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    [PDV De PORSCHE]

    Je parcourais les documents posés devant moi, lisant chaque ligne avec attention sous le regard scrutateur de l’homme réfléchi que j’avais rencontré la veille. Un peu plus loin, un autre homme était assis face à moi, les bras croisés sur sa poitrine, le visage fermé détourné du mien : Kinn. Son attitude hautaine m’irritait au plus haut point. J’avais une envie folle de saisir le vase posé sur la table et de le lui éclater sur le crâne, juste pour voir s’il était aussi invincible qu’il le prétendait.

    Ses sourcils froncés cherchaient peut-être à m’intimider, mais cela ne faisait qu’attiser ma colère.

    Et pourtant, j’ai fini par céder à son père et accepter son offre. Il était incroyablement convaincant. Éloquent, charismatique, respectable — tout chez lui trahissait l’homme d’affaires hors pair. Khun Korn, ou plus simplement le père de Kinn, savait exactement comment obtenir ma coopération. Il m’avait eu.

    Et me voilà, revenu dans cette même maison que la veille.

    Une demeure gigantesque, décorée avec un luxe ostentatoire à chaque recoin, et des hommes en costume noir qui allaient et venaient sans cesse. J’ai vite compris que je m’étais complètement trompé sur Kinn. Je croyais au départ que sa famille dirigeait un simple tripot ou un réseau de paris sportifs. Mais vu l’opulence du lieu, il était évident qu’ils étaient bien plus que ça. Probablement des propriétaires de casinos à grande échelle, voire des trafiquants d’armes internationaux.

    Cette maison n’était pas une simple résidence. C’était un palais. Un décor de conte de fées, ou plutôt, de conte de pouvoir — un monde auquel je n’aurais jamais imaginé appartenir.

    « Si tout est clair pour toi, tu peux signer ici », déclara Khun Korn d’un ton posé.

    Juste l’idée de ce que j’étais sur le point de faire me donnait la nausée. Je relus le contrat une nouvelle fois. Il était incroyablement détaillé — il allait jusqu’à mentionner le nom du bénéficiaire désigné en cas de décès. Rien que cette clause me donna le vertige.

    Qu’est-ce que je suis en train de foutre, sérieusement ?

    Je continuai à parcourir les pages, tombant sur une liste impressionnante de règles et de conditions strictes :

    • Inspection obligatoire des armes à chaque entrée et sortie de la maison.
    • Engagement d’un an minimum, avec une pénalité de 200 000 bahts en cas de rupture anticipée.
    • Deux jours de congé par mois.
    • Cinq jours de travail hebdomadaire, avec liberté de choisir ses jours de repos.

    C’est cette dernière partie qui me dérangeait vraiment.

    « Concernant les jours de travail… Je suis encore étudiant, je ne peux pas assurer cinq jours par semaine », dis-je calmement en pointant la section concernée avec mon stylo.

    « Ce n’est pas un problème. Tu peux rejoindre l’équipe de nuit », répondit Khun Korn sans la moindre hésitation.

    « Je peux choisir mes horaires ? » demandai-je, surpris, les yeux légèrement écarquillés.

    « Les gardes du corps ici travaillent en continu, 24 heures sur 24. L’équipe du matin est de 6 h à 18 h, et celle de nuit de 18 h à 6 h », m’expliqua-t-il avec un calme déroutant, comme s’il parlait de la chose la plus banale au monde.

    Sérieusement ? Douze heures de garde ? C’est un boulot de sécurité ou un contrat d’esclavage ? Même pendant son sommeil, je dois veiller sur lui au cas où quelqu’un voudrait l’assassiner ? C’est complètement absurde…

    « Mais si je prends le service de nuit et que je vais en cours le matin, je dors quand, moi ? » lançai-je franchement. Je suis pas une foutue machine, juste un mec normal. J’ai besoin de dormir, moi aussi !

    « Toujours en train de chercher des excuses », lâcha Kinn, acerbe, la voix chargée d’agacement.

    Je lui lançai un regard noir. Facile pour toi de juger, connard. Viens vivre une seule journée dans ma peau et on en reparle.

    Khun Korn reprit, toujours d’un ton calme : « Tu es sûr que tu ne peux pas ? Kinn m’a dit que tu travaillais dans une boîte de nuit. »

    Je pris une profonde inspiration avant de répondre : « Oui, mais je travaille seulement de 20 h à 2 h du matin, quand le club de Jae commence à fermer. Après ça, je rentre dormir et je vais en cours. Et je bosse uniquement du jeudi au dimanche. Le reste du temps, je reste chez moi pour me reposer. »

    « Et à quelle heure as-tu cours à l’université ? » demanda-t-il, avec un réel intérêt cette fois.

    « Lundi, mardi et mercredi, j’ai cours toute la journée. Jeudi et vendredi, c’est seulement l’après-midi », répondis-je, un peu plus respectueusement. Ce vieil homme, malgré son calme impressionnant, m’intimidait franchement.

