30. Le loup dévoreur d’hommes ⋄ Partie 03
by Ruyi ♡Finalement, Yoon Chi-young décida d’aller à l’hôpital.
Bien qu’il aurait pu faire venir un médecin à domicile, il choisit de s’y rendre en personne pour recevoir des inhibiteurs de phéromones. Car si les choses continuaient ainsi, Heeseong risquait de se retrouver en danger, comme la veille. L’expression de Yoon Chi-young au moment de prendre cette décision était si grave que ce fut finalement Heeseong qui se retrouva à devoir s’occuper de lui.
Il y eut un léger obstacle en cours de route.
« Seul Yeong-bae m’accompagnera aujourd’hui. »
Peut-être sensible aux odeurs de phéromones, Yoon Chi-young renvoya tous ses autres subordonnés et déclara qu’il ne prendrait avec lui que Ji Yeong-bae comme chauffeur. Les subordonnés s’étaient déjà éclipsés dès qu’ils avaient aperçu Yoon Chi-young dans son état de semi-bête. Seul Heeseong, ignorant pourquoi tout le monde agissait ainsi, restait là, tenant la main de Yoon Chi-young, l’air hébété, tandis que le malade s’appuyait sur lui.
À ce moment-là, Ji Yeong-bae demanda poliment à Heeseong :
« Comment dois-je m’adresser à vous ? »
Il demandait qui était Heeseong. C’était compréhensible : il ne l’avait jamais vu sous forme humaine, puisque Heeseong n’avait vécu que sous forme de chiot. Pourtant, Heeseong ressentit une petite blessure intérieure, comme s’il lui disait pourquoi tu ne me reconnais pas ?, et il répondit avec assurance :
« Je suis le chiot. »
« … Ah. »
Aussitôt ces mots prononcés, Heeseong le regretta. Son visage s’empourpra violemment, et Yoon Chi-young, qui faisait semblant d’être malade en s’appuyant sur lui, détourna la tête en mordant ses lèvres pour contenir son rire. Même Ji Yeong-bae, dont l’expression était si neutre qu’on aurait pu le croire robotique, eut un petit tressaillement au coin des lèvres.
Merde. Quel adulte se présente comme un chiot ?
Alors qu’il ne savait plus où se mettre à cause de la gêne, Ji Yeong-bae, ayant repris son visage impassible, déclara :
« Vous étiez donc un homme-bête. Je comprends. »
« … … ? »
Heeseong trouva étrange qu’il accepte cela aussi facilement. C’est donc ça, être un professionnel ? Même en découvrant que le chiot qu’il avait élevé était en réalité un humain, il se contentait de dire qu’il comprenait. Heeseong le trouva incroyablement flegmatique, sans se douter un instant que cette réaction venait surtout de Yoon Chi-young, dont le regard s’était soudainement glacé à ses côtés.
L’hôpital n’était ni proche, ni trop loin. Mais il était complètement différent des endroits habituels que connaissait Heeseong.
Celui où se rendait Yoon Chi-young ne connaissait pas l’attente. Les équipements intérieurs étaient aussi luxueux qu’un hôtel haut de gamme. Là, Yoon Chi-young passa rapidement un examen, et Heeseong subit également divers tests avec lui.
Ainsi, les deux se retrouvèrent face à un médecin du clan des loups pour une consultation. Heeseong s’assit à côté de Yoon Chi-young, en face du médecin, pour écouter les résultats.
« Les résultats sont un peu étranges… Je vais mesurer à nouveau votre taux de phéromones. »
« D’accord. »
Face aux données du test, le médecin afficha un air perplexe et s’approcha pour poser sa main sur la nuque de Heeseong afin de mesurer directement ses phéromones. Mais Yoon Chi-young, qui était jusque-là resté élégamment assis, changea soudainement d’attitude.
Grrr…
Yoon Chi-young grogna brusquement, découvrant ses dents comme une bête. Il montra subtilement ses crocs, prêt à mordre le médecin à tout moment, tout en attirant Heeseong contre lui.
« Ah, je m’excuse. »
Le médecin retira immédiatement sa main et recula précipitamment. À l’inverse, ce fut Heeseong qui parut le plus surpris.
