Chapitre 30

Minjeong eut l’air gêné, comme si elle venait de réaliser quelque chose. S’il est un oméga, alors… Murmurant presque pour elle-même, elle demanda, l’air de ne pas vouloir que ce soit vrai :

« Un oméga ? »

« Oui. »

« Ah… »

Wooyeon tira distraitement la chemise qu’on lui avait posée sur la tête. Les phéromones de Dohyun avaient une fraîcheur agréable, mais le tissu qui lui couvrait les yeux le rendait l’oppressait un peu. Dohyun reposa calmement la chemise sur ses épaules et croisa son regard avec douceur.

« Tu diffuses des phéromones. »

« … Des phéromones ? »

Wooyeon s’agrippa maladroitement à la chemise de Dohyun. C’est vrai… J’ai complètement oublié de les contenir. Il fronça les sourcils et se concentra pour les retenir. Garam poussa alors un soupir de soulagement, son visage s’éclaircissant légèrement.

« Hé… Mais il est vraiment bourré, là, Wooyeon ? Il a l’air super normal. »

« La dernière fois aussi, il avait l’air normal en surface. »

« Je suis pas ivre. »

« Si, tu l’es. »

Répliqua Dohyun d’un ton catégorique en lui tendant une bouteille d’eau. Wooyeon, les paupières lourdes, se frottait les yeux avec agacement.

« Ne te frotte pas les yeux. Bois ça. »

Un verre d’eau glacée lui fut placé dans la main. Voyant qu’il n’allait pas y arriver seul, Dohyun l’aida même à boire. Waouh… Il est trop gentil, pensa Wooyeon, impressionné, avalant l’eau gorgée après gorgée.

« Y’a que des alphas ici, non ? »

Minjeong, téléphone en main, se leva et rassembla ses affaires. Elle s’approcha de Wooyeon avec détermination.

« Je vais le ramener chez lui, je prends la responsabilité. Désolée, Wooyeon. Je suis une bêta, je n’ai pas perçu que tu diffusais des phéromones. »

« Ce n’est pas ta faute. »

Minjeong n’avait rien à se reprocher. C’était lui qui avait bu, et elle s’était contentée de lui préparer les verres comme il le lui avait demandé. Il secoua doucement la tête, et Dohyun se pencha vers lui.

« Dis-moi combien tu vois de doigts. »

Wooyeon leva lentement les yeux. À travers sa vision trouble, il distingua deux doigts levés. Sans répondre, il attrapa les deux doigts – l’index et le majeur – de chaque main.

« … »

Les sourcils de Dohyun se froncèrent profondément. Il essaya de retirer sa main, mais Wooyeon fit la moue et protesta :

« Pourquoi tu me l’enlèves… »

« Il est complètement saoul. »

Marmonna Garam en claquant la langue. Comme si ça ne suffisait pas, Wooyeon alla jusqu’à poser son front contre le dos de la main de Dohyun. La fraîcheur de sa peau, le parfum apaisant de ses phéromones… Tout le plongeait dans une euphorie douce.

« Wooyeon, tes phéromones. »

« … Ah. »

Laissa-t-il échapper dans un souffle, avant de se reprendre aussitôt. Ce n’était pas comme ça pendant le MT… C’est sûrement parce que ma période de chaleur approche. Ces derniers temps, il avait été tellement occupé qu’il avait fini par l’oublier.

« Allez, je te ramène, Wooyeon. Viens. »

« Tu es sûre que ça ira, unnie ? »

« Ça ira. Comparé à Park Sungjae, lui, c’est un poids plume. »

« Je suis pas petit ! »

« Même s’il est petit, Wooyeon est plus grand que moi… »

« J’ai dit que j’étais pas petit ! »

« … D’accord, tu n’es pas petit. »

Répondit doucement Dohyun, avant de parvenir cette fois à libérer sa main. Pris de court, Wooyeon baissa les yeux, humides, comme s’il allait fondre en larmes. Garam, implacable, lança :

« Donne-lui ta main. Tu veux qu’il pleure ou quoi ? »

« Tu racontes vraiment n’importe quoi. »

Dohyun se passa une main dans les cheveux, regardant autour de lui. Il ne lui tendait plus la main, ni même un regard. Frustré, Wooyeon tendit le bras de lui-même. Cette fois, il attrapa fermement l’avant-bras droit de Dohyun.