    Je continuai, un peu sur la défensive : « Mon emploi du temps est déjà bien rempli. En gros, je n’ai que le samedi et le dimanche pour me reposer. Et du lundi au mercredi, je suis pris du matin au soir. »

    Khun Korn resta pensif un instant, puis proposa calmement : « Dans ce cas, travaille ici du jeudi au dimanche. Ça devrait convenir. »

    « Papa…  » souffla Kinn d’un ton agacé, en lançant un regard incrédule à son père.

    Je jetai un regard hésitant à Kinn, puis à Khun Korn. Pourquoi cet homme me laissait-il autant de liberté ? Et pourquoi Kinn semblait-il aussi contrarié par tout ça ?

    « Pourquoi tu lui laisses autant de marge, papa ? C’est exagéré…  » protesta Kinn, les yeux remplis d’irritation. Je baissai aussitôt les yeux, incapable de soutenir son regard perçant.

    Khun Korn, imperturbable, précisa alors :

    « Très bien… Mais dans ce cas, je veux que tu travailles de 10 h à minuit les samedis et dimanches. Considère que cela compense les jours que tu ne feras pas. »

    Je pris un instant pour y réfléchir, pesant le pour et le contre. Est-ce que ça vaut le coup ? L’idée de faire le service de nuit me paraissait finalement plus avantageuse. Après tout, Kinn ne devait pas beaucoup sortir la nuit, non ?

    « Qu’est-ce que t’attends pour accepter ? » grogna Kinn.

    Je lui jetai un regard avant de répondre d’une voix posée : « Et concrètement, qu’est-ce que je dois faire en tant que garde du corps ? »

    Je ne comprenais toujours pas clairement ce qu’on attendait de moi. Devais-je simplement le coller comme une ombre, fixer les gens avec un air menaçant et m’assurer que personne ne l’approche ? Ou bien devais-je juste le suivre dans son quotidien, comme un assistant personnel ?

    Le secrétaire répondit avec calme : « Tu dois accompagner Khun Kinn en permanence pour veiller à sa sécurité. Et s’il reste à la maison, tu pourras l’aider dans ses activités. »

    Je fronçai les sourcils, un peu perdu : « L’aider dans ses activités…  ? »

    « Par exemple : vérifier des documents professionnels, veiller à ce qu’il mange correctement, l’aider à choisir ses vêtements, l’accompagner dans ses études… Ce genre de choses », précisa-t-il d’un ton neutre.

    Je haussai un sourcil, abasourdi.

    « Je dois l’aider à étudier ? Sérieusement ? Mais… Ce boulot dépasse largement ce qu’on attend normalement d’un garde du corps ! »

    Je crus l’avoir pensé intérieurement, mais à en juger par les regards qu’on me lança, je venais visiblement de parler à voix haute. Rien que de devoir coller Kinn en permanence me mettait déjà mal à l’aise… Mais devoir en plus gérer ses devoirs et ses repas ? C’était une blague ?

    « …  »

    « C’est ça, être garde du corps ? Vous ne trouvez pas que c’est un peu… Excessif ? » lançai-je sans filtre.

    Khun Korn esquissa un sourire, mais le secrétaire, lui, me jeta un regard réprobateur, comme si je venais de proférer un blasphème.

    « C’est trop ! Papa, laisse tomber. Je n’en peux déjà plus,  » s’écria Kinn, visiblement au bord de l’explosion, en se tournant vers son père avec un air furieux.

    Je répliquai aussitôt : « Super ! Comme si quelqu’un rêvait de travailler avec toi, de toute façon ! »

    Kinn se retourna brusquement pour me lancer un regard assassin, mais je ne cillai pas. Calmement, je reposai le stylo sur la table, croisai les bras et le fixai avec défi.

    Khun Korn poussa un long soupir, massant ses tempes.

    « Vous me donnez mal à la tête…  » marmonna-t-il, visiblement excédé.

    Puis, d’un ton calme mais ferme, il déclara : « Tu as demandé à devenir le chef de ses gardes. Cela implique de rester à ses côtés en permanence, de le surveiller et de veiller sur lui. »

    Putain… Cette mafia, c’est vraiment du grand n’importe quoi. On vend ça comme une vie de pouvoir et de respect, mais à la fin, on doit faire la nounou ? Préparer ses fringues, ses repas, ses fichus devoirs ? Qu’ils comptent pas sur moi pour me plier à ça sans broncher.

    « Ce n’est vraiment pas si compliqué. Ta priorité, c’est la sécurité de Khun Kinn. Nous nous occuperons du reste », ajouta la secrétaire.

    Je plissai les yeux, méfiant. « Et par « le reste », vous entendez quoi exactement ? »

    J’avais un mauvais pressentiment. Ce contrat de « garde du corps » ressemblait de plus en plus à un piège.

    Un silence pesant s’installa. Tous les regards étaient braqués sur moi, sauf celui de ce con de Kinn qui fixait obstinément le mur, comme s’il espérait s’y fondre.

    « Voici l’acte de propriété et les documents hypothécaires », annonça soudainement la secrétaire, en déposant un épais dossier sur la table, juste devant moi.

    « Si vous acceptez toutes les conditions, Khun Korn annulera le transfert et vous rendra la maison », ajouta-t-elle.

    Je dois l’admettre, l’offre était diablement tentante. Mon regard allait du contrat au dossier hypothécaire, et inversement. J’hésitai un instant… Puis je laissai échapper un soupir résigné, repris mon stylo et signai lentement, d’une main tremblante.

    Je serrai les dents, priant intérieurement pour ne pas regretter ce choix.

    Khun Korn et la secrétaire échangèrent un sourire satisfait. Une fois ma signature apposée, il signa à son tour et me tendit les papiers, dont le précieux acte de propriété.

    Pendant une seconde, une pensée absurde me traversa l’esprit : Et si je me barrais maintenant ? Est-ce qu’ils me traqueraient pour me tuer ?

    Mais ça restait qu’une pensée fugace.

    Khun Korn prit ensuite le contrat, le scruta attentivement, avant de lever les yeux vers moi, un sourire énigmatique aux lèvres.

    « Phachara… Ça veut dire « diamant », n’est-ce pas ? » fit-il en tapotant le document. Puis il me regarda, l’air appréciateur. « C’est un bon nom. Et il est de cela accompagné d’un visage harmonieux. Un très bonne physionomie*. »

    Sans réfléchir, je répliquai d’un ton calme, mais légèrement moqueur : « Vous êtes devin, maintenant ? »

    À peine les mots sortis de ma bouche que tous les regards se tournèrent vers moi, comme si j’avais commis un crime. L’atmosphère devint étrangement tendue.

    Hé, j’ai juste posé une question, pas de quoi en faire un drame !

    Le secrétaire, un homme au visage austère, me jeta un regard glacial.

    « Surveillez votre langage. Khun Korn est votre supérieur. Un peu de respect ne vous ferait pas de mal. »

    Mais c’est qui, ce mec ? On dirait un ange de la mort prêt à me foudroyer…

    Ignorant la tension ambiante, Khun Korn éclata de rire et déclara :

    « Haha, laisse tomber. Tu commences demain. »

    Je sursautai.

    « Hein ? Demain ? N’est-ce pas un peu précipité ? » protestai-je immédiatement.

    Kinn, qui se tenait debout à côté de son père, me coupa d’un ton sec et moqueur : « Tu veux quoi ? Qu’on organise une cérémonie d’inauguration avec ton père pour couper le ruban ? »

    Son regard perçant me cloua sur place. Toute l’idée que je m’étais faite de lui vola en éclats. Non… Ce type n’a rien d’un gentleman. C’est un démon, un vrai, avec des cornes invisibles prêtes à me transpercer.

    « Bon sang…  » grognai-je à voix basse, soutenant son regard avec défi.

    Khun Korn leva une main pour interrompre la tension.

    « Chan, emmène-le voir sa chambre. J’ai de la migraine… Je vais me reposer. »

    Sans attendre, il quitta la pièce, Kinn sur ses talons. Ne restait plus que moi, le silence pesant… Et ce fameux Chan.

    Il avait quelques années de plus que moi, à en juger par son visage. Il m’adressa un regard neutre, puis fit un signe de tête, m’invitant à le suivre. Je n’eus d’autre choix que de m’exécuter, serrant le dossier contenant le titre de propriété de ma maison contre moi. Alors c’est ici… Ma nouvelle vie ?

    « Où m’emmenez-vous ? » demandai-je, les yeux scrutant les alentours. Cette maison était immense. Un hall majestueux, une salle à manger luxueuse, des bureaux, des pièces dont je n’arrivais même pas à deviner la fonction… On marchait depuis un moment déjà, et j’avais l’impression qu’elle n’avait pas de fin.

    Chan finit par s’arrêter devant une porte.

    « Je t’emmène à ta chambre,  » annonça-t-il.

    « Quelle chambre ? » demandai-je, sur mes gardes.

    « La tienne. »

    Je le fixai, abasourdi.

    « C’était vraiment nécessaire ? Je pourrais très bien rentrer chez moi après le boulot… Pourquoi devrais-je loger ici ? »

    Cette histoire devient de plus en plus louche… C’est vraiment un poste de garde du corps ou un piège maquillé ?

    « Tous les gardes ont leurs quartiers ici. Comme ça, tu peux aller directement à l’université avec Khun Kinn après ton service. »

    « Étudier avec lui ? À quel moment ai-je accepté ça ? ! » protestai-je aussitôt.

    Chan me lança un regard tranquille, mais perçant.

    « Tu n’es pas à la même université que Khun Kinn ? »

    Je plissai les yeux.

    « Peut-être. » Et alors ? Qu’est-ce que ça change ? Pourquoi devrais-je m’occuper de lui en cours aussi ? !

    Chan haussa les épaules sans se départir de son calme, puis montra la porte devant nous.

