Vous n'avez pas d'alertes.
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    « Vous avez encore une fois fait du bon travail, Miller. »

    Le représentant du cabinet d’avocats, qui était venu le voir en personne dans son bureau, lui adressa un large sourire en lui tendant la main. Dominic contourna son bureau et lui serra la main avec un sourire poli. Comme s’il n’attendait que cela, le représentant l’attira aussitôt contre lui pour lui donner une accolade et lui tapoter le dos.

    Dominic n’aimait pas vraiment ce genre de contact physique ; en réalité, cela lui inspirait presque du dégoût. Mais sa raison, façonnée par des années de vie sociale, réprima sans heurts son malaise.

    Au moment opportun, il se dégagea naturellement et relâcha sa main, tout en adressant un sourire discret au représentant. Celui-ci, incapable de dissimuler sa satisfaction, se mit à le couvrir d’éloges.

    « Comme toujours, vous êtes le meilleur. Vous faites sensation à chaque fois ! Pourquoi refusez-vous sans cesse notre proposition de devenir associé ? Vous pourriez obtenir bien plus que ce que vous avez aujourd’hui ! »

    Voyant son air déçu, Dominic lui répondit simplement :

    « Ma situation actuelle me convient parfaitement. »

    « Vous répétez toujours la même chose…  »

    Agacé, le représentant cliqua de la langue, puis fronça légèrement les sourcils.

    « Si jamais un autre cabinet vous fait une offre, prévenez-moi immédiatement. Je m’alignerai* sur toutes leurs conditions. »

    Dominic n’y prêta guère attention : il était habitué à ce genre de discours. Que le représentant soit sincère ou non, il savait que rien ne le ferait changer d’avis le jour où il déciderait de partir.

    « Maintenant que l’affaire est close, vous allez sans doute prendre des vacances, n’est-ce pas ? Quand comptez-vous partir ? » s’empressa de lui demander le représentant, qui voulait changer de sujet pour éviter une conversation trop banale qui risquerait de l’irriter.

    Dominic lui répondit sans hésiter :

    « Dès que j’aurais fini de tout ranger dans mon bureau. Je prendrai mes deux semaines. »

    « Deux semaines, très bien. »

    Le représentant hocha la tête, inspira profondément et conclut dans un ton plus enjoué :

    « Alors reposez-vous bien. Oubliez le travail et faites le vide dans votre esprit ! »

    Il éclata d’un rire sonore, puis se retourna. Ses yeux tombèrent sur l’échiquier posé sur la table et il demanda, intrigué :

    « Où en est la partie ? Les Blancs sont en train de gagner ? »

    « Pas encore », répondit Dominic en regardant à son tour le plateau.

    « Je n’ai pas pu me concentrer à cause du procès. Il est donc temps d’en finir. »

    « Oui, achevez-le complètement, comme au tribunal ! »

    Brandissant le poing dans un geste d’encouragement, le représentant quitta la pièce. Enfin seul, Dominic laissa échapper un soupir, regagna son siège et commença à ranger son ordinateur.

    Soudain, la sonnerie retentit. Il appuya sur le haut-parleur pour répondre et la voix de sa secrétaire résonna à l’autre bout.

    « Monsieur Miller, vous avez un visiteur. Il se nomme Ashley Dawson. »

    Dominic resta silencieux, les yeux fixés sur le téléphone. La secrétaire reprit :

    « Il dit vous avoir rencontré lors d’une soirée et souhaite s’excuser pour avoir abîmé votre costume. »

    Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il se souvint. Cet homme qui avait osé lui proposer de l’argent avec arrogance.

    Que cherche-t-il à manigancer en se présentant ainsi, à l’improviste ?

    Dominic plissa les yeux et baissa de nouveau le regard vers le téléphone.

    Un seul mot de sa part, et cet homme repartirait bredouille. Peut-être même ne se représenterait-il jamais. Ce serait la fin de l’histoire.

    Une fin qui ne serait pas si mauvaise et pourtant…

    « Contactez-moi. »

    Une étrange impulsion le traversa. Dominic resta un long moment immobile, le doigt posé sur le bouton du haut-parleur, puis il ouvrit lentement la bouche. La voix qui sortit de ses lèvres entrouvertes était à peine un murmure, mais il l’entendit clairement :

    « Faites-le entrer. »

    Il raccrocha, et quelques secondes plus tard, on frappa à la porte. Dominic resta silencieux et observa celle-ci s’ouvrir sur l’homme qu’il attendait.

    « Bonjour. »

    Dominic resta assis, se contentant de fixer ce visage qui lui souriait, dont grand yeux étaient plissés en demi-lune. En un instant, l’homme qui s’était jeté dans ses bras traversa le bureau et lui tendit la main.

    « Merci de me recevoir. Je m’appelle Ashley Dawson. »

    Dominic lui serra la main par politesse, sans le quitter des yeux.

    « Comment avez-vous su ? »

    Ashley répondit avec un sourire en retirant sa main :

    « Tout le monde connaît le bureau de Dominic Miller. »

    Ses yeux se plissèrent davantage, jusqu’à n’être que deux croissants de lune. Les fossettes qui creusaient ses joues rappelaient à Dominic les mots d’un poète : « l’erreur d’un ange.* »

    Ridicule, se railla-t-il intérieurement. Sa présence ici ne laissait aucun doute sur ses intentions.

