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    Heeseong fut puni pour avoir mis ses écouteurs sans fil dans la machine à laver. Sa punition ? Accompagner Yoon Chi-young à son dîner.

    « Je suis désolé, mais notre restaurant n’autorise pas les animaux de compagnie. »

    Ils rencontrèrent un petit obstacle, mais Yoon Chi-young se contenta de sourire puis hocha la tête avant de trouver une solution.

    « Reste ici un instant. »

    Espèce de sale fou !

    Heeseong grogna et se débattit, mais il finit par atterrir dans la poche du manteau de Yoon Chi-young.

    Celui-ci protégea le chiot niché contre lui d’une main. La taille de la poche était parfaite, et sa paume assez grande pour que le petit corps de Heeseong s’y installe confortablement.

    Finalement, Heeseong abandonna et s’allongea dans la poche, le visage las.

    C’est si chaud…

    Était-ce à cause de sa blessure, de la torture infligée par les lèvres de Yoon Chi-young toute la journée, ou encore de la guerre qu’il avait menée contre ses doigts ? Quoi qu’il en soit, Heeseong sentait qu’il pouvait s’endormir d’un instant à l’autre. Pourtant, une tension sourde l’empêchait de sombrer. La tension d’être à côté d’un loup cannibale.

    Je préférerais être dans la poche de mon frère…

    Quand il était plus jeune, son frère le glissait dans un sac ou une poche après une longue journée. À cette époque, lui aussi peinait au sein de l’organisation, et c’était sa manière de prendre soin de Heeseong. C’était un souvenir précieux, car c’était le seul endroit où il pouvait dormir profondément et au chaud.

    Mais avec Yoon Chi-young, c’était hors de question.

    Est-ce qu’il joue avec moi juste pour m’engraisser avant de me manger après ?

    Les rumeurs sur Yoon Chi-young le décrivaient comme un loup cannibale. S’il était capable de s’attaquer à des hommes-bêtes, pourquoi s’arrêterait-il à un simple chiot ? Soudain, sa gentillesse et les friandises qu’il lui offrait lui semblèrent suspectes.

    Pendant ce temps, un employé conduisit Yoon Chi-young quelque part. À l’odeur de nourriture, il semblait s’agir d’un restaurant coréen traditionnel. Une porte coulissa, signe qu’il était mené vers une salle privée.

    « Oh, c’est Yoon Chi-young ? »

    Dès que la voix d’un jeune homme retentit, Heeseong, jusque-là alangui, dressa les oreilles. Elle lui semblait étrangement familière. Ses yeux noirs s’écarquillèrent.

    Yoon Chi-young, lui, poursuivit la conversation sans broncher.

    « À quel honneur dois-je cette visite ? »

    « Depuis quand avons-nous besoin d’une excuse pour nous voir ? »

    « Évidemment. »

    D’un ton léger, Yoon Chi-young répondit avec désinvolture. Son amusement fut accueilli par un rire légèrement forcé de son interlocuteur. Malgré cette interaction détendue, il était évident que Yoon Chi-young occupait une position supérieure.

    Puis l’autre homme reprit, plus confidentiel.

    « Hé, Yoon Chi-young. Je prends l’addition ce soir. En échange, viens avec moi au casino des hommes-bêtes canins. »

    « Ha…  »

    Yoon Chi-young soupira, visiblement agacé. À l’inverse, dans sa poche, Heeseong redressa brusquement la tête, plein d’espoir.

    Un casino des hommes-bêtes canins ?

    Si Yoon Chi-young acceptait cette proposition, ce serait peut-être l’occasion rêvée pour s’échapper.

    L’homme tenta d’en rajouter une couche pour le convaincre.

    « Si tu viens, ces types-là pourraient même déterrer un cadavre pour toi. Aide-moi, juste cette fois. »

    « Quel est ton objectif ? »

    Yoon Chi-young prit place, sans retirer son manteau. Ce qui eut pour effet d’écraser un peu plus Heeseong contre sa cuisse. Le chiot tenta de s’extirper, mais une main ferme l’immobilisa aussitôt.

    « Je cherche quelqu’un. Il a disparu du casino récemment. J’ai essayé d’appeler, mais les hommes-bêtes canins ne me répondent plus. »

    « On dirait que quelqu’un l’a kidnappé…  » murmura l’homme, plus pour lui-même.

    Curieux d’apercevoir son visage, Heeseong mordilla la main de Yoon Chi-young, en guise de supplication pour qu’il le laisse sortir.

    Mais l’homme continua :

    « J’ai même trouvé son nom. Il s’appelle Gyeon Heeseong. »

    Sérieusement ? Quelqu’un me cherche ?

