Chapitre 25
by Ruyi ♡« … Une récompense ? »
Les yeux de Wooyeon s’illuminèrent aussitôt. En un clin d’œil, il retrouva en un instant toute son énergie, comme s’il n’avait jamais boudé. Face à ce changement soudain, Dohyun hocha la tête sans broncher. Et Wooyeon, flairant la bonne occasion, enchaîna aussitôt :
« C’est quoi, exactement ? »
Le mot seul suffisait à lui faire battre le cœur. Une récompense. Rien qu’à l’entendre, son imagination s’emballait. Il se demanda ce que Dohyun avait bien pu prévoir. Des tas d’idées lui traversèrent l’esprit. Dohyun poussa un petit soupir, esquissa un sourire en coin et inclina légèrement la tête.
« Je pourrais te racheter le même chocolat que la dernière fois ? »
Aussitôt, l’image d’un petit emballage décoré d’un ruban blanc lui revint en mémoire. Celui qu’il avait reçu au collège de la part de son tuteur, en guise de récompense. Et, plus récemment, celui que Dohyun lui avait acheté récemment, dans cette pâtisserie. Ces souvenirs précieux flottaient encore dans un coin de sa tête.
« Je suis plus un gamin, tu sais… »
Il fit la moue, l’air un peu vexé. Bien sûr, ce chocolat avait été délicieux. Mais en recevoir un en guise de « récompense » pour les examens… Non merci. C’était trop banal. Et puis, il n’aimait pas l’idée que quelque chose de si symbolique pour lui — un souvenir intime entre lui et son ancien tuteur — soit offert aussi facilement, comme si ça n’avait plus la moindre valeur. Comme s’il n’était qu’un élève parmi d’autres.
« Alors, tu veux quoi ? »
« Hmm… »
Wooyeon prit un air grave et réfléchit sérieusement. Il semblait déjà avoir oublié qu’il était en train boudait encore quelques minutes plus tôt. Il passa en revue plusieurs idées dans son esprit, puis releva soudainement la tête, croisa le regard de Dohyun et demanda :
« Tu me donnerais vraiment ce que je veux ? »
Un éclat de perplexité traversa les yeux de Dohyun. Comme s’il devinait le genre de bêtise qui pouvait lui passer par la tête, il plaça machinalement sa main devant son paquet de cigarettes.
« Pas de cigarette. »
« … Je n’en veux pas. »
Mais on dirait que tu ne me crois pas, pensa Wooyeon en faisant une grimace. Il leva les yeux vers lui, plus décidé.
« Achète-moi de l’alcool. »
C’était une promesse qu’ils s’étaient faite, longtemps auparavant. Si jamais Wooyeon entrait dans la même université que lui, Dohyun lui offrirait un verre, en bon aîné. Il se souvenait encore de la douceur avec laquelle Dohyun lui avait ébouriffé les cheveux ce jour-là.
« Si tu entres à la fac, je t’offrirai un verre. »
« … De l’alcool ? »
Dohyun haussa légèrement un sourcil, ses lèvres se retroussant dans une expression dubitative. Ses sourcils bien dessinés se froncèrent à peine. Wooyeon, comprenant que sa demande pouvait prêter à confusion, agita vivement les mains.
« Non, ce n’est pas ce que tu crrois, c’est juste que je tiens mal l’alcool, alors… »
Il n’y avait rien de suggestif dans ses propos, et pourtant, en les entendant à haute voix, ils semblaient étrangement équivoques. Comme s’il cherchait une excuse pour se rapprocher de lui. Son visage s’empourpra tandis qu’il secouait la tête, complètement désemparé. Dohyun poussa un petit soupir amusé, presque attendri.
« Tu veux apprendre à boire, c’est ça ? »
Wooyeon hocha vigoureusement la tête. Son empressement était si excessif qu’il aurait pu paraître suspect. Mais Dohyun, dans un élan de clémence, se contenta de lui adresser un léger sourire.
« On boira ensemble de toute façon. Il y aura une fête après les examens. »
« Une fête ? »
« Ouais, à la fois avec le club et avec les gens de la promo. Tu n’es pas obligé de venir, bien sûr. »
Wooyeon se souvenait vaguement de celle de la rentrée. Trop de monde, trop de visages inconnus. Il avait fini dans un coin, jusqu’à ce qu’il se décide à parler à Seongyu. Cette fois, ce serait différent. Mais autour de Dohyun… Il y aurait du monde, c’est sûr.
« Et toi, tu y vas ? »
« Je suis le président du club, je n’ai pas trop le choix. »
« Et celle du département ? »
« J’hésite encore. »
Le visage des alphas de son département défila dans l’esprit de Wooyeon. Parmi eux, il y avait bien sûr le redoublant qui l’avait harcelé pendant l’MT. Il garda le silence, l’air grave, puis hocha lentement la tête.