« … »

Pris de court une fois de plus, Dohyun se pencha maladroitement. Mais Wooyeon, bien décidé à ne pas le lâcher cette fois, enlaça fermement son bras. D’une voix douce et tranquille, Dohyun lui demanda :

« Tu sais à qui est ce bras, au moins ? »

« Je sais. »

« On dirait pas. »

Cette conversation avait un air de déjà-vu. La tête légèrement inclinée, Wooyeon frotta sa joue contre l’avant-bras de Dohyun. Comme celui-ci lui avait prêté sa chemise, la fraîcheur de sa peau se faisait sentir à même la joue. Sans rien dire, Wooyeon leva les yeux vers lui.

« Tu peux pas me raccompagner, toi, sunbae ? »

Ses sourcils se froncèrent avec insistance, trahissant un espoir obstiné. Dohyun, pourtant, resta silencieux. Minjeong s’approcha pour tenter de convaincre Wooyeon, mais celui-ci ferma les yeux et replongea son visage contre le bras de son tuteur.

« Sinon, je rentre pas. »

Il n’avait aucune envie de partir avec quelqu’un d’autre. Ce n’était pas que Minjeong lui déplaisait, simplement, il préférait Dohyun. Rien ni personne ne lui semblait plus réconfortant à cet instant. Tandis qu’il serrait l’avant-bras du professeur entre ses mains, une caresse précautionneuse se posa sur sa tête.

« D’accord. Mais alors, il faut que tu me lâches. Tu veux rentrer, pas vrai ? Alors lâche. »

Wooyeon hésita un moment, puis desserra lentement son étreinte. Il était prêt à s’agripper de nouveau s’il s’avérait que Dohyun mentait. Mais ce dernier vérifia s’il avait son téléphone et son portefeuille, puis passa également le sac de Wooyeon sur son épaule.

« Je vais partir en avance. Tu peux dire quelque chose à Sungjae-hyung pour moi, s’il te plaît ? »

« … Tu es sûr que ça va aller ? Vu la tête que fait Garam, tes phéromones ont l’air plutôt costaud. »

Minjeong jeta un coup d’œil vers Garam, les sourcils froncés. Celle-ci, jusqu’à présent, n’avait même pas osée s’approcher de Wooyeon et restait à distance. Dohyun, lui, s’avança vers Wooyeon et noua les manches de la chemise autour de ses épaules.

« Ça ira. Je suis encore loin de mon rut. Wooyeon, regarde-moi. Tu crois pouvoir tenir debout ? »

Wooyeon attrapa la main tendue par Dohyun et se leva en titubant. Son corps vacilla aussitôt, mais Dohyun le rattrapa. Sa vision tournait tellement qu’il était incapable de marcher correctement.

« J’y arrive pas… »

« Tu veux que je te porte sur le dos ? »

« Tu peux pas me porter dans tes bras ? »

À ces mots, Dohyun se tut, les lèvres pincées. Wooyeon prit ce silence pour un refus et baissa les yeux, découragé. Il peut me porter sur le dos, mais pas dans ses bras ? Quelle logique…

« Je vais appeler un taxi. En attendant, aide-le à descendre. »

Minjeong posa ses affaires et sortit du bar. Elle comptait sûrement appeler un taxi avant de revenir. Pendant ce temps, Garam, voyant Wooyeon s’appuyer sur Dohyun, lança d’un ton sec :

« Il a vingt ans. »

Sa voix grave pesa dans l’air, et l’atmosphère s’alourdit aussitôt. Dohyun ne répondit pas, mais Garam poursuivit, plus ferme encore :

« Je compte sur toi pour ne pas en profiter. »

« … »

Wooyeon battit des paupières et leva lentement la tête. Avec tout l’alcool qu’il avait dans le sang, il n’arrivait plus à comprendre de quoi ils parlaient. Dohyun caressa doucement ses cheveux et répondit d’un ton posé :

« Je ne peux pas le toucher. »

Wooyeon ne rouvrit les yeux qu’une fois allongé sur un lit moelleux. Il ne savait pas exactement quand il s’était endormi, mais en rouvrant les paupières, il découvrit un endroit qu’il ne reconnaissait pas. Pendant qu’il clignait lentement des yeux, un visage familier apparut dans son champ de vision.

« Tu es réveillé ? »

C’était Dohyun. Le professeur au regard doux et à la paupière double sur un seul œil. Son regard, bienveillant et attentif, examinait calmement l’état de Wooyeon.

« On dirait que tu n’as pas encore tout à fait décuvé. »

« Où est-ce qu’on est ? »

« Tu n’es vraiment pas fait pour boire, toi… »

Dohyun poussa un soupir, comme s’il se parlait à voix haute, et s’assit au bord du lit. Doucement, il écarta les mèches de cheveux qui tombaient sur le front de Wooyeon et effleura du bout des doigts son front rond.