    Heeseong attendait avec impatience. Quelques instants plus tôt, il voulait encore rester caché dans le manteau, mais à présent, il brûlait d’envie de sortir la tête. Peut-être que cette personne était un homme-bête canin inquiet pour lui ou une connaissance de son frère, quelqu’un capable de le sauver de ce loup cannibale.

    Mais Yoon Chi-young, en sirotant sa boisson, marmonna d’un ton agacé :

    « C’est fou le nombre de personnes qui cherchent ce chiot…  »

    « Ah, je n’arrête pas d’y penser. »

    Écoute-moi ! Laisse-moi sortir !

    Désespéré, Heeseong se tortilla de toutes ses forces dans la poche. Finalement, Yoon Chi-young le remarqua.

    « Quoi ? Tu veux sortir ? »

    D’un ton faussement conciliant, il céda à ses plaintes et le sortit de sa cachette. Pourtant, son attitude trahissait une certaine satisfaction, comme s’il s’amusait de la situation.

    Heeseong, lui, n’y prêta aucune attention. Il releva la tête précipitamment, scrutant la pièce avec fébrilité. Sa fourrure était toute ébouriffée, mais l’urgence de reconnaître l’homme qui le cherchait surpassait tout le reste.

    « Ah, quand je le verrai, la première chose que je lui ferai…  »

    Mais dès qu’il aperçut l’individu en question, ses yeux se teintèrent d’une rage pure.

    Il le connaissait.

    Il l’avait déjà rencontré.

    Et il le haïssait tout autant que Yoon Chi-young.

    « … Serait de lui mordre la bite. »*

    … Merde…

    Contrairement à Yoon Chi-young, qui était indéniablement beau, cet homme-bête cheval affichait une mine grossière. Et il était la raison même des ennuis de Heeseong avec son frère.

    « Ils font tous ça parce qu’ils sont d’humeur. Pourquoi tu balances des jetons au visage d’un client ? »

    Kwon Ki-hyuk.

    Ce type qui avait reçu une poignée de jetons en pleine figure après avoir suggéré une fellation à Heeseong lors d’une partie de poker.

    Heeseong oubliait facilement le visage des autres hommes-bêtes, mais Kwon Ki-hyuk faisait exception. Son souvenir était gravé au fer rouge dans sa mémoire.

    « T’as quel âge, au fait ? T’as déjà couché avec un mec ? »

    « Si je gagne cette manche, je l’achète en premier. »

    « Moi, au moins, je chasse pas les hommes-bêtes pour les mettre dans mon lit, contrairement à certains. »

    Ces mots, Heeseong s’en souvenait parfaitement. Lorsqu’il les avait entendus pour la première fois, ses poings s’étaient serrés par reflex. Pourtant, il avait ravaler sa colère en pensant à son frère. Déjà sous surveillance à cause d’un précédent incident, il devait éviter tout problème supplémentaire.

    « La famille de Kwon Ki-hyuk, c’est des politiciens… Ils sont sur le déclin, mais ils ont encore du pouvoir. Alors, ne fais pas de vagues, d’accord ? »

    Son frère l’avait mis en garde. Mais politicien ou pas, pour Heeseong, Kwon Ki-hyuk n’était rien d’autre qu’un pervers.

    Et il se souvenait à présent que Yoon Chi-young était aussi présent ce soir-là.

    « Moi, au moins, je chasse pas les hommes-bêtes pour les mettre dans mon lit, contrairement à certains. »

    Ce commentaire, Kwon Ki-hyuk l’avait lancé en direction de Yoon Chi-young. À l’époque, Heeseong était trop aveuglé par sa rage pour y prêter attention. Mais en y repensant, cela expliquait pourquoi les rumeurs sur le loup cannibale étaient si répandues.

    Malgré tout, entre un cannibale et un pervers, Heeseong savait exactement lequel il haïssait le plus.

    « Qu’est-ce qu’il a, ce chiot ? » lâcha Kwon Ki-hyuk d’un ton dédaigneux.

    Il scrutait Heeseong comme s’il n’était qu’un insecte insignifiant. Arrogant comme tous les membres du clan des chevaux, il retroussa les lèvres, dévoilant ses dents comme pour l’intimider.

    Heeseong répondit immédiatement.

    Un grondement sourd s’échappa de sa gorge tandis qu’il retroussait les babines, dévoilant ses crocs. Il s’agitait furieusement sur le bras de Yoon Chi-young, prêt à bondir.

    Yoon Chi-young, toujours imperturbable, leva son verre et déclara d’un ton nonchalant :

    « Mon chiot. »

    « C’est pas un homme-bête, juste un vrai chien, non ? Regarde-moi ce caractère. À peine plus gros qu’une bite. »

    WOOF !