« Alors j’y vais aussi. »
« … Je te le redis quand même. »
Dohyun avait l’air franchement soucieux. Ses lèvres bougèrent légèrement, comme s’il avait plein de choses à dire, et il reprit d’un ton plus sérieux :
« Tu n’as pas à boire si tu n’en as pas envie. »
Wooyeon acquiesça de nouveau. Dohyun n’avait pas l’air totalement convaincu, mais il ne fit aucune remarque.
« Allez, choisis autre chose. De toute façon, de l’alcool, on peut en boire à tout moment. »
Tu parles. Dès qu’il lui proposait qu’ils boivent ensemble, il trouvait toujours une excuse. Finalement, sa demande d’acheter de l’alcool venait d’être refusée, et Wooyeon, un peu embarrassé, reprit doucement :
« J’sais pas trop, en fait… »
« Bon, alors on va faire comme ça. »
Dohyun suggéra doucement. Le coin de ses lèvres s’étira avec assurance, comme s’il s’apprêtait à sortir une idée brillante.
« Je t’invite au ciné. »
Wooyeon ne s’y attendait pas du tout. Il tortilla les doigts, intrigué.
« Au ciné ? »
« Ouais, au ciné. »
Il n’avait rien contre les films, mais ça ne l’emballait pas non plus. La plupart, il pouvait les voir chez lui, et quand la boîte de son père finançait un projet, il avait même accès aux avant-premières. Il allait lui demander s’il voulait voir un film en particulier, quand Dohyun précisa doucement :
« Mais au cinéma. »
« … »
Les yeux de Wooyeon s’écarquillèrent. Il sentit naître un vrai intérêt, ce que Dohyun ne manqua pas de remarquer. Il sourit doucement.
« Je t’offrirai aussi le popcorn et les boissons. »
Comme cette fois où il lui avait proposé de manger un gâteau. « On prendra du popcorn au caramel. » À ce souvenir, ses joues pâles se teintèrent doucement de rose. Une salle de cinéma… Wooyeon n’y avait encore jamais mis les pieds.
Le cœur léger, Wooyeon accepta la proposition avec enthousiasme. De toute façon, il devait bien réussir ses examens, et dans tous les cas, c’était tout bénéf’ pour lui. En y pensant bien, regarder un film à deux, ça ressemblait drôlement à un date. Un rencard avec son tuteur… Rien que d’y penser, ça relevait presque du miracle. Inespéré.
Ragaillardi, il repassa par la salle du club pour récupérer ses affaires. Garam s’était réveillé entre-temps, et Seongyu, de retour, était en train de réserver une salle pour réviser. Cette fois, Wooyeon reçut le message qu’il voulait entendre : « On se retrouve à l’entrée principale. » Il quitta la pièce pour se rendre à son cours magistral.
Mais à peine entré dans l’amphithéâtre, un détail oublié lui revint en pleine figure.
« … »
« … »
Un silence pesant circula rapidement entre eux. Assis au fond de la salle, Junseong croisa le regard de Wooyeon et afficha une expression indéchiffrable. Wooyeon se souvint alors des mots qu’il lui avait balancés la dernière fois, et son visage se crispa aussitôt.
« Je déteste les types comme toi. »
Il avait totalement zappé. Vraiment, complètement. Depuis ce jour-là, ses pensées avaient été monopolisées par Dohyun, à tel point que Junseong avait cesser d’exister dans son esprit.
Feignant de ne pas le reconnaître, il marcha droit vers un siège libre, heureusement un peu à l’écart. À peine installé que le professeur entra dans la salle.
Et dès les premières minutes, le cours s’annonça vide de contenu. Le prof parlait surtout de ses voyages, et ne glissait que quelques mots sur les devoirs à venir. Wooyeon, ignorant le regard pesant à sa gauche, répondit poliment à quelques blagues en anglais.
Au bout d’une heure, le professeur quitta la salle en leur souhaitant bon courage pour les devoirs. Il comprit alors pourquoi tant d’élèves disaient dans les évaluations que le prof était sympa : il finissait toujours plus tôt.
« Hé. »
Quelqu’un s’était arrêté devant le bureau, juste au moment où Wooyeon terminait de ranger ses affaires. Il leva lentement les yeux… Et ne put s’empêcher de grimacer en reconnaissant Junseong. Ce dernier affichait une moue contrariée, comme s’il n’avait aucune envie d’être là.