    « Peu importe ce que tu penses. Voici ta chambre. Tu dormiras ici en semaine. Et un conseil : évite de faire des vagues. Les gens d’ici n’aiment pas les perturbateurs. »

    Mais c’est quoi, ce ton autoritaire ? On est dans une maison ou une prison ? !

    Je le regardai avec colère. Allez tous au diable ! Pas question que je me laisse marcher dessus.

    « Mais les jours où je ne travaille pas, je dors chez moi. C’est clair ? »

    « Comme tu veux,  » répondit Chan, impassible. Ce ton désinvolte me tapait sur les nerfs. Bon sang… Je vais exploser à force !

    Je m’apprêtais à lui répliquer, mais une voix nous interrompit.

    « P’Chan… Où allez-vous ? »

    Chan baissa légèrement la tête, adoptant une attitude respectueuse.

    « Maître,  » répondit P’Chan en s’inclinant avec grâce devant un homme grand et mince vêtu de vêtements décontractés.

    L’inconnu s’avança vers nous, un large sourire aux lèvres. Il ressemblait étrangement à Kinn… Mais en plus jeune — et, pour être honnête, nettement plus amical.

    «  Qui  est-ce ?  » demanda le nouveau venu en me désignant du doigt. Sa silhouette dégageait une légèreté insouciante, en complet contraste avec les gardes du corps à sa suite, tous sombres et raides comme des piquets.

    Chan répondit aussitôt, avec politesse :
    «  C’est le nouveau chef de la sécurité de Khun Kinn. Il s’appelle Porsche. Il sera chargé de veiller sur votre frère.  »

    Je haussai les sourcils en le dévisageant attentivement. Son frère, vraiment  ? Il avait bien les traits de Kinn, mais son aura était radicalement différente. Si on ne me l’avait pas dit, j’aurais cru qu’il était le cadet.

    «  Wah, wah… Trop stylé  ! Et t’as même des tatouages, en plus  ! C’est badass  !  » s’exclama-t-il tout à coup, en s’emparant de mon bras tatoué. Pris de court, je sursautai, mais lui n’y prêta aucune attention. Il rapprocha mon bras de ses yeux et examina le tatouage avec un sérieux qui frisait le ridicule.

    «  Trop bien  ! J’en veux un pareil. C’est classe, intimidant, sexy  ! Les gars, demain on y va tous ensemble. Je veux que vous ayez les mêmes tatouages que lui. J’adore  !  » lança-t-il à ses gardes, l’air surexcité.

    Je jetai un œil vers eux : leurs visages étaient figés, entre malaise et consternation. Ok… Ce type est un sacré énergumène.

    «  Maître…   » intervint P’Chan d’une voix basse mais ferme. Aussitôt, Tankhun lâcha mon bras, marmonna quelque chose pour lui-même, puis tourna les talons, sa suite lui emboîtant le pas comme si de rien n’était.

    Je restai figé, complètement paumé. C’était quoi, ce délire  ?

    P’Chan poussa un long soupir fatigué. «  Viens.  »

    Il me guida à travers la demeure, et nous sortîmes par une porte à l’arrière du bâtiment principal. De là, on accédait à une série de petites maisons en rangée, manifestement destinées aux gardes du corps. L’ensemble était étonnamment bien entretenu, flanqué d’arbres immenses qui offraient une ombre généreuse. Ils prennent vraiment soin de leurs hommes, ici…

    Chan s’arrêta devant la dernière maison du lot, déverrouilla la porte et entra. Je le suivis, curieux. L’intérieur était plus spacieux que je ne l’aurais cru. L’endroit avait des allures de chambre d’étudiant : un lit en métal avec un simple matelas, une armoire un peu usée, une petite salle de bain attenante. Pas d’oreiller, pas de draps… Mais ce qui attira tout de suite mon attention, c’était le climatiseur fixé au mur.

    «  Sans blague…   » murmurai-je, à moitié soulagé. Je m’attendais à une chambre pourrie, genre un lit bancal avec un vieux ventilateur qui couine. Là, ça va.

    Je déposai le dossier contenant les papiers de ma maison sur le matelas, puis fis le tour du propriétaire du regard.

    «  Tu as de la chance,   » fit Chan en croisant les bras. «  L’ancien locataire avait fait installer la clim’.  »

    Je me tournai vers lui, intrigué. «  Et… Il est passé où, cet ancien locataire  ?  »

    Chan ne broncha pas. «  Mort.  »

    Ses mots résonnèrent dans ma tête. Je lui lançai un regard en coin, à la recherche d’un sourire en coin, d’un signe que c’était une blague… Mais rien. Son visage restait impassible.

    Sérieux ? Ils m’ont collé dans la chambre d’un mort ?

    Un frisson me traversa l’échine. Mon imagination s’emballa immédiatement, alimentée par ma peur irrationnelle des fantômes. Je secouai la tête pour balayer ces pensées. La pièce n’avait rien d’effrayant, après tout.

