Chapitre 02
par RuyiGyuwon conduisit la voiture en suivant les indications de Hwayoung, mais même en arrivant à destination, il ne savait toujours pas où il se trouvait. Son regard se posa sur un panneau portant l’inscription DUNGEON. Il supposa qu’il s’agissait d’une boîte de nuit à thème et ne prêta pas attention aux contrôles d’identité particulièrement stricts. Même l’avertissement « Réservé aux membres exclusifs » ne lui parut pas inhabituel.
Lorsque les employés stoppèrent Hwayoung pour signaler que son accompagnateur n’était pas autorisé à entrer, celui-ci se pencha et leur murmura quelques mots à l’oreille. Les employés échangèrent un regard surpris avant de tourner leurs yeux vers Gyuwon. Amusé par leur réaction, ce dernier se dit : Eh bien, il faut avouer qu’arriver avec un garde du corps comme moi a de quoi surprendre.
La porte s’ouvrit, révélant un intérieur plongé dans la pénombre. Dès qu’il franchit le seuil, Gyuwon comprit qu’il s’était complètement trompé. Ce lieu n’avait rien d’une boîte de nuit. L’enseigne, sobre, affichait simplement DUNGEON dans une police simple sur un fond blanc immaculé. C’était trop épuré, trop élégant pour correspondre à l’ambiance tape-à-l’œil des boîtes de nuit qu’il connaissait.
« C’est vous, maître. Qui allez-vous choisir ce soir ? »
Sortant de nulle part, un homme vêtu comme un serveur apparut et posa la question avec une politesse impeccable. Son âge était difficile à évaluer, tant son visage était neutre et sans expression. Hwayoung, imperturbable, répondit : « Laissez-moi d’abord jeter un œil au catalogue. » Puis il pénétra dans la salle de réception, suivi par Gyuwon.
À peine entré, Gyuwon sentit sa mâchoire se décrocher sous l’effet de la surprise.
La salle était bondée d’hommes. Des jeunes, des vieux, des minces, des corpulents, des hommes percés de la tête aux pieds ou d’autres arborant des ventres rebondis qui évoquaient celui d’E.T. D’un simple coup d’œil, Gyuwon saisit l’essentiel : où il se trouvait, pourquoi tous ces hommes se tenaient là comme des esclaves dans des uniformes identiques, et à quoi servait réellement cet endroit.
Je suis passé de la poêle à frire directement dans les flammes ! pensa-t-il avec effroi.
Il baissa la tête, tentant de calmer les battements affolés de son cœur. Comment allait-il se sortir de cette situation, qui s’annonçait comme le pire désastre de sa vie ?
Kim Gyuwon était un masochiste. Il était gay et masochiste, une combinaison qui, à elle seule, était déjà rare. Mais ce qui l’était encore plus, c’était que son orientation et ses désirs étaient en complet décalage avec son apparence imposante.
Sa carrière de mercenaire avait débuté grâce à ses talents d’athlète, mais ce métier n’avait fait qu’exacerber sa souffrance. Les camps où les hommes se déshabillaient sans gêne, les armes qui s’entassaient autour de lui, et surtout, cette culture hyper-masculine emplie de jurons et de comportements bruts le plongeaient dans un état de tension permanent.
Gyuwon sentait qu’il marchait sur un fil. Dans un tel univers, un faux pas aurait suffi à ruiner sa vie, et il savait qu’il ne survivrait pas à l’humiliation d’être réduit à un objet de moquerie ou pire, un exutoire sexuel pour ses compagnons soldats. Pourtant, malgré la peur viscérale de voir sa véritable nature découverte, il ne pouvait réprimer ses désirs les plus intimes.
Il rêvait d’être tourmenté, avec un raffinement presque cruel. Dans les vestiaires, il évitait de regarder ses collègues, gardant les yeux obstinément rivés sur un coin de la pièce pour ne pas trahir son intérêt. Mais l’idée que quelqu’un puisse fixer son corps le faisait frémir, un mélange de honte et de plaisir douloureux s’entremêlant dans son esprit.
Il rêvait d’une fessée, d’être maîtrisé avec des outils qu’il n’osait imaginer, de ramper, de se soumettre entièrement. Plus encore, il rêvait de la chaleur intime de la domination, de remplir sa bouche de l’objet de son désir et de s’abandonner complètement.
Ces pensées le rongeaient, au point de devenir insupportables. Il avait dû se mordre la langue à maintes reprises pour ne pas supplier, pour ne pas révéler ce qu’il cachait. Incapable de continuer à vivre dans cet environnement qui mettait à mal ses instincts refoulés, Gyuwon avait fini par abandonner sa carrière de mercenaire, bien conscient qu’il ne pouvait plus supporter la tension entre son monde intérieur et le rôle qu’il jouait à l’extérieur.
S’il avait jamais osé imaginer le partenaire idéal au cours de ses vingt-neuf années de vie, Hwayoung en aurait été la représentation la plus parfaite. Comme mentionné précédemment, Hwayoung était à la fois d’une beauté saisissante et d’une décadence enivrante. Apprendre qu’un tel homme était aussi un sadique… Cela relevait du fantasme devenu réalité pour Gyuwon, l’incarnation exacte de ses rêves les plus enfouis. Et cet homme, il était gay.
