33. Le loup dévoreur d’hommes ⋄ Partie 06
by Ruyi ♡Par la suite, Yang Hye-chan tenta encore plusieurs fois d’extorquer des informations à Ji Yeong-bae au sujet de la relation entre Heeseong et Yoon Chi-young, avant de finalement abandonner. Apparemment, le simple fait que Yoon Chi-young soit venu à l’hôpital accompagné suffisait à le convaincre qu’ils étaient en couple. Puis il s’en alla, persuadé de sa théorie.
« Vous pouvez sortir maintenant. »
Lorsque le couloir retrouva son calme, Ji Yeong-bae libéra Heeseong de sa cheville. Son toucher, naturellement délicat, se fit particulièrement précautionneux.
Un petit tas de coton blanc roula aussitôt hors du bas de son pantalon. Le chiot, dont le pelage était en bataille, leva vers Ji Yeong-bae un regard perçant et demanda :
« Il est parti ? »
« Oui. »
Avec douceur, Ji Yeong-bae recoiffa le petit chien tout ébouriffé. Heeseong poussa un soupir de soulagement, puis grimpa dans sa paume. Son expression restait sérieuse, et sa queue frémissait encore nerveusement.
Il ne regrettait pas d’avoir jeté du jus sur Yang Hye-chan.
Après tout, c’était lui qui avait commencé en insultant Yoon Chi-young devant lui. Mais ce qui l’ennuyait, c’était que ce type n’était autre que l’amant du chef des loups de sang pur.
« Est-ce que ça va me retomber dessus ? »
Pris de doute, Heeseong interrogea Ji Yeong-bae avec des gestes.
Ce n’était pas qu’il craignait Yoon Chi-young. Ce qui l’inquiétait, c’était l’état dans lequel celui-ci se trouvait : affaibli et hypersensible à cause d’un choc aux phéromones. Il redoutait qu’un stress supplémentaire déclenche une nouvelle crise. Et puis… C’était peut-être la première fois que Yoon Chi-young allait vraiment le réprimander. Cette fois, il avait quand même provoqué l’amant du chef des loups – c’était loin d’être une broutille.
Contre toute attente, Ji Yeong-bae resta impassible.
« Vous n’avez rien à craindre. Surtout si c’est lui qui vous a attaqué en premier. »
« Sauf que c’est moi qui ai lancé les hostilités… »
Finalement, Heeseong se dit qu’il aurait peut-être dû se laisser frapper une fois avant de réagir. Il regretta presque de ne pas avoir poussé la provocation un peu plus loin. Mais verser le jus ? Non, ça, il ne le regrettait toujours pas.
C’est alors qu’une voix appela depuis la salle d’isolement.
« Le tuteur de Yoon Chi-young ? »
Ouaf !
Le chiot répondit d’un aboiement. Ji Yeong-bae le prit aussitôt dans ses bras et se dirigea vers la salle. L’infirmière, croyant que c’était Ji Yeong-bae le tuteur, commença à les guider. Entendant le chiot murmurer un « merci » maladroit depuis les bras de l’homme, elle ne comprit pas ce qu’il disait, mais afficha un large sourire attendri. Elle n’avait jamais imaginé que le tuteur d’un loup puisse être un petit chiot.
À ce moment-là, le médecin entra dans la salle d’isolement, dossier en main.
« Le tuteur est… »
« C’est moi. »
Même lorsque Heeseong leva une patte pour répondre, le médecin, incapable de retrouver le jeune gardien qu’il avait aperçu plus tôt, se tourna finalement vers Ji Yeong-bae pour lui expliquer les consignes concernant Yoon Chi-young.