    «  Ce n’est pas grave…   » murmurai-je pour me convaincre. «  Je ne dormirai pas ici quand je ne bosserai pas.  »

    Chan posa les clés sur la table d’un geste tranquille, me donna deux ou trois consignes rapides, puis s’éloigna sans un mot de plus.

    «  Hé, Big  !  » appela-t-il en direction d’un homme qui approchait. Son ton était neutre, presque las, et un mince sourire flottait sur ses lèvres. Mais impossible de savoir s’il était satisfait ou juste résigné. Les autres gardes du corps, eux, affichaient toujours la même gueule de marbre. Y a une règle, ici, ou quoi ? «  Interdiction formelle de sourire  » ?

    «  Oui, P’Chan ?  » répondit Big en s’approchant. Son regard croisa le mien, et instantanément, ses traits se durcirent. Il me dévisagea avec une hostilité à peine voilée. Je le reconnus tout de suite : c’était le même type qui, la veille, avait juré de me buter.

    Super…

    «  Big, fais visiter les lieux à Porsche. Je vais voir le maître,   » ordonna Chan d’un ton calme.

    Big plissa les yeux.

    «  Non, P’Chan. Trouve quelqu’un d’autre.  »

    Sec, net, et suivi d’un regard aussi acide que méprisant.

    Je ne pus m’empêcher de sourire, un rictus narquois au coin des lèvres. Il ne m’aime pas. Parfait, je ne peux pas le blairer non plus.

    «  C’est… Mon subordonné, lui  ?  » demandai-je d’un ton faussement innocent, un brin de malice dans le regard en fixant Chan.

    Big se retourna aussitôt, les yeux lançant des éclairs, visiblement prêt à exploser.

    «  Oui, c’est Big, un des gardes du corps de Khun Kinn. Vous devriez faire connaissance,   » répondit P’Chan avec une pointe de sarcasme avant de s’éclipser rapidement.

    Je restai là, les bras croisés sur la poitrine, un sourire satisfait aux lèvres. Big me fixait, son regard tenace planté dans le mien.

    «  Qu’est-ce que tu regardes, bordel  ?  » lâcha-t-il sèchement.

    Je ne répondis pas, me contentant de maintenir mon sourire, ce qui eut le don de l’agacer davantage.

    «  T’imagine pas qu’on va t’accepter comme chef juste parce que c’est ce que Mr. Korn veut  !  » lança-t-il en avançant d’un pas, si près que nos visages n’étaient plus qu’à quelques centimètres. Mais je ne bougeai pas d’un pouce. «  On ne se soumettra pas à un type comme toi. Ne prends pas trop la confiance.  »

    Je soufflai un petit rire. «  Ah oui  ? Et tu comptes faire quoi, au juste  ?  »

    «  T’as rien à faire ici, t’es pas le bienvenu  !  »

    Je haussai légèrement les épaules, l’air nonchalant. «  Et pourtant, je suis là.  »

    Mes mots semblèrent attiser encore plus sa colère. Ses poings se mirent à trembler. «  Je sais que tu seras jamais loyal. Tôt ou tard, tu trahiras le patron. Et moi, je t’aurai dégagé avant ça  !  »

    Je m’avançai à mon tour, réduisant encore la distance entre nous. «  Alors, si je reste… Tu vas en crever de rage  ?  »

    Ma provocation fit mouche. Il perdit son sang-froid, leva le poing pour me frapper. Mais avant qu’il ne puisse m’atteindre, je souris froidement.

    «  Excuse-moi… Tu sais au moins qui je suis  ?  » lançai-je, un brin de sarcasme dans la voix. «  Je suis la personne que ton patron a tout fait pour recruter. Tu crois vraiment pouvoir me toucher aussi facilement  ?  »

    Il hésita une seconde, mais sa rage reprit le dessus. Il pivota pour m’assaillir, mais je fus plus rapide. Je levai ma jambe et le frappai violemment au torse, le projetant contre le mur.

    Avant qu’il ne puisse se redresser, je posai mon pied sur sa poitrine pour le maintenir au sol.

    «  Putain  !  » grogna-t-il, furieux et impuissant.

    Je le fixai avec un calme glacial, savourant l’intensité du moment.

    «  Pas étonnant que Kinn cherche un nouveau chef de la sécurité. Tu vaux pas mieux qu’un moineau, franchement.  »

    À peine avais-je terminé ma phrase qu’il tenta de balayer mes jambes. Il essaya de me frapper à nouveau, mais je bloquai son bras et, d’un geste sec, le tordis pour le plaquer au sol, face contre terre. Je plantai mon genou dans son dos, le maintenant fermement tandis qu’il se débattait comme un poisson hors de l’eau.

    Sans me presser, je sortis une cigarette de ma poche, la coinçai entre mes lèvres et l’allumai. Je pris une longue bouffée et soufflai la fumée, indifférent à ses cris.

    «  Lâche-moi, espèce d’enfoiré  ! Si je m’en sors, je te tuerai  !  » hurla-t-il, fou de rage.