Cet endroit, clairement un club BDSM* réservé aux homosexuels, regorgeait de preuves flagrantes : des esclaves masculins, dans toutes les positions imaginables, prêts à obéir.
(N/T : Le BDSM, acronyme de Bondage, Discipline, Domination, Soumission, Sadisme et Masochisme, englobe une variété de pratiques et de dynamiques liées à la sexualité et aux relations interpersonnelles.)
Hwayoung avançait lentement, explorant l’espace, un léger gémissement s’échappant de ses lèvres. Il s’arrêta devant un homme presque aussi grand que lui, probablement le plus imposant et viril de la salle, et hocha doucement la tête. Ce simple geste suffit. L’homme comprit immédiatement et, en quelques secondes, se débarrassa de son uniforme. Il portait un anneau à son sexe, qui oscillait légèrement, déjà gonflé d’anticipation. Hwayoung tendit la main, effleurant la peau tendue.
« Hmm, que c’est mignon. »
Sa voix restait posée, presque identique à son ton habituel, ce qui ne faisait que renforcer l’obscénité de la scène.
Gyuwon ferma les yeux, accablé. Il était dans un pétrin indescriptible. L’idée lui traversa l’esprit : quitter son emploi dès demain, fuir cet univers qui éveillait en lui des désirs inavouables. Mais c’était déjà trop tard. Désormais, Hwayoung allait régner en maître sur ses fantasmes les plus intimes, devenant une figure obsessionnelle, une icône inatteignable.
Dans l’intimité de ses nuits solitaires, Gyuwon savait qu’il crierait son nom, incapable de réprimer cette passion brûlante, tandis qu’il laisserait son imagination s’emballer jusqu’au paroxysme du plaisir en s’enfonçant un gode dans l’anus.
La raison pour laquelle Gyuwon avait décidé de recourir à la chirurgie esthétique était liée à son orientation sexuelle. Ironiquement, il n’avait jamais eu de relations sexuelles. Il était clair qu’il ne ressentait aucune attirance pour les femmes et qu’il ne trouvait satisfaction qu’en imaginant des situations où il serait abusé. Mais qui voudrait bien abuser de lui ? À l’époque, les hommes beaux étaient partout. Il y avait de beaux garçons, de jeunes hommes séduisants et même des hommes mûrs au charme indéniable. Gyuwon, lui, aspirait à devenir beau, à se mettre au service d’un maître avant que la vieillesse ne l’atteigne.
« Ouvrez votre trou, s’il vous plaît. »
À l’ordre de Hwayoung, l’homme obéit immédiatement. Il s’allongea, posa ses joues contre le sol et écarta ses fesses à deux mains. Lentement, il se prépara, en insérant ses doigts pour élargir l’entrée. Même à cet instant, son membre semblait réagir, augmentant progressivement de volume. Hwayoung s’accroupit alors et observa attentivement l’ouverture, comme s’il examinait un produit avant de l’acheter.
Gyuwon essaya de se calmer, se disant qu’il devait cesser de les regarder. Il enviait à juste titre l’homme qui se trouvait devant Hwayoung, mais le problème, c’était Gyuwon, pas eux. Sa tête s’engourdissait. Il avait envie d’écarter les jambes à côté de cet homme. Son sexe était sur le point de se dresser d’un moment à l’autre. Gyuwon se faisait violence autant qu’il le pouvait – il se mordait le bout de la langue et serrait les poings. La douleur des ongles s’enfonçant dans ses paumes et la piqûre sur sa langue l’empêchaient à peine de bander.
« Puis-je d’abord avoir une chambre, s’il vous plaît ? Il y a un truc que j’ai oublié de vérifier », dit Hwayoung, et l’homme qui leur avait montré le chemin s’avança. Après avoir traversé un long couloir sinueux, le serveur s’écarta devant une porte et Hwayoung entra dans la pièce. « Je vous attendrai dans la voiture », dit Gyuwon en essayant de reculer rapidement en voyant Hwayoung entrer dans la pièce. En vérité, il avait plus besoin des toilettes que de la voiture. Alors qu’il tentait de s’éloigner, Hwayoung l’arrêta en disant : « Attends une seconde. » Il reprit sa voix langoureuse.
« Une minute, il faut que je vous parle. »
Gyuwon entra dans la pièce. La porte se referma derrière lui, mais Hwayoung ne prononça pas un mot. Anxieux, Gyuwon leva la tête. Hwayoung était juste devant lui.
« Monsieur Hwayoung… Votre vie privée n’a rien à voir avec moi. Je vous promets de garder votre secret, je vous donne ma… ! »
Gyuwon n’a pas pu terminer sa phrase car Hwayoung saisit son sexe. D’un seul geste, il ne put plus se retenir et eut une érection complète. Hwayoung ouvrit enfin la bouche, appréciant le sexe qui prenait du volume comme une pâte à pain qui lève avec de la levure. Sa voix était pleine d’énergie et de plaisir.
« Vous savez ce que je sais faire de mieux ?
