Chapitre 22
by Ruyi ♡Dès que Hwayoung se retira, le corps de Gyuwon s’effondra mollement au sol. Il s’agita un instant, tentant de se redresser pour effectuer le nettoyage et les câlins post-jeu comme Hwayoung l’avait ordonné, mais celui-ci l’arrêta d’un simple geste.
« Hyung, ne bouge pas. Je vais me laver, me calmer un peu, et je reviens. Attends-moi. »
Sa voix était sèche. Gyuwon mordilla sa lèvre inférieure. Il n’a pas aimé… Son cœur se serra sous une tristesse fugace, comme un rejet, mais il hocha la tête en silence.
Hwayoung se réfugia dans la salle de bain et, sous la douche, cogna son front contre le carrelage froid. Putain… Et s’il était arrivé quelque chose à Gyuwon ? Il frappa encore. Une, deux, trois fois. Les bruits sourds résonnaient contre les murs humides, mais il s’en moquait. Tu n’es qu’un idiot…
Pourtant, après l’acte, quand leurs regards s’étaient croisés, le visage de Gyuwon rayonnait d’un calme confiant. Et Hwayoung n’avait pas eu le courage d’avouer. Ce regard rempli de tendresse… Il y avait puisé une satisfaction acide, entremêlée de honte. Il me fait confiance. Il s’est complément abandonne à moi. Même si sa perte de contrôle n’avait rien d’intentionnel, elle avait tout révélé.
Comment on appelle ça, ce truc qui te martèle la poitrine ?
Les yeux fermés sous le jet brûlant, une phrase refit surface dans son esprit. Une camarade de fac, passionnée par les animaux abandonnés, lui avait un jour dit :
« Tu savais que les hommes craquent souvent plus facilement que les femmes pour les animaux de compagnie ? »
À l’époque, il n’avait pas compris. Mais à présent… En repensant à l’expression de Gyuwon, il comprenait. Posséder quelqu’un si totalement, vouloir le protéger, le garder pour soi — c’était un plaisir d’une intensité folle.
Il m’aime. Cette foi absolue dans ses yeux le prouvait. Et Hwayoung ne pouvait plus échouer. Il frappa de nouveau son front contre le mur. Tu as cru que c’était le moment de sourire, pauvre abruti ? Il t’aime, et toi tu déconnes ? Crève. Crève !
Quand il ressortit enfin, Gyuwon s’était levé. Son regard tomba sur ses pieds—enveloppés de bandages, qu’il n’avait pas remarqués tout à l’heure dans la frénésie. Un pic de colère sourde le traversa. Ces deux cafards vont le payer.
Sans y penser, il mordit sa lèvre jusqu’à ce que Gyuwon s’approche et la caresse doucement du bout des doigts.
« Tu es en colère ? »
Hwayoung leva les yeux. Gyuwon avait l’air calme, presque froid, mais dans ses prunelles brillait une inquiétude sincère, innocente. C’est lui qui devrait être furieux… pensa-t-il, troublé.
« Pourquoi je le serais ? »
Gyuwon rougit et baissa les yeux. Il hésita, puis, comme pour se protéger, ferma les paupières avant de murmurer :
« … J’ai mal agi. Pendant le jeu. J’ai… Pris mon plaisir sans permission… »
Il parla à voix si basse que Hwayoung ne comprit pas.
« Quoi ? Hyung, je n’ai pas entendu. »
Gyuwon avala sa salive, puis reprit, les joues en feu :
« J’ai… Désobéi… Pendant le jeu. J’ai… Fini sans autorisation. »
Il priait pour qu’il comprenne sans avoir à le répéter. Hwayoung, cette fois, l’entendit. Il le regarda, interdit, et Gyuwon, croyant qu’il allait se fâcher, se figea.
« Hwayoung ? »
Mais l’autre sourit. Lentement. D’un sourire si lumineux que Gyuwon en resta figé. Hwayoung se hissa sur la pointe des pieds et effleura ses lèvres gercées d’un baiser léger.