    Au rire moqueur de Kwon Ki-hyuk, Heeseong aboya vivement. Malgré la douleur qui parcourait encore son corps et le fait qu’il aurait dû éviter de se fatiguer, il sentait qu’il allait exploser s’il ne laissait pas éclater sa colère d’une manière ou d’une autre.

    Yoon Chi-young, qui traitait le chiot minuscule avec un soin presque révérencieux, se leva en le caressant doucement, avant de s’approcher de Kwon Ki-hyuk, assis en face d’eux. Il approcha le chiot de son visage et demanda d’un ton léger :

    « Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu ne l’aimes pas ? »

    Je le déteste. Il me répugne.

    Comme s’il avait compris, le chiot hocha la tête. Dans ses yeux posés sur Kwon Ki-hyuk, il n’y avait que mépris et aversion.

    Puis, d’une voix douce mais sérieuse, Yoon Chi-young posa une question inattendue :

    « Alors… Tu veux le manger ? »

    Quoi…  ? !

    Soudain, Heeseong sentit un frisson d’inquiétude et se pencha instinctivement en arrière. Son regard croisa celui de Yoon Chi-young, qui l’observait d’en haut. Son visage, digne d’une star de cinéma, était encadré de cheveux noirs soyeux. Ses traits étaient forts et séduisants, et ses yeux doux… Pourtant, au fond de ces pupilles grises légèrement dilatées, il y avait la lueur dérangeante d’un fou.

    « Est-ce que notre chiot devrait jouer avec lui ? On pourrait même le mettre en laisse… Tu veux le promener ? »

    « Qu’est-ce que tu racontes—ugh…  ! »

    D’un geste brusque, Yoon Chi-young agrippa les cheveux de Kwon Ki-hyuk et tira sa tête en arrière avec force, exposant son cou tendu où battait une veine saillante. Son souffle se fit court sous l’effet du choc.

    L’atmosphère devint glaciale en un instant. Le sourire de Yoon Chi-young s’effaça, laissant place à une expression froide. Il caressait toujours le chiot avec une tendresse infinie, et pourtant, ses gestes envers Kwon Ki-hyuk étaient d’une cruauté évidente. C’est à cet instant que Heeseong se rappela la véritable nature du clan des loups de Yoon Chi-young : brutale et impitoyable.

    Kwon Ki-hyuk, tentant de reprendre son souffle, posa prudemment une main sur le bras musclé de Yoon Chi-young et rit maladroitement.

    « Hé, Yoon Chi-young… Haha. T’as toujours eu un sens de l’humour pourri. »

    « Ah… Tu n’aimes pas ? »

    Mais peu importe ce que disait Kwon Ki-hyuk, Yoon Chi-young ne lui accordait même pas un regard. Son attention restait rivée sur le chiot qu’il tenait toujours dans ses bras.

    Heeseong secoua vivement la tête. Il ne voulait pas s’approcher de Kwon Ki-hyuk. Cet homme était répugnant et indésirable. À vrai dire, Heeseong méprisait tous ces hommes-bêtes chevaux qui se vantaient constamment de leur prétendue virilité et de leur puissance. Dans la maison de jeux où il avait vécu, il avait vu trop souvent ces créatures faire des plaisanteries graveleuses, inconscientes des murmures méprisants qui les accompagnaient.

    Après un instant, Yoon Chi-young hocha lentement la tête.

    « C’est Vrai… Les chiots ne devrait pas manger des choses sales. »

    « … Ah. »

    Kwon Ki-hyuk laissa échapper un rire incrédule. Mais Yoon Chi-young se contenta de lâcher ses cheveux avec un air de profond dédain. La tête de Kwon Ki-hyuk retomba brusquement, son visage marqué par la tension et la frustration. Ses traits crispés étaient déformés par l’humiliation.

    Avec un dédain nonchalant, Yoon Chi-young essuya distraitement sa main sur le costume hors de prix de Kwon Ki-hyuk. Heeseong, toujours dans ses bras, observait la scène, les yeux brillants d’un mélange de satisfaction et d’incompréhension.

    Ils n’étaient pas amis ?

    Jusqu’à présent, Heeseong avait cru qu’ils l’étaient. Pourtant, à voir la manière dont Yoon Chi-young traitait Kwon Ki-hyuk, ce dernier n’était rien de plus qu’un jouet à ses yeux.

    « Je suis trop occupé à jouer avec le chiot. »

    Dans un soupir ennuyé, Yoon Chi-young retourna s’asseoir et déposa soigneusement Heeseong sur la table, comme s’il manipulait un trésor inestimable. Le chiot se retrouva alors entouré d’un véritable festin de plats coréens raffinés.

