27. Chiot d’un jour ⋄ Partie 21
by Ruyi ♡Le chiot, qui s’était installé sur les genoux de Yoon Chi-young dans la voiture, l’air ragaillardi, fut soudainement envahi par une inquiétude.
… Serait-ce possible ?
Une pensée inquiétante lui traversa l’esprit. Un sujet qui méritait d’être abordé sans détour. Sans attendre, le chiot gratta le dos de la main de Yoon Chi-young pour attirer son attention.
Woof.
« Qu’est-ce qu’il y a ? »
Je vais me transformer.
Il lui fit comprendre ses intentions, puis reprit forme humaine. La douleur de ses blessures le traversa, mais Heeseong s’y était habitué depuis longtemps.
« Tu veux vraiment faire ça n’importe où ? »
Cette fois, c’est Yoon Chi-young qui fut surpris. Heeseong, désormais nu dans son corps pâle, s’assit sans gêne sur ses genoux. Yoon Chi-young ferma précipitamment la cloison qui séparait les sièges arrière de ceux de l’avant. Heeseong, imperturbable, se dit que ce n’était pas bien grave entre hommes. Il attrapa calmement le manteau de Yoon Chi-young posé à côté et s’en couvrit.
À peine habillé, il lança d’un ton brusque :
« Est-ce que… Par hasard, tu t’es aussi chargé de Park Geon-tae ? »
« Pourquoi ? »
Yoon Chi-young répondit avec un sourire qui s’effaçait lentement. Il se demanda si Heeseong était jaloux ou inquiet à cause de ce type. Franchement, Park Geon-tae ne méritait même pas qu’on s’en soucie.
Face à ses yeux gris et glacials, Heeseong répliqua sèchement, sans ciller :
« Ne t’avise pas de le toucher. Je me vengerai de lui moi-même. »
« … »
Yoon Chi-young posa son regard sur Heeseong, dont les yeux brillaient d’une détermination farouche. Un sourire lentement vint étirer ses lèvres. Il n’avait jamais ressenti de frustration face à l’incapacité de communiquer avec le chiot, mais en cet instant, il regretta de ne pas avoir partagé plus tôt sa vie avec lui sous sa forme humaine.
Il ne savait pas que le chiot pouvait dire des choses aussi adorables.
Un frisson d’émotion lui parcourut l’échine. Il attira la cuisse de Heeseong contre lui, luttant contre l’envie de le mordre.
Il avait envie de lui offrir tout ce qu’il désirait. Il posa doucement sa tête sur son épaule, un sourire las aux lèvres.
« Je n’aime pas non plus Park Geon-tae… Tu te vengeras pour moi, mon chiot ? »
« Pourquoi ? »
« Parce qu’il a fait quelque chose qui m’a vraiment écœuré. »
« … Quoi donc ? »
Intrigué, le chiot dressa légèrement les oreilles. Ce geste, lui aussi, était terriblement mignon. Yoon Chi-young mordilla doucement une oreille blanche sans lui faire mal. Heeseong, qui essayait de protéger cette oreille repliée d’un air bougon, insista :
« Qu’est-ce qu’il t’a fait ? »
« Hm… Ça remonte au tripot… »
Yoon Chi-young parlait en scrutant chaque détail du visage de Heeseong. Contrairement à ce dernier, son expression ne trahissait aucune haine. Ses pupilles grises, embrumées, semblaient flotter quelque part entre rêve et réalité. Il réagissait lentement, comme absorbé par ses pensées. Et même sous l’insistance, il ne livra pas la raison. Heeseong le fixa un moment, méfiant, avant de se rappeler qu’il avait toujours été comme ça. Il renonça à en savoir plus.
« … Alors ne m’empêche pas de le faire. »
Il n’avait aucune raison de refuser. En réalité, cela l’apaisait un peu. Il n’aimait pas se sentir redevable à Yoon Chi-young chaque fois qu’il se rangeait de son côté. Si leurs objectifs coïncidaient, tant mieux.