« Tu n’as plus de cours après, n’est-ce pas ? Accorde-moi un instant. »
Wooyeon s’apprêta à lui demander pourquoi il devrait accepter, mais il se ravisa. Il aurait préféré l’ignorer, c’est certain. Mais Junseong faisait partie de son groupe pour le travail de fin de semestre… Et, pour ne rien arranger, il en était le responsable. À deux semaines de la présentation, il valait mieux ne pas esquiver ce genre de discussion.
« … Qu’est-ce qu’il y a ? »
Peut-être allait-il enfin lui proposer de créer un groupe de discussion en ligne. Ou alors, il souhaitait parler de la réalisation du PowerPoint – tâche qui ne lui revenait pas, puisque c’était à lui de faire la présentation orale. Mais, laissant de côté toutes ces suppositions, Junseong aborda ce qui aurait dû être évident depuis le début :
« Il faut qu’on se mette d’accord sur une idée d’invention. »
Ils créèrent donc un groupe de discussion, puis se dirigèrent vers un café situé près de l’entrée principale du campus. Il restait environ quarante minutes avant l’étude de groupe ; cela leur laissait tout juste le temps de tenir une petite réunion. Par précaution, Wooyeon envoya un message pour prévenir qu’il risquait d’être en retard. Puis il posa son téléphone et releva la tête.
« Bon. Est-ce que quelqu’un a une idée ? »
Junseong balaya ses camarades du regard, en évitant délibérément celui de Wooyeon. Gênés, les autres échangèrent quelques regards, puis détournèrent les yeux. Mais personne ne proposa rien.
« Sérieusement… Vous êtes incapables de réfléchir, ou quoi ? »
L’atmosphère s’était brusquement alourdie. Cette tension, dès le départ, avait suffi à miner la motivation de Wooyeon. Malgré tout, il sortit un carnet et un stylo de son sac, et écrivit : « Inventions pour une ère mondialisée ». Il s’arrêta là. Rien d’autre ne lui venait.
« Comment est-ce possible que personne n’ait aucune bonne idée ? »
Junseong poursuivit ses reproches : il fallait bien que quelqu’un parle, ils n’étaient tout de même pas muets. Il exigeait au moins un semblant de participation. Et lorsqu’il laissa entendre qu’ils pouvaient au moins faire semblant de réfléchir, Wooyeon ne put plus se retenir.
« Dis donc, commence par faire des efforts toi-même avant de critiquer les autres. »
Il n’avait pas changé. Toujours prompt à rejeter la faute sur les autres, sans jamais proposer quoi que ce soit lui-même. Bien sûr, le mutisme du groupe l’irritait aussi, mais ce qui le dérangeait le plus, c’était l’attitude de Junseong.
« … Tch. »
À sa grande surprise, Junseong ne répliqua pas. Il ne cria pas, ne se lança pas dans une défense absurde. Il se contenta de le fixer longuement, lèvres closes, avec une expression indéchiffrable. Wooyeon reprit son stylo et recommença à écrire.
« Puisqu’il s’agit d’une invention, on peut commencer par réfléchir à ce qui pose problème dans le quotidien, non ? »
Le décalage horaire, la barrière de la langue, les discriminations raciales… Il nota tout ce qui lui venait en tête. Mais ses camarades restèrent silencieux. Wooyeon se demanda sérieusement s’il ne valait pas mieux abandonner ce cours et se contenter d’un zéro.
La réunion, stérile et fatigante, se poursuivit jusqu’à l’heure du rendez-vous pour l’étude. Durant ce temps, Wooyeon proposa à lui seul trois idées. Les autres se contentèrent de hocher la tête ou de rester muets. Junseong, quant à lui, semblait bien décidé à ne plus décrocher un mot. À bout de patience, Wooyeon posa son stylo.
« On va s’arrêter là. Chacun réfléchit à trois idées d’ici demain. J’ai étude, je dois y aller. »
À ce moment-là, son téléphone vibra. L’appel provenait de Kwon Seongyu. Wooyeon ravala son agacement et décrocha.
« Allô ? »
— Hé, Wooyeon ! On est en route vers le café, si jamais tu arrives en retard, rejoins-nous directement là-bas.
La voix légère et familière de Seongyu réchauffa son cœur après cet épisode morose. Il compatit un instant sur les tracas des projets de groupe, puis ajouta qu’ils étaient presque arrivés.
Au même moment, un carillon tinta à l’entrée du café. Par réflexe, Wooyeon tourna la tête vers la source du bruit… Et ce qu’il entendit, il aurait dû l’entendre au téléphone.
« On vient d’entrer dans le caf… »
Ce chapitre vous est présenté par la Dragonfly Serenade : Traductrice • Ruyi ⋄ Correctrice • Ruyi
・.ʚ Voilà la fin de cette deuxième partie du chapitre 5 ɞ .・
0 Commentaire