« Qu’est-ce qui te prend… ? »
Le cœur de Heeseong battait à tout rompre en voyant Yoon Chi-young se comporter comme la veille. Mais celui-ci se contenta de sourire paisiblement, comme si de rien n’était, comme si tout cela était parfaitement naturel.
Ce fut le médecin, et non Heeseong, qui expliqua d’un ton compréhensif :
« Les membres du clan des loups deviennent généralement très sensibles lorsqu’ils sont accompagnés de leur partenaire à cette période de l’hiver. »
« Nous ne sommes pas des partenaires. »
Cette fois, ce fut Heeseong qui parla d’un ton sec, montrant subtilement les dents.
Mais le médecin n’en tint pas compte. Il pensait qu’ils finiraient forcément par s’apparier, puisque Heeseong était le partenaire choisi par Yoon Chi-young. La raison pour laquelle il était certain que Yoon Chi-young faisait seulement semblant d’être malade, c’était à cause de ses niveaux de phéromones. À cet instant, Yoon Chi-young, dont les phéromones avaient atteint leur pic, se trouvait dans une situation où même lui ne pouvait plus contrôler sa puissance débordante.
« Je vais mesurer les phéromones de votre partenaire. Alors… »
Après avoir obtenu l’accord de l’alpha, Yoon Chi-young, le médecin examina soigneusement les phéromones de Heeseong.
Le niveau de Heeseong était de 6, tandis que celui de Yoon Chi-young atteignait 1 210. Sachant que la norme était autour de 200, aucun des deux n’était dans un état normal.
C’était justement un point qui intriguait Heeseong. En théorie, les phéromones des hommes-bêtes étaient censées être des centaines de fois plus concentrées que celles des animaux ordinaires. Alors pourquoi les siennes étaient-elles si faibles ? Il demanda, l’air troublé :
« Est-ce qu’un homme-bête peut vraiment avoir des phéromones aussi faibles que les miens »
« C’est rare, mais ce n’est pas impossible. »
Le médecin, qui s’était de nouveau confortablement assis, reprit d’un ton posé :
« Les glandes à phéromones se développent surtout durant la puberté. C’est un peu comme la croissance en taille. La génétique joue un rôle important, bien sûr, mais l’environnement peut tout changer. »
Sur l’écran à côté, il projeta quelques diagrammes. Ils montraient les glandes à phéromones situées sur la nuque de Yoon Chi-young et de Heeseong.
Celles de Yoon Chi-young étaient massives, ramifiées comme de grosses racines noueuses. En comparaison, celles de Heeseong n’étaient qu’un fil ténu, brisé net en son centre, comme arraché avant d’avoir pu se former complètement.
« De la même façon que le directeur Yoon est resté uniquement sous sa forme originelle pendant toute sa croissance, afin de développer ses glandes… »
… Il a vraiment vécu comme un loup pendant plusieurs années ?
Heeseong resta figé, les yeux fixés sur Yoon Chi-young.
Si c’était vrai, alors ce fameux « entraînement spécial » pour devenir gardien, dont Ji Yeong-bae avait parlé, désignait peut-être ces années passées à l’état sauvage.
L’idée que Yoon Chi-young ait pu traverser une période aussi dure lui serra le cœur. À ses yeux, c’était un homme-bête à la fois noble et sincère, presque trop humain pour son propre bien. Mais s’il avait été contraint de vivre reclus, sous sa forme animale, tout au long de son développement… Ça ne pouvait être qu’une souffrance immense.
Cette pensée fut brutalement interrompue par la remarque suivante du médecin :
« À l’inverse, un manque de nutrition pendant la croissance peut empêcher les glandes de se développer correctement. »
… Oh.
Heeseong ne le savait pas. Il avait toujours évité les hôpitaux, d’abord par nécessité, puis par habitude. Enfant, il était pauvre, malade, et vomissait tout ce qu’il mangeait, incapable de digérer.
Après avoir été abandonné, il s’était épuisé dans une maison de jeu, ne mangeant que lorsque c’était indispensable.
… J’aurais préféré ne jamais l’apprendre.