D’ailleurs, même si Yoon Chi-young ne lui avait rien dit, l’idée de quitter cette maison s’était déjà installée dans l’esprit de Heeseong. Il ne voulait plus dépendre de personne, ni accorder sa confiance. Il préférait vivre seul dans ce monde. Au moins, il n’aurait plus à subir une telle trahison.
Mais un partenariat pour une vengeance… Ça avait de l’allure.
Yoon Chi-young, qui observait Heeseong réfléchir intensément, murmura avec douceur :
« Moi aussi, je déteste Park Geon-tae. Alors venge-nous bien. »
« … D’accord. »
« Et on continuera à vivre ensemble, dans notre maison. »
Ça ressemblait étrangement à une condition… Mais Heeseong hocha la tête pour l’instant. Aussi agaçant qu’il puisse être, Yoon Chi-young restait un allié fiable. Tant qu’ils voulaient la même chose, ça lui convenait.
Même s’il avait un peu l’impression de tomber dans son piège… Il fixa pensivement un coin de son genou. Il réfléchissait à comment utiliser Yoon Chi-young. Il était encore un débutant dans l’art de la manipulation.
« Ah, ce chiot d’un jour*, vraiment… »
(N/T : L’expression « one-day puppy » est une métaphore affectueuse souvent utilisée en coréen (« 하루 강아지 »), pour désigner quelqu’un d’innocent, naïf ou inexpérimenté — comme un petit chiot qui vient de naître et qui ignore encore les dangers du monde.)
Face à cette mine sérieuse, Yoon Chi-young éclata de rire, comme s’il allait devenir fou de bonheur, et enfouit son visage dans le creux de son cou. Ses yeux gris, qui brillaient dans l’obscurité, avaient quelque chose de dérangeant. Mais ce qu’il faisait au chiot était plus insistant qu’à l’accoutumée. Heeseong le regarda, perplexe, sans comprendre ce qui pouvait tant lui plaire.
Toujours lové contre son cou, Yoon Chi-young murmura :
« Pourquoi tu es si méchant ? »
« … Pourquoi ? »
Heeseong se sentit intimidé sans raison apparente. C’était la même sensation que lorsqu’il s’était fait engueuler par ce salaud de Park Geon-tae. Une impression sale et déprimante, comme si tout était toujours de sa faute, quoi qu’il fasse.
Mais, comme il s’y attendait, Yoon Chi-young était différent.
« Tu es vraiment sexy. »
« … »
Heeseong n’avait plus la force de répondre. Cela faisait longtemps qu’il savait que ce type était bizarre, alors il détourna simplement le regard, l’air maussade.
Mais au moins, il ne lui disait pas de tenir bon.
Il resta immobile, laissant Yoon Chi-young frotter le bout de son nez contre son cou, même si ça le chatouillait. Ça allait déjà un peu mieux.
Désormais, Heeseong n’avait plus l’intention de supporter quoi que ce soit.
« Bien que cet endroit est très propre… »
C’est à ce moment-là que Yoon Chi-young marmonna pour lui-même. Heeseong, perdu dans ses pensées, suivit enfin du regard ce que fixait son compagnon.
Le regard de Yoon Chi-young était braqué sur son entrejambe, juste en dessous du nombril. En une seconde, le visage de Heeseong vira au rouge écarlate et il referma vivement son manteau.
Au final, Yoon Chi-young se prit un coup de poing sur l’épaule. Ce n’était pas bien violent, mais il éclata d’un rire long et moqueur, presque chatouilleux.
Le soleil se levait à peine, lorsqu’ils rentrèrent chez eux.
Puisqu’ils avaient veillé toute la nuit, les deux prirent le petit-déjeuner ensemble. Heeseong, de son côté, décida volontairement de ne pas aller se coucher. Rester immobile ne faisait que raviver sa mélancolie, alors il préféra regarder un film, même sans grande attention.