Gyuwon secoua la tête, son sexe en pleine érection.
« C’est repérer un masochiste. Je fais mouche à chaque fois. C’est plus un instinct, peut-être. »
Hwayoung parlait d’une manière autoritaire. Mais avant que Gyuwon ne s’en aperçoive, Hwayoung abaissa sa main. Une douleur intense lui enserra les parties génitales, l’obligeant à s’allonger sur le sol pour se laisser guider par la main. Hwayoung tira lentement le sexe jusqu’au sol, et Gyuwon dut se mettre à quatre pattes, descendant en même temps que la main de l’homme. Il entendit la voix de Hwayoung d’en haut.
« Combien de personnes vous ont pris ? Quelle est votre limite ? Quel est votre jeu préféré* ? »
(N/T : Se réfère aux différentes sessions d’actes et de jeux BDSM, dont les types et les variations sont infinis.)
« Qu-Quoi… »
« Arrêtez de jouer les timides. Je vous le dis, je ne me suis jamais trompé à ce sujet. »
La voix de Hwayoung était céleste. C’était une voix magnifique qui allait parfaitement avec son visage. Et avec son arrogance dominatrice en plus, elle faisait frissonner tous les nerfs de Gyuwon d’anticipation. Il avait l’intuition qu’il se soumettrait complètement à Hwayoung, subjugué par son incroyable sex-appeal et sa beauté. Cependant, Hwayoung était celui qu’il devait protéger, le frère de son client. L’éthique professionnelle de Gyuwon le ramena à la raison. Il décida de tenter une fragile révolte.
« Je… Je n’ai jamais fait ça avant… »
C’était une rébellion légère et futile, comme un battement de papillon, mais pour un masochiste, c’était tout ce qu’il pouvait faire. Il avait toujours rêvé d’une telle scène, et le partenaire était Hwayoung, un souverain arrogant et puissant. De plus, ce souverain était d’une beauté époustouflante. Ce maître des rêves de Gyuwon lui posait des questions sur ses préférences et son état de santé pour ce moment. Du plus profond de son cœur, il voulait tout avouer de A à Z.
« Vous êtes sérieux ? »
L’autre main de Hwayoung attaqua l’anus de Gyuwon par-dessus son pantalon. Son anus était naturellement tourné vers le plafond alors que son pénis était contre le sol. Au moment où la main douce et délicate de Hwayoung atteignit son corps, Gyuwon écarta légèrement les jambes par instinct (peut-être en tant que masochiste). La main de Hwayoung s’enfonça dans l’anus de Gyuwon par-dessus son pantalon.
« Pas même une fois ? Vous voulez dire que personne ne vous a jamais pris par ici ? »
Sa voix était beaucoup plus vigoureuse qu’auparavant. Une pointe d’excitation flagrante transparaissait dans sa voix, posée avec humour. Gyuwon leva la tête et regarda l’entrejambe de Hwayoung. Hwayoung était sexuellement excité. Il avait un gros bourrelet dans son pantalon, désireux de taquiner Gyuwon.
« Répondez-moi », dit Hwayoung en pressant le pénis de Gyuwon.
« Ugh… » Gyuwon gémit, ce qui plut à Hwayoung.
« Non », répondit Gyuwon, et Hwayoung gloussa.
« Vous êtes bien masochiste ? »
Gyuwon ne pouvait plus se défendre contre ses paroles. Il acquiesça. Tout en acquiesçant, Hwayoung déposa un léger baiser sur les lèvres de Gyuwon, comme pour lui dire : « Bon garçon. »
« J’en étais sûr. Mais vous êtes en train de me dire que personne d’autre n’a jamais pris ce corps magnifique ? »
En un instant, le ton de Hwayoung redevint celui de sa politesse habituelle. Effrayé, Gyuwon tenta de comprendre ce que pensait Hwayoung. Était-ce un piège ? Non, ce n’était pas possible. Gyuwon pensait qu’il ne valait même pas la peine d’être piégé. L’idée lui semblait ridicule.
« C’est exact… »
« Pourquoi ? »
Gyuwon était dans une position délicate, mais il devait répondre tel qu’il était, puisque Hwayoung ne semblait pas avoir l’intention de le laisser partir.
« À cause de mon visage… »
« Votre visage ? »
« Mon visage, vous savez. Ma taille aussi. Et… Aussi mon travail. »
Incapable de comprendre la réponse hésitante de Gyuwon, Hwayoung prit le temps de réfléchir encore et encore. Mais, autant qu’il puisse le concevoir, un homme aussi séduisant que Gyuwon était le rêve de tout mâle dominant recherchant un soumis. Hwayoung n’arrivait pas à comprendre ce que Gyuwon voulait dire. Ce devait être son insécurité.
Hwayoung en tira une conclusion simple et demanda à Gyuwon de se lever. Faire se lever Gyuwon était simple : si Hwayoung se levait en tenant le pénis de Gyuwon, alors celui-ci devait se lever avec lui.
« Alors, vous n’avez pas d’expérience ? »
Gyuwon secoua la tête en réponse, confirmant ainsi la curiosité de Hwayoung.
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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