« Pour commencer, les taux de phéromones ont baissé à 1 018 grâce aux inhibiteurs. Mais pour l’instant, il faut éviter tout stimulus trop intense. S’il ressent une menace ou de l’anxiété, le risque d’un nouveau choc aux phéromones est très élevé. »
« Ouaf. »
« Il pourrait aussi présenter des signes d’anxiété de séparation, alors je vous recommande de rester au plus près de lui. Le sentiment de sécurité peut aider à stabiliser les phéromones. Ah, et évitez autant que possible le contact avec les phéromones d’autres métamorphes, cela pourrait renforcer son agressivité. »
« Ouaf ! »
« Et… Il serait bon que vous restiez à ses côtés pendant qu’il se réveille, en lui parlant régulièrement pour le rassurer. »
« Ouaf. »
« Bien… Merci de transmettre ces informations au tuteur. »
Le médecin regarda le petit chien qui répondait si bien, déconcerté, puis, sans trop y penser, lui caressa doucement la tête avant de s’éloigner. Il avait bien examiné Heeseong tout à l’heure, mais n’avait pas su faire le lien entre sa forme canine et sa forme humaine.
Mais que le médecin soit perdu ou non, Heeseong, lui, fixait Yoon Chi-young à travers la vitre de la chambre d’isolement. Allongé torse nu, ce dernier était encore partiellement transformé, les patchs qui couvraient sa nuque et son dos ayant été retirés.
Alors cette fameuse crise après le choc aux phéromones… C’était de l’anxiété de séparation ?
Heeseong se souvint de la panique dans laquelle Yoon Chi-young s’était retrouvé le matin même en le cherchant. Dans tous les cas, s’il voulait éviter un nouveau choc aussi terrifiant, il allait devoir rester collé à lui, le choyer comme une œuvre de verre fragile.
Il lança un regard mêlé d’agacement et d’envie au torse athlétique de son partenaire, avant de lever les yeux vers son visage. Yoon Chi-young semblait lentement revenir à lui. Il se retourna doucement sur le dos, fronçant les sourcils sous l’effet de la douleur. Ses bras tressaillaient sous la tension de ses muscles, et une sueur froide perlait sur son front — il souffrait encore.
Conformément aux instructions du médecin, Heeseong tenta de le réveiller en lui parlant… N’importe comment.
Réveille-toi. J’veux des crevettes.
Allez, réveille-toi.
J’ai battu ton ex.
Tandis qu’il marmonnait, Yoon Chi-young détendit peu à peu ses traits et tourna la tête. Dès qu’il aperçut le petit chien, un large sourire illumina son visage. C’était ce sourire doux et heureux qu’il arborait chaque matin lorsqu’ils croisaient le regard.
Leurs yeux se croisèrent. Heeseong hésita un instant, puis posa ses deux pattes avant contre la vitre. Les coussinets semblaient bien adhérer au verre, ce qui fit sourire Yoon Chi-young avec attendrissement. Il caressa doucement la paroi, juste là où les pattes du chiot étaient posées.
« Tu m’attendais ? »
… « Ouaf. »
Heeseong sentit une chaleur étrange lui monter au visage. Ce foutu loup cruel a vraiment une belle gueulle alors qu’il vient de se réveiller. Lui qui d’ordinaire était si digne et impeccable, avec ses mèches en bataille et ses traits encore un peu fatigués, ressemblait à un joyau légèrement ébréché. Et c’était précisément ce qui rendait ce spectacle si plaisant, chaque matin.
Mais une inquiétude persistait.
Comment je vais lui dire que j’ai fait une connerie ?
Face au sourire radieux de Yoon Chi-young, Heeseong se sentit un peu coupable. Il jeta un regard discret à Ji Yeong-bae, qui venait de le soulever, lui lançant un signal clair : Traduis bien, je t’en supplie.
Portant en lui une sincère culpabilité, le petit chien prit son courage à deux pattes et déclara :
Mais euh… J’ai causé un petit souci.
« Le chiot a déclaré au jeune maître Yang Hye-chan qu’il était en couple avec vous, monsieur le directeur… Puis il lui a reversé du jus de fraise dessus. »
« Hééé ! »
Sous le coup d’une trahison monumentale, le petit chien aboya bruyamment en direction de Ji Yeong-bae. Il aurait largement préféré l’interprétation approximative habituelle à cette traduction miraculeusement fidèle.
Mais comme c’était vrai… Il n’avait rien à dire. Heeseong jeta un coup d’œil inquiet à Yoon Chi-young, dont la réaction fut… Inattendue.