« Qui croirait que tu es ivre, en te voyant aussi calme ? »

« Je suis pas saoul. »

« Oui, ça se voit. »

Peut-être à cause de l’éclairage tamisé, mais la voix de Dohyun paraissait plus grave que d’habitude. Wooyeon attrapa la main posée sur son front et l’amena contre sa joue. La fraîcheur de sa paume l’aida un peu à retrouver ses esprits.

« Si tu es comme ça en étant pas saoul, c’est encore plus inquiétant… Tu t’en rends compte, au moins ? »

« Oui. »

« Même ta façon de répondre fait ivre. »

Dohyun ne retira pas sa main. Leurs regards se croisèrent, et même si sa vision était encore un peu floue, Wooyeon crut percevoir une lueur de chaleur dans les yeux du professeur.

« … J’ai chaud. »

« Tu as chaud ? »

Péniblement, Wooyeon se tourna sur le côté et s’aida du lit pour redresser son buste. Il balaya la pièce du regard : tout lui semblait non familier. Le lit, le plafond, l’armoire… Même Dohyun avait quelque chose de différent.

« Ce n’est pas chez moi ici… »

« Non. On est chez moi. »

Lui répondit calmement Dohyun tout en essayant de le rallonger doucement. Mais Wooyeon écarta sa main et se traîna jusqu’au dossier du lit, contre lequel il s’adossa maladroitement. Dohyun abandonna alors l’idée de l’allonger.

« Je t’ai raccompagné jusqu’à chez toi, mais comme tu ne voulais pas me donner le code de la porte, on a fini ici. »

« Tu veux que je te le donne maintenant ? »

« Non. C’est bon. »

Dohyun secoua la tête avec sérieux, puis ajouta d’un ton ferme qu’il ne fallait jamais le donner à personne, quelle que soit la personne qui le demandait. Wooyeon acquiesça docilement, puis tira sur le col de son sweat.

« Mais j’ai vraiment trop chaud… »

Il le sentait depuis un moment : la température de la pièce lui semblait étouffante. Ou alors… C’est mon corps qui chauffe. Une chaleur insidieuse s’accumulait lentement en lui, à chaque respiration.

Dohyun pencha la tête, un peu perplexe.

« C’est peut-être à cause de l’alcool. »

« Je crois pas… »

Que ce soit l’alcool ou autre chose, ça n’avait pas d’importance. C’était insupportable. Les lèvres pincées dans une moue boudeuse, Wooyeon attrapa le bas de son sweat.

« Je vais l’enlever. »

Il n’avait pas oublié la présence de Dohyun. Impossible, avec les phéromones qui s’agitaient en lui comme une marée montante. Mais son esprit, embrumé, ne trouvait plus la force de lui interdire de se dévêtir devant lui.

« Tu veux te déshabiller ? »

« J’ai trop chaud… Je dois… »

En baissant la tête, Wooyeon fit lentement glisser ses mains vers le bas de son sweat. Il voulut l’enlever, mais lever les bras lui semblait trop fatigant. À la place, il écarta légèrement les cuisses et porta les doigts à sa ceinture.

Mais avant qu’il ne puisse aller plus loin, deux mains vinrent saisir fermement ses poignets.

« … Wooyeon. »

Dohyun l’avait saisi et l’avait doucement repoussé contre la tête du lit. Il s’était approché sans un bruit, et à cette distance, son parfum, habituellement discret, se faisait maintenant sentir avec intensité. Les yeux plongés dans ceux de Wooyeon, il parla d’une voix grave et maîtrisée :

« Reprends-toi. »

Ces mots étaient adressés à Wooyeon, mais le ton avait quelque chose d’ambigu. Comme s’il s’adressait aussi à lui-même. Wooyeon tenta de dégager ses bras, une grimace douloureuse déformait son visage.

« Tu me fais mal… »

« … »

« Ça fait mal… Lâche-moi… »

Bien sûr qu’il exagérait. Mais Dohyun céda malgré tout. À peine avait-il desserré sa prise que Wooyeon ramena les mains vers sa ceinture. De nouveau, il s’acharna à déboutonner son pantalon, mais ses doigts maladroits n’y parvenaient pas.

« Pourquoi ça marche pas… »

Il fronça les sourcils, alors qu’il luttait contre le bouton qui refusait de céder. Il essaya de pousser avec l’autre main, mais sans succès. Finalement, découragé, il leva les yeux vers Dohyun, d’un air implorant.

« Aide-moi, s’il te plaît. »

Ses paupières tremblaient légèrement, et les commissures de ses lèvres s’étaient affaisser. Il avait l’air épuisé, à bout de ses forces. Il saisit la main de Dohyun et la guida doucement vers son bas-ventre.

« Juste… Le bouton. Tu dois juste le défaire. »

Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi  ⋄ Correctrice • Ruyi

・．ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .