Chapitre 18
by Ruyi ♡« Laisse ce fils de pute tranquille, j’ai dit ! »
Hwayoung attrapa Gyuwon sans hésiter et le tira violemment en arrière. En courant, il lança à son frère, qui les rattrapait :
« Hyung ! Chope ce connard et retiens-le, compris ? ! »
Il lui confia à la volée l’homme que Gyuwon avait intercepté, puis repartit aussitôt, tirant ce dernier à sa suite. Il ne savait pas s’il s’agissait d’acide sulfurique ou chlorhydrique — impossible à dire sur le moment —, mais une chose était sûre : c’était un liquide corrosif. Lui n’avait rien, mais les chaussures de Gyuwon étaient trouées.
Hwayoung s’agenouilla aussitôt devant lui. Il saisit délicatement le pied indemne et ôta la chaussure. Même la chaussette était rongée par le produit. Ce n’est qu’en la retirant qu’un gémissement étouffé s’échappa des lèvres de Gyuwon.
« Hyung ! »
Entendant son cri paniqué, Giyeong confia immédiatement l’agresseur à ses hommes et accourut. Lorsqu’il vit la peau noircie et boursouflée du pied de Gyuwon, il hurla :
« La voiture, tout de suite ! »
Un de ses hommes bondit, et en un éclair, la Grandeur s’arrêta pile devant eux. Hwayoung aida Gyuwon à grimper dans le véhicule, s’installa à ses côtés, claqua la portière et ordonna :
« À l’hôpital ! Le plus proche, vite ! »
Tandis que la voiture démarrait à toute allure, Hwayoung se tourna vers Gyuwon, la voix tremblante :
« Il faut rincer à l’eau, non ? »
« Je… Je sais pas trop… »
Il se mordit la lèvre.
« Il me semble que oui. Vous avez pas de l’eau ? Une bouteille, n’importe quoi ! »
Le conducteur lui tendit une bouteille à moitié entamée. Hwayoung l’ouvrit d’une main tremblante et versa doucement l’eau sur la brûlure. Gyuwon étouffa un cri de douleur :
« Uugh… »
Dès que la voiture franchit les portes des urgences, une infirmière se précipita vers eux.
« Que se passe-t-il ? Il faut d’abord vous enregistrer… »
Mais Hwayoung, blême, s’approcha vivement :
« De l’acide ! Je crois que c’est de l’acide chlorhydrique ! On lui en a jeté dessus ! »
Son expression suffoquée parla d’elle-même. L’infirmière fonça chercher un brancard. En quelques secondes, Gyuwon fut pris en charge par l’équipe médicale.
« Ce n’était pas de l’acide très concentré. Vous avez eu de la chance. Et rincer à l’eau tout de suite, a été le bon réflexe. Mais la brûlure est sérieuse. On va devoir l’hospitaliser. La zone de contact est assez étendue, même à travers les vêtements. »
Quand le jeune médecin s’éloigna, Hwayoung s’effondra sur une chaise, le souffle court, les mains tremblantes. Gyuwon, malgré la douleur, tendit doucement la main pour effleurer sa joue, bouleversé par la pâleur de son visage.
« Je vais bien… » murmura-t-il plusieurs fois, comme pour le rassurer, mais Hwayoung ne semblait même pas l’entendre.
Puis, soudain :
« Ce fils de pute… Je vais le tuer. »
Alarmé, Gyuwon se redressa aussitôt et attrapa Hwayoung par les épaules pour le retenir. Il colla son front au sien, le regard ancré dans le sien, tentant désespérément de canaliser sa rage. L’air glacial de la salle d’urgence le fit frissonner, mais à cet instant, ce n’était rien comparé à l’urgence d’empêcher Hwayoung de franchir une ligne dangereuse.
« Hwayoung. Yoon Hwayoung. »
Il répéta son nom, encore et encore, mais Hwayoung restait absent, les yeux perdus dans le vide. Alors, Gyuwon abandonna toute retenue et brisa le protocole. Il passa au tutoiement.
« Hwayoung… »
Cette fois, une réponse lui parvint, faible :
« Mh… »
Un simple son, à peine perceptible, chargé d’un désintérêt douloureux. Avec un soupir, Gyuwon reprit doucement, le ton plus apaisant :
« Je vais bien. Je te le jure, je vais bien. Alors s’il te plaît… Ne t’en fais pas. »
À ces mots, Hwayoung serra les dents.
« Et si c’était moi, hein ? Tu crois que tu pourrais rester aussi calme si j’étais à ta place ? Si c’était moi qu’on avait essayé de brûler comme ça ? ! »
Un léger sourire étira les lèvres de Gyuwon.
« Bien sûr que je serais furieux. J’en deviendrais peut-être même fou. Mais là, maintenant… Je suis juste soulagé que toi, tu n’aies rien. Vraiment. »
Ces paroles, douces et pleines de sincérité, heurtèrent Hwayoung de plein fouet. Il sentit une boule se former dans sa gorge. Il dut ravaler plusieurs fois sa salive pour ne pas fondre en larmes. Il tenta un sourire, un peu tremblant. Gyuwon y répondit d’un sourire apaisé.
C’est alors qu’un enfant, un peu plus loin, éclata soudain en sanglots :
« Ouaaaaah ! »
Gyuwon tourna la tête. Quand son regard croisa ceux des autres patients, ils détournèrent aussitôt les yeux en gémissant, comme pour éviter de croiser le sien. Quant à l’enfant, il sanglotait si bruyamment qu’il en avait des hoquets, si sonores que même Gyuwon en fut gêné.
Ce jour-là, malgré le nombre de blessés, la salle d’urgence de ce grand hôpital universitaire baignait dans une étrange tension silencieuse.
Alors que Hwayoung s’éloignait, il entendit une infirmière murmurer à sa collègue :
« Apparemment, un gangster vient d’arriver. »
Gangster, mon œil, pensa-t-il en plissant les lèvres avec mépris.
De son côté, Yoon Giyeong était dans une position pour le moins délicate. Le dernier rapport venait de tomber : « Ce n’était pas de l’acide très concentré. » Rien de dramatique, en somme. Mais le messager avait ajouté : « Le visage du benjamin était livide. » Ce détail suffisait à lui seul à mesurer l’ampleur de la fureur de Hwayoung.
Est-ce qu’il sort vraiment avec ce type ? Ce colosse à la gueule de démon ?
S’il s’agissait bien de son amant… Alors connaissant le tempérament de son petit frère, il ne serait pas étonnant de le voir débarquer un jour, armé d’un couteau, prêt à trancher la gorge de quiconque lui ferait du mal. Hwayoung avait toujours été doux… Mais d’une loyauté féroce envers ceux qu’il aimait.
Et Giyeong en savait quelque chose : il avait été le premier à s’incliner face à l’évidence, le jour où il avait découvert les penchants de Hwayoung. Si ce dernier lui avait demandé de s’en occuper, il l’aurait fait — sans hésiter. Il aurait même sorti son couteau à sashimi et ramené la tête de l’enfoiré en offrande. Mais leur père et l’aîné lui avaient dit, très clairement :
« Ne lui confie jamais ça, quoi qu’il arrive. Ce serait l’envoyer en enfer, pas le protéger. »
Mais Giyeong, lui, n’en était pas convaincu. Il suffit de ne pas se faire prendre, pensait-il. Et si jamais ça tournait mal…
Je dirai que c’est moi qui l’ai tué. Ce sera bien plus crédible que de faire porter ça à Hwayoung. Il est un civil, après tout.
D’autant que lui-même bouillonnait de rage. Ce type avait essayé d’asperger Hwayoung avec de l’acide. Au visage, en plus. Mais c’est quoi, ce fils de chien ? Il mérite de crever, et pas qu’une fois. Si Hwayoung n’avait pas déjà les nerfs à vif à sa place, il se serait occupé lui-même de cet enfoiré. La mâchoire crispée, rongé par une colère trouble, Giyeong se contenta de lui balancer un coup sec à l’estomac avant de s’affaler sur le canapé.
À peine eut-il glissé une cigarette entre ses lèvres qu’un de ses hommes l’alluma pour lui. La fumée âcre s’éleva lentement, sans parvenir à dissiper le chaos qui l’agitait.
Même leur père, Yoon Soohyup — pourtant presque à la retraite —, et leur frère aîné, Jinyoung — toujours débordé par les affaires du clan —, étaient furieux à l’idée que Hwayoung ait pu se faire brûler au visage. Alors lui… Face à ce jeune homme à l’allure délicate, Giyeong était plus que troublé.
« Tu as un passeport, pas vrai ? »
À ces mots, le visage du garçon pâlit d’un coup. Il eut à peine le temps de réagir que la porte s’ouvrit brusquement : Hwayoung entra, furie furieuse.
Avant même que Giyeong n’ait levé la main, Hwayoung avait déjà traversé la pièce et agrippé l’autre par le col. Mais curieusement, il ne leva pas le poing. Giyeong fit un geste discret à ses hommes pour qu’ils restent en retrait.
« Dis-moi ce que t’as contre moi. J’écoute. »
L’homme fixa Hwayoung dans les yeux, puis baissa lentement le regard vers la main qui l’étranglait à demi. Un sourire se dessina sur ses lèvres.
« Ça faisait longtemps. »
Hwayoung fronça les sourcils. Le visage tuméfié de l’autre ne lui disait rien. C’est qui, ce con ?
Il resta silencieux, et l’homme poursuivit :
« Tu connais Goo Sungjoon, non ? »
Hwayoung hocha la tête sans répondre.
« J’étais l’un de ses soumis. On s’est croisés quelques fois… »
À ces mots, Hwayoung sentit son esprit vaciller un instant. Il resta interdit.
Sungjoon… Oui, il s’en souvenait. Lui aussi était un dominant, mais d’une tout autre nature. Là où Hwayoung tirait plaisir de l’humiliation et du contrôle, Sungjoon se nourrissait de souffrance brute. Pour lui, le sexe n’était qu’accessoire. Il préférait les jeux extrêmes : simulacres de viols, partenaires multiples, expériences psychologiquement violentes. Hwayoung y avait parfois participé — rarement —, notamment lorsqu’il avait une dette à régler envers lui. Sungjoon, alors, aimait rester spectateur, à l’affût du moindre frisson de douleur.
Donc c’est lui ? Ce gars-là ?
« Aaah… »
Hwayoung laissa échapper ce son, comme s’il venait de se souvenir. En vérité, il ne se rappelait de rien. Mais qu’importe. Que ce type ait été un sub de Sungjoon rendait la situation encore plus absurde.
« Et donc ? Pourquoi tu t’en prends à moi ? »
Il avait parlé d’un ton froid, distant.
L’homme haussa les épaules en ricanant doucement, comme si la question l’amusait. Hwayoung resserra sa poigne sur le col, l’obligeant au silence.
« J’t’ai demandé ce que tu foutais. Réponds sérieusement. »
L’homme grogna entre ses dents serrées :
« Tu m’as violé. »
Le choc fut tel que Hwayoung le projeta aussitôt contre le mur. Son dos heurta violemment la surface, arrachant un bruit sourd.
« Moi ? J’t’ai… Violé ? »
« Oui. »
« Arrête tes conneries. »
Hwayoung recula d’un pas, comme si ces mots venaient de l’empoisonner. Le regard vide, il fouilla sa mémoire, secoué. Un viol ? Non… C’est absurde. Il n’y croyait pas une seule seconde. Sa voix monta, presque criée :
« Moi, je t’ai violé ? ! Quand ? ! »
« Plusieurs fois. »
Cette fois, Hwayoung se figa réellement.
« Qu’est-ce que tu veux dire par là… ? Dis-le clairement. Quand est-ce que je t’aurais violé, et comment ? »
« Tu m’as toujours violé ! » hurla l’homme, la voix brisée.
Hwayoung n’y tint plus. Il le projeta brutalement au sol, puis alla s’asseoir face à Giyeong, sur le canapé. D’un geste mécanique, il sortit son téléphone.
— Oh, tiens, c’est qui ça ? Tu m’appelles beaucoup trop souvent ces temps-ci, bébé.
Sungjoon avait décroché avec légèreté, sans se douter un instant de ce qui allait suivre.
« La ferme ! » rugit Hwayoung. Mais sitôt sa colère éclatée, il resta muet. Il ne connaissait même pas le nom de cet homme à ses pieds. Finalement, il se leva brusquement et donna un petit coup de pied dans son flanc.
« Ton nom. »
Toujours face contre terre, l’autre laissa échapper un rire étouffé.
« Trou d’cul. Dis ça, et il saura. »
Putain… Le sang de Hwayoung ne fit qu’un tour. Cet énergumène était insaisissable. Il ravala sa frustration, reprit son téléphone.