    Dominic s’adossa lentement à son siège et posa sur l’homme un regard empreint d’arrogance.

    « Renverser du vin… N’est-ce pas une méthode un peu trop classique ? »

    À cette pique pleine de sarcasme, l’autre eut l’audace de sourire franchement.

    « Le classique est toujours la meilleure approche. »

    Derrière son apparence délicate, se cachait une fermeté surprenante. Loin d’être intimidé par Dominic, il gardait une attitude détendue et enchaîna avec assurance :

    « En réalité, je suis venu pour vous faire une proposition. »

    « Une proposition ? »

    C’était un mot que peu de gens osaient prononcer devant Dominic, et c’était la deuxième fois qu’Ashley le faisait. Dominic répéta le mot, comme s’il lui était étranger. Pourtant, Ashley ne perdit pas son sourire. Il sortit une carte de visite de sa poche et la posa sur le bureau.

    « J’aimerais vous rejoignez notre cabinet, Maître Miller. »

    Il glissa la carte vers lui et se redressa. Dominic baissa les yeux, ramassa lentement le carton et lut les lettres, les mêmes que sur celles des autres lobbyistes : Consultant.

    Ashley J. Dawson.

    Ashley reprit, tandis que Dominic parcourait du regard les caractères de la carte :

    « Comme vous le savez, notre cabinet est le meilleur des États-Unis depuis dix ans. Si vous nous rejoignez, je vous garantis le meilleur des traitements. »

    Son attitude passionnée avait quelque chose de rafraîchissant. Était-ce le fruit d’un long entraînement ou bien ou sa vraie nature ? Peu importait, son ton assuré n’était pas désagréable. Intéressant. Rien que le fait qu’il ait su éveiller sa curiosité, lui qui se lassait de tout, était déjà remarquable.

    Dominic demanda simplement :

    « Comment ? »

    « Tout d’abord, je vous offrirai un poste d’associé*. »

    Il répondit sans la moindre hésitation. Puis il continua à énumérer une série de conditions, sans doute soigneusement préparées, mais Dominic se mit rapidement à décrocher. Ce genre de détails, triviaux et convenus, n’éveillait aucunement son intérêt. Peu à peu, le son de sa voix s’effaça à ses oreilles, et bientôt, tous ses sens se concentrèrent plus que sur la vue de ses lèvres.

    Ses lèvres, qui ne cessaient de remuer, captèrent toute son attention. Elles auraient sans doute un meilleur usage que de proférer des banalités.

    Ses lèvres entrouvertes laissaient apparaître une langue d’un rose soutenu. Et s’il le mettait à genoux pour lui faire avaler sa verge ? Ce serait encore mieux s’il le déshabillait entièrement. Quelle couleur auraient ses tétons ? Deviendraient-ils aussi rouges que sa langue lorsqu’il s’excite ?

    « Alors. »

    Dominic se leva lentement de son siège. L’homme ne bougea pas et le suivit des yeux alors qu’il faisait le tour du bureau pour s’approcher de lui. Jusqu’à ce qu’ils se retrouvent face à face.

    C’est alors que Dominic murmura : « Dawson. »

    Sa main se leva lentement. D’abord comme pour caresser sa joue, puis elle glissa doucement le long de son oreille avant de se poser sur sa nuque.

    « Pensiez-vous que vos conditions me toucheraient au point de m’en faire pleurer ? »

    Son ton suintait le sarcasme. Pourtant, sa voix, basse et veloutée comme un murmure d’amant, aurait pu tromper quelqu’un de peu perspicace, qui y aurait vu une plaisanterie. Heureusement, l’autre n’était pas si naïf.

    « N… Non…  »

    Sa voix se fit plus faible, gênée. Ses joues, qui s’étaient teintées d’un rouge discret, attirèrent l’œil regard de Dominic.

    « Je pensais au moins… Que cela ne vous déplairait pas… »

    « …  »

    « Je suis désolé. »

    Ce qui ressemblait d’abord à une protestation se mua en excuse, étouffée par le silence pesant du regard qui pesait sur lui. Étonnamment, il ne céda pas. Reprenant contenance, il redressa la tête et afficha de nouveau cette assurance initiale.

    « Dans ce cas, avez-vous des conditions ? Nous sommes prêts à accepter n’importe laquelle de vos demandes. »

    Dominic ne répondit pas et se contenta de le toiser tandis qu’un léger sourire ourlait ses lèvres pour ne pas le mettre trop mal à l’aise. Son cou, long et gracieux comme celui d’un daim, était à portée de sa main. Et si j’y laissais la marque de mes doigts ? Rien que l’idée fit battre son cœur un peu plus vite.

    Cet homme doit être un Oméga.

    Il ne percevait aucunes phéromones, mais il en était certain. Comme toujours, les siennes flottaient discrètement tout autour de lui. L’homme avait probablement pris un inhibiteur. C’était la seule raison pour laquelle il pouvait se tenir ainsi, impassible, devant lui.

    « Monsieur Miller ? » l’interpella l’autre, troublé par son silence.

    Dominic continua de le fixer, sans dire un mot. Peu après, une odeur puissante de phéromones se déploya soudainement et enveloppa le corps de Dawson.


    ・.ʚ Voilà la fin du chapitre ɞ .・

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