    «  Essaie donc… Tu mourras en essayant.  »

    Je gardai son bras en tension jusqu’à ce que ma cigarette soit consumée. Puis, après avoir écrasé le mégot au sol, je le relâchai et me redressai, prêt à tourner les talons. Peut-être que cette fois, il aurait compris la leçon.

    Mais je m’étais trompé.

    À peine avais-je fait un pas que j’entendis des pas précipités dans mon dos. Je me retournai juste à temps pour voir Big foncer sur moi, un gros morceau de bois à la main. Apparemment, certaines leçons sont plus dures à apprendre que d’autres.


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    Je réagis instinctivement, lui assénant un coup de pied violent qui l’envoya lourdement au sol. Sans hésiter, je me jetai sur lui tout en agrippant son col pour lui frapper le visage à répétition. Le sang jaillit de sa bouche, mais ma colère était telle que je ne pouvais plus m’arrêter.

    Je le chevauchai, déchaînant mes coups avec une rage sourde. J’avais d’abord songé à le laisser tranquille, mais on avait dépassé ce point. S’il n’y avait pas eu cette voix pour m’interrompre, je l’aurais probablement tué.

    «  Arrête ! Mais qu’est-ce que tu fous ? !  »

    Des cris retentirent autour de nous, et plusieurs gardes du corps accoururent. Ils m’agrippèrent, tentant de me tirer en arrière pendant que Big restait au sol, inerte, le visage tuméfié et le corps aussi mou qu’une poupée de chiffon.

    Je respirais bruyamment, encore ivre de rage, les poings serrés. Mais cette fois, je n’avais plus rien à dire.

    Une grande porte en bois s’ouvrit brusquement. Sans ménagement, on nous poussa tous les deux dans une pièce spacieuse. Je n’eus pas besoin de demander où nous étions : mes yeux s’arrêtèrent sur une silhouette familière, avachie nonchalamment sur un canapé, une télécommande à la main.

    «  Ils se sont battus, Khun Kinn,   » annonça l’un des gardes en nous désignant d’un geste.

    Je me dégageai violemment de sa prise, l’agacement au bord des lèvres. Kinn tourna brièvement la tête vers nous, son expression parfaitement impassible, avant de reporter son attention sur l’écran de télévision. Il avait visiblement mieux à faire.

    «  Khun Kinn… C’est lui qui m’a attaqué le premier !  » protesta Big, la voix tremblante, l’air pitoyable.

    Je me tournai vers lui, sidéré par sa lâcheté. Non seulement c’était une brute, mais en plus c’était un sale mouchard.

    Kinn posa enfin les yeux sur lui, l’air froid et distant, avant de murmurer calmement :

    «  Tu n’as même pas encore commencé à travailler, et tu trouves déjà le moyen de foutre le bordel ?  »

    Il ne nous regardait même pas vraiment. Son ton seul suffisait à faire passer le message.

    Je laissai échapper un rire moqueur, les yeux rivés sur Big, qui se tenait douloureusement le ventre.
    «  Pauvre type… Quelle mauviette.  » Ma voix n’était qu’un murmure, mais elle tranchait comme une lame.

    «  Espèce d’enfoiré…   » grogna-t-il faiblement.

    Je continuai de le fixer avec un sourire narquois, savourant son humiliation.

    Bam  !

    Le bruit sec de la télécommande heurtant violemment la table en verre me fit sursauter. Mon regard se tourna aussitôt vers Kinn, qui venait de se lever. Il s’avança vers moi d’un pas lent mais assuré.

    Je me redressai instinctivement, prêt à réagir, mais son regard glacial me figea. Il me transperça de part en part, me ramenant aussitôt à la veille – à ce moment où ses mains s’étaient refermées autour de mon cou, m’étouffant presque.

    Je détournai les yeux, incapable de soutenir ce regard. Il y avait quelque chose de profondément menaçant chez lui, une intensité qui m’écrasait. Mon cœur battait à tout rompre, cherchant désespérément une échappatoire.

    L’air me semblait plus lourd, irrespirable. Une peur sourde, que je refusais d’admettre, s’infiltra dans mes veines.

    «  Je ne tolère pas le désordre ici. Et ce n’est pas un endroit où l’on peut se permettre de faire son intéressant.  »

    «  Mais je ne faisais pas le malin ! C’est ton homme qui est venu me provoquer !  »

    Kinn n’avait pas l’air convaincu. Il balaya Big du regard, puis revint à moi, ses yeux aussi durs que l’acier.

    «  Et si je t’avertis, mais que tu n’écoutes pas… Sais-tu ce que je ferai ?  »

    Sa voix était basse, posée, mais chaque mot pesait comme une menace. Mon souffle se suspendit quand il posa les yeux sur mon cou, là où les marques de ses doigts étaient encore visibles — douloureuses et brûlantes, comme un rappel qu’il ne valait mieux pas jouer avec lui.

    Je gardai le silence.

