… Chauffe-corps. »

    Il ne sembla pas comprendre ma blague, car je ne reçus aucune réponse. Il se contenta de me fixer, si immobile qu’on aurait dit qu’il ne respirait même plus.

    Je me hâtai de continuer :

    « Tu sais, un chauffe-corps dont la chaleur dure des décennies ! »

    Même si j’avais mis l’accent sur l’efficacité thermique du chauffe-corps, je n’obtins pas la réaction que j’attendais. Au lieu d’un sourire ou d’un rire, le visage de Kim Shin se durcit. Ses yeux, eux, semblèrent vaciller violemment avant qu’il ne se détourne brusquement et ne marche droit vers les escaliers de secours.

    Figé, confus, je me demandai ce que j’avais bien pu dire de travers. Peut-être qu’il n’avait pas apprécié ma blague ? Pris de remords, je me mis à le suivre à grandes enjambées, tentant de rattraper son pas rapide.

    Kim Shin était déjà devant la lourde porte en fer qui menait à la cage d’escalier. Il la tenait ouverte, m’attendant, mais étrangement, il évitait soigneusement de me regarder.

    Honnêtement, je ne pouvais pas lui en vouloir — je l’avais sans doute mis mal à l’aise avec ma blague pourrie. Si je continue comme ça, peut-être qu’il finira par me fuir complètement ?

    Je songeai à cette possibilité en montant les escaliers, mais fus vite interrompu dans mes réflexions quand je remarquai que Kim Shin s’était arrêté avant d’atteindre le deuxième étage. Je m’arrêtai à mon tour, intrigué. Mais avant même que je puisse poser la question, j’en eus la réponse : un long gémissement grave résonna dans la cage d’escalier.

    « Aaaahhh ! Hnnngh ! Là… Juste là ! » haleta une voix d’homme.

    Quelqu’un était en train de… Le faire, sur les marches de la bibliothèque. Et à en juger par la légère odeur de phéromones alpha que je percevais, ils répondaient peut-être à un besoin charnel raisonnable.

    Kim Shin jeta un coup d’œil par-dessus son épaule.

    « On prend l’ascenseur, ça te va ? » proposa-t-il.

    J’acquiesçai aussitôt.

    « Avec plaisir. »

    Il redescendit les marches, et bientôt, nous traversions ensemble le premier étage pour rejoindre notre nouvelle destination. En marchant, nous discutions, tandis que l’un et l’autre affichaient une expression vaguement troublée.

    « Si cet alpha est en rut, on devrait peut-être condamner l’accès à l’escalier de secours, non ? » suggérai-je.

    « Pas besoin,  » me rassura Kim Shin.

    « Et tu le sais comment ? »

    « Son partenaire ne tiendra pas longtemps. C’est un bêta. »

    Le type à la voix grave était un bêta ? Je ne l’avais même pas remarqué — mais peut-être que le fait que Kim Shin soit un alpha lui permettait de mieux percevoir les phéromones que moi.

    « Donc, s’ils font ça, ce n’est pas parce qu’il ne peut pas contrôler son rut, mais…  » Je marquai une pause, cherchant désespérément une excuse pour défendre leur ébat public. « Enfin, il fait froid dehors. Ils auraient fini avec des engelures. » Leurs bites gèleraient, surtout.

    « Ouais,  » acquiesça Kim Shin. « Leurs bites gèleraient. »

    Je levai les yeux, surpris qu’il ait eu la même idée que moi. Ses lèvres étaient fermement pressées, mais je voyais bien qu’il luttait pour ne pas sourire. Ce qui le trahissait, c’était surtout ses yeux — ils étaient pleins de malice.

    J’eus un petit frisson de satisfaction à l’idée qu’on ait pensé la même chose au même moment. Mais avant que je ne puisse mettre des mots sur ce que je ressentais, l’ascenseur arriva, accompagné d’une autre pensée :

    Pourquoi est-ce que l’idée de bites gelées le faisait autant sourire ?

    Ce train de pensées fut cependant vite interrompu par une horde de collégiens bruyants qui envahirent l’ascenseur. Leurs sacs sur le dos trahissaient leur sortie de cours. L’ascenseur était bondé, et pourtant, ils continuaient à papoter et s’agiter comme s’ils étaient seuls au monde. Kim Shin et moi fûmes poussés dans un coin.

    Le collégien devant moi tenait une boisson chaude dans sa main. Les boissons n’étaient pas interdites dans l’ascenseur, mais ses gestes brusques et désinvoltes me mettaient mal à l’aise.

    « Pourquoi on est venus jusqu’ici au lieu d’aller au cybercafé ? » se plaignit un autre collégien.

    « Parce que je dois envoyer une preuve à ma mère que je suis bien allé à la bibliothèque, abruti ! » cria le gamin devant moi. « Hé, bois ta propre boisson ! »

    Soudain, le garçon leva le bras, celui qui tenait sa boisson — je vis le gobelet vaciller dangereusement entre ses doigts. Pris de panique, je reculai instinctivement vers Kim Shin, mais il n’y avait presque pas d’espace pour bouger. Il était trop tard pour éviter la catastrophe. Le gobelet se renversa et le liquide se déversa… Droit sur moi.