La voix de Park Geon-tae ne cessait de résonner dans sa tête.
« Je suis désolé, Heeseong… Mais si tu avais fait les choses correctement, rien de tout ça ne serait arrivé. »
« … »
Même s’il s’était juré de se venger, la trahison qu’il avait subie avait laissé une blessure profonde. C’était quelqu’un en qui il avait placé sa confiance, qu’il avait suivi pendant cinq longues années, à l’époque la plus difficile de sa vie. Et surtout… Ils faisaient partie de la même meute, liés par une promesse de confiance pour la vie.
Pourquoi ça m’arrive encore… pensa-t-il avec amertume, avant de se recroqueviller, vidé jusqu’à la moelle.
Il fixait l’écran sans vraiment suivre le déroulement du film. Même les douleurs qui persistaient dans son corps lui semblaient lointaines, comme étouffées par un épais brouillard.
Heureusement, sa déprime ne dura pas trop longtemps. Parce que Yoon Chi-young était là.
« Arrête de me mordre tout le temps ! »
Heeseong, qui boudait, finit par exploser. À côté de lui, Yoon Chi-young le serrait fort dans ses bras, mordillant sans arrêt son cou, ses épaules ou ses poignets — sans jamais lui faire mal. Ses oreilles et sa queue de loup noir étaient même apparues entre ses cheveux.
Heeseong s’était plus ou moins habitué à ces morsures depuis qu’il vivait comme un chiot, mais aujourd’hui, Yoon Chi-young était encore plus collant que d’habitude. Ses yeux étaient troubles, comme s’il était ivre. Mais Heeseong se contenta de soupirer, croyant simplement qu’il était insupportable aujourd’hui, avant de se fâcher comme d’habitude.
Même repoussé, Yoon Chi-young restait collé à lui, enfouissant son nez dans le creux de son cou tout en marmonnant :
« Je trouve que tu sens agréablement bon… »
« Tu disais que ça sentait le renfermé, avant. »
À cette pique, Yoon Chi-young esquissa un sourire en coin, charmeur. Il répétait sans cesse qu’il aimait Heeseong, le couvrait de câlins, l’enlaçait de tout son corps… Et son étreinte était si chaude, si rassurante.
Heeseong, qui s’était débattu un moment, finit par abandonner alors que la somnolence l’envahissait.
Finalement, il s’assoupit sur le canapé.
Yoon Chi-young s’allongea aussitôt à ses côtés et le serra dans ses bras. C’était une habitude qu’il avait prise depuis que Heeseong vivait sous sa forme de chiot. Et comme toujours, Heeseong s’endormit profondément, sans résister.
Mais c’était justement là que résidait le problème.
Il s’était trop habitué à l’étreinte du loup mangeur d’hommes.
Combien de temps avait-il dormi ainsi ? Il s’était effondré vers midi, et quand il ouvrit les yeux de nouveau, le soleil s’était déjà couché.
Ses paupières ne s’étaient pas levées d’elles-mêmes, mais à cause d’une sensation étrange dans son cou… Et d’un son inhabituel.
Grrr…
« … »
Les petites oreilles blanches de chiot, perchées au sommet de la tête de Heeseong, se dressèrent d’un coup. Quelque chose clochait. Ce n’était pas un son qu’on entendait dans la maison habituellement paisible de Yoon Chi-young.
À travers ses paupières à peine entrouvertes, Heeseong aperçut une silhouette noire et massive. Il faisait trop sombre pour distinguer quoi que ce soit clairement, alors il fixa longuement l’ombre jusqu’à ce que sa vision s’ajuste… Et qu’il en devine enfin l’identité.
Un immense loup noir, campé sur ses quatre pattes, se trouvait juste au-dessus de lui.
… Yoon Chi-young ?
Il reconnut la créature à ses yeux gris caractéristiques. Mais même avec cette certitude, la peur ne le lâchait pas.