« Hahahahaha… »
Plutôt que de se fâcher, Yoon Chi-young se mit à rire doucement, ses épaules tressautant légèrement. Ce rire flou, esquissé à moitié dans le sommeil, avait quelque chose de rassurant et de désarmant. Sans trop comprendre ce qu’il se passait, le chiot remua doucement la queue. Il se sentit soulagé : apparemment, Yoon Chi-young ne prenait pas les choses aussi mal qu’il l’avait redouté.
Après avoir bien ri, celui-ci finit par se reprendre et demanda, entre deux soupirs amusés :
« Hah… Tu as fait ça par jalousie, mon chiot ? »
Tu crois vraiment que c’est de la jalousie ?
« Tu me fais des crises de jalousie maintenant, c’est nouveau. »
Le chiot le fixa d’un air désabusé.
De la jalousie ? Quelle blague. Heeseong était convaincu que c’était juste parce que Yang Hye-chan l’insupportait. Point.
Zzzzh…
C’est à ce moment-là que la paroi en verre s’ouvrit lentement. Ji Yeong-bae déposa alors le chiot sur la poitrine de Yoon Chi-young avant de s’éclipser presque en courant de la salle d’isolement. Heeseong savait que c’était pour éviter d’exposer davantage Yoon Chi-young aux phéromones… Mais il lui en voulut quand même un peu. Me laisser seul avec ce fichu loup manguer-d’homme, franchement…
Mais il y eut un effet secondaire inattendu.
Tiens, les phéromones diminuent vraiment ?
Peut-être grâce à cette sensation de sécurité, l’écran montrait que le taux était descendu à 1 013. Tant qu’à faire, Heeseong s’installa en boule sur le torse de Yoon Chi-young, façon petit pain chaud, pour faire baisser les chiffres encore un peu plus.
À ce moment-là, Yoon Chi-young caressa doucement le chiot et lâcha une phrase incompréhensible.
« Bien joué. Mon chiot m’a vengé. »
Vengé ?
Heeseong arqua un sourcil, perplexe — mentalement du moins. Sous sa forme canine, il ne pouvait pas poser la moindre question. C’était frustrant, mais il avait choisi de rester sous cette apparence pour le bien de Yoon Chi-young. Quand il était humain, ce dernier avait tendance à perdre les pédales en respirant son odeur… Alors autant rester ainsi : il servait de thérapie, comme un bon chien de compagnie.
Yoon Chi-young, qui s’était reposé jusqu’à être pleinement réveillé, quitta lentement l’hôpital.
J’t’ai vengé, ouais.
Jusqu’à ce qu’ils montent dans la voiture, la queue du chiot ne cessa de remuer. Heeseong était tout excité, en secret. Il avait fait une belle bourde, mais ça s’était réglé sans heurts — mieux encore, il avait été félicité. Du jamais vu, du temps où il vivait avec ce connard de Park Geon-tae.
En voyant cette queue qui frétillait, Yoon Chi-young esquissa un sourire, puis se mit à mitrailler le chiot de photos.
« Parfois, je jure… C’est à en devenir fou. »
Ce n’était pas Heeseong qui avait parlé. Juste une pensée murmurée par Yoon Chi-young, à mi-voix. Même quand le chiot le regarda d’un air consterné, celui-ci rapprocha l’objectif de la caméra et souffla, comme dans un rêve :
« Mon mec est un chiot… Et en plus, il est jaloux. »
Qu’il est fou.
Heeseong râla intérieurement, mais ne dit rien. Il était content, au fond, que Yoon Chi-young ait pris sa défense. Et surtout, cette histoire de « vengeance »… Ça lui avait gonflé le poil d’orgueil. Bombant fièrement le torse, le chiot s’installa avec majesté sur une des cuisses de Yoon Chi-young. Ce n’était pas tant qu’il aimait le fait qu’on évite de lui faire la leçon… Mais il appréciait qu’on lui dise qu’il avait bien agi. Pour la première fois, il avait peut-être trouvé une meute où il pourrait se sentir en sécurité.
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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