Chapitre 08 – Fin
par Ruyi ♡« Ça peut fabriquer des vêtements tout seul ? C’est une arnaque, non ? »
Dans la ruelle, un groupe d’adolescents coiffés de casquettes de baseball s’était rassemblé autour d’une étrange machine à coudre.
Le jeune homme derrière la machine ne dit rien. Il se contenta de sourire, leva les mains, puis, d’un doigt, pressa le bouton du programme. Sous la machine à coudre encombrante, une boîte noire s’anima, libérant un fin nuage de vapeur. À l’intérieur, l’ordinateur de la Machine à Différences se mit à lire la puce de programme préinstallée.
Un morceau de tissu posé sur la table fut happé par la machine, découpé et surfilé avec une précision impeccable. Sous les regards ébahis des adolescents, une écharpe élégante prit peu à peu forme, chaque couture parfaitement nette.
« Waouh… »
« Je peux… Je peux toucher ? »
« Moi aussi, je peux ? »
Le jeune homme derrière la machine à coudre sortit une vieille plume d’oiseau et écrivit sur une ardoise : « 2 livres, merci de votre visite. »
Une grosse goutte d’encre tomba sur l’ardoise, assombrissant un peu plus l’écriture. Un chœur de sifflements s’éleva aussitôt :
« C’est trop cher, mec ! »
Le jeune homme ne répondit rien, se contentant de hausser les épaules en silence. À cet instant, il aperçut une jeune fille qui vendait des fleurs. Elle portait un panier en bambou rempli de fleurs, ses vêtements étaient déchirés et elle grelottait dans le vent froid. Malgré tout, elle se tenait sur la pointe des pieds, curieuse de voir ce qui se passait de l’autre côté.
Le jeune homme se précipita, attrapa l’écharpe posée sur la table et courut vers elle. La jeune fille, effrayée, recula d’un demi-pas, ses joues pâles rougissant malgré elle.
Il baissa les yeux vers les fleurs dans son panier, son regard brillant d’enthousiasme, et signa lentement : « On peut échanger ? »
La jeune fille resta stupéfaite un instant, puis lui tendit maladroitement tout le panier de fleurs : « Pour… Pour vous. »
Les mauvais garçons, témoins de la scène, se mirent à siffler bruyamment : « Hé, beau gosse, c’est pour qui, les fleurs ? »
Le jeune homme ne répondit pas. Il afficha un large sourire, enroulant l’écharpe « fabriquée par l’ordinateur de la Machine à Différences », cet objet rare, autour du cou de la jeune fille. Puis, sans hésitation, il saisit le panier de fleurs et partit, les bras chargés.
Il portait sur lui des machines de toutes tailles, ses poches remplies de puces de programme, tel un marchand ambulant parcourant chaque rue et ruelle. Mais ses pas étaient légers, joyeux, comme s’il marchait sur un nuage.
Les deux côtés de la route étaient bordés d’usines imposantes, la vapeur blanche s’élevant droit vers le ciel. La foule était bruyante, et une puanteur d’égout flottait dans l’air.
L’ombre du jeune homme, portant l’ordinateur de la Machine à Différences sur son dos et des fleurs fraîches à la main, ressemblait à un début, mais aussi à une fin.
Il pouvait enfin offrir ce bouquet.
C’était le meilleur des temps, c’était le pire des temps.
C’était l’âge de la sagesse, c’était l’ère de la folie.
(Un conte de deux villes de Charles Dickens)
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ FIN ɞ .・
0 Commentaire