    « Merde ! »

    « Aaaah ! »

    Alors que les cris paniqués des gamins résonnaient dans l’ascenseur bondé, une force me tira brusquement en arrière. Je percutai une surface aussi dure qu’un mur, et en un clin d’œil, je me retrouvai quasiment dans les bras de Kim Shin, le dos plaqué contre son torse.

    Mais ce n’était pas le plus important. Trop tard, je compris que, pendant qu’il m’avait tiré vers lui d’une main, il m’avait protégé de l’autre — celle-là même d’où s’égouttait maintenant du liquide sur le sol.

    Un silence tendu s’abattit sur l’ascenseur, les collégiens s’étant subitement tus. Tous avaient les yeux fixés sur l’homme derrière moi, et même si je ne voyais pas son visage, l’effroi qui se peignit sur le leur était parfaitement visible.

    Pourquoi avaient-ils l’air si terrifiés ? Je me tournai pour vérifier par moi-même, mais avant d’en avoir le temps, une voix glaciale gronda au-dessus de ma tête :

    « Vous comptez vous excuser ? »

    « J-je… Je suis désolé…  » balbutia le garçon qui avait renversé sa boisson. Il tremblait de tous ses membres.

    L’ascenseur s’arrêta et les portes s’ouvrirent, mais aucun des enfants ne bougea. Ils restaient figés, comme pétrifiés. C’est alors que je remarquai un détail crucial : la boisson du garçon dégageait de la vapeur — même si elle était faible. La main de Kim Shin avait déjà viré au rouge.

    « Oh non ! » m’écriai-je, attrapant son bras pour l’entraîner vers les toilettes. « I-Il faut refroidir ça tout de suite ! »

    Même si c’était lui qui s’était brûlé, c’était clairement moi le plus paniqué des deux. Je ne pouvais m’empêcher de me sentir coupable qu’il se soit blessé en essayant de me protéger. Rien de tout ça ne serait arrivé si j’avais juste réussi à bouger plus vite.

    Dès que l’eau froide coula du robinet, je lui plongeai la main dessous. Mes deux mains étaient serrées autour de son bras gauche, et j’étais tellement désespéré de le soulager que je ne réalisai même pas que je le tirais quasiment contre le lavabo avec moi.

    « On ne sait jamais avec les brûlures, » marmonnai-je, affolé. « Ta peau peut enfler, faire des cloques… Il faut que tu gardes longtemps ta main sous l’eau froide. Ça te fait très mal ? Une fois que ce sera un peu refroidi, on devrait aller à l’hôpital… Y a des cabinets de dermatologie dans le coin ? Oh, je me souviens d’une grosse pharmacie près de la gare, on pourrait d’abord y aller, acheter une crème… Les brûlures superficielles, ça se soigne bien avec une pommade, mais on ne sait pas encore à quel point c’est grave, alors il faut quand même consulter… »

    L’homme blessé ne disait pas un mot. J’étais le seul à parler sans m’arrêter. J’avais pensé à le calmer, vu qu’il devait être sous le choc, mais visiblement, c’était moi qui avais besoin de souffler. Si j’avais eu ne serait-ce qu’un peu les idées claires, j’aurais remarqué à quel point nous étions proches.

    Je ne pris conscience du manque de distance qu’au moment où quelqu’un entra dans les toilettes pour se laver les mains.

    La main de Kim Shin était toujours dans la mienne, son corps tourné vers moi, presque collé au mien. Son regard ne me quittait pas tandis qu’il se déplaçait légèrement sur le côté, afin de laisser un peu de place au nouvel arrivant. Comme je le tenais encore, il n’eut pas d’autre choix que de se rapprocher davantage, et son bras se retrouva enroulé autour de moi, comme s’il me prenait dans ses bras par-derrière.

    L’eau continuait de couler, et je maintenais toujours sa main sous le jet pour la refroidir. Rien n’avait changé, si ce n’est notre position… Et le fait que je m’étais enfin tu.

    L’homme à côté de nous finit de se laver les mains et s’en alla. Le seul son qui résonnait désormais était celui de l’eau frappant le fond du lavabo. Je levai les yeux… Et vis dans le miroir une image claire : celle de Kim Shin et moi, collés l’un à l’autre. Nos regards se croisèrent, et l’espace d’un instant, j’en oubliai de respirer.

    « Ça va maintenant,  » murmura-t-il à travers le miroir. Il essaya doucement de libérer sa main, et je me reculai d’un coup en le lâchant immédiatement.

    Kim Shin reprit alors son bras et quitta les toilettes sans un mot. J’aurais dû le suivre pour vérifier si sa blessure allait bien, mais j’en étais incapable. Je ne pouvais même pas relever la tête pour me regarder dans le miroir — je n’en avais pas besoin pour savoir que j’étais rouge jusqu’aux oreilles.