« Tu as un soumis qui se fait appeler Trou d’cul ? Ça te dit quelque chose ? »
— Oh, mon adorable Trou d’cul. Pourquoi ? Tu veux te le faire maintenant que tu l’as goûté ?
Toujours ce ton enjôleur, provoquant. Mais dès que Hwayoung grogna, d’une voix plus grave :
« Qu’est-ce que ça veut dire, que j’aurais violé ce type ? »
… Le silence tomba de l’autre côté du fil. Quand Sungjoon reprit la parole, sa voix avait changé. Froide. Sérieuse.
— … Qu’est-ce que tu racontes. Pourquoi est-ce que tu l’aurais violé, toi ? Ça n’a aucun sens… Pourquoi tu me sors ça, d’un coup… ?
« C’est bien ce que je me demande. Ce connard prétend que je l’ai violé. Il a balancé de l’acide, et c’est Hyung Gyuwon qui s’est retrouvé à l’hôpital à ma place. À cause de lui, je suis à deux doigts d’exploser. »
Il inspira longuement, les nerfs à vif.
« Il dit que je l’ai toujours violé. J’y comprends rien. J’ai envie de l’enterrer vivant. Est-ce que ça te va ? »
Il y eut un silence. Puis, d’une voix glacée :
— Il est encore à moi. C’est mon soumis. Si tu fais un truc pareil… Même toi, je ne t’épargnerai pas, Yoon Hwayoung.
« T’aurais dû mieux surveiller ton soumis. »
Cette phrase claqua comme une gifle. Dans leur milieu, lever la main sur un soumis déjà lié à un autre Dom revenait à déclarer une guerre ouverte. Chaque interaction devait être validée, contrôlée. Hwayoung venait de franchir la ligne.
De l’autre côté du fil, Sungjun poussa un long soupir.
— Bon… Je vais écouter ce qu’il a à dire. Quoi qu’il en soit, je vais envoyer quelqu’un. Confie-le-moi, je m’en occuperai.
« Hors de question. Mon hyung a été blessé à ma place. Même si je dois le tuer, je ne te le rendrai pas. Si tu veux éviter que ça dégénère, t’as intérêt à faire ce qu’il faut. »
Le ton de Hwayoung était sans appel. Glacial. Sungjoon se tut un instant… Puis céda :
— D’accord. Je viendrai moi-même. On en parlera sur place, on trouvera une solution.
Sungjoon arriva après 21 heures. Costume hors de prix parfaitement taillé, une allure impeccable, il dégageait cette assurance propre à ceux qui contrôlent tout — ou veulent le faire croire.
Quand il découvrit son soumis, toujours au sol, le visage tuméfié, ses sourcils se froncèrent, mais il ne fit aucun commentaire. Il se contenta d’entrer, d’un pas calme.
« Bonsoir, monsieur. Ça faisait longtemps, mes grands frères. »
Il salua d’un ton léger. Ni Yoon Soohyup — leur père, pourtant en demi-retraite — ni ses fils ne prirent la peine de répondre. Un simple hochement de tête, sec et sans chaleur. Sungjoon n’en fut pas vexé. Il connaissait cette famille. Surtout leur obsession maladive pour le petit dernier.
Il finit par poser les yeux sur Hwayoung, qui était resté debout, l’air dur comme la pierre. Son regard était polaire.
Sungjoon soupira profondément.
« Toi et moi, on va devoir parler. Une fois que tout ça sera réglé, Sungjoon-ah. »
C’était la voix de Yoon Soohyup. Il s’était levé sans bruit. Son regard perçant transperçait encore malgré les années. Sungjoon s’inclina respectueusement.
Soohyup claqua la langue, visiblement agacé, et tourna les talons. Ses hommes le suivirent en silence.
Puis ce fut au tour de Jinyoung.
« Quand t’auras fini avec père, viens boire un verre avec moi. Ça fait longtemps. »
Impossible de dire si c’était une invitation ou une menace. Avec son visage aussi froid que tranchant, l’ambiguïté restait totale. Il disparut à son tour.
Giyeong fut le dernier à parler :
« Bon. Passe me voir aussi avant de partir. J’ai deux-trois trucs à te dire et des questions à te poser. »
Il quitta la pièce, et le silence s’installa enfin.
Ne restaient plus que les principaux concernés.
Et ce fut seulement à cet instant que Hwayoung, d’un ton chargé de rancune, lança :
« T’es en retard. »
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・
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