    Mais même face à des côtes grillées appétissantes, Heeseong ne s’intéressait qu’aux paroles de Yoon Chi-young.

    « Je pensais que l’Assemblée Kwon allait bientôt faire la une des journaux… Je croyais qu’on se préparait à ça en se voyant. »

    « Quoi ? »

    « Il n’y avait pas besoin que tu viennes jusqu’ici. »

    « De quoi tu parles, Yoon Chi-young ? »

    Lui demanda Kwon Ki-hyuk sérieusement. Ses cheveux, autrefois soigneusement coiffés, étaient maintenant ébouriffés, lui donnant l’air d’un scientifique fou. Le sourire forcé sur son visage avait disparu.

    En voyant la scène, l’humeur de Heeseong prit un tournant inattendu.

    Il venait d’assister à la chute d’un homme qui l’avait tourmenté, et ce, avec une facilité déconcertante. C’était une victoire creuse, mais il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une satisfaction teintée de dégoût. Cet homme ne méritait aucune pitié.

    L’ordure qui, plus tôt, avait tenté de le coincer dans les toilettes attenantes à la pièce… Dans l’intention de le forcer.

    Se remémorant cet instant, Heeseong n’hésita pas. Boitant sur ses pattes arrière, il traversa la table, évitant les plats, et se rapprocha de Kwon Ki-hyuk. Yoon Chi-young, qui observait clairement la scène, ne fit rien pour l’arrêter. Kwon Ki-hyuk, lui, était bien trop préoccupé pour remarquer le petit chiot.

    Alors, Heeseong lui offrit exactement ce qu’il méritait.

    «  Pourquoi mon père ? Commence par me dire ce que c’est… Ugh, merde !  »

    Heeseong fit exprès de renverser de la soupe brûlante juste devant Kwon Ki-hyuk.

    Ce dernier poussa un cri étranglé en voyant le liquide se répandre sur son entrejambe. Il bondit de sa chaise, gesticulant frénétiquement pour tenter d’atténuer la brûlure. Sa détresse ridicule rappelait l’image d’un poney affolé.

    «  Ça va ?  »

    Yoon Chi-young, quant à lui, se désintéressa complètement de l’homme en panique. Il n’avait d’yeux que pour le chiot qu’il berçait contre lui. Heeseong le fixa avec malice, ses petits yeux pétillant de satisfaction.

    «  Tu voulais renverser ça ? Bon travail.  »

    Yoon Chi-young lui adressa un sourire amusé, à l’opposé de son frère, qui l’aurait sûrement grondé. Heeseong gonfla la poitrine, gonflé d’orgueil, son pelage encore hérissé d’excitation.

    Alors que Yoon Chi-young s’apprêtait à quitter la pièce, Kwon Ki-hyuk le retint avec une série de jurons grossiers.

    «  Espèce de salaud, c’était quoi, tout à l’heure ? !  »

    «  Ah.  »

    Le sourire de Yoon Chi-young s’effaça aussitôt. Son regard, glacial, fit instinctivement dresser les oreilles de Heeseong. Un pur réflexe. Un avertissement silencieux que provoquer cet homme en cet instant était une grave erreur.

    Yoon Chi-young ne sembla pourtant pas s’énerver. D’un geste presque tendre, il replaça Heeseong dans la poche de son manteau. Mais sa voix, lorsqu’il murmura, était d’une douceur terrifiante.

    «  Tu ne devrais pas voir des choses pareilles. Reste ici.  »

    Mais je veux voir aussi !

    Heeseong s’agrippa désespérément au poignet de Yoon Chi-young avec ses pattes, tentant d’empêcher qu’on l’enferme, mais ce fut en vain.

    Puis, un bruit sourd résonna dans la pièce. Le bas du manteau frémit violemment. Yoon Chi-young venait sans doute de donner un coup de pied.

    Crac

    C’était la première fois que Heeseong entendait distinctement le son d’un os qui se brisait. Un frisson lui parcourut l’échine.

    Kwon Ki-hyuk suffoqua, peinant à respirer sous l’effet de la douleur. Il semblait souffrir au point de ne même pas pouvoir crier.

    Les bruits brutaux s’estompèrent peu à peu, et la porte s’ouvrit, ne laissant plus que le tintement lointain des couverts dans la salle à manger.

    Blotti dans la poche de Yoon Chi-young, Heeseong ressentit un étrange frisson d’euphorie. Son cœur battait à tout rompre.

    C’était la première fois qu’il causait des ennuis sans être réprimandé.

    Et surtout, c’était la première fois que quelqu’un prenait son parti.


    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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