    La seule chose que je pus faire, c’était baisser la tête et essayer de ravaler l’embarras qui m’avait submergé. Mais cette gêne refusait de me quitter — je sentais encore, avec une clarté insupportable, la pression de son entrejambe contre mon dos.*


    J’avais passé toute ma vie entouré d’autres personnes, alors j’avais rarement été seul à la maison. Même quand mes parents étaient absents, ma petite sœur avait toujours été là. Mais maintenant, elle vivait à la campagne, dans un appartement près de son université.

    La maison me semblait étroite quand toute ma famille y vivait, mais maintenant qu’elle m’appartenait, rien qu’à moi, elle paraissait vaste et étrangement vide. Pourtant, je pouvais enfin faire ce que je voulais, et en plus, c’était la nuit… Et mes chaleurs devaient commencer dans deux semaines.

    C’était la raison, j’en avais décidé ainsi. La raison pour laquelle je m’étais masturbé trop de fois pour les compter. Mais peu importait les excuses que je pouvais me trouver, rien ne changeait le fait que Kim Shin était au centre de toutes mes fantasme.

    « Ahhh…  » gémis-je, les lèvres entrouvertes, tandis que je prenais en main ma verge brûlante pour la caresser, les yeux perdus dans l’obscurité silencieuse de ma chambre. « Mnn…  »

    J’avais tout de même gardé assez de lucidité pour éteindre la lumière, même si je n’étais pas sûr de vouloir me cacher pendant l’acte… Ou bien mes pensées scandaleuses. Les deux m’embarrassaient, et je m’enfouissais dans l’ombre comme une autruche enfouit sa tête dans le sable. Je n’avais pas le choix — le plaisir que je ressentais en me touchant, mêlé à l’image érotique de Kim Shin que j’avais en tête, m’avait totalement privé de ma capacité à réfléchir. Submergé par la vague de plaisir, je me laissais noyer dans sa douceur.

    « Yeonwoo-sunbae,  » murmura Kim Shin dans mon esprit, sa voix grave et soyeuse résonnant doucement dans ma tête.

    Je l’imaginais sourire, son corps détendu affalé sur une chaise, les jambes écartées. Et son odeur… Rien qu’en repensant à ce parfum unique et rafraîchissant, mon bas-ventre se contracta douloureusement.

    Ma main se raffermit autour de mon sexe, mes gestes s’accélérant alors que ma respiration devenait haletante, mon torse se soulevant sous les battements affolés de mon cœur.

    Le sourire disparut du visage de Kim Shin, et il leva les yeux vers moi. Il y avait dans son regard une arrogance certaine, et son expression impassible lui donnait cette aura inaccessible, comme un roi qui toise ses sujets. Ce regard ne faisait qu’ajouter à ma nervosité, et celle-ci nourrissait encore davantage mon excitation.

    Kim Shin me fixait toujours de ses yeux souverains.

    « Monte sur moi,  » ordonna-t-il.

    Mon cœur s’emballa davantage, ma verge durcie brûlait à tel point que je pensais jouir d’un moment à l’autre. Je fermai les yeux, me plongeant totalement dans la scène que j’imaginais.

    Je n’avais jamais envisagé que Kim Shin puisse être attiré par moi, même dans mes fantasmes. Alors, lorsque je m’imaginais grimper sur ses cuisses, un mélange de désir et de crainte s’emparait de moi. Et comme si cela ne suffisait pas, la scène se déroulait dans l’espace de repos de la bibliothèque où nous avions discuté — un lieu sans murs, entièrement ouvert. Je savais que de nombreux alphas et omégas cédaient à leurs pulsions sexuelles dans des lieux publics, incapables de se contenir, mais jamais je n’avais imaginé faire une telle chose… Encore moins en avoir envie.

    Était-ce parce que la bibliothèque était le seul endroit où nous nous étions vus ? Je l’ignorais. Mais la honte que je ressentais à fantasmer sur ça me stimulait encore plus.

    En me remémorant la sensation de son érection contre moi, à travers le tissu de son pantalon dans les toilettes, je l’imaginais maintenant entre mes cuisses. Ma gorge se contracta d’elle-même et mon bas-ventre se tendit dans une douleur vive. Mes muscles étaient tendus — j’avais l’impression que je pouvais jouir rien qu’en imaginant cette grosse bosse pressée contre mon corps.

    Ma main s’activa plus vivement alors que je cherchais à atteindre l’orgasme, des claquements humides résonnant dans la pièce. Mais quelque chose manquait. La chaleur qui me consumait de l’intérieur ne brûlait pas mon sexe, mais une autre zone, plus profonde.

    Avant même d’y penser, ma main libre glissa vers l’arrière et mes doigts pressèrent contre mon intimité, désespérés d’apaiser cette démangeaison brûlante. Mais ce n’était pas suffisant. Mes hanches se mirent à bouger toutes seules, à se frotter contre le matelas, mais cela ne faisait qu’intensifier le manque.

    « Ah, haaa… Haaa, unngh…  »


    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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