« Je t’aime tellement. »
Le souffle chaud contre sa bouche fit trembler Gyuwon. Il tenta de détourner le regard, mais Hwayoung l’en empêcha, chuchotant doucement, à la place des excuses qu’il aurait méritées :
« Je t’aime. »
Gyuwon enlaça Hwayoung d’un geste maladroit mais sincère. Blotti contre ce grand chat tendre, droit, attendrissant et parfois capable de sortir les griffes, Hwayoung se sentit envahi d’un bonheur calme. Les paupières de Gyuwon tremblaient légèrement alors qu’il murmurait d’une voix basse :
« Je… Je t’… »
Hwayoung voyait tout. Les yeux de Gyuwon, son visage, son cœur – tout en lui semblait suspendu aux mots qu’il allait dire. Finalement, d’une voix rauque, Gyuwon laissa tomber :
« Je t’aime aussi. »
Hwayoung ferma les yeux, savourant la chaleur qui venait d’éclore dans sa poitrine. Lorsqu’il les rouvrit, il contempla Gyuwon – ce bel homme aux joues soudain rosies – comme on regarde une fleur rare. Il voulait graver cet instant, jusqu’à ce que cette tendresse franchisse l’air entre eux… Et se dépose sur leurs lèvres unies.
Mais en croisant la grimace de Hwayoung, Gyuwon se redressa aussitôt. Son corps, allégé par les soins de la veille, répondait mieux. Relevant les yeux, il vit Hwayoung poser une main sur le combiné du téléphone.
« Désolé, hyung. Je t’ai réveillé ? »
Gyuwon secoua la tête. Hwayoung se rassit, pendant qu’à l’autre bout du fil, la voix râleuse de Sungjoon se faisait entendre :
« Yoon Hwayoung ! Dix ans d’amitié et tu me plantes comme ça ? Viens me sauver, je t’en supplie ! »
Hwayoung répondit calmement, sur un ton presque clinique :
« Tu disais toi-même que même les montagnes changent avec le temps. Alors nos sentiments… Ils ont eu largement le temps de se détériorer. Notre amitié ? Ça fait longtemps qu’elle s’est désagrégée, envolée en poussière… »
Et sans attendre la suite, il raccrocha. Voyant le regard curieux de Gyuwon posé sur lui, il lui adressa un sourire tranquille.
« Mon père lui a un peu mis la pression, et maintenant, il doit être coincé en tête-à-tête avec mon grand frère. »
Jetant un œil à sa montre, il ajouta :
« Papa a dû vraiment le faire parler longtemps. »
Gyuwon consulta aussi la sienne : 3 h 47 du matin. Ce n’était pas juste « un peu » de pression… pensa-t-il. Mais la voix sereine de Hwayoung continua :
« Si mon petit frère s’y met aussi, Sungjoon ne s’en sortira pas. Il m’a dit qu’il prenait l’avion demain pour les États-Unis. Au moins, il pourra dormir pendant le vol. »
« Ça ne te dérange pas ? » demanda doucement Gyuwon.
« Quoi donc ? »
« Que ta famille se mêle autant de ta vie… »
Hwayoung pencha légèrement la tête, puis répliqua :
« Et toi, ça ne te dérange pas ? Que je te coure après comme ça ? »
À vrai dire, c’était plutôt Gyuwon qui l’avait suivi partout — en tant que garde du corps. Il secoua doucement la tête, ce qui fit sourire Hwayoung.
« C’est ça, » dit-il simplement. Puis il ajouta à voix plus basse : « On est une famille. »
Un instant, Gyuwon pensa à aller voir ses propres parents. Mais il secoua aussitôt la tête. Le souvenir du jour où ils l’avaient rejeté après avoir découvert qui il était restait une plaie ouverte au fond de lui.
Dehors, la nuit régnait encore.
La lune, blafarde, s’était cachée derrière les nuages. Seules les enseignes au néon perçaient l’obscurité. Sous ces lumières criardes et artificielles, Gyuwon attira soudain Hwayoung contre lui. Toutes ces lueurs rouges et volatiles formaient, ensemble, une sorte de paysage nocturne à un million de dollars. L’amour, sous toutes ses formes, avait bien des visages… Mais pour Gyuwon, cette lumière floue, étrange et douce était la plus précieuse de toutes.
Il sentit les bras de Hwayoung l’enlacer en retour, plus fort. Il ferma les yeux.
Son maître.
Son amant.
Sa lumière.
Tout cela était là, maintenant, dans ses bras. Le tenant tendrement contre lui.
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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