Le loup était deux fois plus grand que ceux qu’il avait croisés sur le territoire de la meute. Avec des crocs aussi longs que les doigts de Heeseong, il reniflait lentement le cou pâle du jeune homme.
C’était un comportement territorial, une tentative d’identifier l’intrus. Un faux mouvement, et il ne savait pas à quel moment il se ferait mordre ou déchiqueter.
Tétanisé, figé comme un cadavre, Heeseong finit par relâcher le souffle qu’il retenait depuis trop longtemps et poussa faiblement l’animal.
« Va-t’en… Allez, dégage ! »
Le loup ne broncha presque pas. Mais quand Heeseong se redressa brusquement en jetant la couverture, sa vision fut un instant brouillée. Derrière lui, un grondement sourd et menaçant s’éleva, glaçant.
L’instant d’après, le loup mangeur d’hommes lui sauta dans le dos avec une agilité impressionnante pour sa taille.
« Ugh… ! Descends, j’ai dit ! »
Plaqué au sol par le poids de la bête, Heeseong se débattait pitoyablement. Il avait beau être mince et musclé, son corps était balayé d’un seul coup de patte du loup. Heureusement, la bête ne tenta pas de lui mordre la gorge.
Réagissant par instinct, Heeseong se transforma en chiot.
Pris au piège dans ses vêtements, le petit chiot s’en extirpa comme il put avant de détaler, poussant chaque parcelle de force dans sa course désespérée.
Clac !
Les crocs du loup effleurèrent sa queue. Le chiot poussa un cri aigu et s’engouffra sous le lit, rampant jusqu’au fond du recoin étroit. Recouvert de poussière, il tremblait, les yeux rivés sur l’ouverture.
Il… Il a essayé de m’attaquer.
Devant ses yeux effrayés, les énormes pattes du loup passèrent lentement. Elles étaient presque aussi grosses que son petit corps. Par moments, le museau ou les crocs du loup se glissaient sous le lit, le cherchant.
Espèce de taré… !
Les larmes aux yeux, le chiot tapota timidement le museau du prédateur d’un coup de patte tremblante.
C’était trop. Bien trop effrayant.
Même les bêtes féroces qu’il avait vues dans les tripots paraissaient ridicules à côté de ce monstre. Ce loup noir, à la fourrure élégante et sombre, tournait lentement autour du lit, soufflant fort, comme frustré de ne pas pouvoir attraper sa proie.
Crac !
Le loup finit par attraper un oreiller dans sa gueule et le déchiqueta avec rage.
Putain…
À chaque fois qu’il secouait l’oreiller, les flocons de coton s’envolaient dans l’air — et Heeseong avait l’impression d’y voir les lambeaux de son propre corps.
Tu m’avais pas dit qu’on allait vivre ensemble… ?
Le chiot, les yeux embués, rentra sa queue entre ses pattes et se fit tout petit.
Sous son regard noir, rempli d’anxiété, Yoon Chi-young — le loup mangeur d’hommes — raclait le tapis de ses immenses pattes, creusant comme pour se faire un terrier.
C’était sans doute le comportement d’un canidé en train de préparer un nid… Pour s’accoupler.
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
Note de Ruyi
Et voilà, c’est la fin de ce deuxième chapitre.
°˖✧◝(⁰▿⁰) ◜✧˖°
Entre la trahison de son frère et les câlins envahissants de Yoon Chi-young, Heeseong ne sait plus où donner de la tête.
À votre avis… va-t-il survivre à cette nuit ? Suspense !
Pour le savoir, je vous donne rendez-vous très bientôt dans le prochain chapitre, hihi.
Je connais quelqu’un qui risque de se faire déboîter la hanche… rip 🕯️(Un petit prière pour son cul)
Le prochain arc s’étendra sur au moins sept chapitres avant la fin du premier tome.
Autant dire que j’ai du pain sur la planche, haha !
À très vite pour la suite !
・.ʚ Voici la fin du chapitre 1 : Récupérer un chiot ɞ .・
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