Dans la société moderne des hommes-bêtes, les phéromones n’étaient plus aussi cruciales qu’avant, même si elles restaient un symbole de nature sauvage. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher de se sentir… Diminué.
Et, malgré lui, il jetait un regard inquiet à Yoon Chi-young, toujours appuyé contre son épaule.
Leurs parcours étaient aux antipodes, mais une forme de complicité naissait entre eux.
Si lui aussi a grandi sous sa forme originelle… Ce n’est pas une enfance normale, ça.
Il ne s’était sans doute jamais destiné à devenir le gardien du clan. Il avait été façonné, dressé à coup de sacrifices, comme une bête.
Et, sans savoir pourquoi, Heeseong éprouva une vague de tendresse. Une peine diffuse.
Alors, sans trop réfléchir, il posa la main sur la cuisse de Yoon Chi-young, pour lui transmettre un peu de chaleur, un peu de réconfort.
Mais il sursauta aussitôt, en sentant sous ses doigts quelque chose de dur.
Toutes ses pensées s’envolèrent d’un coup.
Yoon Chi-young, les yeux gris brillants de fièvre, tournait la tête comme si ce simple contact l’avait bouleversé — comme s’il n’attendait que ça.
C’est quoi ce b-bordel…
Heeseong sursauta et tenta de retirer sa main, mais Yoon Chi-young la pressa fermement contre son entrejambe qui se tendait sous ses vêtements. Le visage surpris de Heeseong pâlit instantanément. Il avait évoqué plus tôt la période de rut, et c’en était la preuve palpitante. C’était trop grand, même pour lui qui était déjà bien doté.
Le médecin, qui ignorait totalement ce qui se passait sous la table, poursuivit calmement en parlant des méthodes de traitement.
« Heureusement, puisque les niveaux de phéromones de votre partenaire sont très bas, et que le directeur Yoon ne montre aucune agressivité pour la première fois… »
Le médecin sourit gentiment, comme s’il venait d’annoncer une bonne nouvelle.
« Je recommande de gérer les phéromones par des relations sexuelles au moins une fois par semaine. »
À cette suggestion, Yoon Chi-young sourit largement, mais en voyant le visage tendu de Heeseong, il se ressaisit.
Il était, après tout, un loup dans l’âme. Un loup rusé ne se précipiterait pas sans réfléchir et risquerait de gâcher les choses. Yoon Chi-young répondit calmement :
« Notre petit est encore jeune, donc le sexe, c’est… »
« Pourquoi est-ce que je coucherais avec toi ? »
D’un coup, Heeseong montra les dents, coupant court à la conversation. Yoon Chi-young, semblant comprendre, se contenta de lui caresser doucement la tête et reprit avec un sourire en coin :
« Nous en sommes aux premiers stades de notre relation, alors des recommandations aussi explicites, c’est encore un peu… »
Bang
Finalement, Heeseong sortit en trombe de la salle de consultation, tellement furieux que même ses oreilles étaient rouges.
Yoon Chi-young hocha la tête, comme s’il s’y attendait, puis se leva pour suivre Heeseong. D’un ton calme, il ordonna au médecin :
« Donnez-moi les inhibiteurs de phéromones, une dose légère. »
« Ah, je comprends. »
« Merci… Oh, la prochaine fois, faîtes ça un peu plus correctement, d’accord ? »
Yoon Chi-young, sous sa forme semi-bestiale, parlait tout en bougeant une de ses oreilles de loup. Les crocs subtils entre ses lèvres souriantes étaient glaçants. Le médecin s’inclina sans oser croiser son regard.
Quelques instants plus tard, Yoon Chi-young, sa queue de loup noire se balançant lentement, se mit à la recherche du chiot qui s’était enfui.
Le médecin, quant à lui, essuya la sueur froide qui perlait sur son front avec un mouchoir. Après tout, il faisait aussi partie du clan des loups, il était donc sous la surveillance de Yoon Chi-young. Bien que la demande de ce dernier fût mineure, il ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine tension, étant donné l’identité de son interlocuteur. Intervenir dans sa vie amoureuse sans trop froiser le gardien, était loin d’être simple.
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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