    «  N’oublie pas où tu es. Et surtout… Choisis bien tes mots quand tu t’adresses à moi. Tu me dois du respe— »

    «  … Pourquoi je t’écouterais ?  » le coupai-je sèchement. «  Je te parlerai comme je veux.  »

    Kinn avança d’un pas. Instinctivement, je reculai.

    «  Je t’ai prévenu,   » grogna-t-il, le regard dur.

    «  Et qu’est-ce que t’attends ? Si je t’insupporte à ce point, t’as qu’à me virer !  » répliquai-je, ma langue acérée prenant le dessus malgré la peur qui me tordait les tripes.

    Un sourire lent, presque amusé, se dessina sur ses lèvres.

    «  Huh… Tu crois que ce serait si simple ? Je ne vais pas te laisser filer comme ça. Tu resteras ici… Jusqu’à ce que je sois pleinement satisfait.  »

    Il s’approcha encore, réduisant la distance entre nous jusqu’à ce que son visage soit à quelques centimètres du mien. Son regard perçant semblait sonder la moindre de mes réactions, exposant mes failles malgré moi. J’eus un léger mouvement de recul, détournant les yeux pour qu’il ne voie pas l’effet qu’il avait sur moi.

    Puis, lentement, il inclina la tête vers moi. Ses lèvres frôlèrent presque mon oreille, et sa voix basse déclencha un frisson glacial le long de ma nuque.

    «  Qu’est-ce que tu comptes faire ?  » demandai-je, la voix à peine plus qu’un souffle.

    «  Demain… Sois à l’heure,   » murmura-t-il avec un sourire en coin.

    Avant que je puisse répondre quoi que ce soit, il s’éloigna tranquillement, me laissant figé sur place, les poings crispés, la frustration me brûlant la gorge.

    «  Salaud,   » grognai-je entre mes dents en le regardant disparaître au fond du couloir. Putain, je le hais. Il se croit toujours au-dessus de tout le monde, imposant sa volonté d’un seul regard. Cette atmosphère est étouffante, insupportable.

    Et pourtant… Malgré moi, mes pensées dérivèrent vers ce fichu contrat que j’avais signé. Qu’est-ce que j’ai fait… ? Est-ce que j’ai pris la bonne décision ? Ou est-ce que je viens de plonger la tête la première dans un piège sans issue ?

    Je remontai dans ma chambre, attrapai à la hâte quelques dossiers importants, puis redescendis précipitamment. Ma moto était garée près du poste de garde, juste devant la maison. Sans réfléchir davantage, je montai dessus et démarrai en trombe.

    Direction : le dortoir des amis de Chay. Je devais aller le chercher… Et surtout, trouver le courage de lui dire que j’avais récupéré notre maison — mais à quel prix.


    Mais en chemin, une question me hantait  : comment j’allais expliquer tout cela à Chay  ? Comment lui faire accepter que j’avais racheté la maison  ? Je n’avais aucune idée de ce que je pourrais bien lui dire.

    À peine eut-il mis un pied à l’intérieur qu’il lança, comme je m’y attendais  : «  Hé, Hia… Comment tu as fait pour récupéré la maison  ?  »

    Je marquai une pause, cherchant mes mots. «  Eh bien… J’ai emprunté un peu d’argent à Madame Yok, Tem et Jom.  »

    Un mensonge, bien sûr. J’étais loin d’être prêt à lui dire la vérité. S’il découvrait ce que j’avais vraiment fait, il risquait d’exploser de colère.

    J’allumai les lumières avant de commencer à ranger les affaires restées éparpillées depuis qu’on avait été mis dehors. Ça faisait bien trop longtemps que je n’étais pas revenu ici.

    «  Hia…   » grogna Chay, les bras croisés, sa voix basse et hésitante. Il me fixait, comme s’il cherchait à capter mon attention.

    Je fis mine de ne rien entendre, m’acharnant sur un coussin mal placé.

    «  Quoi  ?  » répondis-je, d’un ton volontairement détaché. Je sens déjà où cette discussion va nous mener…

    «  Il ne reste plus que nous deux maintenant.  » Sa voix tremblait légèrement. Je détournai encore les yeux, m’accrochant à mes gestes inutiles pour éviter son regard.

    «  Nous sommes proches tout les deux. Tu sais que je vois quand tu me mens.  »

    Je fermai brièvement les yeux, puis poussai un long soupir. Quand je me retournai enfin vers lui, son visage décomposé me coupa le souffle. Les mots moururent sur mes lèvres.

    «  Tu l’as fait, pas vrai  ?  » Sa voix se brisa. «  Tu as accepté leur offre.  »

    «  Ouais…   » murmurai-je, tête basse.

    «  Pourquoi t’as fait ça  ? !  » cria-t-il, agrippant mes bras avec force, le regard rempli de douleur.

    «  Chay… Tout ça, je l’ai fait pour toi.  »

    «  Si c’était vraiment pour moi, tu m’aurais écouté  !  » s’écria-t-il. Ses yeux s’embuèrent, ses lèvres tremblèrent, et mon cœur se fendit en mille morceaux.

    «  On est tout ce qu’il nous reste… S’il t’arrive quelque chose, qu’est-ce que je vais devenir, moi  ?  »

    Ses mots me transpercèrent. Je sentais la culpabilité me brûler de l’intérieur. Mon petit frère, la personne la plus précieuse à mes yeux, souffrait à cause de moi.

    «  Je suis désolé… Mais je te promets que ça ira.  » Ma voix était douce, presque suppliante. J’essayai de lui caresser la tête pour le rassurer.

    Mais il repoussa ma main d’un geste brusque.

    «  Si tu meurs… Je te jure que je ne te pardonnerai jamais. Je viendrai même te déterrer pour te gueuler dessus ! Et je…   »

    Avant qu’il ne termine, je l’enlaçai fermement.

    Chay n’avait jamais été aussi vulnérable. D’habitude, il ne montrait pas ses émotions. On n’était pas du genre à se dire des mots tendres ou à se faire des câlins. Et pourtant, on savait à quel point on comptait l’un pour l’autre. Parce qu’au fond, il n’a que moi. Et moi, je n’ai que lui.

    «  Je t’ai promis que je ne mourrai pas facilement, non  ?  » murmurais-je à son oreille.

    Soudain, clac  ! Il me donna un coup dans le dos, puis agrippa ma chemise, s’y accrochant comme s’il risquait de tomber.
    «  Phi… Promets-moi que tu tiendras parole, s’il te plaît…   » Sa voix tremblait, ses larmes mouillaient mes épaules. Un gémissement douloureux lui échappa. Je n’osais pas le regarder dans les yeux. Je ne voulais pas qu’il voie que moi aussi, j’étais mort de peur.

    «  Chay… Je ne t’abandonnerai jamais. Fais-moi confiance.  » Je le serrai encore plus fort, espérant que cette étreinte dise ce que les mots n’arrivaient pas à exprimer.

    Je voulais qu’il comprenne que je disais la vérité. Que je ne laisserai rien m’arriver, parce que je me battrais toujours. Pour lui. Pour nous.

    Le silence retomba. Je continuai à le serrer contre moi, sans bouger. Puis, il releva doucement la tête de mon épaule et planta ses yeux rouges et gonflés dans les miens. Mon cœur se serra si fort que je dus me mordre la lèvre pour ne pas craquer à mon tour.

    «  Tu dois vraiment faire ça, Phi  ?  » demanda-t-il d’une voix rauque.

    «  Hmm…   » acquiesçai-je lentement, sans rien ajouter.

    «  Si tu meurs… Je te jure que je te déterre. Je ne te brûle aucune offrande, je te laisse crever de faim dans l’au-delà, et je ne ferai même pas de mérite pour toi.  »

    Je ne pus retenir un sourire attendri. Malgré ses menaces pleines de rancune, il pleurait encore.

    «  Je sais. Mais tu te rappelles ce que maman disait toujours  ? Que j’avais une chance insolente. Je ne mourrai pas si facilement. Tu verras. Je vivrai, je bosserai, je gagnerai de l’argent pour tes études… Et ensuite, tu pourras jouer à tes jeux autant que tu veux.  » Je lui ébouriffai tendrement les cheveux, espérant chasser un peu son inquiétude.

    «  Promets-le-moi  ! Dis-le, Phi  !  » insista-t-il, les yeux pleins d’émotion.

    «  Je te le promets.  »

    «  Alors… Aujourd’hui, je peux m’acheter d’autres jeux  ?  » lança-t-il, l’air faussement innocent, même si ses larmes coulaient encore.

    «  Putain…   !  » m’écriai-je en secouant la tête, à la fois exaspéré et soulagé.

    Même s’il tentait de plaisanter, son visage restait trempé. Je pris sa tête entre mes mains, et dans un murmure, je lui promis que tout irait bien. Je ne voulais plus jamais le voir pleurer ainsi.

    Je me fis alors une promesse silencieuse  : quoi qu’il arrive, je ne renoncerai pas. Même si c’est dur. Même si tout s’écroule. Je ne tomberai pas. Et je ne mourrai pas. Pour lui.


    — Jeudi —

    Haa…

    C’est dur.

    Je poussai un énième soupir en sortant de mon cours de l’après-midi. J’enfourchai ma moto et pris la direction de cette grande résidence où j’étais déjà allé la veille… Et l’avant-veille.

    Et à partir de maintenant, j’allais sûrement devoir m’y rendre encore bien souvent.

    Je fis trois fois le tour de la propriété sans oser entrer, essayant de rassembler assez de courage pour affronter à nouveau Kinn.

    Je savais que le chemin qui m’attendait serait tout sauf simple.

    Est-ce que j’ai bien fait… Ou est-ce que j’ai commis une énorme erreur  ? Ai-je pris la bonne… Ou la mauvaise décision  ? !


    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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